Operation Reboot

Jérôme me fait dire qu’il n’a malheureusement plus le temps d’écrire ici, trop occupé par son retour à l’école et sa nouvelle flamme. Il espère que tout le monde va bien et il tenait à vous remercier d’avoir pris le temps de lire, de jaser, d’écrire.

Hugo

Catégories :Fin

Capoter plusssse

décembre 22, 2010 11 commentaires

On a écouté ciné-cadeau sur mute en faisant nous-mêmes le doublage et c’était parfait. On a mangé du pop-corn au caramel en buvant du bailey’s. On a été marcher dehors vraiment longtemps puis on est rentré boire un chocolat chaud dans le salon et elle s’est assoupie sur mon épaule pis fuck, j’étais heureux comme ça faisait beaucoup trop longtemps que je l’avais été.

Elle vient de partir travailler et je la texte pour dire qu’elle me manque déjà. Et elle me répond que fuck, elle call malade. Je suis comme un petit gars qui écoute la radio un matin de neige et qui vient d’apprendre que l’école est fermée. J’exulte en esti et je suis en train de virer fou dans la tête.

Ne pas penser que ça pourrait chier, apprécier le moment présent. Ne pas penser que ça pourrait chier, apprécier le moment présent. Ne pas penser que ça pourrait chier, apprécier le moment présent. Ne pas penser que ça pourrait chier, apprécier le moment présent. Ne pas penser que ça pourrait chier, apprécier le moment présent.

Bonne journée!

Catégories :Uncategorized

HOH OHO

décembre 20, 2010 14 commentaires

Cher Père Noël,

J’espère que tu vas bien par chez vous. Ici, on parle souvent du réchauffement climatique et des fois je pense à toi, j’me dis qu’un jour vieux, un jour tu l’auras ta plage. Petit papa Noël, je n’ai pas été tous les jours très sage et je t’en demande pardon. J’ai bu trop d’alcool et j’ai souvent ri de Pauline Marois.

Je sais que la relance économique se fait attendre au Pôle Nord et je me doute bien que Mère Noël doit avoir instauré un régime d’austérité qui ferait passer Margaret Thatcher pour une enfant de choeur. C’est pourquoi je ne te demanderai pas un nouvel ordinateur ou des jeux de ps3.

Cette année mon sweet Santa, j’aurais plutôt le goût que tu me donnes autre chose que des Pimp my ride ou des Hogan a raison en rafale à Musique Plus. Cette année, je veux des reprises de MIXMANIA.

Jérôme

P.S.: By the way, c’est quoi ça pas de Guerre des tuques cette année à Ciné-Cadeau? Tu l’échappes el’ gros.

 

Catégories :Délire

Sol, man, je te torche

décembre 20, 2010 1 commentaire

Mon bonheur, je crois, est directement corellé au nombre de jeux de mots douteux que j’enfile dans une journée. Ce matin, je me suis levé de bonne heure pour appeler cette fille-là et lui souhaiter bonne journée et Carl m’apostrophe:

Carl: Saint cieux mon boy, tu te lèves si tôt pour un gars qui a rien à faire de sa journée.

Jérôme: J’sais ben, d’habitude, je me lève plus comme l’instrument de musique man, si tard.

Carl: Ouf, parle moi d’un jeu de mot louche.

Jérôme: J’dirais même que tout ça est spatule.

Carl: Fuck, mon gars, tu l’échappes grave.

Catégories :Quickie

Capoter

décembre 20, 2010 6 commentaires

C’était un vendredi qui s’annonçait morne. Matinée tranquille, effoiré sur le sofa à écouter Des Kiwis et des hommes en bobette, une main sous le calecif et une autre dans une boîte de Froot Loops jusqu’à ce que Benoît m’envoie un message texte me disant de me préparer à me suiter up parce que ce soir-là, j’allais crasher son party de Noël de bureau. Le genre de truc que j’adore.

Ben travaille pour une boîte d’assurance alors on se dit que je pourrais me pointer là en tant que représentant un peu louche d’un bureau de courtage lointain dans les maritimes. Sans trop me poser de question, je me prépare en après-midi puis me rends à l’hôtel où a lieu la réception et me dirige au stationnement où Ben m’attend avec 2 collègues et un 40 onces de vodka bien entamé. Je m’envoie donc quelques rasades, question de me mettre un peu dans le beat party de bureau puis on rentre dans la salle de réception où je passe ben smooth à l’entrée. Bingo.

Après avoir mis au parfum quelques collègues et chummys de Benoît quant à notre petit subterfuge ludique, on s’est ramassé une petite gang à abuser sans vergogne des amuses-gueules et siphonner les apéritifs en quêtant des coupons d’alcool gratuit aux filles cutes des ressources humaines. Puis lentement, les gens ont commencé à s’attabler et des dizaines de serveuses sont sorties de nulle part avec une quantité aberrante de bouteilles de vin. Prévoyant, je décide d’aller faire un petit tour aux toilettes avant le repas.

Ma vessie délestée, je retourne dans la salle de réception pour m’apercevoir que tout le monde est assis. Je scrute la salle à la recherche d’une chaise vacante puis finis par en apercevoir une non loin du petit stage qui avait été monté dans la salle. Je vais donc m’y asseoir nonchalamment et commence à siroter le verre de vin rouge qu’on me verse dès mon arrivée. J’écoute distraitement les conversations des autres convives à la table en textant Benoit pour le mettre à jour quant à ma situation lorsqu’une fille monte sur la scène et s’empare du micro en se lançant dans un petit discours pré-soirée. Puis elle dit:

-Et maintenant, veuillez accueillir notre vice-président, Louis Bélanger.

C’est à cet instant que le dude assis directement à ma droite se lève et monte sur la scène. Pour reprendre une expression bien de chez nous, je me chiais sur le torse. Mon petit coeur battait vite-vite.

Je n’écoutais pas un mot de ce qu’il disait, je pensais seulement à ce que j’allais raconter, à ce que j’allais inventer s’il me demandait qui est-ce que j’étais. Alors lorsqu’il a déclaré les hostilités ouvertes, je ne partageais pas l’allégresse ambiante. Il est venu se rasseoir et j’ai avalé une immense gorgée de vin en fermant les yeux, curieux de voir ce qui surviendrait.

Le souper se déroule rondement, la fréquence de refill sur l’alcool est fantastique, le boeuf est cuit avec justesse et la sauce qui l’accompagne est superbe. Très tranquille au début, ma langue se délie un peu plus à chaque fois que je réussis à voir le fond de mon verre avant qu’il ne se retrouve noyé à nouveau. Rendu au dessert, j’en suis à faire des high fives avec le directeur de l’indemnisation pour la province du Québec et à m’ostiner au sujet de Michael Vick avec l’actuaire désigné, Gilles et Serge, deux chics types que je salue au passage.

Après quoi, Ben vient me sauver et me rapatrie à sa table déjà jonchée de bouteilles vides et je me joins à l’oeuvre collective. Entre temps, quelques tables sont déplacées et le DJ entre en fonction et la soirée atteint un autre stade. On se déplace donc vers le dancefloor et nous sommes en fucking feu. Puis après une dizaine de minutes, Ben s’approche:

-Elle est célibataire.

-De quoi tu parles, mon gars?

-La fille que tu checkes depuis tantôt mon criss, elle est célibataire.

-J’vois pas de quoi tu parles.

-Niaise pas grand tarlat, en ouaille, ça fait deux trois fois qu’elle te regarde mon esti.

Alors je m’avance, le pas mal assuré et lui lance un sourire rouge vin des plus gagnants avant de lui demander simplement: « Tu danses? »

Sans dire mot, elle opine puis m’entraîne vers la piste de danse en me tenant par la main et en me regardant directement dans les yeux. Je ne sais pas si c’était à cause de tout l’alcool ingurgité, mais à ce moment-là, mes jambes sont devenues molles comme de la guenille. On a dansé pendant plusieurs tounes, toujours un peu plus collés, un peu plus dangereusement attirés, un peu plus attisés. Puis entre deux chansons, elle s’approche de mon oreille et me glisse:

-Je suis tanné d’être ici, si on allait ailleurs?

-Ça tombe bien, je n’ai même pas le droit d’être ici.

Il y a eu la surprise, 1 seconde ou 2, puis elle s’est mise à rire. À cet instant-là, j’aurais tout donné pour réentendre cet éclat de rire, pour revoir ses yeux briller. S’il y a des bombes ou des balles qui donnent la mort, je vous le dis, il y a des sourires qui donnent la vie.

On a filé aux vestiaires, le temps de ramasser nos manteaux et nous étions partis. On a marché longtemps sur St-Jean puis on s’est arrêté dans un vieux snack. En dedans, ça sentait l’huile à frire et le vinaigre, c’était parfait. On s’est pris une banquette et commandé une grosse poutine puis on a jasé.

On a parlé de Magellan et de son tour du monde, du jus d’orange qui goûte mauvais quand tu viens de te brosser les dents, de la wildness supposée de Véronique Cloutier, de la chienne d’avoir l’Alzheimer, des Ah Caramel de Vachon, des cheveux de Guy Lafleur.

On a parlé du show des Beatles qu’on aurait voulu voir, mais tsé, à Hambourg, pas aux States dans un grand stade avec les cris de la foule qui sont comme des vuvuzélas de nymphettes, des meilleurs jeux de Super Nintendo, de l’envie d’avoir des enfants dans un monde somme toute cool, de la taille du sexe de Guy Mongrain et du party mix idéal (bretzels, doritos et ringolos, obviously).

J’ai payé l’addition et je l’ai reconduite à sa voiture où je lui dit:

-Faque là c’est le bout où je capote dans ma tête parce que je te trouve trop hot pis que je deviens gêné pis pas game de t’emb…

Et là on s’est frenché vraiment longtemps même s’il faisait tellement froid et qu’on grelottait en malade. Elle est finalement partie et moi j’ai regardé sa voiture filer au loin tant que j’ai pu pendant que mon coeur me cognait fort dans la poitrine.

Pis je l’ai revue hier. Et aujourd’hui. Pis là je capote. J’capote en criss.

 

Catégories :Anecdote

La soirée de la séduction

décembre 17, 2010 8 commentaires

Musique tonitruante, éclairages vifs, animations futuristes, recap vidéo de la semaine dernière.

Paul: Mesdames et messieurs bonsoir. En mon nom personnel et au nom de tous mes collègues, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à cette nouvelle édition de La Soirée de la séduction. Bonsoir Bernard.

Bernard: Bonsoir Paul.

P: Alors Bernard, c’est ce soir qu’a lieu le retour au jeu du fameux Jérôme Lemaire.

B: En effet Paul, après un retrait momentané de la compétition, Lemaire a reçu le feu vert de son for intérieur et décide d’effectuer un retour fort attendu sur la surface de jeu.

P: Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il s’était lui-même placé sur la liste des blessés pour, disait-il, panser une blessure à l’orgueil. Si tu le veux bien Bernard, analysons le joueur en question.

B: Jérôme Lemaire, 6 pieds 3, 185 livres, originaire de la Rive-Sud de Québec. On dit de lui qu’il n’a pas le physique le plus avantageux mais il fait les petites choses qu’un entraîneur aime bien voir. Bon sens de la répartie, culture générale honnête et humour déglingué. On lui reproche cependant de rarement fournir le deuxième effort.

P: Là-dessus, mesdames et messieurs, bon spectacle! Dès le départ, Lemaire se dirige vers le bar où il commande quelques shooters de téquila. Un de ses amis lui intime de les caller, Lemaire qui s’élance… et c’est réussi!

B: Wow Paul, tout un début de match pour Jérôme qui semble déterminé. Il faut dire qu’on lui souhaite au moins un numéro de téléphone, lui qui a été blanchi à ses trois dernières sorties.

P: Le voilà qui s’avance vers la piste de danse d’un pas mal assuré. On sent qu’il est encore rouillé de sa blessure et qu’il lui faudra quelques minutes encore avant de retrouver son synchronisme.

B: Il faut dire que Lemaire évolue ce soir à l’étranger en ce bar, lui qui est définitivement plus performant à domicile. Voyons voir quand même s’il saura produire quelques étincelles à sa première présence sur le jeu.

P: On le voit qui tente de générer de l’offensive, il se place dans l’enclave et joue du coude mais fait face à une défensive, ma foi, fort hermétique. Oooh, et le voilà qui retraite aux tables de billard où quelques coéquipiers l’attendent. Nous en profitons donc pour faire une pause en vous rappelant que La Soirée de la séduction est une présentation des condoms Lifestyle.

 

P: Alors de retour, Bernard, tandis que Jérôme Lemaire demeure sur les lignes de côté.

B: Effectivement Paul, on l’a senti un peu secoué par une première présence, disons-le, peu fructueuse. Écoute, ce n’est pas évident pour Lemaire qui présente une fiche de 2-11 à ses 13 dernières sorties, lui qui a un pourcentage d’efficacité de .289 en carrière. Je pense qu’il doit avant tout revenir à la base et revoir son exécution.

P: En effet, on se souviendra de lui à son année recrue chez les professionnels à 18 ans alors qu’il avait très bien performé sur un circuit plutôt compétitif. On le sent aujourd’hui bien loin du joueur qu’il était jadis.

B: Mes contacts dans la ligue me disent qu’on chuchote qu’il ne souhaiterait que prendre sa retraite, qu’il cherche ardemment une coéquipière pour mettre fin à sa carrière.

P: En attendant, Lemaire semble vouloir se faire désirer. Nous irons donc à nos commanditaires en vous rappelant notre prochain rendez-vous, notre soirée spéciale party de bureau.

 

P: Heureux de vous savoir encore avec nous tandis que Jérôme Lemaire a finalement décidé de contre-attaquer. Habituellement peu reconnu pour son jeu robuste, il semble déterminé à travailler fort dans les coins du dancefloor. Après quelques feintes hasardeuses, il risque une approche.

B: J’ignore ce qui s’est dit aux tables de billard durant l’intermission Paul mais c’est un nouveau Jérôme que l’on peut voir alors qu’il fait flèche de tout bois, lançant regards soutenus après regards soutenus, se déhanchant avec entrain. On sent vraiment qu’il a laissé ses inhibitions de côté, se dédiant enfin à la cause.

P: On peut apercevoir les coéquipiers de Lemaire qui célèbrent l’attitude renouvelée de leur poulain. Il y a longtemps qu’on n’avait pas ressenti pareil enthousiasme chez les partisans moribonds de Lemaire qui avaient perdu espoir dans les dernières semaines en voyant leur protégé se désintéresser complètement de la séduction.

B: En effet, je me souviens des propos qu’avait tenus son coloc lors d’une entrevue récente à l’Antichambre-à-coucher où il affirmait que Lemaire semblait vouloir être seul.

P: Au grand désarroi de ses amis qui le pressait de revenir au jeu, ai-je besoin de le rappeler Bernard.

B: Bon point Paul.

P: En tout cas, une chose qui est sûre, c’est que Lemaire offre enfin une performance convaincante, il se trémousse contre une fille et oh! il la frenche. Pour la première fois depuis longtemps, Jérôme Lemaire pourrait prétendre à une présence en prolongation. On le voit qui lentement quitte la surface de jeu, accompagné. Nous lui souhaitons donc du succès.

B: Décidément à suivre dans les bulletins demain matin.

P: Quant à nous, c’est tout pour aujourd’hui, en vous rappelant la marque finale: Lemaire quitte le bar accompagné.

 

Générique de fin.

 

Catégories :Dans ma tête, Délire

Shining

décembre 16, 2010 10 commentaires

J’ai vu trois fois le film Shining dans ma vie.

La première fois j’avais 9 ans, c’était durant le temps des fêtes et j’avais eu le droit de me coucher ben tard parce que personne ne s’occupait de moi dans la maisonnée. J’avais écouté le film au sous-sol avec mon frère et j’avais eu la chienne de ma vie. J’ai dû dormir avec la lumière allumée pendant au moins une semaine après et il y avait mon frère qui n’arrêtait pas de murmurer « Reeeedrum », l’esti.

La deuxième fois j’avais 16 ans, je venais d’avoir mon permis de conduire et ma première voiture qui avançait capricieusement et avait des odeurs un peu louche. J’étais chez une fille dont les parents étaient partis pour la fin de semaine et on avait décidé de louer ça. On était sous une couette de polar et la fille me serrait aberrament fort le bras dès qu’il se passait de quoi dans le film. Pis moi je faisais mon gars de 6’2 beeen en contrôle qui trouve ça comique mais honnêtement, j’aimais pas ça TANT que ça. J’suis rien qu’une p’tite moune.

La troisième fois, c’était hier. J’avais décidé de me claquer un marathon de Stanley Kubrick et j’ai terminé avec Shining. Pis là, j’suis sûr qu’il y a des jumelles qui m’attendent dans le corridor ou que Jack Nicholson va défoncer ma porte avec une hache à fucking tout moment.

 

Catégories :Anecdote

Dans ma-tête-mathique

décembre 15, 2010 5 commentaires

Au CÉGEP, après les cours de langue, c’étaient ceux de mathématiques que je préférais. J’aimais beaucoup la logique implacable des chiffres, l’impérialisme froid d’une équation, le ludisme des nombres imaginaires ou la sexyness d’une intégrale triple.

Dans la vie de tous les jours, je calcule incessamment. Sur l’autoroute, je fais des interpolations linéaires pour déterminer mon heure d’arrivée, je choisis mes soirées en fonction d’espérance de plaisir, évite des restaurants puisque j’estime la variance de la qualité trop haute.

Je ne marche pas en diagonale, je marche en hypoténuse et je juge en criss le monde qui se déplace en cathètes parce que fuck, man, après Francis Reddy, Pythagore c’est mon idole.

Parfois, quand je me sens perdu, je me dis que je suis une abscisse qui cherche son ordonnée, que j’ai besoin de revenir à l’origine. Cartésien pis cheesy de même le gars.

Je pense à l’amour et aux filles avec une approche probabiliste, mes supposés critères s’entremêlant de façon bayésienne et je me trouve un peu puéril d’être à un théorème central limite mal chié de la déprime.

Dans ma tête, j’ai ma fonction multivariée du bonheur et j’essaie fort de l’optimiser sauf que je ne sais pas si je devrais faire ma dérivée partielle sur l’argent, l’amour ou le cul.

Et puis ça, c’est un esti de drame.

Catégories :Dans ma tête

Et après?

décembre 15, 2010 6 commentaires

Je ne vous ai pas encore parlé de ma vie post-démission si ce n’est que mon petit périple juste après. Je pense avoir un plan plutôt précis (dont je vous parlerai bien un jour) pour la suite des choses et disons que ça me laisse quelques semaines off. Alors je prends ça tranquillement.

J’ai commencé par dormir des heures et des heures. Je me levais pour boire des grands verres d’eau puis me réveillais quelques heures plus tard pour les évacuer. Les rideaux fermés, mon cadran débranché, j’ai perdu la notion du jour et de la nuit pendant un genre de 72 heures où je n’ai que dormi et lu des biographies. Je n’avais plus de vie, je lisais celles des autres.

Après quoi j’ai lavé tous les moindres recoins de mon appartement en écoutant ça. Puis j’ai reclassé les livres de ma bibliothèque en ordre alphabétique d’auteur, puis en genre, puis par couleur de couverture. C’était d’un chic fou m’dame la Marquise. J’ai réparé les armoires qui ne fermaient pas convenablement et repeinturé le plafond de la salle de bain. Puis le septième jour, je me suis reposé en sanctifiant ce saint jour.

Et là, je suis rendu avec mon petit beat quotidien. Je me lève relativement tôt pour écouter Des kiwis et des hommes où Francis Reddy est fucking fumant à l’animation, genre pour vrai vrai. Après je vais marcher dehors quand la neige n’est pas trop incommodante. Je m’arrête dans un café et attrape le journal du jour que je lis en sirotant ma tasse.

Je vais ensuite dîner dans un pub avec des amis, courir aux plaines d’Abraham, me claquer Sur les traces du Père Noël en VHS ou écouter 22 chroniques d’Alexandre Barrette dans midi Morency, emmailloté dans mon couvre-lit.

Des fois je m’ennuie du monde de la job, genre Daniel ou Béatrice. J’ai beau ne pas aimer un boulot, je trouve toujours ça triste parce que tu quittes des gens que tu risques de ne plus revoir. Ça me fait penser à cet emploi d’été dans une shop de pain où je mettais des cabarets de plastiques sur un convoyeur pendant des shifts de 8 heures et où j’avais braillé comme une fillette quand l’été avait fini même si je haïssais ça pour mourir.

Pis des fois je trouve le temps long. Je pense aux personnes âgées, aux BS assistés sociaux, aux employés municipaux qui « surveillent » les patinoires et je me dis que le temps doit tellement être long, que les minutes vides doivent éroder un peu plus chaque jour. Sauf qu’il ne faut pas que je pense trop à ça parce que des fois j’ai la chienne de vieillir seul pis je me mets à paniquer, mettons.

Alors pour éviter de virer fou, j’essaie de m’occuper incessamment. J’aurais presque le goût de me trouver une jobine. Ou de m’acheter un tamagochi.

(Quand même ironique de faire un billet sur mon quotidien après celui d’hier...)

 

Catégories :Anecdote, Bilan

Parler pour rien dire

décembre 14, 2010 11 commentaires

Je trouve que l’on vit dans une ère de communication incessante. Prenez les réseaux sociaux. À longueur de journée, les gens renouvellent leur statut Facebook, publie leur dernière citation de grand cru (NOT) sur twitter en prenant soin au passage de glisser un mot sur la constitution de leur souper ou la couleur des nouvelles chaussures tellement top cool qu’ils viennent de s’acheter.

Il y a les cellulaires aussi, le textage incessant, au restaurant, au cinéma, à la toilette, au téléphone. On dit souvent que ce qui est plaisant avec les cellulaires, c’est que tu peux rejoindre quelqu’un de partout. L’ennui, moi j’vous dis, c’est qu’on peut être rejoint n’importe où.

Si je vous parle de ça, c’est que je me pose des questions sur l’impact que ça a sur les relations interpersonnelles, particulièrement de couple.

J’ai parfois l’impression que certaines filles s’attendent à ce que l’on discute continuellement, passant du téléphone au MSN aux messages textes, communiquant sans cesse du lever jusqu’au coucher. Ça m’emmerde royalement. Je me dis parfois que la vie de coureur des bois, c’était peut-être pas si mal. Vous partiez une couple de semaines ramasser du pwel en montagne pour revenir au village et vous claquer un peu de bagosse pis votre fille du roi forcément cochonne.

On dirait que beaucoup de personnes sont devenues malaisées avec le silence, ne sachant trop par où prendre la patate chaude de la quiétude. S’il y a un truc que j’aime de tous mes amis, c’est qu’on peut aller prendre une bière un soir puis que lorsqu’un sujet est épuisé, on ne dit rien pendant quelques minutes, on boit chacun une couple de gorgées en étant pris dans nos pensées, naturellement. Il y a des gens qui paniquent dans ces cas là. Lors d’une première date c’est hallucinant de voir l’angoisse du silence qui règne.

Grosso modo, je pense qu’il y a trois types de conversations qui vaillent particulièrement la peine: celles qui font rire, celles qui font réfléchir et celles qui te permettent d’apprendre ou de découvrir de nouveaux trucs. Et tout ça, ce n’est pas toujours l’apanage du quotidien, m’sieur dame.

Je ne pense pas qu’on se parle trop, c’est juste que j’ai parfois l’impression qu’on ne se parle pas des bonnes affaires, qu’on s’en tient au descriptif de sa journée. J’ai fait ça, untel a dit ça, j’ai vu ça.

J’sais pas, parle moi de la glace aux pistaches que tu mangeais quand t’étais petite, de ce qui te passionne, de ce que tu penses de l’extraction du gaz de schiste, de tes peurs, de ta grand-mère dont tu t’ennuies.

Dans le fond, j’ai pas le goût que tu me dises ce que t’as fait de ta journée. J’ai juste le goût que tu me dises qui t’es, doucement, un peu plus chaque jour.

 

La magie de Noël

décembre 12, 2010 7 commentaires

1994. Faque Noël était encore au chalet de mononcle Sylvain ct’année. D’habitude c’est tout l’temps poche Noël, ct’année encore, j’pensais ben que ça s’rait encore plate. Au début, y’avait juste papa pis mononcle qui se criaient après pis qui parlaient du référindum. Pis moi, ben moi j’sais pas c’est quoi l’référindum.

Faque j’tais assis sur une chaise t’sé, pis j’attendais qu’la veillée passe. J’checkais juste deux affaires: l’horloge pis la porte. J’guettais la porte tout l’temps. S’parce que j’espérais que mon parrain arrive. Ça fait trois ans qui pouvait pas v’nir. Maman a dit que s’parce qui travaille pour Dans l’Nord. J’sais pas sont qui Dans l’Nord mais y font chier, même si ma mère a dit que s’pas correct dire chier.

Pis là vers minuit, la porte est ouverte pis s’tait lui. S’tait tellement cool là. Y’a serré les mains de tout le monde pis y’est v’nu me parler. On a joué aux cartes pendant longtemps pis il me parlait comme une grande personne. S’pour ça que je l’aime moi, mon parrain. Pis quand il a commencé à être vraiment tard, j’t’allé m’coucher sur la pile de coat d’hiver. Ct’année, s’tait le plus hot des Noël.

——–

Boulevard Laurier, un samedi après-midi de décembre un peu frisquet, les voitures s’entassent lentement, bouchonnant les artères qui mènent aux divers centres d’achats. À la queue, chacun attend avec impatience la prochaine lumière verte tandis que les ondes radiophoniques regorgent de reprises de chansons de Noël. Chaque intersection est une tranchée où chacun des cloportes à 4 roues bataille pour sa parcelle d’asphalte.

Je suis dans ma voiture à l’habitacle exigu et j’attends plus ou moins patiemment de pouvoir finalement pénétrer dans le stationnement du centre Laurier. Lorsque la lumière tourne enfin au vert, j’appuie sur le gaz avec véhémence, manquant de peu renverser un piéton qui pataugeait dans la gadoue des trottoirs.

Commence alors la lutte acharnée, la recherche épique d’une place de stationnement. Les voitures se bousculent, les chauffards s’invectivent en maraudant dangereusement, c’est une ruée vers le bitume vacant qui n’est pas sans rappeler la ruée vers le Klondike. J’attends toujours, cela dit, le Lucky Luke du parking.

Garé à des fucking lieux du centre commercial, j’entreprends donc un périple en direction de l’antre du katching pis de pleins de bruits d’argent d’même. Après avoir établi campement à mi-chemin, contrer vents et marées, j’arrive finalement en terre promise de la consommation, je suis le Moise du lecteur blue ray à rabais.

Sur place, c’est la folie comme fucking furieuse. Des mères de famille spumescentes courent avec des dizaines de sacs d’achats, ce sont les hommes forts de RDS qui rencontrent la boutique TVA. Je peux sentir le champ qui émane des bandes magnétiques des cartes de crédit, j’vous le jure que je le sens. Pis j’suis sûr que c’est cancérigène, man.

Les panneaux réclames tapageurs me bombardent tandis qu’une vendeuse de jewels me zyeute comme pas une Cubaine en quête d’asile politique ne saurait le faire sur un dancefloor de tout compris dans une tentative éhontée de me soutirer quelques précieux dollars. J’vous le jure, à ce moment-là, Céline Dion qui chantait Noël en background avait des touches de psychédélismes.

La masse s’entasse dans les librairies, les disquaires, les magasins de jouets. On achète avec une fièvre orthodoxe et les magasins de bébelles à une piastre, c’est la ciboire de Mecque. Ça et là, je vois des hommes en sueurs, la jugulaire plus gonflée que la réputation de Michel Bergeron, tendre leurs mains avec voracité pour cueillir gilets de sport, coffrets DVD et jeux vidéos. J’ai comme le vertige.

Les gens sont agressifs, impatients. Ça gronde. Je ne sais pas si c’est l’air vicié de monoxyde de carbone des stationnements souterrains qui affecte les gens mais tous ont la pupille dilatée et il y a une tension feutrée qui flotte et menace. La vie est un cover de La Course aux jouets et j’ai peur de me faire décrisser par un tackle d’Arnold à chaque bout d’allée.

On joue du coude, on délie les cordons des bourses avec une hardiesse folle. Une dame atteint l’orgasme en s’emparant d’un dvd de Twilight, un p’tit homme est en extase devant une pile de LEGO, une jeune femme en transe sert un sac à main fort fort contre sa poitrine. Je passe à la caisse comme un automate, le regard un peu vide tandis que la caissière scanne machinalement jeux de ps3, bouquins, boîtes de chocolats,

Je retourne lentement à ma voiture garée tellement loin. Marche à mes côtés une fille dans la trentaine, sourire aux lèvres, qui traine des sacs de vêtements et de chaussures. Elle a l’air heureuse. C’est ça, après tout, la magie des fêtes.

Catégories :Anecdote

Toucher le fond

décembre 9, 2010 6 commentaires

Voilà plusieurs semaines que je sens que mon tube de dentifrice achève. Flétri un peu plus tous les jours, je m’évertuais un peu plus chaque matin à le taponner un peu plus pour finalement extraire un peu de liquide. Les plus intrépides adeptes du symbolisme freudien y verraient sans doute là une judicieuse allégorie du deuil phallique de la dame au vieillissant conjoint.

Je pourrais aussi vous entretenir de la métaphore du même type que la vieille plante de mon salon m’inspire, cette plante qui chaque jour s’assèche un peu, perd de son tonus et s’affaisse dans une fatalité toute newtonienne. Passons cependant.

Tout ça pour dire que ce matin, je n’ai pas réussi à sortir suffisamment de pâte de mon tube et que je suis désormais en deuil. Croyez-moi, j’ai essayé fort de le réanimer, lui prodiguant les premiers soins, effectuant un massage cardiaque, approchant ma brosse en espérant cueillir un peu de dentifrice, signe de vie. Mais non. Au moins, je l’aurai abusé jusqu’à la fin, le pressant comme le ferait un gérant avec une gamine chanteuse de Charlemagne.

Que les gens qui commençaient à croire que le titre Toucher le fond était un INCROYABLE jeu de mots pour parler du fond de mon tube de dentifrice se ravisent, il s’agissait bien plus d’une allusion au fait que niveau contenu, Opération Reboot touche aujourd’hui le fond.

FAQUE…

Catégories :Anecdote

Chercher la vulnérabilité

décembre 9, 2010 4 commentaires

Ce dont je m’ennuie le plus d’être en amour, c’est cette impression, vous savez, ce sentiment que vous avez de pouvoir enfin être complètement vous même avec quelqu’un. Je m’ennuie de cette opportunité d’être entièrement soi, d’avoir cette chance inouïe d’avoir trouvé quelqu’un avec qui vous avez le goût de vous partager dans la plénitude la plus romantique qui soit.

J’aurais le goût de ressentir cette ivresse grisante, cette folie tranquille et belle. Je voudrais être mû à nouveau de cette envie de l’abandon. Ce qui me manque le plus, c’est la vulnérabilité qui vient avec l’amour, le formidable saut que représente celui de s’ouvrir à quelqu’un.

Parce que vous aurez beau pratiquer tous les sports extrêmes du monde, sauter en parachute, rouler à des vitesses folles, rien n’égale le thrill de cette vulnérabilité là.

Les rêves retrouvés

décembre 8, 2010 11 commentaires

Il y a bien peu de choses qui soient plus vulnérables qu’un lépidoptère. Chenille, il tend à se mélanger avec son milieu en adoptant sa couleur, sa forme. Chrysalide, l’insecte est alors immobile et impuissant. Fixé à une tige et enrubanné de soie, il tente alors d’être confondu avec le feuillage ambiant.

C’est cependant à l’âge adulte, une fois papillon, que l’insecte déploie son camouflage le plus complexe afin de survivre. La pigmentation bigarrée des ailes, la précision de leur coloration ainsi que leurs formes diverses rendent le papillon difficilement repérable. Le sphinx du liseron, par exemple, se confond parfaitement avec l’écorce des arbres. Le Morpho bleu a quant à lui des ailes bleues iridescentes et une envergure de sept pouces. Le dessous de ses ailes étant sombre, le Morpho semble disparaître lorsqu’il se met à voler.

C’est ainsi qu’en se camouflant avec finesse, le papillon vivra, s’il est chanceux, quelques jours.

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Je ne savais pas où j’allais. J’ai décidé d’allé à l’Est parce que le soleil couchant dans mon rétroviseur, ben je trouvais ça crissement beau. J’ai arrêté au service à l’auto du McDo de Rivière-du-loup puis je suis reparti, mon casseau de frites entre les jambes, mon Coke diète dans le support à café, un cheese double dans la main gauche. Je mangeais en roulant à 140 sur la 20, j’sais pas, j’étais pressé d’arriver nul part.

J’ai roulé en écoutant du Oasis très fort, en chantant comme un perdu dans mon char, en ne répondant pas aux textos de mon coloc qui me demandait ce que je faisais. J’ai finalement décidé d’arrêter ma route ce jour-là à Matane où je me suis booké une chambre dans un motel crade puis suis allé me saouler dans une taverne déserte, enfilant les Jack Daniels sur un fond de The Doors. J’ai retraité à mon motel en marchant lentement, ben gorlot. Je marchais dans un tout petit quartier sans lumière, il y avait une petite brise et un ciel complètement dégagé rempli d’une quantité incroyable d’étoiles. J’ai l’impression que comme moi, c’est loin de la civilisation que la Voie lactée s’épanouit le plus.

Puis j’ai dormi 12 heures d’affilée alors que d’ordinaire, je souffre d’insomnie, ne dormant presque jamais plus de 5 heures de suite. Je me suis réveillé serein. Calissement serein. J’ai pris une brève douche puis suis allé marcher dans la ville à la recherche d’un endroit pour manger. Sans réfléchir, j’ai pénétré dans un espèce de bistro-bouquinerie où régnait une odeur de café prodigieuse. J’ai sillonné entre les diverses étagères, errant à la recherche d’un bouquin, caressant ça et là une reliure, effleurant du regard quelques quatrièmes de couverture. Et lorsque j’ai aperçu une vieille édition amochée de The Catcher in the Rye à 2.50, le sort en était jeté.

Je me suis installé au comptoir et Renée, la propriétaire des lieux, m’a refilé un café et une brioche, comme ça, sans que je lui demande. On s’est mis à jaser, elle m’a parlé de ses enfants qui ne revenaient pas souvent, je lui ai conté que je venais de crisser ma job là, elle m’a montré des photos de son mari décédé, je lui ai parlé du père que je n’ai pas. On est resté là à jaser, deux heures après la fermeture du café. Puis elle m’a invité à souper chez elle, j’y suis allé, on a bu du vin, j’ai ri à en avoir mal, ri à en pleurer, des larmes de joie oui, mais des larmes parce que je n’arrivais pas à me rappeler la dernière fois que j’avais ri comme ça aussi, un peu.

J’ai dormi sur son canapé dans son salon. Le lendemain, on a déjeuné très tôt, sans vraiment parler. Puis quand je me préparais à franchir le cadre de porte pour repartir, on s’est regardé directement dans les yeux et on s’est fait l’accolade sans rien dire. Et je suis parti, comme ça. C’était un de ces moments que la vie vous offre sans demander son reste.

J’ai ensuite pris le traversier pour aller à Baie-Comeau, puis à Tadoussac. J’ai fait faire un changement d’huile à Jonquière, j’ai longé le fleuve jusqu’à Montréal où j’ai fait une virée mémorable avec des vieux amis, je suis descendu à Sherbrooke avant de revenir à Québec, 7 jours plus tard.

Et en une semaine sur la route, on a du temps pour penser. Beaucoup de temps.

Je me suis demandé si j’avais encore des rêves. Lorsque j’étais jeune, la réponse était claire, limpide. Je rêvais de devenir journaliste sportif, de rencontrer Patrick Roy, sortir avec Sophie Aubin, marcher sur la lune, écrire un livre, changer des vies. Puis lentement, ma capacité au rêve s’est émoussée puisque je me méprends trop souvent à confondre cynisme et maturité.

J’ai longtemps eu cette conception que le bonheur serait quelque chose d’exceptionnel, une panacée qui me tomberait bien un jour dessus, que Dieu m’en enverrait une caisse à moment donné comme une batch de cailles aux Hébreux pendant l’Exode. J’ai longuement attendu ce coup de foudre, cette nouvelle passion dévorante, ce bonheur imminent que j’attendais à tout moment.

Pour le reste, je survivais, me disant qu’un jour, et bien un jour je serais heureux. J’attendais juste l’explosion, l’amour fou, la vie qui surgirait.

Et à attendre comme ça, on se confine aux lignes de côtés, on stagne, inerte et amorphe, se laissant passivement porter par le lent cours de la vie. Chuck Palhaniuk a une image que je trouve très forte pour décrire cette espèce d’atonie lorsqu’un de ses personnages dit: More and more, it feels like I’m doing a really bad impersonation of myself.

Lentement, j’ai rangé mes rêves un à un dans un placard bien scellé, avec le zèle du mec qui se dit finies les folies.J’étais comme un vieil homme qui rangeait les armes pour prendre sa retraite. Je prenais ma retraite du rêve.

Je suis devenu peu à peu le zombie que j’étais le 23 janvier lorsque j’ai commencé l’Opération Reboot, quelqu’un qui se fond dans la masse, qui remise ses désirs, les laisse prendre la poussière impunément. J’étais en apnée, fonctionnais par mimétisme, simple réflexe de survivance.

Et dans les derniers mois, dernières semaines, j’ai réalisé qu’au fond, je suis heureux. J’en parlais un peu ici, il y a tant de choses que j’aime de ma vie. J’aime les gens qui m’entourent pis j’pense que j’aime ce que je suis devenu, avec mes travers pis mes doutes mais aussi mes qualités et mon vécu. Pis même si je ne suis pas devenu l’astronaute que je voulais ou l’écrivain que j’idéalisais, ben je pense que je m’enligne pas pire pantoute comme humain

Et même si je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, que lorsque je ferme la lumière de ma lampe le soir il m’arrive de ne pas trouver le sommeil parce que j’ai la chienne de finir seul, d’échouer, je sens que les choses lentement changent, que j’entre dans une nouvelle ère

L’ère des rêves retrouvés.

Disparaitre

novembre 26, 2010 15 commentaires

Voilà, je viens de terminer ma derniere journée de travail au boulot que je souhaitais quitter au début de l’Opération Reboot.

Je vous avoue que j’ai peur. Peur en crisse. Parce que je n’ai aucune idée de ce que je veux faire ensuite.

Alors j’ai décidé de partir. Je vais entasser quelques chemises froissées et jeans usés dans ma vieille voiture, faire le plein et rouler. Et rouler encore.

J’ignore si je suis en fuite ou plutôt à la poursuite de quelque chose, de rêves que je n’assume pas encore. J’ignore quand je reviendrai.

D’ici là, portez-vous bien jeunes gens.

Au revoir,
Jérome

Catégories :Uncategorized

The Black Mail

novembre 23, 2010 17 commentaires

Les gens choqués par les blagues un peu limites ne devraient pas lire ce post. Pour les autres:

À la job, nous sommes 5 gars environ du même âge à œuvrer dans divers départements. Il y a peut-être trois mois de cela, on a instauré un truc qu’on a appelé The Black Mail. Grossièrement, c’est un courriel qu’un de nous a envoyé aux quatre autres qui contenait une blague plutôt salée. Et parce que le temps est long lorsque la besogne se fait rare (chose commune chez mon employeur), chacun s’est mis à répondre en conservant l’historique.

Ça a commencé tranquillement, à quelques blagues par jour. Puis de jour en jour, de semaine en semaine, l’email est devenu excessivement long, chaque ajout créant un effet boule de neige. Une fois de temps en temps, je voyais un petit pop-up m’indiquer que le mail RE :RE :RE :RE :RE :… :RE : The Black Mail venait de rentrer, c’était ma pause divertissement de l’heure qui venait d’arriver.

On s’entend, ça ne vole jamais haut, on dirait vraiment une gang de cégépiens qui s’amusent à essayer d’être outrageux de façon un peu niaise. Sauf que fuck qu’on rigole.

Parfois, ce sont des blagues racistes :

« Qu’elle est la différence entre une pizza et un noir? La pizza peut nourrir une famille »

Des jokes d’holocauste :

« Qu’est-ce qu’un oiseau dit au dessus d’un camp de concentration? Cuit, cuit. »

Des plaisanteries salaces à teintes pédophiles :

« Comment faire pleurer une petite fille deux fois? Tu essuies ton pénis plein de sang sur son toutou préféré. »

Des pitreries caustiques sur l’inceste :

« Comment tu sais que ta sœur a ses règles? Le pénis de ton père goûte différent. »

Ou des devinettes choquantes :

« Qu’on en commun Guy Cloutier et Ginette Reno? Les deux rentrent serrés dans du 12 ans. »

Et c’est comme ça pendant 3 mois. Des pages d’historique de trucs abominables et salaces. Nous étions comme un petit groupe fermé de gars qui s’entretiennent secrètement par email, ça rajoutait un cachet singulier à cet humour noir. Ça, c’était avant aujourd’hui, avant qu’un des gars fasse une fausse manœuvre et envoie The Black Mail à tout son département.

En 1 heure, j’ai l’impression que tout le monde dans la compagnie a vu le mail, ça c’est propagé comme une trainée de poudre. En l’espace de 60 minutes, je suis passé de coqueluche des productrices de sucre à crème à petit voyou de ruelle, de propret garçonnet à émule diabolique de Mike Ward.

Demain matin, les cinq mousquetaires du Black Mail ont été convoqués à un beau petit meeting avec les RH. Je suis curieux de voir ce qu’on nous dira. Anyway, je termine vendredi.

MAJ: Après une houleuse réunion où l’on s’est fait savonner comme des gamins à la petite école, les gars ont reçu une sanction qui se voulait exemplaire d’une journée de congé forcé sans solde pour « usage indu des ressources informatiques ». Quant à moi, étant donné que j’ai une shitload de dossier à compléter d’ici vendredi, les hautes instances ont décidé de faire preuve d’une suave miséricorde à mon endroit. Boom boom.

Catégories :Anecdote

Avoir un ami qui s’égare

novembre 22, 2010 17 commentaires

Cette histoire, c’est celle d’Alexandre, un de mes meilleurs chummys du secondaire. En fait, pendant de longues années, il a été une des personnes dont j’ai été le plus proche. Dans mon top 3 de conversations marquantes à vie, il y en a une avec Alex autour d’un feu, lui et moi à un stade de boisson honnête qui parlons en anglais. Et je ne sais pas si c’est à cause de la langue qui créait un espèce de détachement, mais c’est la fois où j’ai parlé le plus ouvertement à quelqu’un de mes angoisses, de qui j’étais vraiment. Enfin bref, c’était quelqu’un d’important dans ma vie.

Je connais donc Alex depuis une douzaine d’années. On a foiré sur la côte est américaine, faites un road trip jusqu’à Manic 5, j’ai été au remariage de sa mère. M’enfin, vous voyez le portrait, c’est quelqu’un avec qui je partageais une foule d’affinités.

Sauf que depuis peut-être un an, Alex change beaucoup. Tel un Charmeleon qui pogne son level 36, il a connu une métamorphose radicale et je peine aujourd’hui à discerner celui qu’il était jadis à travers celui qu’il est désormais.

Si j’avais à identifier le point de départ de cette transmutation désolante, ce serait sans doute l’abonnement au gym. Alex s’est mis à aller s’entrainer 6 jours par semaine, à arpenter les forums de musculation avec l’entrain d’un adolescent qui vient de découvrir la porn en streaming. Il s’est mis à dépenser des sommes effarantes en poudres diverses et à manger du poulet cuit à la vapeur. Si seulement ça n’avait été que ça.

Il s’est ensuite acheté une voiture sport avec de l’argent qu’il n’avait pas et il s’est mis à tenir un discours fucking louche sur l’importance des apparences. Honnêtement, ça me sidérait. Il s’est ensuite mis à sortir dans les bars plusieurs fois par semaine. Il a changé sa garde-robe aussi. Il a pris du volume musculaire et a décidé d’acheter du linge une taille plus petite que ce qu’il possédait déjà, un combo fort efficace pour créer un effet moulant à en rendre jaloux les pantalons de Freddie Mercury.

Et là, il s’est mis à nous raconter ses anecdotes de filles frenchées dans les bars. Vous dire le nombre de récits de jeunes filles naïves pognassées sur des dancefloors que j’ai dû me claquer dans les derniers mois, chaque échange de salive étant raconté avec un ton triomphant frôlant l’extase. Je n’arrive pas trop à saisir ce phénomène de valorisation basé sur de pareilles conneries.

L’autre jour, sur le ton de l’évidence, il m’a dit que dans la vie, il ne pourrait pas être pleinement heureux s’il ne faisait pas beaucoup d’argent, que tous ses loisirs étaient dispendieux et qu’il avait besoin de ça pour que sa vie soit complète.

Dans ma vie, j’ai fait le choix il y a plusieurs années de me distancer avec fermeté des gens que je considérais comme superficiels et je crois que c’est un des trucs qui me permet d’avoir toujours en tête les choses que je trouve importantes pour vrai. Sauf que cette fois-ci plus que jamais, je trouve ça rough, je trouve ça difficile de voir que mon chummy est devenu un douchebag et que ce qui nous unissait s’est tari avec le temps.

Sauf qu’en y pensant bien, ça fait bien un an que mon chummy Alex tel que je connais n’est plus. Je me demande juste s’il est perdu momentanément ou s’il est mort.

 

Ode aux jeux de société

novembre 21, 2010 11 commentaires

Lorsque j’étais petit (jadis en criss), mes parents m’envoyaient à la garderie scolaire dont je garde deux heureux souvenirs : le hockey cosom et les jeux de société. Hormis le fait d’avoir à être sous le joug de Marthe l’éducatrice impérialiste rousse, il s’agit assurément d’une période dorée de mon existence.

Nous étions quatre p’tits gars à jouer à Stock Ticker à chaque soir en attendant que nos parents viennent daigner nous cueillir après leurs journées au boulot. Dans le temps, on appelait ça « La Bourse » et laissez-moi vous dire qu’on prenait ça au sérieux. Nous étions de jeunes prospecteurs qui utilisaient déjà les concepts de variance mathématique sans vraiment le savoir; parce qu’entre Stock Ticker et les processus stochastiques du modèle Black-Scholes, il n’y a qu’un pas. Lancer les dés ou utiliser un lemme d’Ito, même combat.

Il y a aussi eu l’époque du Monopoly, celle de Jour de paie, de 13 Dead End Drive (que j’ai aimé d’amour), de Carcassonne, de Gérants d’estrade.

Adolescents, nous nous étions concocté notre propre édition de Guess Who?, un pur délice. On avait remplacé chacun des personnages par des gars et des filles de notre année à l’école, un ambitieux projet où nous avions écoulé tous nos restants de colle Pritt du primaire. Et donc en jouant, on pouvait grassement se gâter lors des questions : est-ce que qu’il/elle a couché avec Simon Drouin, est-ce qu’il/elle vend du pot, est-ce qu’il/elle est dans une équipe de sport interscolaire, est-ce qu’il/elle a déjà fait un site internet sur les professeurs avant de se faire expulser de l’école et d’ensuite faire face à trois chefs d’accusation et se faire enlever internet par sa mère pendant 4 ans? Fuck les attroupements de filles à la récréation, c’était notre jeu de Guess Who? qui était la plaque tournante du potin à l’époque.

Encore aujourd’hui, j’aime beaucoup les jeux de société. D’ailleurs, j’avais déjà écrit sur une game de RISK il y a quelques mois. Il y a dans ces jeux une richesse et une chaleur qu’aucun jeu vidéo ne saurait reproduire. Une PS3 c’est cool mais c’est loin d’avoir le même potentiel rassembleur.

Parce qu’une soirée de jeux de société, c’est AWESOME. Prenez une soirée un peu frisquette comme hier, tu appelles 5-6 amis en trombe durant l’après-midi, tu vas faire des emplettes à la SAQ et roule quelques joints bien serrés. Vous mangez un petit souper bien simple, laissez la vaisselle sur le comptoir puis sortez vos planches de jeux et le déli-plaisir peut commencer.

La saine compétition embarque, le bruit des dés qui roulent sur la planche vous chatouille agréablement les oreilles, vous déplacez vos pions en vous racontant vos dernières anecdotes, vous prenez une gorgée de rouge en pigeant une nouvelle carte, vous riez. Beaucoup. Vous partez sur un débat étymologique épique en lisant le livret de règlements aux pages jaunies, vous tachez vos jeans de gras de chips puis un gagnant finit par être couronné.

Vous vous couchez finalement, heureux et repus.

 

Catégories :Ode

Matchmaking simpliste

novembre 19, 2010 9 commentaires

Les gens qui essaient de former des couples veulent tous bien faire, je ne remets pas cela en doute une seconde bien que certaines filles personnes semblent aussi le faire beaucoup un petit peu par goût du potin, c’est de bonne guerre.

J’ai dans mon entourage une tonne de ces personnes gentilles et bien intentionnées. Des gens qui sans cesse m’interrogent en se demandant « pourquoi don’ un bon parti comme toi est encore tout seul », un questionnement qui, selon moi, est de la belle marde à moins qu’il sorte de la bouche d’une tante fort en boisson un 24 décembre.

Cela dit, il y a un raisonnement que les cupidons des pauvres doivent tenter de bannir de leur esprit :

–          J’apprécie beaucoup la personne A

–          J’apprécie beaucoup la personne B

–          Les personnes A et B sont faites pour S’AIMER

Cessez. Siouplaît?

 

Catégories :Question de société

Mon truc pour boire gratiss

novembre 18, 2010 11 commentaires

Ce n’est plus à prouver qu’Opération Reboot n’est rien d’autre qu’une mission humanitaire à saveur pédagogique, une oasis de savoir dans l’aride blogosphère. C’est dans cet esprit d’entier don de soi que je vous donne mon meilleur truc pour me faire payer à boire dans une soirée remplie d’inconnus. Ce soir encore, je l’ai utilisé avec un franc succès.

Supposons, donc, que vous ayez été invité à une sympathique soirée. Vous ne connaissez que quelques personnes mais vous décidez quand même de vous y rendre. Après avoir fait le tour de vos rares connexions, vous commencez à jaser avec des nouvelles personnes, tranquillement. Lentement, vous amenez le sujet sur la voyance, le surnaturel. Il y aura toujours une ou deux personnes pour raconter une anecdote à ce sujet. Puis là, vous inventez une histoire selon votre feeling du moment :

« Moi j’avais une grand-tante qui était gitane et faisait de la cartomancie. Durant les années 30, elle est partie sur la côte est américaine où elle a voyagé en vivant de son art. Chaque année, elle revenait quelques semaines au Québec puis repartait Dieu seul sait où. Ma grand-mère l’a bien peu connu même si c’était sa propre sœur.

Puis lorsqu’elle est devenue trop vieille pour ce genre de vie nomade, elle est revenue s’installer ici pour de bon, elle est allée vivre dans une maison de retraités à 10 minutes d’où j’ai grandi. J’allais souvent lui rendre visite, elle me racontait un peu de sa vie, les hommes importants qu’elle avait rencontrés. Elle avait plusieurs photos en noir et blanc, souvent nous feuilletions ses vieux albums et elle me pointait des hommes en habit et à l’air sévère. Celui-là, me disait-elle, est un dirigeant d’une firme d’avocats à New York qui me demandait souvent conseil sur des gros dossiers. Celui-ci, renchérissait-elle, est le conseiller politique d’un ancien sénateur du Vermont qui me demandait mon avis sur la voie à prendre pour être élu. Je me souviens encore très bien de sa voix qui était très douce et de son accent aux teintes américaines. J’étais fasciné par son vécu, ses histoires, sans jamais vraiment me demander si le don de voyance existait vraiment.

Un jour cependant, elle est tombée très malade. La dernière fois que je l’ai vu, elle était vraiment mal en point. Je me souviens de la maigreur de son visage, de ses mains tremblantes. Ce jour-là, elle a dit qu’elle m’aimait bien et m’apprendrait quelques trucs. Alors on a passé l’après-midi avec un jeu de cartes et elle m’a expliqué ce qu’elle désignait comme « sa plus élémentaire technique ». Je ne l’ai jamais revu vivante après ce jour-là ».

Ajoutez à cela quelques anecdotes de votre grand-tante qui fait quelques prédictions INCROYABLES dans son hospice. Habituellement, si vous avez bien joué vos atouts, on vous demandera une démonstration de l’héritage que vous avez reçu. C’est là que le plaisir commence.

Vous demandez alors qu’on vous apporte un jeu de cartes ainsi que deux ou trois éléments hétéroclites que vous utilisez pour improviser un simili rituel ésotérique de bénédiction du jeu de cartes. Souvent, j’utilise un espèce de combo alcool fort et épices quelconques.

Vous prenez donc un premier volontaire et expliquez que pour qu’une voyance soit efficace, il faut que le demandeur fasse une offrande au cartomancien, offrande qui peut/doit bien entendu prendre la forme d’alcool. Après avoir reçu votre dû, vous demandez à la personne de poser sa question à voix haute puis vous y allez de rites improvisés. J’ai remarqué que plus vous impliquez le client, plus il sera satisfait. Donc n’hésitez pas à lui faire couper souvent les cartes, à les brasser, etc. Profitez-en pour lui poser des questions, essayez de cerner ce qu’il souhaite entendre.

Si vous êtes habiles, les gens deviendront curieux. Non seulement on vous donnera beaucoup d’alcool, mais en plus, vous aurez la chance de parler à plusieurs nouvelles personnes. Et pour les messieurs, si vous parvenez en plus à être drôle dans votre rôle de bohémien d’occasion, je peux vous garantir que vos chances de scorer ce soir-là exploseront.

Amusez-vous, jeunes gens fougueux.

 

Catégories :Théorie

L’appel que je ne recevrai jamais

novembre 17, 2010 12 commentaires

Oui? Jérôme? Euh salut, euh… c’est ton père. Ouais ben, euh, écoute, j’ai parlé à ta mère pis elle m’a dit là, pour ta job là, que tu laissais ça là pis toute. Écoute mon gars, j’pas bon pour parler pis ces affaires là mais j’voulais rien qu’te dire que j’t’appuyais là d’dans.

J’t’apprends surement rien mon gars si j’te dis que j’ai toujours haïs ma job. Je l’sais c’est quoi se lever l’matin criss pis trouver ça lourd à chaque fois. J’men viens vieux pis j’réalise ben que j’ai laissé ça empoisonner ma vie. Si j’bois à tous les soirs depuis 20 ans, c’ta cause de ça, de c’te crisse de job là. Faque quand j’ai su que toi, tu l’faisais ton move, ben ça m’a soulagé.

Parce que j’veux pas que tu finisses comme moé, saoul mort toué soirs. Un jour mon homme, j’te souhaite d’avoir des enfants pis d’être heureux dans c’que tu fais. Pour toé mais pour eux aussi. Parce que je le sais qu’à cause de ça j’ai pas été un bon père. Si tu savais comme j’trouve ca rough quand j’y pense, ça m’ronge par en d’dans.

J’pense à quand t’étais jeune pis j’pouvais pas aller t’voir jouer au baseball le samedi après-midi parce que j’tais d’jà chaud raide pis parce que j’avais honte de moé aussi. Ou ben à la fois où t’avais été nommé meilleur étudiant d’l’école au gala Méritas pis pendant s’temps là j’ronflais fort dans salle parce que j’tais ben rond. J’te l’ai jamais dit mais le lendemain, j’t’allé faire une photocopie du certificat que t’avais mis dans ta chambre pis je l’ai collé dans mon casier à shop.

Tu devrais m’voir quand j’parle de toé au gars d’la job. J’te l’ai jamais dit criss, j’pas bon pour ça, mais j’suis fier de toé. J’te vante à tout l’monde, j’ai un fils brillant pis souvent j’me sens triste d’avoir rien eu à voir là d’dans. J’leur dis depuis toujours que mon gars c’est vraiment quelqu’un, qu’un jour y va faire quequ’chose de grand.

J’veux juste te dire que peu importe c’est quoi ce quequ’chose, ce que tu décides de faire asteur que tu lâches ça ce job là, ben j’t’appuie. J’t’appuie parce que j’t’aime mon gars pis j’ai confiance en toi.

 

Catégories :Dans ma tête, Entourage

Soirée de bowling

novembre 17, 2010 3 commentaires

J’avais le goût de festoyer avec aplomb ce soir, de lever le coude et de jouer avec des grosses boules. Quelques appels et messages textes durant la journée suffirent à me trouver deux comparses de renom en vue d’une soirée de quilles qui s’annonçait fort prometteuse (parce que commencer avec un gag de grosses boules qui s’avère être un lien avec les quilles, avouez que c’est faire fort).

Il s’avère que mes amis et moi sommes de SOLIDES quilleurs, fuck oui. C’est qu’à une certaine époque, lorsque nous avions 16-17 ans, le salon de quilles du quartier était le seul endroit où nous pouvions acheter de la bière sans nous faire carter. Par la force des choses, nous avons donc développé notre coup de poignet sur les huileux planchers de ce qu’on appelait alors Le Salon. Attisé par la flamme de cette passion mue par une soif toujours insatiable pour l’alcool, j’avais même fait venir un livre par la poste sur le bowling en plus de faire un exposé oral en secondaire 4 sur l’incroyable film Le Roi de la quille que j’avais alors présenté comme étant « une allégorie profonde du rêve américain déchu ».

Inutile de vous dire que nous étions exaltés à l’idée de renouer avec cette discipline qui autrefois forgea les hommes que nous sommes devenus. Pour l’occasion, nous étions blindés de nos plus beaux apparats : jackets de cuirette, bas blancs et pantalons moule-couilles.

Sur place, nous sommes happés par la douce symphonie des fracas du caoutchouc des boules qui donnent contre le bois recouvert de nylon des quilles.  Mis à part le bruit sourd d’une rondelle de hockey heurtant une bande, il y a bien peu de son que j’aime plus que celui d’un abat.

J’ai été surpris de voir à quel point les choses avaient bien peu changé en dix ans. Même éclairage disco, mêmes souliers bicolores, même odeur de barbe à papa. Je trouve toujours ça intense d’être replongé dans une tonne de souvenirs d’un coup comme ça, j’ai comme un overflow de sentiments/souvenirs, c’est déstabilisant. J’ai d’ailleurs toujours ce sentiment lorsque je me retrouve dans le quartier où j’ai grandi.

Toujours est-il que nous avons joué 6 parties, chacun en remportant 2, votre humble blogueur réalisant le plus haut score de la soirée, un rutilant 217 qui ne fut pas réalisé sans semer un peu d’émoi/admiration/tension sexuelle dans le groupe de dames sexagénaires qui jouaient dans l’allée adjacente. Bref, une fort sympathique soirée vécue dans la franche rigolade.

Top 5 Notes de soirée de bowling

5- Le pichet à 9 dollars : Dans un monde fort inflationniste, où les commerçants recherchent avec avidité les profits, désirent ardemment faire fructifier leurs avoirs, en cette ère du ROI de 12.5% et du capitalisme sauvage et tandis que Dollorama vend des trucs à 2 ou même 3 dollars, il fait bon de savoir que certain prix comme celui du pichet au Salon demeurent immuables. Nous en avons donc abusé.

4- Le Jukebox : À mi-chemin entre les allées de petites quilles et celles de grosses quilles se trouve un immense jukebox avec une sélection des plus bigarrées. Pour deux dollars, on a pu faire jouer Au bal masqué, Long Train Running et Les petits pains au chocolat. À partir de la 4e partie, vous auriez dû nous voir danser, c’était OU-TRA-GEUX.

3- La barmaid qui ambitionne : J’achète une pinte de bière à 6 douilles, je tends un billet de dix à la barmaid poudrée et elle me redonne deux pièces de deux dollars. Quelle hostie de crosse éhontée pour avoir plus de tip.

2- Drunk texting : Lorsque t’es rendu chaudaille-guedaille, les hormones catalysées par le flat houblon de Molson Ex et que t’as pas mal de temps à tuer entre deux carreaux de la partie, la tentation devient forte de se laisse aller aux plaisirs du drunk texting, soyez-en avisés m’sieurs dames.

1- La bibitte annonciatrice du dalot : C’est possible qu’absolument personne ne comprenne ce dont je parle mais sur les moniteurs du salon de quilles, lorsque tu envoies ta boule dans le dalot, il y a une espèce d’animation d’un genre de bestiole qui envoie une boule sur un des deux côtés de l’allée puis ensuite te fait des bye bye de la main. Honnêtement, je pense qu’il n’y a rien qui me rend plus agressif que cette ciboire d’animation là. Suce ma marde bibitte du dalot.

Catégories :Anecdote, Top 5

Mon deux semaines

novembre 16, 2010 15 commentaires

Je viens d’aller remettre ma démission à mon boss, donner mon deux semaines d’avis. Il m’a demandé ce que je comptais faire, je lui ai répondu que j’en avais pas la moindre idée. J’ai un peu la chienne mais je me sens libéré.

Catégories :Objectif 2

Divaguer sur Occupation Double

novembre 16, 2010 10 commentaires

J’aime bien suivre quelque peu les péripéties d’Occupation Double, je l’admets. Ça doit être la même partie de moi qui est accroc à One Tree Hill (la saison 8 est en train de vraiment prendre son envol par ailleurs, je le sens, je le sais).

Toujours est-il qu’au fil des ans, je me surprends souvent à arrêter mon choix sur TVA lorsque je zappe et aperçois que les guidos de Production J sont de service. Voyeurisme primaire, j’en conviens. Que celui qui n’a jamais péché me garroche la première pierre disait le p’tit boy de Nazareth.

Le concept de l’émission est fort simple, pour ceux qui ne connaissent pas, une douzaine de célibataires entrent en compétition pour gagner un condo, des voitures, de l’ameublement pis un ciboire de set de matelas Zedbed. Chaque semaine, un candidat se fait sortir de l’aventure de sorte qu’à la fin, il restera trois personnes qui se disputeront les nombreux prix tant convoités par nos participants aux teints uniformes, muscles saillants et français absent. Et puis là, pour rajouter du piquant, on essaie de leur faire croire qu’ils sont là pour former des couples.

Si le subterfuge a pu berner quelques personnes lors des premières éditions, les participants sont aujourd’hui clairement conscients des enjeux monétaires et on assiste à une tout autre sorte de joute.

Cette année, par exemple, il semblait évident après quelques semaines que tant du côté des gars que des filles, ça ne cliquait pas. Les célibataires étaient distants, calculateurs. La production a donc décidé de sortir les grands moyens en saoulant ses candidats afin de générer un peu d’action, un bon moyen d’obtenir de la télévision spectaculaire comme semble d’ailleurs avoir compris RDS avec Alain le Baron Chantelois qui doit ben être chaud raide pour avoir autant d’opinions de marde en ondes. On a donc vu quelques soirées cocktails avec des gens en boisson qui se taponnait sous l’œil avisé des caméras. Or en téléréalité, c’est connu :

On se frenche faque on s’aime BON.

Aguiché à l’idée de voir quelques jeunes de 23-24-25 ans se pognasser les boules et s’échanger un peu de salive, le public (dont je suis) grandit à chaque semaine. Je suis toujours sidéré de voir à quel point les gens en jasent au bureau, autour de la machine à café, dans la cafétéria. On dénonce le franglais de la jeunesse décadente d’aujourd’hui (« En tout cas si j’serais à la télé, moé je m’arrangerais pour parler comme du monde »), on fabule sur les rebondissements à venir et surtout, on rit grassement des candidats.

On casse du sucre sur le dos de la commune de Whistler. Plus que ça, on les déteste. Je suis tombé sur un groupe anti-unetelle qui se voulait un regroupement de gens qui bashaient sur une fille d’Occupation Double (Joève pour ne pas la nommer) et j’ai été ABERRÉ de lire ce que j’y ai vu. Il y avait une haine viscérale, des propos violents pour une fille qui, somme toute, n’a rien fait de grave.

On a un gars soupçonné de corruption et qui n’a rien fait pour stopper les pertes folles de la Caisse de Dépôt et on le réélit premier ministre mais la candidate qui a l’air d’une sacrée bitch dans une émission montée de 72 minutes prises sur 168 heures de footage par semaine par exemple, elle la TABARNAC, elle mérite de passer au cash. Souvent, je me dis que Stephen King a été foutrement visionnaire quand il a écrit The Long Walk et Running Man.

Je ne sais vraiment pas où je m’en vais avec le texte le plus décousu à vie. Je me dis juste que c’est un jeu pour gagner des prix en argent et à moment donné, les gens se sont mis à croire que c’était sérieux ou je ne sais pas trop quoi. Criss, relaxez les petits amis. Discipline.

L’exercice du p’tit calepin

novembre 15, 2010 11 commentaires

Cette semaine, j’avais décidé de faire un exercice. Depuis quelque temps, je réalise que j’ai une tendance prononcée à focusser sur le négatif. Alors j’avais entrepris de noter pendant 7 jours toutes les choses que j’appréciais. J’avais mon petit calepin acheté à 1$ dans la pochette arrière de mes jeans avec un petit crayon de plomb de mini-putt en permanence et je le sortais à chaque fois pour noter sur l’inspiration du moment. Vous dire lez regards amusés que j’ai eu dans mon entourage, mais ça a valu la peine.

Ça a valu la peine parce que j’ai réalisé que je laissais 2-3 trucs malheureux empiéter sur des dizaines d’autres bien plus amusants et heureux. Ça m’a permis d’avoir une épiphanie tout ce qu’il y a de plus reader-digestien.

Prenez le matin, l’exercice toujours difficile de se lever et tout. J’ai réalisé que le moment où le jet d’eau chaude de la douche frappe mon visage pour la première fois est sans doute un des moments de bien-être le plus fort de ma journée et moribond d’avoir à aller travailler et sortir dehors, je ne savoure pas ce plaisir. Dans le même ordre d’idée, lorsqu’on a reculé l’heure la fin de semaine dernière, j’ai plutôt avancé d’une heure mon alarme le matin (parce que la lâcheté, ça se traduit même dans la configuration de son cadran). Mardi matin, je me réveille et vois l’heure. Supra alarmé, je me lève en vitesse pour réaliser bien vite que j’avais encore une heure à dormir. La jouissance que j’ai ressentie à ce moment, c’était cochon.

Après, je marche pour aller travailler. J’aime l’air frais matinal, la musique dans mes oreilles. J’adore arriver à une intersection, conserver exactement le même rythme de marche et passer juste après une voiture alors que des passants arrêtés attendaient que la voie se libère. J’ai alors l’impression que tout me sourit, que rien ne peut m’arrêter.

Arrivé au boulot, j’aime aller parler aux quelques personnes que j’apprécie. Il y a Guillaume avec qui je parle de hockey, Ian avec qui c’est plutôt de politique. Puis le café que je prends bien noir, son arôme, son odeur, la première gorgée toujours trop chaude, la dernière un peu trop froide, il y a là de quoi vous faire oublier le blues de vos fichiers Excel.

Et le soir, j’aime jouer à NHL 2011 avec mon coloc, lire quelques chapitres d’un bouquin, jouer un peu au poker, écouter de la radio, lire les journaux. J’ai une vie meublée de plaisir.

J’aime faire rire les gens aussi. Conter des blagues, faire des expressions faciales, il y a dans le rire d’autrui quelque chose d’immensément réconfortant. J’adore faire des plaisanteries très geeks, me faire traiter de niaiseux par une fille amusée.

J’aime les pogos avec ketchup à 1 heure du matin, les soupes de resto auxquelles je rajoute une quantité folle de sel, marcher la nuit avec de la musique ultra forte et faire des moves de chef d’orchestre, murmurer « crisse que t’es cute » à l’oreille d’une fille, regarder quelqu’un taper du pied dans l’autobus et essayer de deviner la chanson qu’il écoute, faire des jeux de mots poches et me faire rétorquer des ARK amusés, boire une bière blanche en faisant la vaisselle, dire à quelqu’un que j’étais content de le voir, recevoir un courriel, encercler une fille de mes grands bras et la serrer fort, tremper mes pop tarts dans du lait, hocher la tête pour saluer les vieux messieurs que je croise dans la rue, les shows de radio AM nocturnes de ligne ouverte sur les phénomènes paranormaux, l’odeur de l’asphalte mouillé après la pluie, le goût des carottes de jardin.

Lorsqu’on s’attarde à tout ça, c’est immense la différence qui s’opère.

Bonne semaine.

 

One Night vs Love

novembre 12, 2010 4 commentaires

Un one night, c’est un peu comme une partie exhibition de pré-saison. Ça permet de se délier les jambes, c’est plaisant parce que ça fait longtemps que t’as pas joué et il fait bon de retrouver la glace et c’est souvent un match plutôt expéditif qui ne compte pas au classement.

Mais on s’entend que le vrai fun là, c’est de se rendre en finale de la Coupe avec tes coéquipiers avec lesquels tu joues depuis le début de l’année. Ce sont ces matchs là dont on se souvient toute une vie.

Catégories :Théorie

Mes breaks amoureux

novembre 12, 2010 13 commentaires

Je ne ressens rien, ou si peu. C’est surement dur à conceptualiser pour certains, cette sempiternelle zone grise émotionnelle où je baigne, car quand je regarde mon entourage, ces gens qui s’aiment ou se haïssent avec intensité, j’ai l’impression d’être un extra-terrestre.

Je suis continuellement assailli par un besoin abstrait de retenue, je me sens incapable d’être vraiment passionné. Comme si à un moment, dans mon parcours, j’avais appuyé extrêmement fort sur les freins pour m’empêcher de tomber amoureux et qu’aujourd’hui, les brakes étaient collés.

J’ai la sensation de m’enfoncer, de lentement me pervertir l’âme en me complaisant dans ma tour d’ivoire. Si ce n’était de ces flous moments de solitude qui transgressent parfois mon stoïcisme tristement viscéral, il y a un moment que j’aurais perdu espoir.

Oubliée depuis longtemps la saveur des riches relations, je me délecte aujourd’hui de trucs tièdes et fades comme le ferait un assoiffé avec une flaque de boue en plein désert. Je me contente de contacts charnels glaciaux, mes rapports sont chirurgicaux, mon sang aussi froid qu’une lame de scalpel, je dissèque bien plus que ne pénètre, mes coïts sont postopératoires.

Et je ne sais guère comment m’en sortir. J’ai l’impression de m’être barricadé derrière de trop hermétique palissade d’une rationalité quasi hérétique. Or plus j’attends, plus j’ai l’impression que mon marasme deviendra confortable et mon malheur inévitable. L’ennui, c’est que je ne sais trop par où commencer pour m’en sortir.

Je suis retombé sur ce truc écrit au début de l’Opération Reboot. Je suis un peu déstabilisé de constater que plusieurs mois plus tard, j’ai encore ce problème. Mais lentement, j’essaie de trouver des pistes.

J’ai peur d’être déçu car j’ai dans ma tête cette espèce d’idéal complètement idiot que j’entretiens, mon esprit est obnubilé par une chimère que j’ai construite en suivant les aléas de mes fantasmes. Je suis en quête d’un truc impossible, d’une fille parfaite alors qu’en fait, il n’existe pas de personne parfaite. Il existe plutôt des personnes parfaites l’une pour l’autre. Et pour trouver, il faut essayer.

Et c’est là où je disjoncte comme un colon. J’ai cette crainte de l’échec qui me hante, j’ai cet orgueil omniprésent, ces angoisses qui monopolisent ma tête et restreignent mon cœur.  Je suis comme un gamin capricieux qui trempe le bout des orteils dans l’eau d’une piscine avant de décider qu’il ne se baignera pas parce que l’eau est à 85 et que lui, en bas de 86 Fahrenheit, il n’est pas question de se mouiller.

Je prends la fuite, c’est ce que je fais. Sans dire un mot ni faire de bruit, je m’éclipse comme un astre qui aurait décidé que briller, c’était plus pour lui. Je prends mes distances à vitesse grand V. Presque instinctivement, je m’auto-place en quarantaine amoureuse sans demander mon reste. Je suis un couard de l’amour.

Et un des trucs lourds avec ça, c’est de trainer mon pack-sac d’embryons relationnels, d’avoir la tête constamment remplie d’ ‘’et si’’. Et si j’avais vraiment essayé? Et si j’avais fait un bout de chemin au lieu d’abandonner avant d’avoir essayé, juste parce que j’avais réussi à me convaincre durant quelques nuits d’insomnie que ça finirait un jour avant même que ça ait commencé?

Il y a moment où je me suis mis à voir l’amour comme un objectif, une destination. Je me suis créé ces attentes démesurées, je me suis attribué cette quête improbable de la relation mirifique et fabuleuse. C’est devenu une finalité alors qu’il faut plutôt vivre sa vie pour être heureux avant tout et que l’amour viendra se greffer à ça. Parfois il sera là, d’autres fois non, c’est juste normal.

Et lentement, lentement j’essaie de décoller mes breaks amoureux.

L’ennui

novembre 8, 2010 5 commentaires

Des fois de même, je m’ennuie de toi.

Je m’ennuie du regard désapprobateur que ton père me jetait quand tu m’amenais dans les réunions familiales, de ta main baladeuse sous la table tandis que ta tante te demande de lui passer la salade de pâtes, de toi et moi dans le même sleeping bag, emmitouflés dans le sous-sol de ta grand-mère un 31 décembre.

Je m’ennuie de quand on baisait dans le salon, le samedi dans la nuit, avec Laurent Ruquier sur TV5 comme bruit de fond.

J’aurais le goût de me réveiller, qu’éclosent mes yeux le matin venu pour apercevoir ton visage paisible, encore magnifiquement transi par le sommeil. Je me vois encore rester immobile, le bras ankylosé, juste pour ne pas t’éveiller.

Je m’ennuie de ta voix au téléphone, de mes entrailles qui chavirent quand tu t’esclaffes, de mon pas léger malgré la pluie, mon sourire facile malgré l’orage.

Mais ce qui est triste, c’est que je m’ennuie bien plus de l’amour que de toi. Je m’ennuie de celui que j’étais. Fuck.

Catégories :Uncategorized

Do, Date or Dump #7

novembre 5, 2010 8 commentaires

Le concept s’effrite, moi je dis que c’est probablement la dernière édition. Rulz ici.

Mesdames: Éric Salvail, Jasmin Roy, Alex Perron.

Messieurs: Ariane Moffat, Lindsay Lohan, Ellen Degeneres.

Catégories :Do date or dump

P’tite Dent

novembre 4, 2010 4 commentaires

La commis au dépanneur du coin est spiciale. Spéciale mais avec un i, spiciale que je vous dis.

Je la surnomme P’tite Dent dans mon for intérieur. Elle a une dentition frontale un peu proéminente, les yeux globuleux tout batracien, des lèvres un peu tordues et une voix nasillarde. Elle travaille le matin, l’après-midi, le soir, la nuit. Elle est le Couche-Tard. Je me rappelle encore de notre première discussion :

–          Mais que vois-je là que cette cannette à l’effigie de Slow Cow?

–          C’est du Slow Cow.

–          Qu’est-ce que ce produit?

–          Ben c’est du Slow Cow. Ya plein de houblon, c’est comme dans la bière, tsé la bière ça endort, c’est le houblon. C’est du Slow Cow. C’est fait avec du houblon, ya de la camomille aussi, pis du houblon.

–          Ok, merci.

–          Je l’ai essayé moi, ça marche. Tsé c’est du Slow Cow, c’est fait avec de la camomille et du houblon, c’est calmant.

–          …

–          C’est très bon, c’est fait avec du houblon.

–          Bonne soirée.

Je savais dès lors que se trouvait au coin de la rue une véritable mine d’or. À chaque fois que la vie me semble trop moche, je file là-bas et attends qu’elle déverse sur moi un flot d’informations inutiles sur le sujet du moment. Ainsi, elle me parle du prix de l’essence et des complots du Moyen-Orient, des gras trans des croustilles, des composantes du Coke, de l’orientation sexuelle de Joël Legendre.

Malgré une relation florissante, une amitié soutenue, quantité de liens tissés avec le temps, P’tite Dent continue à me carter avec la rigueur d’un Pierre Bruneau de sorte que même si je m’y rends une ou plusieurs fois par jour depuis la nuit des temps (minimum), elle me demande toujours mes cartes. Elle a la mémoire d’un hostie de poisson rouge.

Elle m’indique les spéciaux sur la liqueur, m’offre des coupons de 2 pour 1 sur les chips Lays et elle a une bonhomie qui rime avec idiotie.

P’tite dent désire ardemment que je l’ensemence, de toute évidence.

Dernièrement, j’ai passé une remarque sur une photo de Michael Jackson en une d’une revue à potins américaine. Elle comprend mal ce que je dis et elle commence à s’insurger et en déchirant son polar bleu. Je souligne le fait que MJ est le seul homme noir devenu femme blanche et elle commence à s’épivarder avec entrain sur la maladie de peau du Roi de la Pop. Elle commence à me défiler d’une voix robotique la définition de cette maladie, elle m’apprend que d’ordinaire, les tatouages temporaires imitant la pigmentation seraient d’usage. Je pogne un peu le fixe, ris sans retenu de ces propos, elle n’y voit que du feu et continue à s’épandre en erreurs factuelles. À un certain moment cependant, j’ai cru percevoir qu’elle croyait que je riais d’elle, je l’ai donc relancé avec une question, mimant un intérêt avec un brio sans borne qui la confondit à nouveau. Elle était repartie.

Elle a quand même lu sur le dossier, elle s’est fait aller les lobes temporaux et dégobille ce savoir louche sur ma personne amusée. Je suis spectateur réceptif et je me délecte de l’intensité de sa personne.

P’tite Dent est cependant impénétrable. Autant au niveau psychologique que probablement physique, son air stoïque et son QI à deux chiffres la rende difficile à cerner. C’est un peu ça aussi qui me fascine, son assiduité au travail, sa façon de gober l’info et de la recracher mécaniquement, sa mouille quasi scabreuse à mon endroit (oui).

Je la regarde aller, travailler un nombre indécent d’heures dans son dépanneur. Elle doit être dans la mi-vingtaine, elle se donne sans retenue lorsque vient le temps de faire son inventaire de cigarette, de passer la moppe dans le coal à bières et de vérifier les billets de loterie. Elle discute avec les clients, j’ai l’impression qu’elle sera encore là dans 50 ans.

Sa vie aura été une longue suite de journées passées derrière son tiroir-caisse. Elle se sera nourrie de revues à potins toute sa vie durant, se divertissant de conversations de deux minutes à la fois. Elle n’aura guère de famille, se contentant de relations malsaines avec quelques félins puants. Une vie comme une autre qui ne laissera pas de trace, une vie d’humain.

 

Catégories :Anecdote

Pas correct

novembre 4, 2010 5 commentaires

Jérome : Pis ton party hier, as-tu rencontré des filles intéressantes?

Carl : Non mon gars. Je me sentais comme dans un département fruits et légumes d’épicerie un dimanche soir, y restait juste du stock pucké.

Jérome : Man, t’es pas correct.

 

Catégories :Colocation, Quickie

Raquettes, trois skis et frenchs

novembre 4, 2010 7 commentaires

La solitude est bien sournoise. Elle m’avait déjà frappé il y a quelques mois. Vous pouvez être là, bien béat, à manger une soupe dans votre salon en sirotant un verre de lait et en grignotant quelques biscuits aux pépites de chocolat et BOOM, elle vous assaille sans crier gare ni même aéroport.

Puis j’ai péché, je m’en confesse. Sans trop savoir pourquoi, instinctivement, sans doute comme l’aurait fait une fille s’emparant impulsivement d’un pot de crème glacée, j’ai écouté Pour un flirt de Michel Delpech. Incontrôlable, en pleine transe à l’eau de rose, j’ai enchaîné avec Une belle histoire de Michel Fugain. Et lorsqu’il dit « ils se sont raconté leurs vies qui commençaient », je trouve ça fucking beau à chaque fois. Moumoune de même le gars.

J’aurais le goût d’aller marcher sous une première neige main dans la main avec une jolie blondinette aux yeux clairs. Elle porterait une grosse tuque laissant échapper quelques mèches absolument craquantes sur son front. On ferait un bonhomme de neige avec des yeux en deux piastres, une carotte comme nez, un vieux foulard et des branches en guise de bras. Puis on rentrerait le nez rougi pour boire un chocolat chaud et se taponner sous une grosse couverte.

J’ai envie d’aller patiner sur une petite patinoire municipale avec une brunette un peu tomboy qui chausse des patins d’hockey. Il y aurait Ray Charles qui jouerait dans les vieux haut-parleurs et quelques enfants qui patineraient un peu partout. On ferait la course en riant et on se garrocherait dans le banc de neige pour tracer des anges et les effacer en s’embrassant.

Ce pourrait être une rouquine aux taches de rousseur adorable. On irait faire de la raquette et je me plaindrais en riant durant la randonnée. On coucherait dans une vieille cabane appartenant à un de ses oncles, une seule pièce avec une vieille fournaise. Il y aurait le feu qui crépite, une vieille radio en sourdine et quelques bouteilles de vin ouvertes.

Ou encore, il ferait bon d’aller faire du trois skis ou de la crazy carpet en pleine nuit avec une fille aux cheveux aussi noirs que le ciel. Il ferait bon de s’envoyer une petite rasade d’une flasque d’alcool fort que je garderais dans la poche latérale de mon manteau avant de descendre en criant comme des enfants.

Mais en attendant qu’il fasse froid dehors, c’est dans mon salon qu’on gèle.

 

Les p’tits bonheurs

novembre 3, 2010 8 commentaires

Je ne sais pas encore, dans ma vie, de quoi peut être constitué mon bonheur durable. Je peine encore à définir ce que je veux, ce qui m’importe vraiment, ce dont j’ai besoin pour enfin ressentir ce sentiment d’accomplissement après lequel je cours depuis des années.

Ce que je sais cependant, c’est que ce soir, mon bonheur est total. Parce qu’au fond, ça ne prend pas grand-chose : une soupe poulet et nouilles, un grand verre de lait et The Lovin’ Spoonful.

Souriez!

 

Catégories :Photos

La séduction sur le t’chat

novembre 3, 2010 5 commentaires

Ça débute toujours un peu de la même manière, non? Un ajout du plus audacieux des deux sur MSN ou Facebook, l’autre qui accepte la requête sans tarder. Et puis ça démarre lentement. Très lentement.

Dans le temps, je me souviens, on demandait d’abord l’asv. Comme dans âge, sexe, ville. Oui oui ma p’tite dame. Moi, ça a longtemps été 15/g/Qc sur mIRC, dans les jours dorés de #ados. Aujourd’hui, c’est le genre d’informations qu’on connait déjà lorsqu’on entre en contact avec la personne. Alors on patine un peu plus, on parle des études, du travail, on part à la recherche furieuse du moindre point commun et on s’extasie de se découvrir des liens : « Hein! Tu tripes sur les Beatles toi aussi? TROP HOT MANNE ».

Il y a deux signes qui vous permettent rapidement de savoir si vous êtes en présence d’une FAM (Femme à marier) ou d’une FABS (Femme à bloquer-supprimer).

Tout d’abord, la prépondérance du et toi? dans la conversation est annonciatrice d’une FABS.

L’homme : As-tu fait des voyages dernièrement?

La femme : Oui, France et Belgique. Et toi?

L’homme : Oui, j’ai été voir la côte ouest américaine. L.A. était splendide. Fais-tu du sport?

La femme : Je m’entraine, et toi?

L’homme : Ouais, je joue au hockey et au baseball depuis que j’ai 6 ans. As-tu lu des livres dernièrement?

FABS : Pas vraiment, et toi?

Il faut faire bifurquer la conversation, donner son opinion, élaborer, divaguer. Il est normal d’user du et toi? mais plus ils sont espacés, plus vous êtes en bizness.

Deuxièmement, la mesure de la fréquence du lol en est une des plus fiables dans la sérieuse science de l’étude du dialecte des internets. Cela dit, il s’agit là d’une mesure très sensible. Le clavardage est une question de nuances, il faut manier l’émoticône avec soin. Ainsi, une fille qui utilisera à bon rythme le lol/haha fera ainsi savoir à son partenaire qu’elle apprécie bien la discussion qui habituellement se veut ludique à ce stade embryonnaire du grand cycle de gestation 2.0. Un abus du lol laissera cependant suspecter des carences lexicales repoussantes.

Si les deux premiers indices s’avèrent positifs, vous êtes en présence d’une FAM et ça, c’est bien FAMeux (parce que faire des jeux de mots avec ses propres acronymes inventés, ce n’est PAS ridicule). Quand ça arrive, ça donne des longues nuits intéressantes.

Des nuits à développer une complicité à coup de fautes de frappe et de :). Des nuits à avoir les yeux un peu rougis par la fatigue, à aller aux toilettes 2 ou 3 fois pour revenir pianoter sur son portable, à écouter de la musique sur Youtube en fixant la petite image de la bulle Facebook signifiant que l’autre écrit ou en relisant sans cesse la phrase Mademoiselle est en train d’écrire sur MSN.

On s’envoie des photos (c’est ton ex à côté?), on s’échange quelques sous-entendus à connotation sexuelle, le chat, comme les textos, étant très grivois passé minuit. On se conte des trucs hyper personnels parce que c’est toujours plus facile d’en parler avec des inconnus. On passe de mardi soir à mercredi matin sans s’en rendre compte.

Puis après quelques emails, une couple de discussions sur le chat Facebook, t’sé, après avoir établi des bonnes bases solides dans votre relation naissante, ne vous reste qu’à passer à l’étape de la rencontre irl (in real life, manne).

Et rendu là, je suis clueless.

 

Catégories :Théorie

Possiblement la seule fois où je parlerai de politique

novembre 2, 2010 1 commentaire

Cette histoire, c’est celle un peu alarmante de Pierre. Pierre a quitté la maison familiale à 18 ans, il en avait ras le bol de ses parents qui le forçaient à aller à la messe tous les dimanches. Il est donc parti sans dire mot pour se chercher un logement. Il s’est installé dans un quartier qui était tendance à l’époque, un truc bien sympathique mais dispendieux.

Nouvellement emménagé, Pierre a décidé de se meubler. Ambitieux, il décide de s’équiper dans le neuf, dépensant gros en se disant que ses meubles dureraient plus longtemps.

Pierre était fier de son logement, il avait même décidé de faire un gigantesque open house pour célébrer son arrivée dans le monde adulte. Pour l’occasion, il s’était acheté le système de son le plus performant sur le marché, avec des caisses immenses et un look innovateur. Des gens de partout dans la ville étaient venus lui rendre visite, il était très satisfait de sa réussite.

Après toute l’agitation de cette nouvelle vie, les choses se sont un peu calmées pour lui. Bien qu’il avait un appartement confortable, somme toute modeste mais douillet, il a décidé qu’il avait besoin de plus. Alors, il s’est mis à emprunter pour s’acheter une machine à expresso, une plus grande télévision, un lit king, un air climatisé, des divans de cuir, un lecteur blue-ray, des bibliothèques de chêne massif, un presse-jus, un barbecue en stainless et un char de l’année. Tout était correct pour Pierre, il n’avait qu’à utiliser sa marge de crédit et ses nombreuses cartes de crédit.

Mais rapidement, il a eu de la difficulté à arriver en fin de mois. Une fois le loyer payé et sa nourriture achetée, le peu d’argent qui lui restait lui suffisait à peine à rembourser les intérêts sur ses sommes dues. Pierre n’ayant pas d’enfant, il se fichait bien de l’héritage financier qu’il laisserait à sa mort alors il ne voyait pas de raison de modifier son train de vie.

Tout lui coûtait cher. Par exemple, son immense système de son acheté pour son gros party n’arrêtait pas de briser. Constamment, il lui fallait réparer les caisses de son, changer le filage. Il se disait à l’occasion qu’il lui vaudrait peut-être mieux le jeter, tout simplement. Mais il lui faudrait alors payer les frais liés à la collecte spéciale des ordures et cela le freinait. Il préférait plutôt continuer à investir dans son système de son, il pouvait ainsi mettre de la musique pour ses invités lorsqu’il organisait un souper raclette aux 18 mois.

Parfois, il se disait qu’il devrait peut-être devenir propriétaire, sortir de son bloc à 10 logements pour se construire et arrêter de donner l’argent de son loyer à quelqu’un d’autre. Il croyait bien qu’ainsi, il pourrait finalement avoir le plein contrôle de son habitat, qu’il aurait enfin une demeure qui lui ressemble. Mais Pierre hésitait car déménager voudrait dire qu’il ne pourrait plus profiter du locataire d’en dessous qui chauffait son appartement pour deux ni des restants de nourriture que lui amenait sa voisine Albertine car elle savait qu’il peinait à arriver en fin de mois.

Puis d’année en année, les choses se sont aggravées. Il devenait évident que Pierre vivait au-dessus de ses moyens mais il lui était trop difficile de se départir des biens qui lui avaient amené un confort substantiel, et ce, des années durant. Alors il se fermait les yeux, jetait les lettres des compagnies de crédit sans même les ouvrir, ne répondant pas au téléphone quand sur l’afficheur apparaissait le nom de sa banque.

Bien sur, Pierre commençait à avoir la trouille, ne sachant pas trop ce qui allait lui arriver. Quelquefois, il pensait à l’histoire de Théodore Kostopoulos, cet homme de son quartier qui s’était fait saisir ses biens il n’y a pas longtemps car il ne parvenait pas à payer ses dettes. Il songeait aussi à sa cousine Marie-France qui avait appris, catastrophée, qu’elle devrait travailler un peu plus avant de pouvoir prendre sa retraite. Tout ça l’effrayait beaucoup.

La nuit venue, quand il ne parvenait pas à faire le vide à cause de tout ça, son esprit obnubilé par tous ces tracas, il se rappelait les douces paroles réconfortantes de son oncle Raymond : « La finalité, ce n’est pas l’équilibre financier, c’est d’être heureux. »

Pierre s’endormait alors, le sourire aux lèvres.

Catégories :Opinion

Mes amours platoniques

octobre 31, 2010 6 commentaires

Je suis retombé sur cette scène des Invasions barbares où le personnage de Rémy Girard parle des cuisses d’Inès Orsini, des rivières de sperme qu’il a répandues en y rêvant.

Tout ça me fait penser à mes amours platoniques. Je me souviens, la première fois, c’était tard, un soir de 1997. J’avais écouté Good Will Hunting et étais tombé follement amoureux de l’accent de Minnie Driver.

C’est un peu à la même époque que j’ai eu un immense béguin pour Karine Vanasse qui coanimait alors Les Débrouillards avec Grégory Charles. Je me souviens que j’avais hâte de voir qui étaient ses complices de la semaine pour savoir si Karine y serait.

Puis il y a eu Jena Malone dans Donnie Darko, ce fut sans doute mon amourette platonique la plus adolescente et fiévreuse. Il y a eu la ténébreuse Hilarie Burton qui jouait dans One Tree Hill sur CW, c’était secret elle et moi.

J’ai aussi aimé Scarlett Johansonn. Dans Match Point, un mercredi après-midi off, que je vais voir tout seul le film au Clap, elle avait un tel sex appeal qui émanait d’elle, j’étais devenu trop émoustillé pour manger mon pop corn. Elle m’a refait le coup dans Vicky Christina Barcelona.

Mon plus puissant coup de foudre, c’est avec Maggie Gyllenhaal que je l’ai vécu. J’étais avec ma blonde d’alors et il y a cette scène où Will Ferrell joue Whole While World à la guitare et Maggie s’empare de lui. Il s’est produit quelque chose à cet instant, je vous le dis, j’avais l’impression de tromper la fille assise à côté de moi. Je ne sais pas si c’était la chanson, le tatouage de Gyllenhaal, je sais jusque que ma moelle s’est électrisée.

Et j’ai réécouté Fight Club il y a quelques jours. Je vous confirme que moi et Helena Bonham, c’est du solide. On jouera Where is My Mind des Pixies à notre marriage. Oui oui. Je vous enverrai peut-être des faire-part.

Première balade hivernale

octobre 31, 2010 3 commentaires

Il a neigé quelques flocons cette nuit. J’étais dans ma chambre à écouter un film, emmitouflé sous ma couette, lorsque j’ai aperçu la neige qui tombait féériquement par la fenêtre. Depuis que j’ai 3 ou 4 ans, la première neige est sans doute un de mes moments favoris de l’année.

J’ai donc mis mon film sur pause, me suis rhabillé et suis allé marcher dehors. Déjà, les voitures garées dans la rue étaient recouvertes d’un blanc duvet, les feuilles d’érable qui jonchent le sol étaient ensevelies par la neige qui tombait majestueusement d’un ciel bien noir.

J’ai marché pendant plusieurs minutes en écoutant La Mer de Trenet. C’était la chanson favorite de mon défunt grand-père, celle qu’il faisait toujours jouer lorsque nous allions lui rendre visite. Elle me rappelle les réveillons à Saint-Malachie, moi et mes cousins qui faisons des forts durant l’après-midi en attendant de déballer nos cadeaux en soirée.

Et tandis que j’écoutais La Mer pour une dixième fois de suite, je me suis penché pour ramasser un peu de neige. Méticuleusement, je l’ai nettoyé, enlevant les quelques brindilles et roches que j’avais récoltées avec le lot. Puis j’ai entrepris de la compacter avec soin. La confection d’une balle de neige est une science de nuances. Il importe qu’elle soit bien sphérique, il faut la compacter juste assez, mais pas trop. Car une balle trop dure explosera avec moins d’élégance, dans un impact plus sourd, comme un feu d’artifice mouillé.

Une fois ma balle à mon goût, je m’amuse à me la lancer d’une main à l’autre, à la soupeser, à la sentir lentement fondre lorsque je la presse contre la chaleur du creux de ma main. Je regarde autour de moi, à la recherche d’une cible invitante. Soudainement, un arrêt-stop un peu plus loin m’interpelle.

Je fais quelque pas, prends le temps de mesurer la distance avec soin, analyse la provenance de la légère brise qui porte les flocons et je m’élance. Jeune, je tripais grave sur Randy Johnson, l’immense lanceur gaucher de 6’ 10. J’aimais sa motion plus latérale que la norme, sa balle glissante d’une élégance folle. Alors je me suis élancé, un peu comme le faisait The Big Unit, et j’ai suivi la trajectoire de ma balle des yeux. Je la regardais filer à grande vitesse lorsqu’elle a frappé le panneau de signalisation, explosant avec fracas sur le deuxième R, laissant quelques traces blanches sur le panneau rouge vif.

Et à cet instant précis, comme le gamin que je suis, j’ai souri comme il y a longtemps que je ne l’avais fait.

Bon hiver à tous.

Catégories :Anecdote

Do, date or dump #6

octobre 29, 2010 9 commentaires

Régulier comme un métronome brisé.

Mesdames: Garou, Mario Pelchat, Sylvain Cossette.

Messieurs: Céline Dion, Isabelle Boulay, Marie-Chantale Toupin.

Parce que ça ne peut pas toujours être facile. Allons jeunes gens.

Catégories :Do date or dump

J’aurais voulu être un homme

octobre 27, 2010 12 commentaires

 

J’aurais voulu être un homme. Quand j’étais petit moé, je voulais devenir un homme, j’tais de même. Aujourd’hui, quand je regarde la télévision, la publicité, je suis obligé d’arriver au constat que j’ai échoué.

Parce que tout le monde sait qu’un vrai homme, c’est à ses biceps qu’on le reconnait. La virilité se mesure à la circonférence de la veine qui nous passe dans le front quand on benche. J’aurais voulu être un véritable homme pour pouvoir porter des gilets serrés et exhiber mes pectoraux.

C’est connu que le mâle, ça roule en Civic modifié en écoutant Edward Maya sur un gros sob acheté à grands coups de Visa. Un shaft dominant, un ultime, ça brûle les feux rouges, ça dépasse par la droite, ça colle au cul. Criss, c’est avéré que la route, c’est fait pour montrer qu’on est des estis de tough. Je n’ai pas encore réussi à appliquer ça au quotidien.

L’attitude du vrai homme, ça se démontre en crachant constamment, en sacrant pour ponctuer ses phrases, en se dénudant entre hommes autour d’un barbecue. La camaraderie entre vrais mâles, ça se démontre en se frappant torse contre torse, en se backant sur le bench press, en se partageant la même fille dans un trip à trois.

Un ostie de mâle,  ça mange du steak 7/7, ca prend des shakes de protéines et d’la p’tite red. Une vraie graine, ça boit de la bière au déjeuner pis ça pisse la porte ouverte. Pour un vrai homme, une personne qui se raffine, c’est une fille qui se fait poser des tabarnacs de boules.

Les vrais gars, ça va veiller aux danseuses le vendredi soir et ça baise la collègue de bureau dans le dos de sa blonde. Parce qu’un homme, plus il baise de filles en parallèle, plus il a une queue alpha.

AH SI SEULEMENT J’AVAIS PU ÊTRE UN HOMME.

Catégories :Échappé, Opinion

Ce qu’il y avait avant les filles

octobre 26, 2010 3 commentaires

C’est ce soir que nous avons démarré le chauffage. Après quelques semaines à se promener en bas de laine et en ouaté, comme j’aimais le faire lorsque j’étais tout petit, j’ai donné une bonne swing à la roulette du thermostat et quelques instants plus tard, une petite chaleur émanait déjà du calorifère. Je me suis approché une chaise et me suis assis avec Salinger pour profiter de l’air chaud. Par la fenêtre, je pouvais voir 3 gamins qui jouaient au hockey dans la ruelle. Il y avait un petit gardien qui déjà avait un style un peu papillon, un grand maigre au tir des poignets fulgurant et un troisième avec un cardio immense. Tout ça me replonge dans ma vie de p’tit gars.

On est en 95, 5e année, genre. Pas mal tout le monde dans la cour de récré portait des pantalons qui se snappent sur le côté de la jambe. Les gars avaient des calottes et tout le monde savait qu’une vraie calotte, ça a 6 coutures sur la palette. On jouait au Super Nintendo et Pierre Turgeon était le capitaine du Canadien.

Je me tenais pas mal avec le grand Turcotte. C’était un des gars que je trouvais le plus cool parce qu’il sacrait et avait une Game Boy. Je le laissais copier mes devoirs de maths dans la bus le matin et en échange, il me donnait des cigarettes.

Ce qui était cool aussi avec Turcotte, c’est qu’il était déniaisé pas mal. Une fois, il m’avait parlé d’une vidéo cassette qu’il avait dans son sous-sol. « Y’a une fille qui fait une pipe » qu’il m’avait dit, les yeux grands. Je me souviens encore très très bien de ma mère qui s’étouffe au souper le soir même quand je demande qu’est-ce que ça veut dire faire une pipe. « Veux-tu ben m’dire oussé qu’tu prends ça des affaires de même? » qu’elle avait répondu.

Plus tard en soirée, mon grand frère m’avait interpelé :

–          Hé Jay!

J’avais été le rejoindre dans sa chambre.

–          M’a te le dire moi c’est quoi faire une pipe.

–          Ah ouin? Dis-moi-le si t’es si fin.

–          C’est quand la fille met ton pénis dans sa bouche.

–          C’est ben trop dégueu.

–          Ben non niaiseux. Asteur que tu sais, en ouaille, scramme.

J’étais pas mal ami avec Arnaud Tremblay aussi. Arnaud avait une fichue gueule. Une fois, Karine Beaudoin, la fille la plus hot du primaire, la seule qui avait des seins, lui avait demandé s’il voulait sortir avec elle. Il avait répondu qu’il n’avait pas le temps, qu’il avait besoin de toutes ses récrés pour se pratiquer, pour faire avancer sa carrière au ballon chasseur. C’était ça Arnaud Tremblay, un homme déterminé.

Dans la cour d’école, les filles se tenaient à l’Ouest. Elles jouaient à la corde à danser, se balançaient, parlaient en petits groupes. À l’Est, on jouait au drapeau, au diamant et au ballon chasseur. Et quand on mourrait, on allait sur les lignes de côté pour s’échanger des cartes de hockey, transigeant nos Upper Deck dans le capitalisme le plus sauvage qui soit.

Gars et filles ne se parlaient pas vraiment. C’était deux groupes plutôt distincts et hermétiques l’un à l’autre.

Et puis il y avait eu le party d’Halloween dans le sous-sol du gros Vézina. On avait joué à la bouteille. Depuis ce jour, je pense aux filles tout le temps.

Tout le temps.

Catégories :Anecdote

Jogging et télécrans

octobre 25, 2010 2 commentaires

À l’intérieur de l’appartement de Winston, une voix sucrée faisait entendre une série de nombres qui avaient trait à la production de la fonte. La voix provenait d’une plaque de métal oblongue, miroir terne encastré dans le mur de droite. Winston tourna un bouton et la voix diminua de volume, mais les mots étaient encore distincts. Le son de l’appareil (du télécran, comme on disait) pouvait être assourdi, mais il n’y avait aucun moyen de l’éteindre complètement.

George Orwell, 1984

Voilà bientôt 6 mois que je cours. Au début, c’était un fardeau. Ensuite, c’est devenu une routine. Et maintenant, c’est un plaisir. En ce sens, on pourrait dire que la relation avec le jogging évolue inversement à celle avec une femme.

Depuis quelques semaines, j’ai commencé à courir un peu plus tard. Vers 10h30, 11h00, j’enfile un vieux ouaté à capuchon et ma tuque de laine, je m’insère dans mes espadrilles encore rutilantes et je barre la porte derrière moi en m’enfonçant dans l’obscurité bien entamée.

Lentement, je m’étire, prenant soin de délier avec attention les muscles que j’entends solliciter. Le triceps sural saillant, je furète dans mon cellulaire à la recherche de la chanson pour me crinquer. Depuis une semaine, c’est Ghostwriter que j’écoute en boucle et à chaque fois, à 1 min 32, je ne suis plus garant du contrôle de mes gamètes.

Réchauffé, je coupe le son de la musique pendant quelques instants, le temps de faire quelques premiers pas. Je porte attention au bruit du contact entre le bitume et la semelle encore froide de mes espadrilles. Je prends plusieurs grandes bouffées, je goûte l’air nocturne. Et puis je remonte le volume de ma musique et accélère le pas.

Au début, les foulées sont irrégulières, le souffle plus difficile et le cœur récalcitrant. Puis on parvient à trouver son rythme, son beat. Et quand tu tiens ton beat, c’est là que ça devient une expérience de courir.

J’arpente mon quartier, le pas léger. Je trotte entre les pâtés de maisons où sommeillent déjà plusieurs personnes. J’aime le calme plat qui règne, comme si la vie se tamisait.

J’en profite pour regarder mon voisinage, pour l’observer en galopant. Je suis toujours frappé par toutes ces télévisions ouvertes. Par les fenêtres, j’aperçois l’éclat des téléviseurs qui projettent le visage de Denis Lévesque en close-up ou l’éclat bleuté de la glace du Centre Bell à Canadiens Express.

Je slalome parmi les insomniaques dans leurs fauteuils. J’aime la caresse aguichante de la sueur qui perle sur mon dos, la brulure galvanisante de l’oxygène qui transite avec fougue dans mes poumons, la clarté d’esprit hallucinante qui me frappe.

Et après avoir englouti quelques kilomètres, mes pieds me ramènent chez moi. Je prends le temps de marcher quelque peu puis j’étire à nouveau les muscles que je sens contractés par l’effort. Je monte ensuite les marches de mon appartement et me dévêtis en marchant dans le corridor qui mène à la salle de bain. Je m’introduis dans la douche où j’ajuste la température de l’eau avec un soin chirurgical. Lorsque c’est à point, je me laisse submerger quelques minutes, dans une extase intense.

Finalement, je m’installe sur mon lit où j’écris quelques mots en pensant à tous ces gens qui encore à cette heure sont dans leur salon, assis devant leurs télévisions.

Catégories :Objectif 5

Être difficile

octobre 25, 2010 1 commentaire

Carl: Je ne suis pas difficile. J’ai peu de critères mais ça adonne qu’ils sont rarement remplis.

Jérome: Quelle esti de bullshit!

Carl: Va chier.

Jérome: FUCK YOU.

Catégories :Quickie

Le sérieux du p’tit boy

octobre 25, 2010 2 commentaires

On devient sérieux comme on devient gros, un peu plus chaque jour, sans s’en rendre compte. C’est un lent processus subtil et sournois, l’austérité s’installe comme le froid à l’automne. On se réveille un matin pour découvrir la pelouse recouverte de neige.

Je me suis réveillé un matin, il y a quelques semaines, et j’ai réalisé que j’étais devenu, malgré moi, sérieux. Qu’on me comprenne, il serait fort présomptueux de dire d’un gars de 25 ans, célibataire, qui court les baises ludiques, qui joue à NHL 11 sur sa ps3 et engloutit des heures sur Fulltilt Poker qu’il est sérieux. Disons plutôt que j’avais cette impression d’être devenu plate, que mes éclats de rire se raréfiaient.

Il y a un an encore, j’enfilais une veste d’une usine de croustilles avec un nametag STEVE et allait assister à une réunion de témoin de Jéhovah. Je susurrais Chanson d’innocence de Gerard Lenorman à une dame de 50 ans dans un bar karaoké sous le spotlight. J’écrivais l’histoire de Michel C. l’exhibitionniste ou Annie L. la cocue et l’envoyais au courrier du cœur du journal régional et je trouvais ça drôle de me lire dans le public-sac le samedi matin de la semaine suivante. Je défiais le ridicule avec une ardente ferveur et c’est un des trucs qui, je crois, contribuais à me rendre heureux.

Il y avait un côté très récréo-vaurien à tout ça, c’était grisant d’être un chenapan du dimanche.

C’était aussi dans les tours qu’on se jouait entre chums. Une nuit, on allait placarder la voiture d’un gars avec des tampons aspergés de ketchup. Quelques jours plus tard, tu te réveillais et le porche de ta maison avait été costumé en immense vagin géant de papier mâché.

J’étais plus aventurier aussi, moins calculateur, plus spontané. On décidait à 12 heures d’avis de partir pendant 1 semaine pour aller visiter Manic 5, 4 gars de 6 pieds entassés dans une Toyota Tercel. On suçait des nains géants à Matane, c’est vous dire.

Et à la fin de l’été, comme ça, la constatation que je m’éloignais de tout ça m’a fouetté. J’étais devenu tourmenté, enclin aux demi-mesures, à la timidité. Les affres du ridicule me paralysaient, je sentais que s’estompait à vitesse grand V la petite folie que je m’étais toujours efforcé de cultiver. J’avais l’impression de m’aseptiser tranquillement, sans livrer combat. J’étais rendu plate.

Je me suis appliqué à changer la chose. C’est intense comme mon moral est à la hausse depuis.

  1. Pensez à un truc que vous n’avez jamais fait
  2. Appelez des amis
  3. ???
  4. PROFIT!

 

Do, date or dump #watevaaa

octobre 22, 2010 17 commentaires

Après des millions de jours d’absence, pour le plaisir des bonnes genses, le retour de DDD.

Mesdames: Matt Damon, Johnny Depp, George Clooney.

Messieurs: Scarlett Johansson, Jessica Alba, Penelope Cruz.

Pis ceuzes tentés de répondre « Moi je date-do les trois », FUCK YOU.

Catégories :Do date or dump

La vraie Première

octobre 20, 2010 10 commentaires

Benjamin Disraeli a déjà dit que la magie du premier amour, c’est d’ignorer qu’il puisse finir un jour. N’est-il pas vrai qu’en cette insouciance réside tout le charme du vierge amour? C’est le premier abandon qui est le plus entier.

J’avais 17 ans, début CEGEP, je tripais sur Thom Yorke et Bret Easton Ellis, les jambes de Lara et les fellations de Gabrielle, le baseball et l’harmonica. L’automne avait été jusque-là excessivement chaud, je me souviens encore de son parfum, de ses arbres mûrs de feuillages multicolores. Il y avait dans l’air cette touche électrisante de liberté qui vous passe par la moelle. Et il y avait Élodie.

C’est sa désinvolture qui m’avait séduit. Il y avait dans l’éclat azuré de ses yeux un truc qui m’avait transcendé. Elle avait une veste de cuir usée jusqu’à la corde, des pantalons cigarettes et une tignasse d’une irrésistible impudence. Elle était de ces filles qui vous donnent l’impression, un instant, de caresser tendrement la folie, de goûter à son ivresse invitante.

Alors que nous nous fréquentions depuis peut-être deux semaines, j’avais emprunté le chalet d’un de mes oncles dans Charlevoix. Nous étions descendus dans ma vieille voiture. Je me souviens encore du ronronnement tonitruant du moteur, des pieds nus d’Élodie sur mon dash, de Dylan dans le stéréo, de ma main divaguant le long de ses cuisses.

Le chalet était petit et rustique. Il y avait un salon et une cuisine adjacente, une chambre au rez-de-chaussée et une à l’étage. Nous avions jeté nos bagages dans la chambre du rez-de-chaussée en arrivant avant de passer au salon où se trouvait une vieille fournaise, une télé coiffée d’oreilles de lapin et un vieux divan au motif carreauté. C’est sur ce divan défraichi que j’ai fait l’amour pour la première fois.

J’avais baisé avant et j’ai baisé ensuite mais cette fois là, c’était autre chose. C’était dans le regard, dans cette fusion fluide qui se consumait à toute vitesse, dans ces caresses qui se prolongeaient. C’était dans l’abandon assumé, désiré.

Nous nous étions enivrés de vin, avions mangé du spaghetti à la sauce tomate en écoutant Sam Cooke sur le tourne-disque de mon oncle, nous avions baisé sur le balcon au son du fleuve qui s’écoulait un peu plus loin, on avait joué une partie de Monopoly sur une planche jaunie trouvée dans le grenier, on avait fait l’amour après ma faillite.

Je lui avais lu Baudelaire comme un grand con, elle m’avait susurré Wilde en pleine nuit : on devrait toujours être amoureux, c’est la raison pour laquelle on ne devrait jamais se marier. J’avais alors fermé les yeux et replongé dans son cou afin de gouter encore un peu plus à l’onctuosité de sa peau avant qu’elle ne m’échappe.

Nous étions là, blottis dans la plénitude du moment. J’avais le sexe érigé et le cœur à l’étroit dans ma poitrine que l’exaltation paralysait. J’avais le thorax douloureux d’amour, incommodé d’une griserie aussi grande.

Les semaines qui ont suivi ont été parmi les plus belles de ma vie. Et un jour, j’ai merdé. Ça a fini abruptement. Je crois bien ne jamais m’en être remis.

SIGNS

Un baume sur les plaies. Oui oui.

Catégories :Uncategorized

La multisensorialité des souvenirs

J’ai réalisé dernièrement que j’associais beaucoup de mes souvenirs à des chansons ou à des auteurs. Il ne suffit que de quelques vers ou quelques notes pour que surgissent avec vivacité surprenante une multitude de souvenirs.

Quand j’entends du Elvis Presley, je repense immédiatement à cette fille que j’avais rencontrée l’été de mes 21 ans. Nous étions descendus faire du camping aux States, Ogunquit ou Wilwood, je ne sais plus. On avait loué un petit carré de terre pour un prix de fou, il avait plu toute la fin de semaine. On avait donc passé notre temps sous la tente, il y avait un week-end spécial sur le King à la seule chaine AM que mon vieux radio captait. Sur Love me tender, Are you lonesome tonight?, Jailhouse rock et Hound Dog, on a joué aux cartes, fumé un joint acheté au gars qui s’occupait de la location des pédalos, on a fait l’amour, on s’est conté nos vies avec Elvis qui susurrait The Wonder of You en background.

Lorsque mes yeux effleurent des vers de Rimbaud, je pense à cette fille que je fréquentais au Cégep. Elle adorait dessiner et j’adorais la regarder dessiner. Je la regardais comme ça, tandis qu’elle replaçait une de ses mèches en examinant son croquis. Et je lisais Rimbaud à l’époque (J’aurai des sursauts stomachiques/Moi, si mon coeur est ravalé/Quand ils auront tari leurs chiques/Comment agir, ô coeur volé ?). Il y a quelque chose de cette symbiose qui m’est resté.

Quand j’entends la voix de Jacques Doucet à la radio décrire un match des Capitales, je suis projeté en enfance. Je me revois avec mon père dans l’arrière-cour, on se lance une balle de baseball en écoutant Jacques nous narrer le match des Expos. On se parlait très peu en faisant cela. On écoutait la game. Sauf que malgré ce silence, les quelques sourires esquissés lors d’une remontée des Expos, la frustration commune lors d’un circuit de l’adversaire ou l’anxiété partagée d’une fin de match enlevante sont peut-être les meilleurs moments que j’ai eu avec mon père.

Sitôt que j’entends les Spice Girls, je songe à cette fille avec qui j’ai été au secondaire. C’était une rouquine franchement mignonne chez qui j’allais après l’école. Nous montions alors à sa chambre en prenant bien soin de barrer la porte derrière nous. Et c’est dans cette chambre que j’ai vraiment découvert la sexualité. Le lit de la demoiselle faisait cependant un bruit monstre à résonnance sismique et bien souvent les parents étaient au rez-de-chaussée tandis que nous étions à l’étage. Il fallait donc faire une diversion sonore et tout ce que nous avions en main était un lecteur cd et… un cd des Spice Girls. Vous auriez dû voir le regard que me jetait le père qui savait pertinemment que je couchais avec sa fille en écoutant Wannabe.

Lorsque j’attrape une bribe de chanson des Beatles, je me retrouve dans mon premier char. Je ressens encore le bras de vitesse dans ma paume droite, j’entends le ronronnement caractéristique de mon vieux moteur, je sens le parfum d’huile et de p’tit sapin sent-bon qui y régnait. Je venais de me claquer 4 biographies des Beatles, je les écoutais en boucle et j’ai souvenir de cette ère comme une d’infinie liberté.

Et ce soir, j’écoute en boucle du Karkwa. C’est bizarre de réaliser que dans quelques années, ce seront ces chansons qui narreront mon présent.

Catégories :Anecdote

Séduction 101

Carl: Moi je dis que c’est relativement simple. Le truc, c’est de dire aux belles filles qu’elles sont intelligentes et de dire aux filles intelligentes qu’elles sont belles.

Jérome: Et celles qui sont belles ET intelligentes?

Carl: Ces perles là mon gars, elles méritent mieux qu’un trouduc comme moi.

Catégories :Opinion, Quickie

Périmer

C’est arrivé j’avais peut-être 17 ans, j’occupais un emploi étudiant quelconque. Je travaillais seul avec un autre gars, Alex qu’il s’appelait. J’avais cette nouvelle copine depuis quelques semaines. J’avais le sourire fendu de l’adolescent qu’amourette et sexe rendent niais, la légèreté de pas qu’ont ces garçons exaltés, l’exubérance facile de l’amour éperdu du jeunot.

Un bon soir, au milieu d’une soirée toute banale, il me lance :

–          Tu l’sais-tu déjà quand est-ce que ça va se terminer?

–          Quoi?

Il me regarde avec l’assurance de celui qui énonce une évidence :

–          Avec ta blonde, tu l’sais-tu déjà quand est-ce que ça va se terminer?

À l’époque, j’avais bafouillé sur le coup, titubé lexicalement, ne sachant trop quoi répondre. Sauf que plus tard en soirée, j’y ai pensé plus amplement et j’en étais venu à la relativement objective conclusion que je nous donnais 3 mois. Clac, le couperet venait de tomber. 10 semaines plus tard, on s’était laissé machinalement après un étiolement qui s’était allongé sur trois semaines.

Depuis, ce truc m’obsède par moment. Comme en ce moment. Souvent dans ma vie, j’ai été dans des relations qui me semblaient vouées à une fin à courte ou moyenne échéance. C’est étrange, cette impression d’être dans une relation qui a une date d’expiration. Les couples ne se distancent plus, ils périment. Il y a là une tragédie très néodramatique franchement boboche qui se joue.

Par exemple, s’il est clair qu’une très forte majorité de relations sont vouées à se terminer éventuellement, à partir de quelle durée la relation vaut-elle la peine? Je suis conscient de la vanité d’un tel questionnement, mais tout de même, passons. S’il est plutôt limpide qu’un lien est éphémère, vaut-il la peine qu’on l’entretienne?

La très grande majorité de mes relations se sont terminées, je crois, pour deux raisons : la fille me considérait trop sérieux/mat et plate/renfrogné, je trouvais la fille trop jeune/sans substance/fade. Or ces choses sont rarement des vices cachés ou des surprises. À la longue, je crois qu’il est plutôt facile de prévoir l’issue souvent imminente.

Que faut-il alors faire? Continuer à tenter en toute bonne foi? Suis-je déjà corrompu par la mauvaise foi qui se serait immiscée jusqu’à ma moelle à travers les ans ou suis-je plutôt un de ces idiots au romantisme suranné condamné à la solitude faute de comble amoureux?

Je suis avant tout prisonnier de mon incapacité à vivre simplement, sans analyse perpétuelle. Forcément, si je cherche, je me trouverai toujours une raison de croire que ça ne marchera pas. Je suis toujours sur les breaks, je cache ma peur de me casser la gueule derrière un fatalisme marmoréen. J’ai le cœur qui grelotte et je l’emmitoufle dans une couette de glace. Parfois, j’ai peur qu’il finisse par fendre au froid.

Eggs-agération

Dans le monde féroce de la restauration où la compétition cannibalesque est grotesque, où les propriétaires sont mus d’une rage toute pécuniaire, il devient primordial d’attirer l’attention du consommateur afin de tirer son épingle du jeu.

Les lois du capitalisme étant glaciales et carnassières, le monde des affaires en est un rude. Se démarquer de la compétition est une lutte de tous les instants. Partout, on parle de l’importance du branding, de la nécessité d’une identité.

Peut-on m’expliquer alors pourquoi la quasi-totalité des hosties de restaurants de déjeuners font des jeux de mots avec œuf/eggs?

Catégories :Échappé, Quickie

DO, Date or Dump #4

J’ai pas encore trouvé de combo qui me semblait l’fun pour une édition blogueur alors si vous avez des idées, je suis toujours curieux de les lire. Ce sera plutôt une édition jeunes chanteurs(euses).

Fonctionnement ici.

Messieurs: Coeur de pirate, Pascale Picard, Marie-Pierre Arthur.

Mesdames: Vincent Vallières, Yann Perreau, Dumas.

Speak.

Catégories :Do date or dump

Théorèmes sur les commentaires

Catégories :À la main, Théorie

Apesanteur

septembre 29, 2010 8 commentaires

Lorsque j’étais jeune, je voulais devenir journaliste. Au party de Noël, lorsque mes oncles et tantes me demandaient ce que je voulais faire plus tard, je répondais journaliste comme un seul homme. Politique, sports, culture, je ne savais pas ce dont je traiterais, mais j’allais être journaliste.

Puis début secondaire, je voulais devenir politicien. Je venais de lire sur Franklin Roosevelt et Winston Churchill, voilà tout ce que je peux présenter comme défense pour cette errance.

Après coup, je me suis dispersé. Je me suis vu auteur, prof de français, actuaire, animateur radio, libraire. Je butinais de futur en futur sans jamais me poser, trop peureux pour faire un choix sans doute, faussement repu dans mon quotidien anthracite, me contentant de suivre la voie mitoyenne comme une ostie de marde.

Et quand je regarde les gens autour, ceux qui lentement fondent une famille, ceux qui génèrent des ROI de 15% et des Loss Ratio de 45%, les gens qui se marient, ceux qui créent, qui foisonnent, ces gens-là font quelque chose de durable. Or je n’ai pas cette impression, celle d’accomplir quelque chose de concret. Il me faut alors au moins être heureux au quotidien.

Car c’est un peu le fardeau que je me mets, ce devoir d’au moins être heureux. Autrement, que me reste-t-il si ce n’est que la contemplation de ma vie triviale? Que subsiste-t-il d’une existence banale mis à part l’empreinte du bonheur au quotidien? À défaut de transcender d’une quelconque façon, j’ai l’impression d’être condamné à être heureux pour échapper à la conclusion d’une vie gâchée.

J’ai de la difficulté à échapper à l’angoisse abyssale d’une vie vide. Je suis en chute libre et je peine à m’agripper. La quête du bonheur m’étouffe, je cherche toujours ma propre définition de celui-ci et le temps file à vive allure, ça me fige.

Je me dis parfois que le mal de notre ère, c’est que nous avons de trop grandes attentes pour nos vies. On nous hype la vie depuis notre tendre enfance et quand t’arrives à l’âge adulte, c’est juste… ordinaire. Normal. Banal. Forcément, on est amené à être déçu et ça risque d’aller en empirant puisqu’il faut toujours faire plus, réaliser plus, être plus big. Et ça n’arrive pas. Le gap entre ce qu’on nous présente comme une vie réussie et la vie réelle s’agrandit à chaque jour.

Alors être heureux au quotidien,hein.

Le Coup

septembre 28, 2010 8 commentaires

J’avais décidé qu’il fallait que cesse l’inertie de mon chum Mike. J’en avais assez de le voir être aussi morose, soupirant à longueur de soirée, la bouche pendante, le regard vaseux.

Hier soir donc, j’ai échangé quelques messages textes avec Marianne, une amie de Marie que j’ai fréquentée brièvement plus tôt dans l’année. Lors d’un souper chez Mike et Marie, ils nous avaient semi-matché de façon fort éhontée (y a-t-il seulement d’autres façons, je vous le demande jeunes gens).

D’ordinaire, j’ai tendance à retirer les numéros de téléphone de fréquentations passées de mon cellulaire. C’est une sorte d’auto-protection que je me suis donné afin de m’éviter le misérabilisme du drunk texting, la quête cosmétique en 140 caractères d’une fille avec qui copuler, les petits coups de pouce pour s’éviter les coups de poignet, les excuses larmoyantes ou les pointes revanchardes. De même, j’essaie de retirer les adresses courriel de mon carnet pour m’épargner la lourde honte d’emails réactionnaires en pleine nuit. Sauf que cette fois-là, à mon soulagement, j’avais étrangement dérogé aux procédures que je m’imposais.

Alors, je prends contact avec Marianne. Évidemment, elle est au courant de la situation et accepte de m’aider.

Sur mon heure de dîner aujourd’hui, j’appelle Mike à son boulot. Je prends un ton un peu pressé et lui explique que je viens d’avoir une promotion que j’espérais depuis un bout, qu’il faut impérativement aller célébrer ça. Je ne lui laisse pas le choix, c’est moi qui invite que je lui dis en glissant que je passerais le chercher à l’appart’ après ma journée de travail.

De son côté, Marianne appelle Marie en pleurs et en maudissant les hommes. Elle lui explique qu’un salaud a joué avec elle encore une fois et elle lui dit qu’elle aurait besoin de parler. Marie, le cœur sur la main, accepte qu’elles se voient. Marianne lui donne donc rendez-vous à un restaurant préétabli.

En fin d’après-midi, le dynamique duo que nous formons se coordonne tranquillement tout en se congratulant mutuellement de nos performances d’acteurs au téléphone et du succès jusque-là de ce que nous avions baptisé Le Coup.

Comme prévu, je passe chercher Mike à l’appart et tandis que je l’attends dans la voiture, je reçois le o.k. pour me diriger vers le restaurant. Arrivés sur place, on va s’assoir au bar et je prétexte une envie pressante pour m’éclipser en direction des toilettes. Hors de la vue de mon comparse, je bifurque vers la sortie pour aller rejoindre Marianne qui m’attendait derrière l’établissement depuis quelques minutes, elle aussi supposément à la toilette.

Rendu là, on appelle chacun notre ami pour lui annoncer qu’ils sont en présences un de l’autre et qu’on les incite fortement à se jaser. On raccroche sans plus de cérémonie, en se croisant les doigts.

Après coup, nous sommes allés souper moi et Marianne. C’est que j’avais une promotion à célébrer, voyez, et elle avait besoin de se vider le cœur à propos d’un salaud.

Plus tard, j’ai reçu un message texte de Mike. « Merci ». 5 lettres que j’ai trouvé immenses, c’était super. Disons que je reprends espoir!

Vous dites? Le reste de ma soirée? Vous êtes des petits curieux vous, mes petits vlimeux.

Top 5 d’invités possiles à TLMEP

septembre 28, 2010 3 commentaires

C’était soir de rentrée pour Guy A. Lepage puisque la septième saison de Tout le monde en parle version Québec se mettait en branle. Au menu, une bien piètre brochette pour une première où mis à part Denis Villeneuve, rien ne m’attirait vraiment sur le panel d’invités. Et ce n’est pas en voulant donner de l’exposure au pélican Anne-Marie Losique qu’ils vont m’attirer.

Le concept me semble en perte de vitesse depuis un moment déjà, les mêmes invités reviennent, on nous sert à satiété Patrick Huard, Martin Matte et autres Louis-José Houde. On a parfois l’impression qu’ils ont fait trois fois le tour du bottin de l’UDA.

Voici donc mon top 5 de suggestions pour de nouveaux invités :

5 – Éric Duhaime : Je crois que je peux affirmer sans tromper qu’il s’agit sans doute du chroniqueur politique qui émerge le plus au Québec depuis 6 mois. On peut penser du bien comme du mal de ses opinions mais il reste que ça serait intéressant d’entendre un nouveau point de vue sur le système québécois et le clash entre la gauche de l’animateur et la droite de Duhaime pourrait être intéressant. Un peu pour les mêmes choses, hormis la présence de la droite, Mathieu Bock-Côté est un bon choix d’invité futur.

4 – Stéphane Guillon : Pamphlétaire et humoriste français, il est connu particulièrement pour ses chroniques tant à la télévision qu’à la radio. Je trouve que Guillon n’a vraiment pas son égal par ici, personne n’est incisif de la sorte, n’a autant de style, n’est aussi noir. Ici le vidéo d’une chronique particulièrement bijou diffusé sur France Inter au sujet de DSK.

3 – Pierre-Luc Gagnon : Skateboarder québécois natif de Boucherville, le gars a fait le tour du monde a plusieurs reprises au cours des dernières années pour aller participer à des compétitions. C’est une très grande vedette dans son milieu et il a un solide sponsorship en main. Je suis sur qu’il doit avoir des tonnes d’anecdotes très nices.

2 – André Arthur : Sans doute dans les cinq voix les plus marquantes à la radio au Québec, un genre de 35 ans à commenter l’actualité à la radio quotidiennement, témoin privilégié de l’histoire de Denis Lortie, désormais député fédéral. Je trouve qu’il serait intéressant de voir ce qu’il pense de la machine de l’intérieur.

1 – Fabrice Luchini : Acteur de cinéma mais surtout de théâtre français, Luchini est à mon sens génial. Cet homme-là est d’une éloquence folle, d’une érudition ahurissante, d’une acuité intellectuelle époustouflante. J’adore l’entendre en entrevue, je me laisse bercer par ce qu’il dit. À voir vraiment son entrevue où il parle du couple. C’est un des trucs les plus vrais que j’ai entendus depuis longtemps. Et quand il parle de son histoire, à la fin de l’entrevue, d’il y a une trentaine d’année, fuck, genre fuck en criss, je me reconnais dans ça, c’est touchant.

Zone sinistrée S01E02

septembre 27, 2010 7 commentaires

Ça doit bien faire deux semaines pleines que Mike vit dans notre salon. Deux semaines à maintenir une hygiène très approximative, à errer dans l’appartement, écouter V de 6 heures à minuit et manger des Maxis Fruits en buvant du rhum.

Vendredi passé, le salon était rendu une sacrée jungle. Alors que Mike allait squatter loger chez ses parents pour la fin de semaine, nous avons décidé de nous attaquer à sa tanière. J’ai pensé vous prendre quelques photos de l’antre en question.

Hier soir, au pool de hockey, il s’est grassement saoulé la gueule. Déjà en milieu de soirée, il titubait en gueulant fucking fort les louanges des Sabres de Buffalo. Durant les 6 dernières rondes du pool, il a décidé de se créer la Red Nation et il a repêché 6 estis de joueurs roux sans égard à leurs stats. C’était pas chic madame la marquise, je vous en passe un doux papier.

Aujourd’hui, il a callé malade au boulot. Il a installé Roller Coaster Tycoon sur son portable et il a, au dire de Carl, passé la journée à monter des parcs d’attractions sur son pc. Et là je décide que c’est suffisant.

Dans la dernière semaine, on a réussi à en savoir un peu plus sur ce qui s’était passé entre lui et Marie. Depuis quelques mois déjà, le bateau prenait l’eau à cause de la fausse couche. Et un soir, comme ça, dans toute la fatalité consommée de la vie, elle lui balance comme ça qu’il avait eu l’air soulagé quand elle l’avait perdu.

Elle ne le pensait pas, c’est sur. Tout comme il est évident que ça n’avait pas été un soulagement pour Mike mais bien une profonde affliction. Sauf que fuck, ça a été dit. Et ces moments créent des cassures, des paroles comme ça créent des ravins immenses.

Mais ça a suffisamment duré. Je me suis concocté un petit plan, on s’en reparle.

PigSkin Pool

septembre 27, 2010 1 commentaire

C’était notre soirée de pool de hockey ce soir. Semblerait que c’était la première d’Occupation Double alors tous les gars ont pu se libérer pendant que leurs blondes se réunissaient quelque part dans un salon pour bitch talker sur les robes des filles du show.

On s’est donc retrouvé une douzaine de gars dans mon appartement. J’avais acheté de la bouffe, fait des petites bouchées relayant aux oubliettes tout concept de virilité, acheté une quantité colossale de bières.

Les gars sont arrivés un à un, au rythme de leurs ponctualités variables. La plupart avaient amené leur portable, leurs guides de poolers achetés au dépanneur et leurs quelques notes griffonnées rapidement. On s’installe tranquillement, la première moitié au salon et la seconde dans la cuisine, chacun se targue d’avoir quelques joueurs obscurs en tête, certain de la victoire. Déjà, quelque gars se narguent, des side bets sont pris, l’argent sort des portefeuilles, des cotes sont calculées et des gagures sont notées. Personnellement, j’ai réussi à avoir du 1.5-1 pour un 80$ sur les Flames qui font les séries, je suis fier de ma shot.

Chacun s’était préparé. Pour ma part, j’avais passé plusieurs heures durant la semaine à lire des articles sur internet, scruter les divers blogues à travers la ligue, sonder les guides d’experts, analyser le système de pointage de cette année. Je m’étais fait une longue liste de joueurs avec un système de code, des numéros et des étoiles, des consignes gribouillées, des sélections surlignées. Avant les pools de hockey, je crois qu’il faut remonter à Géo de secondaire 4 pour me retrouver en train de souligner quelque chose.

En 1943, on découvre de la potasse en Saskatchewan lors de forages pétroliers.

J’écoutais la prof avec une avidité étudiée, surlignant en feignant d’être studieux, je voulais attirer l’attention de Marie-Andrée, l’ultra sexy bollée de notre année qui était assise au pupitre à ma droite. Ça n’avait pas fonctionné mais j’avais fini Géo avec 96% et la professeure a écrit dans mon album de finissant un an plus tard que j’étais celui que l’on veut tous comme enfant . Oui oui m’sieur dame.

Bref, la tension était tangible lors du tirage au sort. Le tout a fini par se mettre en branle. À tour de rôle, chacun annonçait sa sélection pour le tour. Après chaque annonce, quelques sacres sont lancés, des noms sont biffés, des boutades sont lancées. De ronde en ronde, nos équipes se constituent tranquillement, on commence à voir qui seront vraiment de la partie cette année.

Les choix deviennent de plus en plus difficiles, l’appartement est bien emboucané, la chaleur dégagée par les portables et les gens présents nous force à ouvrir les fenêtres. On parle fort, on crane, on se gratte la tête, on prend des risques audacieux et le fun.

Je suis plutôt satisfait de mon club. J’ai mis la main sur Steven Stamkos et Simon Gagné, j’ai bien l’intention de suivre les Bolts cette année. J’ai aussi P.K. Subban, ça promet!

Cela dit, notre pool n’équivaut en rien à celui du suave Marc Simoneau.

Catégories :Anecdote, Hockey

Top scandale

septembre 26, 2010 4 commentaires

J’écoutais le top des scandales de stars à Musimax tout à l’heure.

Au numéro 8, c’était Nicole Richie qui chauffait saoule en sens inverse sur une autoroute alors qu’elle était enceinte de 4 mois et qu’elle s’était déjà fait arrêter à de maintes reprises pour ivresse au volant et possession d’héroïne.

Au numéro 7, c’était Janet Jackson qui se montrait un sein au Super Bowl.

COME ON TABARNAC, C’EST QUOI VOS HOSTIES DE VALEURS.

Catégories :Uncategorized

Je suis la banalité d’un blogueur vaniteux

septembre 26, 2010 7 commentaires

Je suis une zone grise.

Je viens de rentrer, mon réveille-matin affiche 5 :00 d’un rouge vif troublant la pénombre feutrée de ma chambre. Je ne sais plus s’il est tard ou s’il est tôt. Je ne suis plus saoul bien qu’encore brouillon, mes idées ont la limpidité typique des esprits gentiment perclus par les relents d’alcool au petit matin. Je reviens d’une étrange soirée qui a débuté par une virée avec quelques gars de ma ligue de cosom.

Je suis le Mike Ribeiro des pauvres, je suis la solitude un samedi soir, je suis un coup d’épée dans l’eau, je suis la solitude tous les jours.

Nous sommes allés dans une boîte branchée : musique tonitruante, souliers à talons hauts, pantalons cigarettes, dents blanchies et rires jaunes. On se commande du fort avec ambition, buvons avec conviction, le beat est bon. On approche quelques filles avec désinvolture, rapidement nous sommes en bonne posture.

Je suis un imposteur, un espion de la guerre froide de la séduction. Je suis l’incapacité de dire non.

Je suis saoul et il y a cette fille qui me parle. Elle me dit que je ressemble à Hugh Laurie. « Eilllle, t’es pareil comme Dr. House toi. » qu’elle me susurre à 2 pouces du visage. Je suis saoul et il y a cette fille à 2 pouces de mon visage. Je l’embrasse sans vraiment réfléchir, tributaire de l’évidence du moment.

Je suis l’opportunisme moche, le nivellement par le bas. Je suis l’oubli de soi narcissique, la facilité. Je suis le Ringo Star du cul.

On prend un taxi pour aller chez elle. Arrivés, on commence à faire nos trucs et j’ai la tête qui tourne. Je suis gauche de ma droite queue, nos corps ont ces chocs toujours un peu grotesquement bruyants dans le silence que seuls quelques gémissements troublent. Je ris pour ne pas pleurer.

Je suis la vacuité du coït sans amour, l’ongle raclant un tableau. Je suis une infopub de déréliction, l’asservissement sous érections.

Après coup, elle s’allonge dans son lit tandis que je me promène nu dans sa chambre. J’agrippe une guitare qui traine puis m’assois sur un fauteuil placé en biseau dans le coin de la pièce. Lentement, je joue les quelques chansons que je connais. D’une voix rendue rocailleuse, j’ai chanté Wild World, Wonderwall et Salut les amoureux. J’ai ensuite vu qu’elle s’était endormie, je me suis donc rhabillé et j’ai quitté.

Je suis la routine, je suis une histoire qui ne s’écrira pas, je suis l’invisibilité de la normalité.

Dehors, j’ai marché les vingt minutes de distance qui séparaient nos appartements. Il pleuvait abondamment et je ne portais qu’un léger pull sur ma chemise rendue froissée. Je sentais l’eau pénétrer dans mes espadrilles, me couler dans le milieu du dos. J’écoutais de la musique en marchant nonchalamment, me laissant assaillir passivement par la pluie.

Je suis le pécheur en plein Jourdain, je suis l’apaisement qui ne viendra pas.

J’enfile ma clé dans la serrure avec difficulté, entrouvre la porte en tentant d’être silencieux. Je me déshabiller à nouveau et lance mes vêtements chargés d’eau dans le fond de ma chambre. Je regarde mon cadran, il est 5 :00. Je m’affaisse dans mon lit en tendant les bras vers mon portable puis commence à écrire quelques lignes en grelottant tandis que dehors, quelques oiseaux commencent à gazouiller.

Je suis la confusion d’un texte au petit matin, l’insomnie malheureuse.

Do, Date or Dump #3

septembre 24, 2010 16 commentaires

Ou Fuck, Marry or Kill pour ceuzes qui aiment ça ainsi. Fonctionnement ici.

Une sweet thématique lecteur(trice) de nouvelles cette semaine. Je pense faire une thématique bloggueur(euse) la semaine prochaine, pas game de m’envoyer des suggestions en commentaires ou par mail.

Mesdames: Pierre Bruneau, Bernard Derome, Jean-Luc Mongrain.

Messieurs: Céline Galipeau, Pascale Nadeau, Sophie Thibault.

Go.

EDIT: Je dois dire que je suis un peu outré par les propos outrancièrement durs envers le suave Jean-Luc Mongrain. Voici donc un vidéo où il est en fucking feu, question de charmer ces dames avec sa protubérante moustache.

Catégories :Do date or dump

La nouvelle génération culturelle au Québec

septembre 24, 2010 5 commentaires

Lorsque j’étais adolescent, la musique que j’écoutais c’était Radiohead, The Doors, Pink Floyd, Queen, Led Zeppelin, The Beatles, Pavement, Talking Heads. Pas mal que des trucs étrangers. Au mieux, j’écoutais Leloup et Daniel Bélanger.

Je lisais Vonnegut, Salinger, Dostoïevski, Huxley, Camus, Steinbeck, King. Je me souviens d’avoir lu Le Survenant en secondaire 3 et j’en porte encore aujourd’hui les cicatrices. Mis à part Les Demis-civilisés de Harvey, je ne garde pas grand souvenirs heureux de la littérature québécoise que j’ai parcourue à l’époque.

J’écoutais aussi très peu la télévision, encore moins celle d’ici. Des trucs écrits par Michel D’Astous et Anne Boyer, Fabienne Larouche ou Réjean Tremblay, des émissions où le même bassin de 20-30 comédiens revient ad nauseam, tout ça était à des kilomètres de ce que j’aimais.

Comme bien des gens de mon âge, je pense que la plupart de mes références culturelles sont américaines. Nous avons grandi dans une société qui adulait la Barbara Streisand de Charlemagne et la reine de TQS, c’était assez ordinaire merci. Je dois dire, cependant, qu’il y avait Yvon Deschamps. Mais pour le reste, j’ai l’impression que rien au Québec ne nous interpellait. Il a donc fallu trouver ailleurs.

Puis depuis quelques années, peut-être 5 ans je dirais, il y a des trucs qui commencent à venir me chercher. Ça a débuté avec Minuit le soir, avec la réalisation de Podz et l’histoire d’une amitié authentique entre 3 gars.

Un peu plus tard, il y a eu les Invincibles. Puis C.A.. Je rigole bien avec Tout sur moi, j’ai déjà hâte au prochain épisode de Prozac. Il y a des trucs comme Au nom du sport à Télé-Québec qui me fascinent. Je sais que bien des filles me parlent de La Galère, je dois vous avouer que je ne peux pas valider ou infirmer, mais ça semble avoir le mérite de rejoindre les filles de ma génération.

De plus en plus, des cinéastes comme Denis Villeneuve ou Philippe Falardeau pondent des œuvres très intéressantes. Dolan n’est pas non plus en reste au niveau de l’apport positif au cinéma.

Je me surprends à bien aimer les livres de Stéphane Bourguignon, Stéphane Dompierre, Matthieu Simard, Nicolas Dickner. Quand je lis leurs bouquins, j’ai l’impression qu’on me parle. Je lis des paragraphes, des images et je me dis « Oui, c’est ça, c’est exactement ça ».

Au niveau musical, des bands comme Karkwa ou Malajube font du sacré bon stock. J’aime aussi beaucoup la plume de Vincent Vallières, les beats de Radio Radio (merci le New-Brunswick) sont solides, la fucking fanfare d’Arcade Fire est fantastique.

Je sais bien qu’il y a eu du bon stock au Québec depuis 50 ans. D’ailleurs, le fait de découvrir ces nouveaux artistes a dépoussiéré quelques-uns de mes préjugés et j’ai pu découvrir des Harmonium, Denys Arcand, Robert Charlebois, Les Colocs.

Et pour notre génération, j’ai l’impression que c’est une des choses qui peut nous rendre fiers d’être québécois. Ce n’est pas Guy A. Lepage qui nous ressasse le même vieux discours chaque année le 24 juin en se crossant sur du Paul Piché qui va faire vibrer la fibre patriotique des 20 à 30 ans, encore moins Pierre Curzi qui s’élève contre la venue de Paul McCartney.

Au moins, j’ai le feeling que ça avance.

Catégories :Opinion

Ritournelle

septembre 23, 2010 2 commentaires

Opération Reboot, le blog où on parle pas mal juste de filles, de sports et de bouésson en essayant que ça paraisse pas trop.

Accueillons noooos Canadiens!

septembre 22, 2010 3 commentaires

C’est ce soir qu’avait lieu le premier match hors saison du Tricolore. En tant que furieux fanatique qui s’ennuyait du hockey un 7 août, nul besoin de vous dire que je frétillais d’impatience!

Pour l’occasion, on s’est réuni 5-6 étranges un peu hirsutes qui sortaient de leur hibernation respective pour le retour de la Sainte Flanelle afin d’écouter la partie. Je dis écouter parce que c’est notre tradition depuis quelques années. Benoit amène sa vieille radio AM à batteries, celle qu’on amenait dans notre tente l’été pour écouter les lignes ouvertes avec Jacques Fabi durant la nuit, et on l’installe quelque part dans le salon.

On taponne toujours un peu le tuning durant quelques minutes puis on réussit à obtenir un son relativement clair pour du AM. De la brume grichante émane la voix unique de Martin McGuire. Boom.

Pendant les premières minutes, les gars parlent peu. On se prend quelques chips en silence, on sirote notre bière en écoutant Dany Dubé y aller de pertinentes analyses. On savoure simplement le retour de la game et c’est fucking bon.

Aux entractes, on sort la ps3 et le fort et on joue à NHL 11. À chaque but compté, l’équipe adverse doit boire un shooter. Le match après la première période s’est soldé par un score de 7-6, parfait pour oublier que le score était de 3-0 pour les Oursons du Boston dans le match pré-saison qui nous préoccupait.

On a ensuite baissé un peu le volume de la radio et on a jasé de la saison à venir, chacun y allant de propositions de trios, le ton montant ludiquement, des « criss que t’es cave » étant lancés avec un p’tit sourire en coin. On a passé en revue les changements dans la ligue, les mouvements de personnel, tous lançant leurs opinions avec désinvolture.

On a fait le top 3 des meilleurs analystes/commentateurs de hockey au Québec (Dany Dubé, PJ Stock, Joel Bouchard) et des trois pires (Benoit Brunet, Michel Bergeron, Michel Villeneuve). On a eu un épique débat Halak/Price, on a parlé de la stratégie de repêchage de Trevor Timmins, on a parlé du retour des Nords et sans qu’on s’en rende compte, le Canadien avait perdu 4-2.

Et au final, on se foutait totalement du score. C’était juste cool d’être entre gars pour le retour de notre sport national.

Le trois couleurs de la métropole, EN ROUTE VERS LA 25E.

Catégories :Anecdote, Hockey

Ma première blonde

septembre 21, 2010 6 commentaires

C’était à l’époque où on tournait le pédoncule de nos pommes jusqu’à ce qu’ils arrachent pour connaître l’âge de celles-ci. Dans le temps où on incarnait des joueurs de hockey (Joe Sakic, l’Homme) en jouant dans la ruelle. C’était lorsque je louais des cassettes de SEGA Genesis et achetais des jujubes au dépanneur du coin.

On devait avoir 12-13 ans. C’était l’été qui suivait notre secondaire 1, on prenait la même bus pour aller au terrain de jeu. Elle s’appelait Rebecca, elle avait de longs cheveux bruns, de magnifiques yeux verts et des espadrilles adidas juste TROP cool. Un soir, nous étions assis dans le même banc. Elle m’avait tenu la main durant le trajet et avant de débarquer, elle m’avait embrassé. Je savais alors que je sortais avec la fille la plus hawt du TJ.

La semaine, nous allions manger notre lunch ensemble dans le haut des estrades champ gauche du terrain de baseball où était organisé le terrain de jeu. Elle avait toujours 2 ficellos, j’avais toujours 2 brownies, nous mélangions nos boites à lunch.

La fin de semaine, j’allais toujours chez elle en après-midi. Je sortais ma bécane CCM 5 vitesses déjà un peu trop petite pour mes longues jambes et je pédalais jusque chez elle. À l’aller, je devais escalader une immense côte, à la fin de l’été j’avais de sacrés mollets. Là-bas, on se baignait lorsqu’il faisait beau, on jouait au Monopoly dans son sous-sol lorsqu’il pleuvait. Sa mère nous apportait des crudités et son père m’accueillait avec une de ces poignées de main intimidantes. Et à 4 :52 sur l’horloge analogique du vieux four de la cuisine, je repartais à toute vitesse sur mon vélo. C’était l’heure maximale à laquelle je pouvais rester pour arriver à 5h00 tapant chez moi, heure à laquelle ma mère m’obligeait à être de retour. Vous dire les vitesses folles auxquelles je roulais dangereusement en dévalant en maniaque la grande côte.

Une fois, un soir de juillet, c’était un jeudi il me semble, j’avais obtenu, après d’intenses négociations, le droit d’aller à Québec pour voir le show de Jean Leloup au Festival d’été de cette année-là. C’est le père de Rebecca qui était venu nous reconduire au traversier dans sa grosse berline de l’année. J’avais payé les deux allers-retours avec les 25 sous et les piastres que j’avais ramassés en tondant les pelouses du quartier.

On s’était assis sur le dessus du traversier. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’avais passé mon bras autour de son épaule et mon cœur battait vite vite. On avait ensuite marché jusqu’au lieu du spectacle, main dans la main. Sur place, nous avions bu les trois bières que j’avais chipées à mon père. Je me souviens encore d’Alger en ouverture, de l’ambiance alors survoltée du public, du Dôme, de Sang d’encre et de Je joue de la guitare. Mais surtout, je me souviens des yeux brillants de Rebecca, de ses émeraudes envoutantes. Et je me souviens que c’est là que j’ai eu la certitude que les filles me rendraient fou toute ma vie.

L’été avait passé effroyablement vite. La vie a rarement été aussi limpide qu’à cette période. L’automne avait fini par arriver et nous n’allions pas à la même école. Un jour tout allait comme sur des roulettes et le lendemain c’était terminé et c’était correct ainsi.

Puis d’été en été, la vie s’est complexifiée si bien que parfois, je me surprends à oublier qu’il est possible qu’elle soit toute belle et simple. Faut se le rappeler. Genre souvent.

Catégories :Anecdote

La geekness emo gênante du blogueur

septembre 20, 2010 11 commentaires

Je suis gêné de dire que je blogue. En fait, j’écris ici en catimini, je tape silencieusement sur mon portable une fois la nuit tombée, toujours prêt à minimiser l’incriminante page de WordPress.

C’est surement un peu con, j’en suis conscient, mais toujours est-il que j’ai cette profonde impression que tenir un blogue, ça a un côté très geek doublé d’un côté crissement emo. C’est définitivement moins trendy que twitter et moins cool qu’un channel youtube.

D’ailleurs, j’étais resté abasourdi quand en commentaire de l’article Le blogue pour fourrer de l’excellent Tchendoh, quelqu’un avait évoqué Opération Reboot. Quelqu’un d’autre a ajouté plus tard, avec justesse, que bloguer et fourrer étaient paradoxaux.

Car pour moi, dans l’échelle de la virilité des hobbies, bloguer vient juste entre l’assemblage des modèles réduits et la collection de géodes.

S’il est invraisemblable que nous entendions un jour « Ah wow, ton hélicoptère 1/18 sur ta table de salon est trop malade, prends-moi toute », pour moi, il est aussi farfelu de croire qu’on puisse dire « Quelle métaphore, allez prends moi fort », « Ta litote est trop hot, j’te veux dans ma plote », « Ton analogie est fucking sua coche, j’veux te tâter la poche » ou encore « Ton post empreint de nostalgie, SAINT CIBOIRE QUE C’ÉTAIT SEXY ESTI ».

Passons.

Je garde donc le secret le plus entier sur mes activités blogosphériques. Et si j’essaie parfois de me convaincre du bien-fondé de tout ça en me disant que si mon entourage savait, l’exercice en serait altéré et dénaturé, gâché en quelque sorte, je ne finis jamais par me convaincre complètement.

Parce que je sais bien au fond que j’ai juste peur d’avoir l’air d’une sacrée moune.

La p’tite folie

septembre 20, 2010 8 commentaires

À chaque jour qui passe, c’est des dizaines et des centaines d’inconnus que l’on croise. Au coin de la rue, à l’épicerie, ils meublent nos vies passivement comme nous remplissons les leurs de notre quotidienneté, tous figurants dans le film de la longue vie tranquille, un truc de série B à la sauce néo-apocalyptique au goût du jour.

Que ce soit la jolie petite blonde aux yeux bleus dans la file d’attente au dépanneur, le barbu qui lit un Vonnegut assis dans le banc d’à côté dans la bus, la rouquine élancée qui commande à boire en même temps que soi au bar, le grand brun timide au regard furtif à la bibliothèque, ils sont là l’espace d’un bref instant, laissant des empruntes fugaces et des effluves évanescents, passant sans histoire.

Il y a aussi ces gens qui s’immiscent dans nos vies quelque temps, se blottissent de leur présence fragile et périssable, illuminant nos vies comme le ferait la lueur fugitive d’une éclaircie par jour orageux.

On tisse des liens à tout hasard, laissant son humble filé dans la toile bigarré du monde. Parmi la masse homogène se trouvent quelques visages qui deviendront familiers, débusqueront un relent de tendresse dans nos cœurs que le cours des jours durcit.

Parfois, on s’éprend de ce qui fut un(e) inconnu(e). J’appelle ça la p’tite folie, c’est crissement beau lorsqu’on s’y égare, lorsqu’on s’y noie à pleins poumons. Le cœur léger, les zygomatiques saillants, ces spasmes de vivre qui vous prennent, des fois je me dis que c’est la p’tite folie qui nous tient tous, qui nous garde en vie un peu plus longtemps. C’est si beau que sa rareté est un châtiment.

Or parmi la horde de quidams éphémères qui peuplent notre espace, combien y a-t-il de p’tite folie potentielle qui nous échappe? À chaque porte que l’on ferme, à chaque occasion ignorée, à chaque sourire ostensible boudé, il y a un peu de cette magie qui nous file entre les doigts.

Et même encore, une fois la relation à ses premiers balbutiements, l’équilibre demeure précaire et le destin est capricieux. La p’tite folie est souvent à la remorque des circonstances, esclave tributaire du timing. Il ne suffit parfois que de quelques jours pour que le moment passe pour ne plus revenir, laissant pantois et déconfit. Les liens friables tissés à tâtons se désagrègent quelquefois à une vitesse fulgurante. Il ne faut guère plus qu’une phrase mal choisie, un rendez-vous manqué ou une maladresse innocente pour anéantir le château de cartes de la passion naissante.

On se retrouve souvent le bec à l’eau. Il faut alors à nouveau naviguer dans les eaux un peu trop placides de notre vie et faire fi de la houache d’erreurs qui nous suit. Ce qui importe alors, c’est l’espoir.

Car on ne sait jamais, la p’tite folie, elle viendra peut-être de la jolie petite blonde aux yeux bleus dans la file d’attente au dépanneur, du barbu qui lit un Vonnegut assis dans le banc d’à côté dans la bus, de la rouquine élancée qui commande à boire en même temps que soi au bar, du grand brun timide au regard furtif à la bibliothèque.

Ou du prochain blogueur en quête d’un sens pour sa vie que vous lirez.

La survie avant la vie

septembre 18, 2010 2 commentaires

« Le ratio kleenex utilisé pour se moucher / kleenex utilisé pour se crosser dans cet appartement là est en train de pogner des ciboires de nouveaux sommets mon gars. »

-Carl homme grippé, mathématicien du mouchoir papier

Catégories :Quickie

Un homme en bouésson est inapte à titrer

septembre 14, 2010 3 commentaires

Nous sommes sortis ce soir en trainant de force Mike. Il a rouspété tout le long du trajet, s’élevant d’un ton bourru contre la chienne de température, l’état des routes, les filles, Jeff Halpern chez le Canadien, le choix du poste de radio, les filles, la médiocrité des annonces radio, le taux de votation dans l’élection partielle de St-Laurent, le cartel des pétrolières pis les filles. Surtout les filles en fait.

Une fois sur place cependant, il s’est détendu un peu. Nous nous sommes attablés au fond du pub et l’alcool a coulé comme une rivière après l’orage. On a jasé durant des heures, de Carey Price et de nos attentes impossibles, de politique et de nos espoirs utopiques, de nos fantasmes et envolées onanistes, des filles et de nos cœurs sciemment esclaves.

Il y a eu de ces silences. Non pas ceux qui incitent aux malaises, mais bien ceux dans lesquels il fait bon tremper, ceux qui nous submergent durant quelques pleines secondes, l’espace d’un songe, d’une grosse gorgée, juste assez d’accalmis pour avoir momentanément le recul nécessaire pour saisir la richesse de l’instant.

J’ai regardé Michael du coin de l’œil un peu toute la soirée. Deux ou trois fois, j’ai cru déceler la presque ombre d’un sourire. Je crois bien que ça va aller, faut laisser le temps au temps. J’ai des amis forts, c’est pour ça que je les aime autant.

Étoile filante

septembre 14, 2010 2 commentaires

Je ne regarde pratiquement jamais les avis de décès dans le journal, fallait bien que tu pètes au frette pour que je décide de parcourir la rubrique nécrologique à tout hasard. J’ai sursauté, j’te jure ça m’a fessé. J’suis sûr que tu m’as vu de là-haut et que tu t’es bien marré, mon sacrament.

Tu te souviens? On s’était rencontré en secondaire 4, au club de math. On allait se fumer des pétards dans le p’tit sous-bois adjacent à l’école après le cours d’éduc’ et on allait se pratiquer pour l’Optimath et le Fermat dans le local de Martin. On se pointait avec nos sandwichs au beurre de peanuts et on jonglait avec algèbre, géométrie et probabilité en pianotant sur nos calculatrices graphiques, les yeux rougis, le cœur léger.

J’ai pas oublié nos examens finaux de secondaire 5. On s’envoyait des quilles de Molson Dry en arrière du Dep’ du chinois avant nos tests, pour se donner un peu de défi qu’on disait. Et puis je me souviendrai toujours du gala Méritas des finissants, t’étais monté sur le stage ben saoul pour recevoir ta plaque commémorative de l’élève ayant maintenu la meilleure moyenne générale. T’avais remercié tes parents, le personnel enseignant et Pat Jablonski, pour la leçon de persévérance.

On s’est perdu de vu au CEGEP, tu le sais autant que moi vieux. T’avais ta gang, j’avais la mienne, ton beat de vie était trop rapide pour moi. Après quelques semaines, t’as cessé de venir au cours mon criss. Tu te pointais aux examens, le visage émacié, les yeux vitreux. Tu lisais nerveusement quelques notes photocopiées quelques minutes à peine avant les tests. Et pourtant mon salaud, tu te ramassais toujours top 5. C’est peut-être là qu’il aurait fallu allumer mon gars, j’sais pas.

Puis un jour t’as cessé de venir même aux examens. La première chose que j’apprenais après, c’est que tu rentrais à l’hôpital pour arythmie cardiaque : trop de peanuts. Criss, le monde chuchotait que t’avais même essayé de tabasser une infirmière.

V’la deux ans, j’ai rencontré une fille dans un bar. À un certain moment, au fil de la conversation, j’apprends qu’elle t’a déjà fréquenté durant quelques mois. Elle me raconte qu’avant que vous baisiez, tu sniffais en lisant du Sade. Et quand je lui ai demandé pourquoi elle a continué à te voir, elle m’a répondu que c’était parce que t’avais une ostie de grosse graine. J’en avais ri un coup dans le temps, aujourd’hui je trouve ça moins comique.

Et il y a deux-trois mois boy, quand on s’est croisé dans un parc en pleine nuit, quand t’étais assis à une table pique-nique et qu’on avait jasé une trentaine de minutes, cette fois-là je t’avais trouvé absent mon gars, j’en ai pas dormi de la nuit. Tu m’avais dit que c’était normal, que t’étais sur le mush. On s’était laissé comme ça, en se promettant de se voir bien vite.

Ça n’arrivera pas gars. Pis fuck, j’pense que je t’en veux pour ça.

Catégories :Uncategorized

Zone sinistrée

septembre 13, 2010 3 commentaires

Le salon est désormais zone sinistrée. Des grenailles de croustilles et quelques bouteilles vides maculent le plancher. Quelques cigarettes à demi fumées jonchent la table du salon sur laquelle s’amoncèle déjà une multitude de débris. Il règne cette odeur caractéristique de goudron et de nicotine que dégage la cigarette, c’est bizarre de sentir ça alors que ça fait plusieurs mois que j’ai cessé de fumer, fidèle que je suis à mon 6e objectif.

Mike ne s’est pas douché aujourd’hui, il communique avec le monde extérieur en baragouinant le monosyllabique, cette langue morte qu’utilise l’homme-cocon. Pour l’instant, notre rôle se résume à approvisionner la bête en gras et en alcool. Pour le reste, il est toujours parti dans sa tête, ruminant quelques sombres pensées qui nous demeurent encore inaccessibles, marmonnant quelques jurons, toussant toujours autant en fumant ses clopes.

Sinon, on a écouté la finale du U.S. Open. Novak a perdu. Ciboire.

Catégories :Anecdote, Mike en perdition

Des réserves sur l’amour

septembre 13, 2010 6 commentaires

« Cette fille là, c’est comme les p’tites quilles le dimanche à 16h dans le temps à TQS. T’endures parce qu’il n’y a rien d’autre mais criss que tu checkes aux autres chaines pour trouver mieux »
– Carl, visiblement lucide quant à sa fréquentation actuelle

Catégories :Quickie

La longue route vers nulle part

septembre 13, 2010 6 commentaires

Nous étions dans le salon à regarder le football lorsque ça a cogné à la porte. C’est Carl qui s’est levé tandis que j’ai continué à me goinfrer dans la bouffe grasse et la bière blonde. Du coin de l’œil, j’ai guetté la porte qui s’ouvrait tout en m’envoyant quelques Ruffles ordinaires dans la bouche machinalement.

Immédiatement, quand j’ai vu le visage de Mike qui passait l’embrasure de la porte, j’ai su que la vie avait encore merdé. J’ai aussi tout de suite remarqué qu’il avait amené avec lui quelques sacs que je devinais contenir ses effets personnels. Vraiment, c’était clair que la vie avait encore salopé.

Il nous explique avec la voix caverneuse et le teint blême que lui et Marie ont décidé de prendre un break. Je dois avouer que j’ai dû prendre quelques minutes pour parvenir à assimiler l’information. Ces deux-là sont ensemble depuis des lunes, mariés depuis 2 ans déjà.

Cette année, lorsque l’hiver se faisait froid, que la solitude me prenait aux os, me rongeait la moelle comme le plus carnassier des maux, quand le vide de mon lit devenait abyssal, que l’inertie de ma routine de célibataire me paralysait momentanément, c’est con, je pensais à eux. Ils étaient les deux personnes les plus heureuses que je connaissais, ça me faisait du bien de voir que ça existait, que les rêves qu’on vend aux enfants, ces histoires d’amour et de bonheur, que ce n’est pas que des saloperies qu’on leur raconte, que ça se peut vraiment.

Il est venu s’assoir au salon, laissant tomber sans réfléchir son bagage à l’entrée. Je n’ai rien trouvé à dire. Je regardais Carl qui zyeutait Michael qui fixait la télévision, le regard vide et éteint. J’étais muet tandis que j’essayais avec peine de reconstituer le puzzle.

Depuis le temps que je les connais, je ne me souviens pas qu’ils se soient chicanés. Dans ma tête, la pérennité de leur couple me semblait chose acquise. Ils en étaient d’ailleurs rendus depuis un moment à essayer d’avoir un enfant. En fait, c’est sans doute avec ça que tout a commencé.

Marie a eu beaucoup de difficultés à tomber enceinte. Je sais que c’était rough à vivre, que la tension s’accumulait, que les déceptions chaque mois devenaient lourdes et difficiles. C’est pour ça que lorsqu’elle avait finalement réussi à devenir enceinte, j’avais eu l’impression qu’un nuage s’était dissipé, que le soleil brillait à nouveau de mille feux sur une relation que je chérissais. Puis il y a eu le malheur de la perte. J’ignorais à quel point tout ça a été dur. Je le vois bien aujourd’hui. Les nuages sont de retour et l’orage bat son plein.

Mike s’est allumé une clope avec peine. Je ne l’avais jamais vu fumer de ma vie auparavant. Il aspirait sans adresse, toussotant d’un râle tonitruant, envoyant la fumée avec excès dans ses poumons, chaque bouffée pour se faire un peu plus mal, pour noyer l’autre douleur, pour l’emboucaner un moment.

On a bu tout ce qu’il y avait d’alcool dans le logement sans parler. On fixait le match Dallas – Washington sans vraiment voir ce qui se passait. La partie s’est décidée sur le dernier jeu et nous étions de glace. J’ai ensuite fermé la télévision puis suis allé chercher quelques oreillers et un édredon pour Mike et je l’ai laissé seul. On parlera bien un jour, mais je savais bien que ce soir n’était pas le moment.

J’entends le craquement de ses pas dans le plancher. Je crois bien qu’il ne dormira pas de la nuit, je ne peux pas le blâmer.

Pendant ce temps, j’écoute Black Rebel Motorcycle Club et je n’ai rien pour me raccrocher pour oublier le froid qui règne.

Top 5 des constatations à l’épicerie

septembre 12, 2010 5 commentaires

5. La courtoisie se perd chez les emballeurs d’épicerie. Un petit « bonne journée » en finissant ou juste un « bienvenue » en réponse à mon merci.

4. Ça semble être devenu accepté de tous qu’on peut aller aux caisses 6 ou 12 articles et moins avec une shitload outrageuse d’articles. On ne s’opposera point.

3. Les personnes qui utilisent le plus les coupons-rabais sont souvent aussi celles qui achètent le plus de revues à potins. À croire qu’elles veulent sauver 10 cennes sur une canne de sauce tomates pour se payer une revue qui leur apprendra avec qui fourre Patrick Huard.

2. Je n’arrive pas à me rappeler le moment dans ma vie où ma tête s’est mise à associer maturité et cynisme. Je sais juste que maintenant, j’ai de la difficulté à les dissocier.

1. 90% des osties de présentoirs de dégustation offre du fromage, du yogourt ou de la sacrament de saucisses italiennes. Et 100% des p’tites dames qui s’en occupent sont harcelantes et déplaisantes. Et obèse.

Catégories :Top 5

Le destin tragique de Novak Djokovic

septembre 11, 2010 6 commentaires

C’est aujourd’hui qu’avaient lieu les demi-finales masculines à Flushing Meadows où se déroule actuellement l’U.S. Open. Tandis que Rafael Nadal affrontait un Mikhail Youznhy relativement diminué qu’il a finalement battu sèchement en trois manches, Roger Federer croisait le fer avec Novak Djokovic.

Depuis la fin de l’été 2007, le Serbe Djokovic a occupé quasi continuellement le troisième rang du monde tennistique. Mis à part une brève incursion d’Andy Murray, Novak a toujours été le dauphin de Roger Federer et de Rafael Nadal.

Imaginez, troisième derrière le meilleur joueur de tous les temps et le meilleur joueur sur terre battue qui fut. Prisonnier dans le rôle de troisième violon derrière deux hommes qui réécrivent l’Histoire du sport quotidiennement.

Eut-il joué à n’importe quelle autre époque, il aurait probablement été le joueur dominant de son ère. Détenteur d’un service redoutable, fort aise tant du revers qu’en coup droit, le Djoker a un style de jeu offensif qui lui sert habituellement bien lorsqu’il est dans un bon jour.

Or depuis 2004, Federer et Nadal ont gagné à eux deux 23 des 27 tranches du Grand Chelem qui ont été disputées. Seuls Gaston Gaudio, Marat Safin, Juan Martin Del Potro et Novak Djokovic ont réussi à troubler, l’espace d’un bref tournoi, l’hégémonie immense des deux joueurs mythiques.

À 6 reprises, Djokovic s’est rendu en demi-finale de Grand Chelem pour finalement perdre. À 1 autre reprise, il s’est rendu en finale pour finalement s’incliner. Plus souvent qu’à son tour, c’était un des deux monarques de la raquette qu’il lui indiquait avec impérialisme la sortie. On le voyait alors émotif, visiblement frustré et triste de ne pas avoir sa chance.

Ce soir encore, Novak retrouvait le Suisse Federer sur sa route, un scénario qui se produisait pour la quatrième année de suite à Flushing Meadows. Après une finale âprement disputée entre les deux hommes en 2007, Roger l’a éliminé en demi-finale tant en 2008 que 2009. Il s’agissait donc d’un scénario déjà vu cet après-midi.

Les enjeux étaient énormes. Le vainqueur se verrait avancer à la finale où il rencontrerait un Nadal qui peut se targuer d’avoir présenté un auguste jeu durant la quinzaine américaine. À cause de leur histoire commune des trois dernières années, la tension était tangible, la pression énorme sur les épaules du Djoker qui se retrouvait encore une fois face à son destin tragique.

Loin d’être impressionné par l’ampleur du moment, Novak offre un jeu inspiré tout le long du manche si bien qu’on se retrouve en cinquième manche. Jusque-là, il est celui qui a présenté le meilleur tennis et tous les espoirs sont permis.

On se retrouve à 5-5. Les échanges sont phénoménaux, les deux joueurs sont à bout de souffle, la foule est en liesse et bruyante, il règne dans l’Arthur Ashe Stadium une ambiance survoltée typique du public américain, on crie, on applaudit, les caméras montrent un public exalté.

Finalement, Djokovic réussit à prendre le service de Federer. Un grand tour de force. Il servira donc pour le match. Cependant, le Suisse est coriace, il se donne même deux balles de bris contre Novak qu’on sent fragile avec tant de pression. Or il réussit à sauver les deux balles et le reste n’est plus que formalité, Roger tombe finalement des mains du Serbe sur le béton new-yorkais.

La finale entre Nadal et Djokovic aura lieu demain soir. Malgré une demi-finale éreintante pour le Djoker, je crois que nous aurons droit à un match splendide. Bien qu’il est semblé un peu diminué au niveau des chevilles en fin de match, je crois qu’il s’agit peut-être là du meilleur match que j’ai vu jouer Novak Djokovic et vraiment, tous les espoirs sont permis pour lui.

Il faut cependant dire que le Majorquin numéro 1 mondial sera déterminé à remporter une première levée du majeur américain.

CE SERA CALISSEMENT MALADE BON.

Catégories :Sport

Man on Wire

septembre 11, 2010 3 commentaires

C’est un de ces samedis au ralenti, bercés par la brume des minutes suspendues. Je me suis levé à 11 heures les yeux un peu secs, le gosier aride et la poche pleine. Après une douche à l’eau bouillante, je me suis concocté un peu de pain doré, la serviette à la taille. J’écoutais The Libertines en maniant avec aplomb œufs, vanille et muscade tandis que le crépitement et l’odeur du beurre fondant dans la poêle emplissaient la pièce.

Après avoir empilé chaotiquement huit tranches de pain grillées avec soin dans une assiette et les avoir arrosées avec volupté de sirop de table, je me suis dirigé vers le salon. Le soleil entrait par la fenêtre, j’étais emmailloté dans une couverte, un samedi dans la brume que je vous disais.

J’ai finalement décidé de fermer les rideaux entre deux bouchées gloutonnes de pain doré et j’ai enfilé le DVD de Man on Wire dans ma playstation.

Man on Wire,  c’est l’histoire de Philippe Petit, un funambule français, qui tombe sur un article traitant du World Trade Center encore à construire lors d’une visite chez le dentiste en 1968. Dès lors, il devient obsédé par les tours et rêve de marcher sur un fil suspendu entre les deux.

Le documentaire raconte donc l’épopée de Philippe et ses amis de l’époque qui montent ce qu’ils décident alors d’appeler « Le Coup ». On y suit les péripéties de l’équipe, les faufilades clandestines sur le toit, les stratagèmes pour y parvenir, la maquette miniature inspirée de clichées pris à partir d’un hélicoptère.

Puis finalement, on en arrive à la journée du 7 août 1974. Vers 7h15, Petit embarque sur le fil qu’ils ont passé la nuit à installer. Pendant 45 minutes, il marche sur le fil, se couchant même sur celui-ci à un certain moment. On voit sa blonde de l’époque en parler avec des larmes de joie et d’émerveillement tandis qu’un de ses amis perd tout simplement la voix en narrant le tout. Les images sont à couper le souffle, c’est une des choses les plus majestueuses que j’ai vues depuis longtemps (parce que de dire « de ma vie » serait un peu mélo, même si j’ai le goût de l’écrire, alors je vais l’écrire entre parenthèses et rajouter un peu de bla bla après et fermer la parenthèse ensuite).

Je sais pas, j’ai trouvé ça vraiment émouvant de voir le récit d’un gars qui va comme ça jusqu’au bout de ses rêves, ça m’a profondément touché.

« Ma criminalité est purement artistique. Si j’avais demandé l’autorisation et qu’on me l’avait refusée, j’aurais fait cette traversée quand même. Mais je n’y ai même pas songé. Pour moi, c’est une évidence : il n’y a pas besoin de permission quand on a envie de faire des choses belles. Il faut les faire, c’est tout. » – Philippe Petit

Catégories :Coup de coeur

Do, Date or Dump #2

septembre 10, 2010 8 commentaires

Même concept que la semaine dernière, puisqu’il faut bien se divertir et que les plus sottes avenues sont quand même valables :

Mesdames : Le psychiatre Pierre Mailloux, feu le chanteur pop Michael Jackson et l’humoriste Jean-Marc Parent.

Messieurs : L’ancienne pop star Michèle Richard, l’ex lieutenant-gouverneur Lise Thibault ainsi que l’humoriste Lise Dion.

Les amis 2.0

septembre 9, 2010 6 commentaires

Lorsque j’étais jeune, mes amis, c’étaient les gars de mon âge qui habitaient mon quartier. On ne se posait pas de question, on se rejoignait au coin de la rue après avoir soupé, tous sur nos bécanes, nous faisions la course, nous jouions au hockey jusqu’à la noirceur, nous disputant avec âpreté une des balles de tennis tout effilochées qu’on chipait dans un magasin d’article de sports usagés.

C’était ainsi. Nous partagions le même code postal, il était normal de se côtoyer. Nous parlions bien peu, trop occupés à bâtir des cabanes dans les arbres,  attraper des insectes et rire des filles.

Les années passent et les contacts se font plus rares et plus protocolaires. La distance s’immisce avec l’autorité froide que lui confère la vie qui court. Plus vieux, ça commence sans doute à 10-11 ans, je commence à avoir des amis que je choisis, des gens avec qui je me découvre des points communs et sur qui je jette tout mon dévolu amical. C’est le début des amitiés profondes et durables. La plupart des gens que je considère encore aujourd’hui comme proche proviennent de cette ère.

Depuis quelques années, j’ai une nouvelle catégorie d’amis. Il s’agit de gens rencontrés un peu partout sur les internets. Des personnes croisées à tout vent dans des ligues de hockey simulé, des forums sur la radio, des chatroom un peu obscures sur la littérature, des MMORPG épiques et depuis peu, sur ce blogue.

Parmi les milliers d’internautes croisés toujours brièvement, il y a ces quelques personnes qui nous accrochent instantanément. Les liens se tissent à une vitesse fulgurante, aux rythmes des ajouts MSN naturels, des discussions vives jusqu’au creux de la nuit et des tabous dissous dans l’immense mare cybernétique.

Souvent, on se met à parler de trucs très personnels, et ce, de façon toute naturelle. On confie des détails intimes à ces gens que nous n’avons jamais vus de notre vie. Et pourtant, malgré le fait de n’avoir jamais rencontré ces quelques personnes, je me sens très près d’eux.  Il y a de ces amis 2.0 à qui je parle quotidiennement, on se narre les aléas de notre quotidien, on se questionne sur la vie, on se conte nos peurs. Ils sont parfois de l’autre bout de la province, parfois même d’Europe. Par conséquent, il est fort probable que les seuls contacts que nous aurons soient virtuels.

Et ce soir, je songe à la fragilité du lien pourtant fort qui nous unit. Je pense à ce qui adviendrait si l’un de ces amis venait à mourir. Il n’y aurait rien d’autre qu’un contact éternellement Offline et moi qui me questionne sans réponse. C’est fou non?

C’est donc pour cela que je vous incite à leur dire, là, tout de suite, que vous tenez à eux, que vous les aimez bien ces inconnus qui vous sont chers. J’sais pas, je trouve ça important.

Parcelles de bonheur

septembre 8, 2010 7 commentaires

9 ans

C’était un samedi matin. Je me lève tôt, 6h15, 6h20 peut-être. Tout le monde dort encore dans la maisonnée. Je marche jusqu’au grille-pain sur la pointe des pieds, évitant avec agilité les quelques lattes que je sais grinçantes. J’enfonce avec empressement 4 grosses tranches de pain moelleux dans l’immense toaster T-Fal qui trône sur le comptoir. Lorsqu’elles bondissent hors du grille-pain, bien rôties, je les enduis avec générosité de Nutella. Puis je me verse un colossal verre de lait avant de descendre au sous-sol. J’allume un vieux poste de télévision et règle le volume au minimum audible. Je suis là dans mon sous-sol tranquille, les yeux grands ouverts et j’écoute Sports 30 vêtu de flanelle.

14 ans

C’est un jeudi soir. Plus tôt dans la journée, j’ai ramené deux Thomas Harris puis j’ai erré dans la bibliothèque, posant l’index sur quelques reliures à tout hasard. Sans raison, je retire du rayon 1984 d’Orwell. Je lis approximativement la quatrième de couverture puis décide de le sortir presque par routine. Le soir venu, après une partie de balle, je m’installe sur mon lit et entrouvre les pages un peu jaunies du bouquin qui sent bon la poussière de livre. 4 heures plus tard, je suis encore éveillé, les yeux rougis et fatigués, lisant fiévreusement sous le faisceau faiblard et tremblant de ma vieille lampe de poche. J’ai la félicité de celui qui sait qu’il est en train de vivre un truc qui le marquera.

18 ans

C’est un mardi soir. C’est une des premières neiges de l’hiver et du ciel tombent de ces gros flocons typiques chargés d’humidité. Mon cœur bat la chamade depuis des heures et j’ai mal à la poitrine d’excitation. Je suis dans un petit bistro avec cette fille qui hante ma vie depuis des mois. On parle jusqu’à la fermeture du café alors que des employés surpris de nous trouver encore là nous indiquent la sortie. On marche ensuite dans les rues, le bruit de nos pas écrasant la neige légère créant ce crépitement étouffé caractéristique. La confirmation, l’espace de quelques riches minutes, qu’il est possible d’être heureux.

25 ans

C’est un mercredi soir. Il y a eu un rush de dernière minute au boulot, un peu d’exaltation de fin de journée, 5h00 qui arrive comme une surprise inattendue. J’arrête à l’épicerie et ramasse de quoi concocter un poulet colonial aux pointes de cumin, cardamome et gingembre. Chez moi, il y a cette fille qui m’attend. Cette fille que j’apprivoise encore, timidement. Elle a ouvert une bouteille que nous tâchons d’abaisser rapidement en concoctant le souper. Puis une fois nos assiettes complétées, on s’installe au salon et on regarde la télévision sans trop la voir, occupés à sentir l’autre à côté de soi. J’ai ces instants passagers de folie, ceux où je me mets à dire que peut-être, peut-être que cette fois-ci…

Catégories :Anecdote

Le mot du jour

septembre 8, 2010 8 commentaires

Hier, moi et Carl regardions des shows de télé pour adolescents parce que notre vie est minable parce que c’est le fun! Le tout était doublé en français international et le mot « lycée » se faisait abuser. Voilà qui est bien loin de la réalité de nos jeunes québecois qui vont au « secondaire ».

Nous sommes désormais des disciples du mot lycée, l’utilisant à tout bout de champs pour notre immense plaisir. Je vous encourage à faire de même. Pour les plus téméraires, un combo avec le mot « jadis » est fantasmagorique:

« Jadis, au lycée,… »

Un effet boeuf garanti au bureau. Oui.

Catégories :Quickie Étiquettes : ,

Pourquoi je n’aime pas les blogues de cul

septembre 7, 2010 29 commentaires

Depuis quelques jours, je navigue sur la blogosphère. Je butine de blogue en blogue, me baignant dans l’amer nectar de cet univers de journaux intimes cybernétiques. Je cueille un paragraphe qui parle de sites de rencontres par ci, une métaphore pour parler de rupture par là. Je clique avec frivolité, frayant à travers les blogrolls comme le ferait un saumon zélé. Je déniche des allégories pour parler de l’évolution de star-système, des envolées lyriques pour narrer des péripéties à l’épicerie.

Et je tombe genre CONSTAMMENT sur des blogues de cul. Le sujet est abusé sur la blogosphère. La dernière fois que j’ai vu quelque chose se faire autant abuser, c’était le mot effectivement dans cette douce entrevue.

Le pourcentage de blogues qui tournent autour de la thématique du blogueur (ou souvent de la blogueuse) qui fourre est stratosphérique. Partout, on relate la dernière fois que quelqu’un nous a anussé avec moult détails. On expose des photos à angles calculés de sa poitrine précisément dévoilée. On tweete ses séances de masturbation au bureau et on étale son infidélité complète en status facebook tout en y publiant les dernières photos de ses jouets sexuels. Et les gens aiment ça. On clique sur le Llike systématiquement : seins à l’air, clic plus vite que l’éclair.

Et on bosse fort pour se dénicher de nouvelles expériences. Ça se lit mutuellement pour trouver le prochain figurant de leur récit de cul mutuel :

« Je te commente depuis 10 jours bébé, ça vaut ben le droit de t’enculer »

« T’as ben raison. Et si tu me commentes pendant encore 2 semaines, je pourrai peut-être convaincre mon amie qui tient un blog collectif de bisexuelles de venir faire un trip à trois avec nous. »

« Ah malade, pis si je t’ajoute dans mon blogroll, tu me suces-tu? »

« Ben là, c’est sur! »

Pis ça me méduse. Je ne comprends pas ce besoin d’en parler à la planète entière, de dire à tous à quel point on baise souvent, de façon intense et assumée. C’est supposé être cool? Je trouve tellement que leurs vies ont l’air si vide pour avoir besoin d’attention au point d’en arriver là.

Et j’ai l’impression que ça dénature le sexe, la baise, le fun. Il me semble qu’on se rend compte bien vite que d’agir de la sorte est futile. Je comprends que c’est plaisant de fourrer, que c’est sans doute satisfaisant de raconter le tout à la horde de lecteurs qui se crossent devant leur écran cathodique. Sauf que j’ai l’impression que ça ne devrait pas ça être le sexe.

J’ai eu quand même quelques partenaires dans les derniers mois. Sauf qu’à chaque fois, je trouvais ça important de vivre un « moment ». Ça doit sonner fleur bleue. C’est juste que tant qu’à mettre ces efforts-là, j’ai le goût d’avoir une complicité avec la fille, j’ai le goût que la soirée soit remplie de longs regards, de rires éclatants. J’ai le goût qu’on refasse le monde après notre première baise. Juste deux personnes qui jasent avec un verre de rhum et quelques cigarillos. Et puis on baise à nouveau dans la nuit. Et le matin aussi, après avoir mangé des agrumes frais et du pain 12 céréales. Pas besoin de se rappeler, de tomber amoureux. Mais j’ai besoin au moins d’avoir ça, d’avoir ce feeling d’avoir connecté un peu avec quelqu’un, l’espace d’un instant, aussi bref soit-il. Autrement, il me semble que c’est futile.

Et messemble que je ne vois pas ça quand je parcours les blogues de cul. J’ai toujours ce sentiment de vide qui s’empare de ma personne. Sauf que dans le fond, c’est peut-être juste moi qui est weird.

RISK

septembre 6, 2010 7 commentaires

Idée biscornue. Boîte poussiéreuse. Livre de règlements égaré.

Joueurs motivés, trash talk spontané, stratégie machiavélique et plan élaboré.

Pions soigneusement disposés, armées savamment organisées. Étude exhaustive des forces présentes, sourires esquissés, rires partagés.

Idées de grandeur, Amérique du Nord envahie avec fracas, alliance tout sauf secrète, mains baladeuses sous la table, rigolade complice.

Ukraine indéfendable, Afrique noyée par l’impérialisme d’une Smithwick’s accrochée, Égypte surdimensionnée, Océanie imprenable, Islande point névralgique et lieu de combats épiques.

Sous-sol emboucané, dés lancés de gestes désinvoltes, hégémonie momentanée, expansionnisme survolté, fascisme hasardeux, fous rires communs.

Alliance tout sauf secrète rompue avec fracas. Trahison. Désarroi amusé, courroux étudié. Défaite honorable.

Sexe après-guerre.

Catégories :Anecdote

L’évolution de la crowd de McDo

septembre 5, 2010 14 commentaires

Plus jeune, mes parents m’amenaient souvent au McDonald’s. La plupart du temps, c’était un vendredi soir. Mon père et ma mère revenaient du boulot et décidaient qu’ils n’avaient pas envie de faire à souper. Nous embarquions alors dans le Ford Topaz turquoise de ma mère en direction de la terre promise du fast food.

Arrivés sur place, moi et mon frère auscultions avec soin les jouets offerts avec le Joyeux Festin. L’hiver, nous portions attention à la collection de cartes de hockey de l’année. Je me souviens encore de la série de cartes 96/97 avec un genre de ‘’full motion video’’. Je dois toujours avoir celle de Mario Lemieux qui marque un filet d’un angle impossible quelque part dans une boîte à chaussures tapie au fond de mon garde-robe.

Après avoir englouti notre effarante portion de sel, repus d’autant de gras et désaltérés d’orangeade non pétillante (qui n’est d’ailleurs plus disponible, une HONTE, je vous le dis), nous allions jouer dans le parc. Nous allions rejoindre quantité d’autres jeunes qui se faufilaient avec plaisir dans les immenses modules du parc Ronald. Il y avait la piscine à balles où plusieurs s’amassaient pour des guerres épiques. D’autres s’attroupaient plutôt autour des Nintendo 64 pour jouer à Mario Kart en criant d’un enthousiasme enfantin.

Pendant ce temps, les parents laissés seuls en profitaient pour échanger autour de leurs portions respectives de gras trans. J’ignore le sujet de leurs conversations, mais lorsque j’allais faire une petite visite à la table, histoire de cueillir une petite croquette supplémentaire, mes parents étaient toujours en train de parler à des inconnus aux tables avoisinantes.

Aujourd’hui, tout ça est bien loin derrière. Parce que je ne suis plus l’enfant d’autrefois (ou si peu), mais aussi parce que McDonald’s a changé de public cible. Peut-être à cause d’une conscientisation quelconque des gens à l’importance d’une bonne alimentation, particulièrement en bas âge ou tout simplement parce que McDo a décelé qu’un autre créneau serait plus rentable, il n’en demeure pas moins que le produit offert a bien changé.

Désormais, le McDonald’s figure en tête de liste avec les centres d’achats et les Tim Hortons en matière de point de rencontre de l’âge d’or. Après les hosties à l’église, l’eucharistie est désormais constituée de cheese double.

Au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa passion, Jésus prit les pains hamburger,il rendit grâce,  les rompit en s’essuyant les doigts sur une napkin et les donna à ses p’tits vieux en disant : « Prenez et mangez en tous, ceci est mon corps huileux livré pour vous.                »

De même, à la fin du repas, il prit son Coke, de nouveau il rendit grâce et le donna à ses B.S. en disant : «Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang saturé en sucre. Le sang de notre alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et versé à nouveau pour vous si vous demandé un refill au comptoir ainsi que pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela, en mémoire de moi.»

À toute heure du jour, le restaurant est plein à craquer de personnes âgées et de gens à l’hygiène douteuse. On y sirote des cafés à 1$ en lisant le Journal de Québec. On succube sans gêne l’air climatisé de la place en regardant LCN béatement, un chausson aux pommes en main. On se bat sans vergogne pour les mots croisés disponibles, les vieux en bas de la chaîne devant souvent se contenter du réducteur mot mystère du jour.

La nuit venue, la clientèle change radicalement. Les McDo sont alors pris d’assaut par des hordes de jeunes qui viennent tout juste de terminer leurs joints et qui décident d’aller se sustenter avec ce qu’il est convenu d’appeler « de la marde de clown ».

Que ce soit au service à l’auto où on rigole avec des calembours de haute voltige (« Suce ma quéquette grosse salope! », « Pardon? », « 6 McCroquettes pis un gros Seven Up ») ou en salle à manger où il est de bon ton de vomir directement sur le plancher, passé 10 heures, une autre faune prend possession des lieux.

Cela dit, entre le club de l’âge d’or et le club des décrocheurs, on ne gagne pas vraiment au change. La crowd de McDonald’s est vraiment rendue moche. Bien sûr, je suis conscient que mes souvenirs d’antan sont biaisés mais toujours est-il qu’il y a, je crois, un constat de décadence ÉHONTÉ qui se doit d’être porté. Oui oui.

Parce que sur Opération Reboot, on traite des vrais dossiers.

Ces vies qui ne seront jamais

septembre 4, 2010 4 commentaires

Lorsque j’étais en deuxième année, octobre ou novembre, je ne sais plus, mon professeur m’a demandé de venir avec lui dans le corridor. Il avait cet air sérieux un peu effrayant que prennent les adultes parfois, vous savez. Il me demande sans ambages si je veux sauter une année. Il a fait les démarches, m’annonce que je serais dans la classe de Pierrette, qu’il en a discuté avec mes parents et tout.

Lorsque j’étais en deuxième année, il y avait ce gars de troisième, Steven, qui passait son temps à me bousculer, me lancer des ballons derrière la tête aux récréations, me traiter de toutes sortes de noms. Et Steven, bien il était dans la classe de Pierrette.

Alors j’ai décliné l’offre de mon prof. Quand il m’a demandé pourquoi, je lui ai dit que j’avais le goût de poursuivre le cheminement régulier, que j’aimais être dans sa classe et que j’appréciais le groupe d’amis de mon âge que je m’étais forgé. Sauf que fuck, si je n’ai pas sauté, honnêtement, c’est à cause de Steven.

Et je repense souvent à ça. J’ai l’impression qu’à cet instant précis là, au moment où j’ai refusé de sauter, ça a eu un impact énorme sur ma vie. Parce que si j’avais été transféré en troisième, j’aurais rencontré de nouvelles personnes, je me serais fait de nouveaux amis, peut-être aurais-je développé d’autres champs d’intérêt, me serais trouvé une vocation quelconque et ne serais pas l’âme errante que je suis aujourd’hui. Juste au niveau monétaire, sauter une année équivaut à faire une année de salaire de plus à ton meilleur salaire à vie. J’aurais rencontré d’autres filles, peut-être serais-je aujourd’hui marié, qui sait?

En même temps, ça veut aussi dire que je ne connaitrais pas les gens avec qui je me tiens aujourd’hui. Je n’aurais pas le même vécu, les mêmes expériences. Je ne serais pas la même personne que je suis aujourd’hui et même si je dis souvent que je déprime, que l’Opération Reboot est la preuve que ma vie n’est pas optimale, je pense que je ne voudrais pas changer en rien la personne que je suis maintenant.

Puis parfois je repense à ce gars, Steven, à ce que lui est devenu. Il ignore totalement que sa stupidité a eu un impact aussi grand sur la vie de quelqu’un d’autre, c’est un peu fou tout ça, non?

Tout à l’heure, je suis tombé sur son profil Facebook, il avait commenté la page d’un ami commun. J’ai appris qu’il était aujourd’hui dans l’armée et sa photo de profil met bien en évidence un surplus de poids et une mine bien triste. J’ai trouvé ça vraiment malheureux. C’est un peu fou ça aussi, non?

Do, date or dump?

septembre 3, 2010 17 commentaires

Les vendredis sont fastidieux au boulot. Les tâches prévues pour la semaine sont depuis longtemps accomplies et la lutte contre l’ennui et la déprime est un combat de tous les instants. Nous sommes quelques jeunes dans la boîte à avoir ce problème d’emmerdement constant alors on tente de se divertir mutuellement.

Un des moyens les plus efficaces à notre portée, c’est de jouer à Do, date or dump. Le principe est simple, trois personnes sont nommées et les ‘’joueurs’’ doivent les classer dans une des 3 catégories, une personne se retrouvant obligatoirement dans chacune des classes.

Do : Personne avec qui tu ferais l’amour fourrerais à une seule reprise.

Date : Personne avec qui tu aurais une relation à moyen/long terme.

Dump : Personne dont tu disposerais (dump) du cadavre après l’avoir tué.

Do. Date. Or Dump. On joue? Je commence soft pour la première édition.

Messieurs: Catherine Pogonat, Anne-Marie Withenshaw, Virginie Coossa.

Mesdames: Guillaume Lemay-Thivierge, Claude Legault, Patrick Huard.

GO!!

Les vendredis sont fastidieux au boulot. Les tâches prévues pour la semaine sont depuis longtemps accomplies et la lutte contre l’ennui et la déprime est un combat de tous les instants. Nous sommes quelques jeunes dans la boîte à avoir ce problème d’emmerdement constant alors on tente de se divertir mutuellement.

Un des moyens les plus efficaces à notre portée, c’est de jouer à Do, date or dump. Le principe est simple, trois personnes sont nommées et les ‘’joueurs’’ doivent les classer dans une des 3 catégories, une personne se retrouvant obligatoirement dans chacune des classes.

Do : Personne avec qui tu ferais l’amour fourrerais à une seule reprise.

Date : Personne avec qui tu aurais une relation à moyen/long terme.

Dump : Personne dont tu disposerais (dump) du cadavre après l’avoir tué.

Do. Date. Or Dump. On joue?

Messieurs: Catherine Pogonat, Anne-Marie Withenshaw, Virginie Coossa.

Mesdames: Guillaume Lemay-Thivierge, Claude Legault, Patrick Huard.

GO!!

«Plus folle que Michèle Richard saint TABARNAC»

septembre 3, 2010 3 commentaires

Ça prend toutes sortes de monde pour faire un monde. C’est ce que ma grand-mère disait quand mon père faisait un fou de lui en se saoulant dans les réunions familiales. C’est aussi ce qu’elle avait dit quand mon oncle avait décidé de joindre les rangs d’une secte du Dakota du Nord dont il avait visité le site internet. C’est sans doute ce qu’elle aurait dit de la maboule aux grosses boules.

Ben est entré en trombe dans l’appartement tout à l’heure, sacrant avec vigueur, invoquant la coutellerie du p’tit Jésus avec véhémence, vociférant contre tous les saints. Carl et moi sommes restés figés dans le salon, pas déçu, cela dit, d’avoir autre chose que La Guerre des clans à se mettre sous la dent comme divertissement.

Il nous explique que deux jours après leur premier coït commun, lui et la groupie se sont revus afin de renouveler leurs échanges de fluides corporels. Jusque-là, je ne vois rien d’autre que deux adultes consentants partageant leur génitalité pour la jouissance commune, bien noble partage s’il en est un.

Lundi, de retour au bureau, le téléphone sonne en début d’après-midi. C’est la fanatique qui l’appelle, l’informant qu’elle passerait le prendre après son quart de travail, que sa mère les attendait pour souper et qu’elle avait très hâte de rencontrer le fameux Benoît. Il est sidéré parce que, entre autres, il ne lui a jamais parlé de son travail, encore moins de son employeur.

Rapidement, il balbutie qu’il a déjà des plans depuis longtemps, qu’il aurait bien aimé (sic), mais que c’était impossible. Elle raccroche en lui souhaitant une bonne fin de journée d’un ton furieux, paraît-il.

Mercredi midi, elle se pointe à son travail avec une grosse boîte à lunch et le force l’invite à dîner avec elle, pique-niquer sur la pelouse adjacente à l’immeuble où il bosse. Décontenancé, il obtempère sans trop y croire, impuissant devant les faits accomplis. Elle l’invite à venir passer la soirée chez elle, Ben se trouve la force de refuser, prétextant à nouveau des plans déjà établis depuis un moment.

C’est là qu’il a réalisé, je crois, l’ampleur de pétrin dans lequel il s’empêtrait, la folie palpable de cette cinglée aux obus mammaires maudits. Il était résolu à mettre fin à tout ça ce soir, l’appeler, aller prendre un café et clarifier cette situation névralgique.

Sauf que quand il est revenu chez lui, il a vu que la voiture de la fille était garée devant son bloc appartement. Envahi encore une fois, il appréhendait le face à face avec la tordue qui occupait désormais sa vie, chacune des sphères de la vie de Ben étant comme des tranchées à conquérir.

Il a donc fui les lieux sans demander son reste, venant passer une bonne partie de la soirée ici, à notre appartement. Il est finalement reparti vers minuit, espérant qu’elle aurait cessé de l’attendre chez lui.

Il vient de m’envoyer un message texte pour me dire que la voie était libre mais qu’elle avait laissé une enveloppe contenant ce qui semble être une longue lettre.

Et il n’est pas game de l’ouvrir et de la lire.

Pensées rapaillées

septembre 1, 2010 7 commentaires

Je me suis acheté un CD. Je ne me souviens pas de la dernière fois que je l’avais fait avant aujourd’hui. C’était peut-être OK Computer, Le Dôme ou The Rise and Fall of Ziggy Stardust, je ne saurais vous dire.

C’est que sortait hier le second volume de Douze hommes rapaillés, l’œuvre de Gaston Miron mise en chanson par 12 interprètes. J’avais reçu la première édition comme cadeau au Noël dernier. Le disque est resté 4 mois dans mon lecteur d’auto. J’ai dû écouter Au sortir du labyrinthe, La route que nous suivons et Pour retrouver le monde et l’amour à des centaines de reprises, parfois en chantant, murmurant les paroles des chansons en scindant la nuit, d’autres fois en écoutant seulement les textes, béat et paisible.

J’avais donc hâte d’entendre les nouvelles pièces. Je suis entré chez un disquaire, transporté, je vous jure, et je me suis emparé du CD avec l’exaltation d’une groupie au slip humecté. De retour dans ma voiture, je luttais avec fébrilité contre l’emballage plastique. Mes ongles trop courts, je peinais à l’ouvrir, mes doigts glissant sans emprise aucune.

J’ai fait le tour du CD à trois reprises depuis tantôt. C’est bon. Bon comme une première date appréhendée qui se déroule à merveille, bon comme l’amour par une journée de tempête hivernale. Fucking bon. Il y a ce texte, Soir tourmente, chanté par Daniel Lavoie.

La pluie bafouille aux vitres
et soudain ça te prend
de courir dans tes pas plus loin
pour fuir la main sur nous

tu perds tes yeux dans les autres
ton corps est une idée fixe
ton âme un caillot au centre du front
ta vie refoule dans son amphore
et tu meurs
tu meurs à petites lampées sous tes semelles

ton sang
ton sang rouge parmi les miroirs brisés

Et quand il dit « Et tu meurs, tu meurs à petites lampées », j’ai le poil DRETTE sur les bras. Pis ça me rend triste aussi. Parce que c’est comme ça que je me sens. Je meurs à petites lampées.

Cette après-midi, quand j’ai appris que le volume 2 était disponible en naviguant sur internet, j’ai eu hâte d’acheter le CD. Genre vraiment hâte. Et j’ai essayé de me rappeler de la dernière fois que j’ai ressenti cela, de la hâte, de l’enivrée anticipation. Ça a été long à trouver, ça datait peut-être de 5 mois. Puis la fois d’avant, c’était peut-être il y a 20 mois.

Auparavant, j’ai l’impression que ce sentiment était constant. J’avais hâte à ma prochaine partie de balle, je trépidais d’impatience d’essayer ma nouvelle paire de patins, de lire le nouveau Dragonball, d’aller en camping, de voir Les Boys au cinéma avec mon argent de poche.

Je marquais d’un X les jours qui précédaient Noël ou mon Anniversaire, des évènements qu’ironiquement j’appréhende maintenant.  Je comptais les dodos avant le retour à l’école, comptais les dodos avant la fin de l’année scolaire. J’avais cette impression de vie meublée, cette sensation d’ivresse de vivre en plénitude. Une sensation que je n’ai plus.

J’ai l’impression que mes éclats de rire se sont émoussés. Il y a cette certitude qu’avec chaque jour qui passe s’égraine un peu plus de ma capacité au bonheur. Ce feeling de subir les évènements plutôt que de les escompter.

Je suis à la remorque de mon immobilisme.

Nice D-Link, wanna fuck?

Je déteste quand mon internet saute. C’est con mais c’est un truc qui me fait rager. Je me lève toujours un peu en trombe, bougonneux, et j’appuie avec nonchalance sur les resets de mon modem et de mon routeur. Puis je vais me verser un verre de jus d’orange, et reviens m’assoir derrière mon clavier, patientant tant bien que mal.

Aujourd’hui, en attendant que redémarre ma connexion vers les mondaines internets, j’ai jeté un coup d’œil aux autres réseaux. Et c’est là que j’ai vu :

Estutjrsla?

Et là je me suis dit OMFG, genre.

Catégories :La fille au routeur

Définir un rebound

Rebound : Hooking up with someone shortly after being dumped (by someone else) so that you still feel wanted.

J’observais mon coloc agir dans les derniers jours, je le voyais être sur l’indécente cruise, travailler fort dans les coins et je voyais vraiment quelqu’un qui se cherchait un rebound. J’ai la nette impression que pour plusieurs personnes, c’est quasiment un rite de passage lors d’une fin de relation. Je me souviens avoir vécu un truc similaire il y a quelques mois, quand ça s’est terminé avec Julie.

Je ne sais pas comment c’est pour les autres, mais pour moi, quand je suis tristement en recherche de rebound, je perds toute notion de critère quant à la personnalité. Exit l’attrait pour la curiosité, le sarcasme, la finesse d’esprit, la culture. Je cherche une chimie physique, fusionnelle. Une personne avec qui me réchauffer la nuit, juste pour oublier un instant que dehors, criss qu’il fait frette. J’en viens à vouloir tout ça avec une bonne intensité. Je suis désormais une bête fauve affamée de seins, de culs. J’erre en perdition, écumant comme un cabot affamé. J’ai souvent l’impression que pour un gars qui se cherche un rebound, la candidate parfaite est la plus conne qu’il soit possible d’être tout en étant assez allumée pour comprendre rapidement quand c’est terminé et qu’il faut cesser.

Cruel hein?

Je ne sais pas, je suis peut-être trop rough mais quand je regarde les gens dans mon entourage, ça me frappe. Le besoin de consumer une flamme au plus vite, un truc bien plus simpliste que simple, juste pour ne pas être seul. Je n’arrive pas à décider si c’est décourageant ou normal.

Tout ça m’a amené à me demander si on devait vraiment faire confiance à nos propres impulsions. À quel point notre perception peut-elle être distordue par une rupture récente. Je me suis demandé si on pouvait modéliser la crédibilité de notre propre opinion en fonction du temps écoulé depuis le début du célibat.

Je vous propose donc un croquis de modèle. Une belle p’tite crédibilité partielle et un concept de Rebound Gap à tout casser.

Veux-tu un Gatorade?

Carl sort d’une relation qui a connu une fin chaotique. Le genre de rupture qui s’étire sur longtemps, où deux personnes sont obligées de vivre leur dichotomie grandissante dans la proximité étouffante du quotidien interminablement pour des considérations bien dérisoires lorsqu’on s’y attarde un tant soit peu.

Il a donc déménagé ici en étant encore cette bête à panser. Les premiers jours furent remplis de soupirs et de silences. Il ruminait tranquillement sa fin de relation, apprivoisait à tâtons son célibat nouveau. Puis il y a eu la métamorphose typique de l’Homme nouvellement seul qui passe d’Homo sapiens à Homo erectus, chassant le féminin gibier avec la hargne du traqueur affamé.

Carl ayant une hygiène corporelle irréprochable et un visage à peu près symétrique, il n’a pas trop de mal à remplir son lit. Faut dire qu’il y travaille fort le pauvre. Sauf que ce soir, mon coloc en rut a vraiment fait une prise particulière. Ce soir, on atteint un niveau d’aberrance sonore qui défit les lois de la science.

Dans la pièce voisine, deux organes offrent une performance déstabilisante : le sexe de Carl, audiblement, et le larynx de la demoiselle en question. Même mon ventilateur sur pied avec trois fans qui roulent à plein régime ne parvient pas à couvrir ce tintamarre orgasmique démesuré.

La fille louange et encourage la performance de mon coloc. Je pense qu’il faut probablement remonter à l’an 32 à Cana, lorsque Jésus changea l’eau en vin, pour retrouver une réaction encore plus enthousiaste pour un fait d’armes quelconque.

Et après vraiment longtemps, comme au moins le temps de se rendre jusqu’à l’homélie à la messe, je me suis exclamé :

Lâche pas mon Carl!! Veux-tu je t’apporte un Gatorade?

Et soudainement, le silence fut.

Edit : C’était le 100e post de l’Opération Reboot. Dernièrement, je parle beaucoup moins de l’Opération et un peu plus de moi, un peu plus de rien. Tout ce qui compte, je pense, c’est que dernièrement j’écris plus. Et ça, c’est bon pour l’objectif 10.

Catégories :Colocation, Entourage

P’tite fin de semaine

Je n’aime pas utiliser l’adjectif petit. C’est que voyez-vous, je pense avoir développé une allergie due à la surexposition. J’ai googlé les symptômes,  le diagnostic est sans équivoque.

Je ne veux juste pas devenir une de ces personnes qui en abusent. Ceux qui se lèvent pour manger leur petit déjeuner, mettent une p’tite laine pour aller prendre une petite marche et en profiter pour faire des p’tites commissions. Ceux qui font une petite sieste l’après-midi avant de recevoir des amis pour se faire un p’tit souper, qui vont se coucher et se font faire une p’tite pipe.

Sauf que ça a été une petite fin de semaine.

J’ai passé mon vendredi soir avachi avec Carl et Benoît. Ben nous a narré avec nombreux détails sa fin de soirée jeudi avec celle que nous avons collectivement affublée du coquin quolibet de maboule aux grosses boules. Il nous a dit qu’il s’était senti comme s’il était Paul McCartney à Hambourg en 1960, Jim Morrison à Miami en 69, Éric Lapointe au Festival d’été de Québec en 2008.

On a regardé Rocky Balboa, le 6e de la franchise de Sylvester. De 18 à 20 ans, on se réunissait une nuit par été pour écouter toute la série. On aimait les caractères grossiers et approximatifs, la sueur, l’intensité, la musique un peu vieillotte mais épique. Rocky Balboa n’a pas ce charme. On y voit un Stallone essoufflé, des clichés éculés, de la moche facilité. Rocky n’a pas passé le test du temps. Et puis des fois, quand je regarde ce que sont devenus ces gars de 18 ans, je me dis la même chose.

Mon samedi c’est passé en deux temps. Une première moitié en langueur, des cafés Baileys en se noircissant les mains sur La Presse du jour, un jogging sans grandes convictions, un gâteau aux marrons mangé sur mon perron en lisant un Jacques Ferron.

Puis en soirée, je suis allé à ce qui était supposé être un petit barbecue. Finalement, il y a quelque 40 onces qui se sont débouchés et l’ambiance s’est rapidement réchauffée, le rhum, la vodka, la tequila et le soleil aidant. On a eu un gros débat houleux en soirée à savoir si les émissions que nous écoutions plus jeune seraient aussi bonnes aujourd’hui qu’elles l’étaient à l’époque. Ceux qui répondaient par la positive citaient des extraits de La fin du monde est à sept heures tandis que les autres rétorquaient en brandissant le spectre de 4 et demi. Pour ma part, je ne ferai que citer Piments forts, allez deviner ce que je pense.

Couché éméché, je me réveille embrouillé. Je titube et rêvasse jusqu’au McDonald le plus près, la taie d’oreiller encore imprimée dans le visage, l’haleine un peu lourde. Je mange mon trio en regardant la horde de personnes âgées attroupée autour de leurs cafés, des mots croisés et qui scrute un peu béatement LCN qui montre des images en boucle d’un accident routier en Beauce.

J’ai passé l’après-midi à marcher en basse ville en écoutant des podcasts de Par 4 chemins avec Languirand. Il faisait chaud, il faisait bon.

Et là j’écris ces quelques mots en écoutant Burning Piles et je me dis que parfois, c’est pas si mal des petites fins de semaine.

La folle et la poche pleine

Ça avait été une semaine d’une profonde langueur, chaque jour comme un acte d’une pièce d’une folle monotonie. Il me fallait secouer mon marasme au plus vite sous peine de tomber en léthargie. Quelques coups de fil, un peu de peer pressure et j’ai réussi à regrouper une petite horde de coyotes en mal de lune en cette frisquette soirée.

Après un peu de tergiversation d’usage, nous décidons de nous déplacer dans un établissement de la vieille Capitale qui offre un bar open à l’indécente et modique somme de 10 dollars. Arrivés sur place, la soirée est assez relax, chacun prend quelques consommations, certains se risquent sur le dancefloor, d’autres demeurent tranquillement assis à siroter leurs bières.

À un certain moment, Benoît vient me voir tout enthousiasmé et m’explique avec moult simagrées qu’il est sur un dossier prometteur, qu’une fille le scrute avec une intensité qui n’est pas sans rappeler la fougue de Jean-Luc lorsqu’il animait Pourquoi? en one on one. Curieux, je le suis tandis qu’il retourne vers la piste de danse afin de voir de mes propres yeux cette irrésistible attraction qui meut ladite sauvageonne au bassin enflammé.

Je le regarde donc se diriger vers elle pour aller la rejoindre. Il est vrai qu’elle lui lance plusieurs regards et me semble en mode séduction de façon furieusement farouche. Je la regarde plus attentivement et immédiatement, je sais que je la connais. Au départ, je suis incapable de la replacer, j’ai beau essayer, rien ne sort. Puis j’allume.

Secondaire 3 ou 4, je ne sais plus trop. À la récréation, mes amis et moi avons pris l’habitude de nous regrouper toujours autour des mêmes casiers, dans un coin peu achalandé. On passe notre temps à parler fort, argumenter, discuter, s’insulter, s’amuser. À plusieurs reprises, il me semble percevoir des flashs de kodak. Or à chaque fois, nous étions incapables de localiser la source de la lumière, nous blaguions en parlant de potentiels paparazzis. Ça en reste là pour un moment.

Secondaire 4 ou 5, je ne sais plus trop mais je sais que c’est 1 an de plus que le paragraphe précédent alors c’est quand même pas si pire vous avez un timeframe pis toute, je fréquente une fille quelconque. À un certain moment, elle me demande si Benoît est célibataire. À l’époque il ne l’était pas, c’est ce que j’avais répondu à la fille qui m’avait paru fort déçue. Je lui avais alors demandé pourquoi pareille déception.

Elle entreprend alors de m’expliquer qu’une de ses amies est complètement obsédée par Benoît. Elle me dit que depuis quelques années déjà elle est littéralement folle de lui. Elle me raconte qu’elle prétend l’aimer alors qu’elle ne lui a jamais parlé de sa vie. Elle m’avoue que son amie a déjà appelé à deux reprises à l’épicerie où Ben travaillait dans le but de lui demander un rencart et lorsqu’il répondait, elle restait silencieuse puis finissait par raccrocher. Elle me confie ensuite qu’elle a à plusieurs reprises pris des photos de lui, cachée derrière une case. Photos qu’elle développait et mettait dans le coin du miroir de sa chambre. Tout avait du sens! À l’époque, j’avais promis de ne rien dire et jusqu’à aujourd’hui, j’avais tenu promesse.

Sauf que là, j’avais l’impression d’être face à une situation extrême. J’ai donc texté mon ami pour l’extirper du dancefloor contre son gré et nous sommes sortis dehors où je lui ai exposé la situation, lui expliquant qu’il avait probablement affaire à une sacrée folle. À ma grande surprise, ça a eu l’air de l’exciter encore plus. Rendu là, je considérais que c’était hors de mon ressort.

Il a donc passé toute la soirée avec elle, se frottant le sexe contre l’entrejambe probablement humide de cette groupie cinglée. Nous avons quitté les lieux vers 2h00 alors que lui a décidé de demeurer là-bas. Nous sommes partis avec cette impression d’abandonner un frère sur un champ de bataille. Sauf que lui, il avait le goût de se délester dans quelques munitions dans une tranchée facile. Pas sûr que c’était une sage décision.

Cohabitation

Je ne vous l’avais pas encore dit mais je ne vis plus seul depuis une dizaine de jours. Ça s’est réglé sur le coin d’une table de pub, entre un pichet et un nachos. Ça a commencé par une boutade et 10 minutes après on avait réglé les modalités du déménagement. Quelques jours plus tard, j’avais un coloc qui emménageait.

Mon ex avait un emploi qui nécessitait un bureau à la maison. Nous avions donc décidé à l’époque de louer un 4 et demi avec une deuxième chambre spacieuse et éclairée que nous avions aménagée pour elle. Depuis que c’est terminé et qu’elle n’habite plus ici, La pièce était demeurée pratiquement vide, quelques romans épars jonchant un plancher flottant que nous avions posé par une fin de semaine brulante de notre premier mois d’août ici. La pièce était donc idéale pour abriter une pauvre âme errante.

L’âme errante, c’est Carl. 25 ans, comme moi, on a été au secondaire ensemble. L’hiver, on côtoyait la même patinoire extérieure et l’été, le même terrain de balle. On était les deux seuls de notre gang à avoir réalisé à 12-13 ans que Véronique Cloutier à la Fureur avait des sacrées boules. On tripait ben gros tous les deux sur Mike Ricci, Offsprings pis Stephen King. Au cégep, nos parcours ont divergé, lui dans une technique et moi en science nature dans un autre établissement, mais nous avons malgré tout gardé contact, faisait régulièrement des trucs.

Il était dans une situation précaire niveau logement, j’avais une grande chambre vide et des comptes dont je ne demandais guère mieux que de les diviser en deux. C’est comme ça que sans trop réfléchir, je cédais une partie de ce qui était inconsciemment devenu mon antre.

Je vous jure, les quelques jours avant le déménagement, je me suis mis à angoisser. J’avais développé ma petite routine de crade casanier, j’étais ce sédentaire peu porté sur les tâches ménagères. J’appréhendais que la présence d’un deuxième ours dans la tanière ne vienne troubler mon hibernation.

Or il n’en est finalement rien. Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu autant de fun à vivre au quotidien.

J’ai enfin quelqu’un à qui déverser mon flot de théories et remarques sur la Guerre des clans et sur le show culte de notre temps, s’il en est un, Atomes Crochus. Quelqu’un avec qui s’exclamer de grâce d’avoir la bénédiction d’être témoin au quotidien de l’excellence d’Alexandre Barette.

J’ai désormais quelqu’un avec qui jouer à NHL 2010, que dis-je, quelqu’un à pulvériser à NHL 2010. Quelqu’un pour aller prendre une bière un soir de semaine, pour le fun. Quelqu’un pour parler, parce qu’il fait mal parfois d’être seul. Quelqu’un pour rire surtout. Ouais, c’est ça qui manque le plus quand t’es seul, le rire.

Ça fait un appartement où la télévision joue toujours en fond, sur ESPN ou The Food Network, où les Lucky Luke s’empilent chaotiquement à côté de la toilette, où la vaisselle est faite lorsqu’il ne reste plus d’ustensile du tout, où on se torche avec des kleenex avant d’aller racheter du papier de toilette, où on dort vraiment peu. Vraiment. Peu.

Pis j’sais pas, m’semble j‘suis juste ben.

Le monde du sport au Québec

(J’ai l’impression d’être un animateur de radio démagogique quand je dis des trucs comme « au Québec » à la fin de mes titres)

Le monde du sport est en pleine effervescence.

Le tennis connait probablement la meilleure ère de son Histoire depuis quelques années. Roger Federer et Rafael Nadal, les deux grandes raquettes de notre temps, sont absolument hallucinants. La relève, les Murray, Djokovic, Del Potro et Gulbis sont dynamiques et époustouflants. Chaque tournoi est excitant et fort disputé.

Cet été avait lieu la Coupe du monde de soccer, probablement le plus gros évènement sportif au monde mis à part les Jeux olympiques. Partout sur la planète, les matchs étaient suivis avec une intensité frôlant l’hérésie. Le soccer mondial, c’est l’imminence sempiternelle d’un grand moment, l’excitation constante, la frénésie exponentielle.

Tout récemment s’est tenue la 97e édition du Tour de France. Il s’agissait assurément du dernier tour de piste de Lance Armstrong qui a remporté la classique un nombre record de sept fois. Le Tour a finalement été remporté par Alberto Contador après une étape particulièrement relevée entre Pau et le Col du Tourmalet où on a vu le luxembourgeois Andy Schleck démontrer qu’il était désormais à considérer. Et que dire de Ryder Hesjedal de Victoria qui a terminé septième.

Nous avons en Georges Saint-Pierre un des meilleurs combattants livre pour livre au monde tout sport de combat confondu. Chaque gala de la UFC attire des auditoires planétaires ahurissants, le sport est spectaculaire, excitant, dynamique.

Le football de la NFL recommence tranquillement, les clubs se délient les muscles lentement pour une saison qui sera longue, comme toujours. La NCAA suivra bientôt aussi, la saison et les multiples et fascinants Bowl.

Les séries du baseball majeur approchent, déjà les courses à l’obtention des rares places pour celles-ci sont bien entamées. J’ai hâte à la balle d’automne, les lanceurs sont chauds cette année, ça risque d’être mémorable.

Bref, il se passe des choses dans le monde du sport en ce moment et il s’en passe toujours.

Alors est-ce que quelqu’un peut m’expliquer pourquoi les médias n’arrêtent pas de nous parler des saints tabarnac d’Alouettes et des ciboire de cueilleurs de fruits de l’Impact? Est-ce qu’on peut me dire pour quelles raisons on donne autant d’exposure à ces clubs de ligues de garage? Qui sont les partisans de ces clubs?

J’veux dire, moi quand je regarde le sport à la télévision, c’est que je veux voir les meilleurs au monde, je veux voir des performances impressionnantes pour tous, le talent dans sa finesse la plus raffinée qui soit.

Sauf que là, calisse, quand je regarde un match de foot à la télé, je n’ai pas envie d’avoir l’impression de regarder une envolée de montgolfières. Mais quand je regarde les ballounes que lance Calvillo, je ne vois pas la différence.

L’impact joue à l’étranger devant des foules ridicules. Ailleurs, c’est les blondes des joueurs et leurs p’tits frères qui assistent au match tandis qu’ici le stade Saputo est ben plein.

Ici, on tripe sur des boxeurs comme Joachim Alcine et il y a encore du monde qui pense que René Angélil est vraiment bon au poker. J’ai l’impression qu’à part un nouvel album de Céliiine, rien n’excite plus le Québec que de voir le Canadien passer la première ronde.

Je suis écœuré, je ne peux pas croire que je sois le seul. Et pourtant, on n’entend guère les gens se plaindre.

Je vous laisse, ça parle du retour des Nordiques à la radio.

Top 5 des vidéos bizarres de traitements alternatifs

Mes soirées sont souvent longues. Après avoir fait mon jogging, lu quelques chapitres de mon bouquin du moment, avoir zappé entre les late show américains, lus quelques blogues, je termine souvent mes soirées en naviguant de façon erratique sur les inter-ouebes. Peinant souvent à trouver sommeil, je me retrouve souvent sur youtube à regarder, l’œil vitreux, des dizaines de vidéos particuliers. Au gré de mes nuits blanches, je me suis développé des expertises peu enviables. Je vous partage ici le fruit de durs labeurs : le top 5 des vidéos bizarres de « médecine » alternative. Je ne juge pas du bien-fondé ou non des techniques, juste de leur étrangeté.

5- EFT to Kill Procrastination : Une vidéo où l’on voit Marcus, un instructeur d’EFT (Emotionnal Freedom Technique), expliquer une série d’auto-tappochements et de phrase visant à éliminer la procrastination. Markus devant fond blanc, musique d’ambiance planante, un bijou. 19 minutes de vidéo pour cesser de procrastiner. L’ironie qu’ils disent?

4- Normand l’Amour ouvre l’esprit : Dans une vidéo capturée au mythique Madrid, légendaire restaurant le long de la 20 s’il en est un, Normand nous explique qu’il nous ouvre l’esprit, le Seigneur passant par un petit point précis pour descendre jusqu’au scrotum et remonté et on devient comme une radio pis une tévé.

3- Reiki Distance Healing : Dans un petit bijou de bizarrerie, Sammydacat nous explique un peu le processus d’une séance de reiki puis décide ensuite de nous montrer un petit traitement à distance. À compter de 3 min 50, on le voit muet devant la caméra à nous fixer en faisant des signes avec ses mains. Awesome. Ça se passe ici.

2- Kalari Massage : Sans doute la vidéo le plus crade dans le genre. On y voit un homme presque nu sur un plancher et un autre qui le masse avec ses pieds et en faisant des glissades sur le corps du patient à l’aide de corde. On est loin du centre de beauté de matante Simone.

1- The World’s Greatest Head Massage : La vidéo de massage la plus bizarre de youtube. Une communauté underground de fans de Baba, le masseur. Un groupe facebook en son honneur. 1,7 million de visionnements. Un deuxième massage capté par la caméra au grand plaisir des fans qui en ont eu pour 1 semaine à spammer leur joie en commentaire. C’est ça, The World’s Greatest Head Massage.

La vérité infuse sur le fast food

Quiznos Sub > Subway

Que les égarés dissidents se taisent.

Et que les sots qui se pamoisonnent devant la poutine du Ashton cessent. Genre maintenant.

Catégories :Quickie Étiquettes : , , ,

La p’tite bière

La p’tite bière en revenant de travailler par une journée humide. Le bruit spitant du gaz carbonique qui s’échappe sous l’effet d’un décapsuleur manié avec hâte.

La p’tite bière en faisant revenir une poêlée de poivrons frais, en saisissant finement un faux-filet, en nettoyant avec soin un peu de laitue croquante. Sa température glaciale, sa régularisation thermique houblonnée de l’œsophage.

La p’tite bière en écoutant les nouvelles à Radio-Canada d’une oreille distraite. Ses arômes se mariant avec le gout relevé de mon steak épicé avec un soin chirurgical.

La p’tite bière sur le balcon, un Houellebecq déposé avec nonchalance sur la table, le bruit du trafic distant, les parfums citadins. Son apaisement, le calme en plénitude, le bien-être en 355 millilitres.

La p’tite bière en marchant tranquillement vers un bar avec des amis, celle bue à la dérobée entre deux pas feutrés. Sa liberté entière, ce plaisir intense comme un fruit mûr cueilli avec soin.

La p’tite bière commandée en criant à la barmaid aux tympans plaqués par le son ridiculement fort. Son manque de pétillant, son goût amoindri, son haut-le-cœur réprimé.

La p’tite bière achetée avec empressement pour oublier le goût de la précédente. Son froid un peu plus relatif mais son absence cruelle de pétillant.

La p’tite bière tendue avec insistance par un ami. La p’tite bière à demi renversée par un gars qui ne regardait pas où il allait. La p’tite bière sirotée en jouant une partie décousue de billard. La p’tite bière pour se décider à aller sur le dancefloor. La p’tite bière pour oublier à quel point on a eu l’air idiot. La p’tite bière bue avec une fille qui vous a trouvé ben drôle sur le dancefloor. La p’tite bière pour essayer d’oublier que ses si ne mangent pas ses rait. La p’tite bière pour s’en câlisser des sides rait. La p’tite bière qui vous rappelle à quel point vous êtes seul.

La p’tite bière de trop.

Catégories :Drunk stuff, Pensée de fin de soirée Étiquettes : ,

I want a dictée

Catégories :À la main

Téquila rose, ABBA et tétons

Ça avait été une semaine en dents de scie, un peu comme toujours. Une semaine en dents de scie en forme de calme plat. Une semaine de barbe hérissée, de plats réchauffés, de bières flattes, de bruits de ventilateur, de fin de cartouche d’imprimante, de nuits courtes, de journées longues, de changement d’huile, de Lucky Luke lus sur le bol de toilette, de Canal D, de Gainsbourg et de Dickner. Les jours avaient passé sans grands maux, c’est bien là tout ce qu’on pouvait demander d’une semaine.

Vendredi après-midi, l’atmosphère est tangiblement plus relax au bureau. Le cliquetis régulier des vieilles souris et des claviers usés est un peu plus diffus. Plusieurs conversations sont audibles et des éclats de rires francs résonnent fréquemment. La perspective de la fin de semaine, une des dernières de l’été qu’on annonce d’ailleurs particulièrement chaude, semble rendre tout le monde de bonne humeur.

Pierre, jeune quarantaine, travaille à un cubicule près du mien et se marie le lendemain. Père de deux enfants, il a rencontré une femme dans les dernières années après une douzaine d’années de célibat qui avait succédé au départ de la mère de son fils et de sa fille. Nul besoin de vous dire que c’était la grosse histoire sur l’étage, plusieurs personnes sont longuement venues voir Pierre pour le féliciter, lui donner quelques bonnes tapes dans le dos et faire quelques blagues salaces sur la vie (ou absence de) sexuelle future du marié.

Bien malgré moi (oui oui), j’entendais ce qui se disait et un gars sur deux qui allaient le voir lui parlait de son enterrement de vie de garçon, lui demandant les détails de la soirée, s’enquérant avec salive de l’organisation de ladite festivité folle digne de mythes, de légendes, de chantefables, d’odyssée pis de pleins d’autres mots de même dans le champ lexical des lançeux de dés 20, de créatures 6/4 trample et d’épées en styromousse.

Parce que je connais bien Pierre, nous travaillons ensemble depuis quelques années, et que l’après-midi s’étire un peu trop, je décide d’aller le voir à son bureau pour le féliciter à mon tour.

–          Eille salut mon Pete! Comme ça tu te maries en fin de semaine? Pas trop nerveux?

–          Ah non, non d’Jay, ça me stresse pas, j’ai ben hâte.

–          Avez-vous prévu une grosse noce après ça?

–          Ouais, je pense qu’on s’est organisé de quoi de pas pire pantoute. Marlène a une grosse famille pis moi aussi, on a loué une belle grande salle, ça va être quelque chose.

–          C’est donc ben cool ça. Pis j’ai eu vent que t’avais un enterrement de vie de garçon ce soir? Ça promet d’être quite something?

–          Ouais, ben c’est Pat qui a eu cette idée là pis qui m’a organisé ça. J’suis pas trop au courant, c’est supposé être une surprise ce qu’on va faire mais les boys m’ont parlé de totons pis de tequila, j’ai hâte de voir ça!

–          Ah ouin? Tabarnac mon Pierre, même à votre âge vous fêtez ça en grand.

–          Tu sauras le jeune qu’on en a encore dedans. Ben en fait, Pat m’a dit que je pouvais inviter du monde. J’t’invite, en ouaille ça va être le fun pis tu vas voir qu’on en a encore dedans.

Et c’est là que j’ai réalisé que je me DEVAIS de rencontrer des filles. Parce que j’ai dit oui, vous l’aurez deviné. Et pire encore, j’ai dit oui sans vraiment hésiter. Comme ça, j’acceptais de me joindre à un enterrement de vie de garçon dont j’ignorais tout du contenu et de la teneur. J’ai dit oui comme un BS dit oui à un 6/49, comme une gamine bouteuneuse en manque d’estime dit oui à un gras voyou plus âgé qui lui tend sa verge exsangue dans le dernier banc d’un bus scolaire, comme un joueur de hockey qui signe avec les Islanders un 14 septembre. J’ai dit oui parce que je n’aurais rien fait anyway, pour m’acheter un peu de rêves. J’étais tel cette coiffeuse de Boucherville ou ce plombier de Lévis qui participe à une émission de télé-réalité pour meubler le vide de ma vie.

C’est donc ainsi que je me suis retrouvé ce vendredi, 20 heures, à garer ma voiture devant la maison de banlieue de Pat, l’organisateur en chef de la soirée. Je connaissais bien peu l’homme en question, si ce n’est que quelques conversations vides au party de Noël ou lors d’activités du club social. Il parlait souvent de sa voiture, sa thermopompe, ses 4 roues, des sujets qui ne m’émoustillaient fucking guère. Sans réfléchir jamais, je me fraie un chemin dans son entrée et sonne à la porte où on m’accueille avec grands bruits et claques dans le dos. On se félicite d’avoir invité « le jeune ».

Rapidement, on me fait entrer et on me tend un shooter de tequila rose que j’ingurgite avec dégoût puis on me donne un grand verre qu’on me dit remplit de sour puss et que je me vois quasi dans l’obligation de caler immédiatement. J’obtempère par grandes lampées dégoutées et prends de grandes respirations pour contrôler les hauts le cœur qui me prennent. Dans un monde testiculaire, le respect s’acquiert d’inorthodoxe façon, je vous le dis. Dès lors, je deviens l’initié de la soirée de façon implicite, je suis le padawan d’un groupe de jedis quadragénaires bedonnants qui se crinquent en écoutant du ABBA en buvant de la O’keefe autour d’une piscine de banlieue. Vous dire l’appréhension qui m’habitait…

Finalement, vers 22h30, Pat prend la parole et annonce qu’on va se diriger vers une destination inconnue qu’il promet exotique! Je m’entasse donc avec quelques boyzzz dans une des deux minifourgonnettes dont nous disposons et on part.

Après 20 minutes de route un peu tumultueuses, on se stationne à un bar dont j’ignorais l’existence. Sous l’enseigne de l’établissement, une affiche illuminée scande « Vendredi : Karaoke Night ». Flabergasté j’étais, brailler je voulais. Puis je me suis ressaisi,cette soirée serait magique!

C’est donc avec un aplomb forcé que je pénètre dans l’établissement. L’endroit est relativement calme, le bruit des machines vidéo poker se mélangeant avec le son d’Offenbach en sourdine et des boules de billard s’entrechoquant. Je jauge du regard les habitués de l’endroit qui nous dévisagent, tout le monde a l’air de vouloir avoir du fun, c’est honnête. Je vais voir la barmaid qui m’informe que la grosse Bud est en spécial. Je me résigne donc et en commande 2, une pour moi et une pour Pierre.

Finalement, le DJ-alias-le-gars-qui-fait-jouer-des-ostie-de-fichiers-midi-sur-son-portable-avec-genre-Windows-98-dessus revient de ce qui semblait être une pause cigarette et prend le micro afin d’inviter quiconque à venir sur le stage pour chanter la chanson de son choix.

Mon Pat scinde les tables vides à un rythme effarant et s’empare donc de la scène. Après un regard convenu avec le disk jockey, ce dernier prend le micro et annonce le « soulfoureux » Patrick avec Love is a Battlefield de Pat Benatar. Ça semble être un rituel habituel, les habitués de la place embarquent, tout le monde chante, moi y compris même si je ne connais pas pantoute la chanson.

C’est là que je prends la décision d’avoir du fun. Parce que dans le fond, c’est bien plus l’attitude que la situation et les gens avec qui ont est qui décide de la réussite d’une soirée.

Fort d’une couple de Bud en spécial, je me décide finalement à approcher le maestro et lui demande s’il a quelques pièces de Joe Dassin en banque. Il me dit que oui et m’invite à prendre le micro. Et c’est là que les premières notes du Petit pain au chocolat résonnent. Et moi je me lance dans une prestation qui méduse la foule dès lors conquise. Pris de pulsion chamanique, abusant mes cordes vocales comme la vérole sur le bas clergé, j’entonne ce bijou musical avec une intensité qui a dû faire frémir Joe, peu importe où soit-il enterré aujourd’hui.

Et pourtant elle était belle
Les clients ne voyaient qu’elle
Il faut dire qu’elle était
Vraiment très croustillante
Autant que ses croissants
Et elle rêvait mélancolique
Le soir dans sa boutique
À ce jeune homme distant

Il faut dire que j’étais vraiment très saoul, autant que mes comparses, et je rêvais mélancolique, le soir dans ce bar miteux, à la bile que je vomirais bien vite.

La soirée avance bien, je fais connaissance avec les gens dans la place, on fait boire Pierre à une vitesse indécente, on est les king pins du bar karaoke, on est parvenu, oh fuck oui, nous sommes parvenus. À un certain point, alors que je semi-french Élodie, la poudrée de 28 ans de la place que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam, Michel, le beau-frère du futur marié me glisse à l’oreille que « s’il avait ma vigueur, ca ne ferait pas 5 ans qu’il n’aurait pas baisé et ça ne lui aurait pas coûté 150$ la dernière fois ».

Alors que je prévoyais établir résidence en ces lieux, Pat annonce que nous changeons de bar. On embarque donc à nouveau dans les minivans et on s’en va à une destination qui cette fois semble connue de tous sauf moi : un bar de danseuse profond en Beauce.

On roule et on roule, j’ai la tête qui tourne, le cœur fragile et la gorge nouée. Puis nous arrivons finalement au fameux bar qui a l’air absolument crade. Après avoir déboursé un cover tonitruant, on rentre dans l’établissement que je me surprends à trouver salubre. Je file immédiatement au bar tandis que j’entends quelqu’un s’exclamer que Candy était là ce soir ce qui supposément était synonyme de tout un show. Je m’achète une consommation à un prix exorbitant et je vais m’assoir un peu en retrait tandis que ma horde de jedis bedonnants se rue vers la scène pour établir contact avec les détentrices de nus totons.

Je sirote ma bière alors que l’on fait monter Pierre sur scène et que l’introduction de Don’t treat me bad de Firehouse se fait entendre. On l’assoit sur une chaise et deux danseuses aux courbes discutables et à l’âge vénérable entreprennent de le déshabiller. Une fois qu’il ne lui reste plus que son caleçon, on lui insère de la glace concassée dans celui-ci et les damzelles se frottent avec une motivation qui me dépasse complètement.

On fait finalement redescendre le futur marié mais non sans lui avoir fait léchouiller les mamelles siliconées des deux artistes, mamelles qui n’avaient guère eu la chance de prouver la 4e loi de Newton inexacte. Après coup, deux de mes mononcles accompagnateurs vont séjourner brièvement dans l’isoloir puis nous repartons vers la civilisation alors que le cadran affiche 3 :00. On vient me déposer chez moi et je m’endors avec une rapidité déconcertante.

Et malgré ce que j’aurais cru et la passe vraiment creepy des danseuses, je dois dire que j’ai passé un bon moment.

Catégories :Anecdote

Nos amours

Je m’ennuie du temps où on avait pas besoin d’être un proxénète pour porter un jacket des Expos.

Catégories :Quickie

Doux Richard

Martineau, ch’veux d’argent
Doigt accusateur, ton vindicateur
Fais moé un enfant.

Catégories :Pas-vraiment-un-haiku

Concilier les objectifs 5 et 8

Il y a une piste cyclable non loin de chez moi. C’est souvent là que je vais jogger lorsque je parviens à me trouver suffisamment de motivation pour sortir de ma torpeur. Je l’aime bien cette piste. Il y a des érables qui longent le pavé, des cyclistes aux sourires contagieux, des édéniques clairières et des joggeuses. Des joggeuses et leurs shorts moulant indécemment leurs fesses finement taillées, des joggeuses et leurs teints lumineux, leurs jambes infinies et leurs bustes dont le léger sautillement a ce qu’il y a de plus émoustillant.

J’ai une coureuse favorite. Elle habite mon quartier, je la croise parfois à l’épicerie, au dépanneur, lorsque je vais prendre une marche. Mais surtout, je la croise souvent sur la piste cyclable. Elle y court quasi quotidiennement, avec sa jolie couette blonde qui ballote au rythme de son pas cadencé, son brassard maintenant son lecteur mp3 contre ses bras fermes et élancés, ses fesses comme la huitième merveille de mon monde de velléités testiculaires.

Je pense qu’elle est célibataire. Enfin, c’est ce que mon angélique petit cœur espère fort fort et jusqu’à présent, je ne l’ai jamais croisé en masculine compagnie, alors je m’octroie toujours le droit de rêver. Je voudrais bien lui parler, trouver un fin moyen de prendre contact. Sauf que je suis un monument de gêne juvénile. Je suis une tabarnac de plote non game d’approcher les filles. Je m’en tire seulement lorsque je me trouve du courage qui rime avec houblonnage. Autrement, je fige devant la beauté, ça m’overwhelme en ciboire.

Et quand je cours, je suis franchement laid. Je porte toujours un vieux t-shirt un peu trop grand, les couleurs rendues moins vives par les multiples lavages, avec des slogans minables écrits dessus avec une impression qui s’étiole. Mes shorts sont soit trop grands, soit trop petits. J’ai chaud et me retrouve donc couvert de sueur. J’arbore une pornstache sudoripare d’un chic fou, si seulement vous voyiez.

Alors quand je la croise, je détourne le regard et rougis, comme un petit garçon de 8 ans à Noël qui vient de se faire prendre à regarder sous la jupe de sa cousine de 16, l’esprit un peu brouillé par le verre de bière que lui a servi un oncle parangon d’espièglerie en lui disant que c’était du jus de pommes. Même oncle qui par ailleurs arbore une cravate autour du front, étendu avec nonchalance derrière le tas de manteaux, les mains poisseuses d’une de ses belles-soeurs lui frétillant avec balourdise dans le calecif. Belle-sœur qui essaie de faire ça vite parce qu’elle est responsable de la cuisson de la tourtière et elle commence à penser qu’elle aurait dû mettre ça à 325 Fahrenheit au lieu de 350 parce que le beau-frère a le coït récalcitrant.

Donc voilà, je ne sais pas trop comment l’aborder, je trouve ça moche de ne pas tenter quelque chose, c’est un peu l’histoire de ma vie depuis que j’ai laissé ma dernière blonde.

Catégories :Objectif 5, Objectif 8

Douchebag

Tu te dis un mec
T’es là avec tes v-neck
Tu sens la défèque.

Pourquoi je m’ennuie du hockey un 7 août

On est le 7 août de l’an 2010 après Jésus-Christ. Mon thermomètre affiche 19.6 degrés centigrades. Un ciel bleu règne sur Québec et seuls quelques rares nuages viennent perturber son impérialisme. C’est une de ces journées typiques annonciatrices de l’été qui lentement passe. Il y a dans l’air que transporte la brise une mélancolie palpable, comme l’empreinte d’un suroît qui s’en est allé.

De ma fenêtre, je vois deux petites filles sur la pelouse qui s’amusent à éviter le jet d’un arrosoir. Un peu plus loin, j’aperçois quatre garçons qui jouent au basketball sur un court à l’asphalte craqué. J’entends le lointain ronronnement de quelques filtreurs de piscine, des cris de jeunes adolescentes qui sautent sur un trampoline, la musique qui émane d’une soirée BBQ chez un voisin. J’ai cette impression d’été qui est à maturité, cette aperception qu’il est mûr, que ces teintes sont plus nuancées, texturées, que ses arômes sont en plénitude.

Et moi, je m’ennuie du hockey.

Je m’ennuie de la voix de Bob Mackenzie, des analyses de Matthew Barnaby, du burlesque Gab Grégoire à CKAC, des fines observations de Dany Dubé. J’aurais le goût d’aller lire furtivement un résumé de match à la job, d’entendre le son net d’une rondelle qui heurte la baie vitrée, le crissement singulier d’une lame de patin qui effleure la glace.

J’aurais le goût d’avoir une blonde pour qu’elle aille se coucher le samedi soir pendant que j’écoute la deuxième et la troisième période du match dans l’Ouest. Un vieux classique genre Canucks vs Flames avec une Heineken et des Lays au ketchup. Tout le quartier qui dort et moi qui regarde des matamores de l’Ouest se disputer le match en prolongation à 1h du matin.

Je m’ennuie de la patinoire extérieure de mon quartier, des jeunes qui mettent leurs bâtons dans le milieu pour faire les équipes, des cache-cous rendus humides, des orteils gelés et des mitaines déchirées. Ça me ferait du bien de revenir chez moi après une soirée d’hockey, la noradrénaline envahissant mon corps, l’esprit clair, la gorge brulée par l’air glacial que je hume à grandes bouffées et exhale en boucane.

J’ai hâte aux camps d’entrainement, j’attends avec impatience les soirées de pool, celles où plusieurs gars se réunissent autour d’une table et d’une 24, chacun avec sa liste griffonnée d’une main nervurée, anxieux de parvenir à réussir le vol dont il se vantera pour les prochains mois. J’entends déjà la voix de Michel Lacroix qui résonne en plein Centre Bell, présentant l’édition 2010-2011 du club de hockey Canadien.

Je me sens orphelin. Bien sûr, il y a des trucs agace-hockey : la séance de repêchage, la pseudofolie des agents libres du 1er juillet, les supposées négociations houleuses entre Pierre Gauthier et l’agent de Carey Price, Guy Carbonneau qui ne comprend pas encore qu’il est un coach ordinaire. Le hockey en pause, une bonne proportion des détenteurs de pénis du Québec se retrouve en perdition.

C’est con, mais j’ai un peu l’impression que le hockey, c’est en quelque sorte un des derniers trucs qui nous reste à nous, aux gars. C’est triste, mais c’est ça. Comprenez-moi, je suis conscient qu’il y a des filles qui aiment le hockey. Et je n’ai rien contre! Après tout, ça prend quelqu’un pour gérer la cuisson des ailes de poulet lors des matchs. Sauf que voilà, pour le genre masculin, ça a quelque chose de plus que le strict sport.

Prenez deux gars qui ne se connaissent pas. La vie et ses aléas étant ce qu’ils sont, les deux inconnus se retrouvent dans une soirée et se ramassent les deux seuls dans une pièce au courant de la soirée. Je ne compte plus les fois où, instinctivement, le hockey m’a permis de passer du malaise initial à « As-tu vu la game hier? » au classique « Tu veux-tu une bière? ». C’est ce que j’aime du hockey, des gars, cette impression d’être à un « Halak ou Price? » d’amitiés insoupçonnées.

Et c’est pourquoi j’ai l’impression d’errer, comme ça, sans mon hockey.

Catégories :Hockey

De ces orages

J’adore les orages, cette impression de la nature qui se déchaine impérialement. Le cliquetis des gouttes qui se fracassent au rythme des bourrasques sur les carreaux de fenêtres, l’électricité contenue dans l’air rendu humide, les craquements de bâtiments qui valse un peu, ce parfum salin et caractéristique qui flotte, tout ça me fucking émoustille.

C’est dans ces rares moments que je m’égare aux affres de la solitude. Dans ce temps-là, je m’allonge dans la presque pénombre sur mon divan et pose sur une table un verre de Cognac, Château de Montifaud, tout près d’un vieux Djian un peu usé qui restera fermé toute la soirée. J’ai la tête qui dodeline tandis que les gouttelettes tambourinent la toiture.

Et puis je songe à combien il ferait bon d’être deux. Je nous vois en train d’ouvrir un Carignan, mangeant une salade niçoise sur le divan, l’éclairage tamisé, la télévision en sourdine, le blues d’Oliver Nelson dans ma vieille stéréo. Et puis je nous imagine, insérant un Coen dans le lecteur à DVD, ce pourrait bien être Fargo ou The Big Lebowsky.

Il y aurait une couverte, un dessert somptueux, gâteau au café avec myrtilles et framboises. Il y aurait ton corps blotti contre le mien, un sourire en permanence à la commissure de mes lèvres, le bonheur présent, aussi palpable que l’humidité.

Tu regarderais le film pendant que je scruterais ton visage, que je m’immergerais un peu plus dans tes immenses yeux bleus. J’approcherais lentement mon nez de ton cou, tranquillement, pour ne pas troubler ton léger parfum et je l’humerais, m’en enivrerais. Je te chatouillerais, ce serait un prétexte pour te toucher un peu plus les hanches, un peu plus les cuisses. On aurait de ces regards complices, vous savez, oh oui, vous connaissez ceux dont je parle.

Puis tandis que le générique obscurcirait l’écran, on se frencherait avec intensité, tu me mordillerais la lèvre inférieure alors même que mon sexe gonflé rendrait douloureux le port de mes jeans. Et c’est comme ça qu’avec le bruit de la pluie en background, on baiserait dans le silence de nos soupirs, de nos souffles courts, de nos éclats de rire spontanés. Et le corps légèrement en sueur, on se dirigerait après un moment vers la chambre où l’on baiserait à nouveau. Et tranquillement, ta tête contre mon torse, ma main dans tes cheveux, nous nous endormirions en écoutant, au loin, la mélodie de l’orage qui finalement, lâcherait prise.

Le monde adulte

Ça commence imperceptiblement, on s’y glisse à tâtons pour se retrouver gobé inexorablement, pour être rendu prisonnier de l’absorbant monde adulte. Et c’est sournois au départ; c’est un jeudi soir où on décide de se coucher tôt sous prétexte que le lendemain c’est boulot, c’est une blague juvénile qu’on se prend à trouver puérile, c’est un rêve autrefois chéri qu’on relègue avec nonchalance aux oubliettes.

Et devant les faits établis, on s’égare à jeter un flou regard rétrospectif, on tente éperdument de trouver quand est-ce que ça a dérapé, comment réparer cette glissade. J’ai l’impression qu’il y a eu une cassure à un certain moment. Je cherche le ti-cul que j’étais, je sens qu’il est quelque part, terré très profond, tout terrassé qu’il est devant les responsabilités, les obligations pis toutes ces concepts-là qui ont déjà été vagues.

J’ai l’impression que c’était hier encore que j’allais acheter pour 30 piastres d’agrumes avec des amis et qu’on allait se les lancer en roulant en voiture en pleine ville, éberluant les passants avec une pluie de pamplemousses et de clémentines. Il n’y a pas si longtemps, on allait boire des 24 de Wildcats en camping en jouant à do date or dump jusqu’aux petites heures en s’esclaffant de rires dont l’innocente clarté empruntait au cristal, on s’infiltrait avec éclat dans des soirées obscures et ésotériques, on écoutait Caméra choc à Canal D et ciboire que c’était divertissant. Maintenant, j’en suis aux tristes et édulcorés plaisirs.

Là, je regarde la quantité de calories contenues dans ce que je mange. Je repasse mes chemises en regardant la télé le dimanche soir, je fais mon épicerie avec des coupons du publi-sac, je prends une serviette au lieu de mes jeans pour m’essuyer les mains, je fais mon changement d’huile au 5000 kilos pile-poil, je lis du James Patterson et du Robert Ludlum au lieu de Vonnegut, Palhaniuk et Gaiman. J’ai peur d’être à un spécial trop alléchant de m’acheter des pantalons en velours cordés.

Je pense que ma seule porte de sortie, que mon ironique salut se trouve dans l’utopique amour, dans la passion instantanée et naïve. Il n’y a que dans ces moments où j’ai la réelle impression de retrouver ce que jadis j’étais. Et criss que ça fait du bien, cette impression de bouffée d’air soudaine pendant l’ininterrompue apnée du quotidien adulte, cette brève confirmation que c’est encore possible, que c’est encore en moi cette folie d’autrefois.

Sauf que le reste du temps, j’ai l’impression de m’être domestiqué et d’avoir ainsi renié une shitload de « moi, en tout cas, je ne serai jamais de même ». Et puis en quelque sorte, c’est comme si je manquais de respect au kid que j’étais, aux promesses que je m’étais faites. Et ça, je pense que c’est le pire de l’affaire.

Catégories :Uncategorized

Qu’on m’appelle Jérôme Scott

Ma vie sentimentale est un aride désert. Dans l’hétéroclite spectre du cœur qui fait boom boom, il y a le rocambolesque Michel Couillard (dérapé dans l’mile, c’est carrément débile) et son drum d’un bord, et il y a moi de l’autre. Moi qui mange une boîte de biscuits au complet comme dessert, moi qui se brosse les dents approximativement, moi qui mets la même paire de joggings depuis deux semaines quand j’arrive de travailler, moi qui écoute des biographies de Tom Seleck à Canal D. À l’autre bout du fucking spectre, il y a moi qui écoute One Tree Hill.

Ça a commencé par un petit clic semi-innocent. Un Play pressé avec une nonchalance feinte, l’épisode 1 de la saison 1, le début de la rivalité titanesque entre les frères Scott!! J’agissais en connaissance de cause, comme un alcoolique qui n’a pas pris une goute depuis dix ans et qui se dirait « un verre, juste un petit verre», comme une personne âgée qui reprend un peppermint après un Carême, comme Lindsey Lohan qui écarte les jambes après 3 jours d’abstinence.

Et puis la chute aux abysses a débuté. La descente aux enfers, je vous le dis. Tel un adolescent, je comblais mes primaires besoins dans la pénombre, en catimini, seul et blafard, blotti devant mon ordinateur. Le love triangle Brooke-Lucas-Peyton, l’assassinat déchirant de Keith Scott, la réhabilitation physique de Nathan, la rédemption salvatrice de Q, tant d’évènements tels des baumes sur les plaies vives de ma vie sentimentale plus anémique que le QI d’Anik Jean.

Bien sur, mon corps a tenté de lutter devant cette intrusion de gouts féminins, cherchant à tout prix à retrouver l’équilibre. Je me suis mis à cracher intuitivement, je tombais dans la lune pendant quelques secondes pour me retrouver à chercher des annonces de motocross sur lespacs, j’étais attiré sexuellement par France Beaudoin, je mastiquais bruyamment du Beef Jerky.

Je sentais bien mon corps peiner à lutter contre cette intrusion alors même que je dégustais les épisodes comme on le fait avec un énorme gâteau au chocolat que l’on mangerait sans parcimonie. Je suis devenu junkie de Mouth qui se saoule pour oublier son embarrassant statut de puceau, j’ai besoin d’haïr Dan Scott, de mépriser son ex-femme Deb, mon cœur palpite au rythme des trépidations de Tree Hill.

Je vis par procuration, parasitant la vie fictive de personnages d’une télésérie pour adolescentes. Je me suis senti souillé en l’écrivant, je vous le jure. Je suis un être carencé, ayez la clémence de le considérer lorsque viendra le temps d’appliquer votre carnassier jugement sur ma petite personne.

Je replonge donc dans mon cavalier mutisme, j’ai un autre épisode à regarder avant de trouver le sommeil.

Catégories :Drunk stuff

Saisir

Ils avaient annoncé canicule hier au téléjournal en fin de soirée. Sauf que c’est comme lorsqu’on annonce le retour des Nordiques, le succès d’une cure de désintox pour Éric Lapointe ou la fin de la carrière de chanteur de Guy A. Lepage, on tend l’oreille distraitement, sceptique, puis on oublie.

Il arrive cependant que la vie nous rattrape, que le soleil reprenne ses dues. Lorsque j’ai quitté l’immeuble climatisé où je travaille en fin d’après-midi, la différence de température m’a assailli rapidement. J’ai regardé le soleil, j’ai cru le voir fier, astre orgueilleux qu’il est, se targuant de la sueur légère s’accumulant sur mon front.

J’ai donc bifurqué quelque peu de mon trajet habituel pour agripper un contrefilet et 6 Heineken à l’épicerie. Mon brand new barbecue en marche, ma pièce grillant lentement, je me décapsule une première bière et entreprend de rouler lentement un joint avec un restant de pot qui séchait depuis trop longtemps sur ma table de lit.

Une fois ma cuisson satisfaisante, j’envoie le steak dans une assiette et je commence à manger la viande sans accompagnement si ce n’est que quelques morceaux de mie arrachée gauchement sur un pain belge que je beurre avec excès. À intervalle régulier, je m’envoie une bonne rasade de bière pour faire descendre un peu la nourriture que j’avale rustaudement.

Repu, je balance ma vaisselle sale dans mon évier sans m’en préoccuper. Réchauffé, je marche autant que titube jusqu’au dépanneur du coin pour acheter 6 autres bières. J’ai dû passer une fucking demie heure dans le réfrigérateur à bières juste pour profiter sans scrupule de l’air frais.

De retour chez moi, j’allume finalement le pétard que j’avais pris le soin d’humecter au préalable avec ma salive et le houblon qui y tardait encore. La première puff passe dans un raclement rauque et détend. Je m’allonge sur la chaise pliante qui trône sur mon balcon et inhale sereinement, ne réfléchissant à rien d’autre que la paix du moment.

Plus tard, je gratte un peu ma guitare, cherchant à tâtons quelques accords qui sauraient évoquer un peu Okkervil River. Loin encore l’attente de l’objectif 3 et la maitrise onirique de la guit’ que je pourchasse avec une diligence un peu trop mitigée.

Je me dirige finalement au salon où j’entrouvre une édition un peu jaunie de l’homme rapaillé tandis que Bon baiser de France joue en sourdine sur ma télévision. Le silence est entier et dense dans l’appartement, je suis bien sans avoir besoin de savoir pourquoi. Je cueille la plénitude de cette solitude désirée. Il n’y a que cette béatitude aussi vive que passagère que je consomme comme on le ferait avec la dernière glace vanille une fois l’automne venu.

Et puis à cet instant précis, je songe au bonheur qui semble parfois si difficile à atteindre, qu’on soupçonne parfois être intouchable lors de nos errances, je pense à cette quête sempiternelle de l’abstraite allégresse et je me dis qu’au fond, c’est bien simple. Au-delà des buts artificiels de l’Opération Reboot, des chapitres formatés de livres de cheminement personnel, de la réussite sociale et professionnelle, du cul pour le fun du cul, des polos griffés et des pare-chocs lustrés, il y a ces joies qu’on oublie, par manque d’artifices, je sais pas.

Wimbledon HD

De toutes les plus grandes inventions
Oui, il y a eu la bombe à neutrons
Mais vraiment tout ça n’est que du bonbon
Comparé à la télévision haute définition.
Car rien de mieux que de voir en folle pixellisation
Serena Williams et ses osties d’immenses totons.

Catégories :Drunk stuff

01/07/10

Premier juillet, partout dans la rue, les gens s’activent, s’affairent avec diligence à empaqueter meubles et électroménagers. Les rues sont parsemées de camion de déménagement, des arômes de pizzas flottent perceptiblement dans l’air et le bruit du gaz qui s’échappe de Labatt ou de Molson qui sont ouvertes le temps de pauses méritées bat le rythme en cette journée où on célèbre le plusse meilleur pays au Monde d’un océan à l’autre.

Je suis sur mon balcon malgré l’air un peu frisquet, mon vétuste portable dégageant assez de chaleur pour assouplir mes doigts rendus rigides par la brise persistante. J’observe ludiquement mon voisinage se remodeler en écoutant tchendohradio, il y a une fille cute à s’en fouler le poignet qui emménage dans l’appartement où logeait un étudiant à l’air toujours affairé et à la mine basse. Je me demande où il s’en est allé, s’il a terminé ses études. Bizarre de savoir que je ne le reverrai sans doute jamais, qu’il n’aura été autre qu’un figurant muet et passager dans ma vie, comme tant de milliers de gens qui meubleront nos quotidiens routiniers.

J’aime le bruit des meubles qui s’entrechoquent, les directives criées avec un ton laissant graduellement place à l’exaspération, les effluves de produits nettoyants utilisés avec zèle et surabondance, le son des suspensions rouillées et finies des vieux camions de déménagement loués à grand prix, les gars qui tentent d’être subtils en se penchant la tête pour voir s’ils sentent la transpiration, les exhalaisons piquantes de nouveaux départs exaltants.

Et moi je demeure toujours au même endroit. J’ai renouvelé mon bail il y a déjà un long moment, je suis bien ici mais parfois je me dis que ça serait bien d’aller voir ailleurs, de découvrir, secouer mon irrésistible inertie. J’y songe, peut-être un jour me déciderais-je à changer de cocon. Sauf que je ne suis pas rendu là.

Et by the way, je voulais juste dire que je trouve hautement déplorable qu’on puisse décider de ne pas retenir les services de Jean-Luc Brassard pour célébrer la Confédération. Non mais CIBOIRE.

Catégories :Uncategorized

Les lectrices

J’ai ausculté avec soin les commentaires qui m’ont été laissés ici, analysé avec attention toutes les statistiques à ma portée, j’ai fait une régression soignée des données disponibles, dérivé un modèle, mis au point une fonction binomiale en déterminant mes paramètres par estimateur de maximum de vraisemblance, le constat est frappant : je suis surtout lu par des filles.

Secouée, lectorat avide? On le serait à moins, HEIN?

Mes recherches intrépides dans l’absconse blogosphère m’ont amené à conclure que pareil phénomène est norme. Voilà qui eut tôt fait de dissoudre les quelques craintes qui commençaient à poindre dans mon esprit fragile. Parce que je doutais un peu. Je me suis demandé si j’avais une écriture à l’eau de rose, si j’avais une plume aussi souple que les poignets d’Éric Salvail, si j’étais plus sentimental que Guylaine Tremblay dans un discours de remerciement.

Sauf que c’est comme ça presque partout. Bien sûr, il y a les blogues de grossesses ou les blogues de sports qui font exception, mais outre ça, j’ai l’impression que chaque sexe zieute l’autre sur ses blogues respectifs. J’en vois même parfois qui joue une game de séduction big time, ça me fait bien rigoler. Sauf qu’il y a un peu de ça, je crois, de l’attrait, de l’agrément, des aventures qui débutent avec quelques commentaires salaces.

Et puis je crois qu’au final, c’est pas si mal de se savoir lu principalement par des gens du sexe opposé. Ça fait un petit velours et on se met à rêver un peu. S’il y avait quelqu’une de plus grand intérêt? S’il y avait quelqu’une d’intéressée? Parce qu’après tout, je n’ai rien de bien différent du blogueur typique québécois. J’aime espérer que les vagins de mon lectorat sont comme notre climat : continental humide.

Mais sachez hommes, femmes, que je suis bien content de vous savoir ici. C’est déjà énorme.

Catégories :Blogosphère

Opinion

Faire semblant de ne plus se souvenir du nom de son ex = FAIL.

Genre calissement.

Catégories :Uncategorized

Les petits détails

Tu sais fille, je pense souvent à toi. Le matin, l’haleine fétide et les sens émoussés, tu es la première chose à laquelle je pense lorsque le jet de la douche entre en contact avec ma chair de poule. L’après-midi lorsque le soleil me carabine tandis que je jogge, c’est des songes de toi qui me mitraillent, fille. Quand j’attends l’ascenseur, c’est toi que je médite. Quand je travaille, quand je lis, quand je mange, quand je bois, c’est toi fille qui m’obnubile. Et puis quand j’écoute le hockey, d’accord, je ne pense pas à toi. Sauf que lorsque l’entracte arrive, que Joël Bouchard est un peu fade, la main dans le calecif, à ce moment-là, oh là fille, si tu savais comme je pense à toi.

Toi et ton petit rire aigu que j’essaie de faire résonner dans ma tête, tard le soir quand j’ai les bleus d’être seul. Toi et ta mère un peu conne dont on aime rire, toi et l’empourprement sexy de tes joues lorsque tu es gênée, toi et tes films kitsh que tu ramènes toujours en retard au club vidéo, moi qui t’amène à un show ringard de Star Ac’ et toi qui me fait une fellation aux toilettes à l’entracte. Toi et tes anecdotes de boulot ou de soirée entre filles, tes anecdotes que j’écoute jamais mais que j’aime crissement parce que ça me donne un prétexte pour te fixer quand tu parles, un prétexte pour te trouver cute, tranquillement. Ouais, c’est à toi que je pense.

Pis des fois, comme ça, je pense à toi pis je me mets à avoir peur que tu ne penses pas aussi souvent à moi. Je me dis alors que c’est terrible, si seulement tu me voyais, je deviens tout paniqué. Et puis c’est la paranoïa qui embarque. Et si on ne s’était pas parlé au départ? Que serais-je devenu? Sur les sites de rencontre comme ça, tu sais bien, tout tient à bien peu de choses.

Non c’est vrai, tout aurait pu basculer. Si ton nickname avait pigé dans la crasse trinité préfixe-suffixe du pseudo internet (bitch, sexy, 69), toi et moi bébé, ça n’aurait pas eu lieu. J’te jure, si ton profil avait parlé de bonne bouffe, de bons vins, de promenades en forêt, j’aurais chahuté en changeant de profil illico.

Tu sais que si ta photo avait eu l’air d’une vue aérienne pour pamphlet touristique d’un canyon, ça n’aurait pas fonctionné. Je plaisante pas, tu te photographiais dans le miroir, sur un bar, en bikini minimaliste ou les soutifs à vue, ç’aurait pas été possible.

Si t’avais parlé de toi à la troisième personne, en intercalant tes si et tes rait de lol biens sentis, en mélangeant l’infinitif et les participes passés avec une virtuosité dyslexique digne de notre temps, je ne t’aurais pas écrit ce petit mot.

Ce qu’il s’en ait fallu de peu, c’est fou. Non mais t’imagines, t’aurais pu avoir l’air d’une conne et du coup, on ne serait pas ensemble.

Catégories :Échappé

L’antichambre agace du sommeil

Il est bientôt 1 heure du matin. Je suis couché dans mon lit, mon portable bouillant déposé sur mon torse ruisselant, la tête reposée sur une montagne d’oreillers aux taies singulières, les yeux cernés et le teint blême rendu cadavérique par la lumière blanche aseptisée de mon écran. Tandis que mes oreilles s’engourdissent lentement sous les assauts répétés de Black Rebel Motorcycle Club, mes yeux scrutent mon cadran aux gros chiffres rouges imparables. Mon cadran qui me dit couche toé tabarnac.

Sauf que je n’ai guère envie de m’endormir, comme je n’ai guère envie de me lever. Mon sommeil est un cycle ironique et je suis le pantin d’un rythme circadien daubeur. Les bras de Morphée peuvent bien me crosser.

Il fait chaud et je dois vous dire que tout ce dont j’aurais envie en ce moment très précis, c’est de m’allumer une foutue clope. Sauf que non, fuck non, je reste focus. D’autant plus qu’aujourd’hui, j’ai recommencé à courir.

Un pied devant l’autre, on continue.

Catégories :Objectif 5, Objectif 6

Guimauves brulées, strophes baclées et fellation

Je voudrais d’une de ces amourettes légères propres à l’adolescence, un de ces flirts épisodiques, une de ces aventures estivales, l’amour comme un trimestre un peu plus chaud que les autres.

Je n’ai que faire du sérieux, je veux gouter à la saveur glacée et vanillée de la frivolité, à la douceur satinée de l’instantanée. Je veux une de ces relations aux pas si légers qu’elles ne laissent pas de trace.

J’ai le goût d’une presque inconnue qui m’envoie des messages textes indécents dans le creux de la nuit, de pique-niques impromptus et de bivouacs improvisés. J’ai juste le goût de ne pas me poser de questions.

J’ai envie d’aller boire de la blanche aux agrumes sur le bord du fleuve avec une fille aux grosses lunettes et aux petites fesses. On se ferait un feu avec les branches qui jonchent la plage et on l’allumerait avec les vieilles revues littéraires un peu humides qui trainent dans le fond de ma voiture. Et quand on serait un peu gorlot, on lirait du Rimbaud ou du Miron pis on baiserait, comme ça, derrière un buisson, le feu blafard parce que délaissé nous éclairant timidement sur la grève.

Je voudrais bien avoir mal au cerveau en aspirant trop vite une slush aux bleuets au complet avec une brunette au sourire coquin et au regard écarlate. Siphonner notre sweet barbotine sans retenue puis l’embrasser, mes lèvres bleues et froides sur ses lèvres bleues et froides. Grelotter au grand soleil en roulant à vélo, pédalant vite pour aller à la piscine communautaire pour se taponner subtilement dans le pas creux.

Ou bien ça pourrait être une grande rousse au regard espiègle. On pourrait partir loin en voiture, rouler de nuit, les fenêtres baissées, en écoutant Vallières qui nous raconte ce que c’est d’être nous. On arrêterait dans des motels aux enseignes à néons usés. On regarderait un peu le late show avec David Letterman puis on baiserait en riant du bruit des ressorts usés de notre matelas.

J’ai le goût d’une fille aux cheveux ébène qui lit Les âmes mortes de Gogol sur une terrasse par un vendredi après-midi. Je serais là à la scruter, un peu gêné de ce cœur qui battrait un peu trop vite dans ma poitrine, calant quelques pintes de rousse, cherchant des miettes de courage. Finalement, je l’approcherais, reprenant ma phrase quelques fois, la syntaxe bafouée et la diction ankylosée par le charme qui serait sien. Puis finalement, on irait boire du rouge dans ma chambre, dans une fluidité que seul été permet.

Au fond, tout ce que j’ai envie, c’est d’être moins seul, un instant, un été.

La vie plus ronde qu’un ballon

C’était un autre de ces dimanches dont la vacuité rimait avec régularité. Réveillé par la chaleur ambiante de ma chambre qui chauffe sous un soleil déjà en zénith, je me lève brouillon et titube d’ensommeillement jusqu’à la salle de bain où je prends une douche aussi longue que chaude. Le cheveu humide et hirsute, le corps encore humecté et portant subtilement de légères traces de savon, je me dirige vers la cuisine le sexe à l’air pour m’assécher en concoctant un gargantuesque déjeuner.

Le ventre repu et l’esprit en hibernation post p’tit dej tout ce qu’il y a de plus classique, je m’échoue sur le divan avec ma pinte de jus d’orange et je syntonise le Mundial. Et puis je sors une vieille bouteille de Russian Prince.

Au début, je me suis dit que je rajoutais une shot de vodka dans la pinte de jus à chaque but marqué. Sauf que fuck, c’est du futbol. Alors c’est devenu une shot pour chaque lancer cadré, puis pour chaque lancer, parce que fuck, c’est du futbol. À chaque corner. À chaque touche. À chaque fois qu’un joueur se met à se trémousser sur le gazon pour feindre une blessure. Oh pis là, et bien là j’avais la tête qui tournait en criss en plein milieu d’après-midi et je me suis trouvé un peu puéril. Et il y avait aussi ce russe austère sur la bouteille qui me fixait avec l’air suspicieux d’un beau-père qui vous en veut de baiser sa fille.

Je suis las sur mon sofa et j’écoute du Isabelle Pierre sur mon iPhone dans une ironie grossière dont l’alcool atténue le caustique. Je me souviens de la première Coupe du monde que j’ai écoutée attentivement, celle tenue en France en 1998 qui avait vu le club local l’emporter ultimement sur le Brésil grâce à une performance tenant du mythe d’un Zidane formidable en phase finale.

Je me suis souvenu des monsieur Freeze que je mangeais en écoutant les matchs. Les blancs et les bleus en première demie, les oranges et les mauves en deuxième, je gardais le meilleur pour la fin. Je me souviens aussi des parties jusqu’à tard le soir au terrain de soccer du quartier. Je me souviens aussi du ballon qui dégonflait toujours, puis du ballon que nous avions volé à Marc-André parce que Marc-André était un connard et que ses parents lui en rachèteraient 10 la semaine suivante.

Je me souviens des vélos 5 vitesses pour se rendre au parc, des buts dessinés à la craie dans la ruelle, des protèges tibias fushia de Louis, des bouteilles d’orangeade 2 litres qu’on remplissait d’eau sulfureuse dans la salle de bain d’en bas et qu’on buvait toujours trop vite en début de match pour finir par avoir des points.

Et je me suis souvenu de cette impression, de cette légèreté d’antan et de l’absence de soucis de ces temps antérieurs. Je me suis souvenu des arômes simples de limonades pressées, du caractère candide de nos préoccupations, de nos boutades ingénues, de nos éclats de rire cristallins, des games jusqu’à la brunante où on ne comptait pas les points.

J’ai alors aperçu mon reflet dans la télévision. J’y ai discerné vaguement ce petit garçon qui fut. Mais il y avait tous ces traits tirés, ces cicatrices laissées par le temps qui avilit sans cesse, ils y avaient ces déceptions que la lassitude palpable laissait deviner. Sauf que je l’ai aperçu, un bref instant, soi, mais je l’ai vu, je le sais qu’il est toujours là, enfoui quelque part.

Et puis comme ça, dans un bref élan de lucidité, j’ai eu la conviction, j’ai su que je saurai le ramener. Pis crisse, c’est ça l’Opération Reboot. Fuck, j’ai pas dit mon dernier mot.

Catégories :Uncategorized

Speaking english

Ça arrive parfois. Pas trop souvent hein, mais parfois. Il arrive que des clients parlant anglais appellent au bureau. Et là, les vieilles dames s’affolent un peu, l’air se tend lorsqu’il est fendu par une femme qui crie presque « Oh speak in english là, euh, wait, waiting, please, thank you.»

Les premières fois que c’est arrivé, tandis que je n’étais alors que bizuth en cette entreprise qui ne croyait pas bon d’engager de téléphonistes bilingues, je regardais la cohue s’installer, l’affolement s’établir avec autorité.

Tout débute par le regard trouble de la téléphoniste, par ses yeux ronds empruntant au cervidé qui est surpris par les phares d’une voiture en pleine autoroute. Puis c’est la quête intrépide de quelqu’un de bilingue, la dame arpentant l’étage avec frénésie, demandant à tous, le ton au désespoir, s’ils parlent l’anglais. Habituellement, elle finissait toujours par trouver, parfois une jeunesse interloquée, parfois un VP un peu amusé. Sauf qu’il y a eu cette fois, celle où l’agonie perdurait et où aucun candidat valable ne s’avançait. Celle où j’ai annoncé avec toute la nonchalance que j’ai pu me trouver «ben j’parle un peu moi, j’pas si pire». Et devant le soulagement de la téléphoniste, je n’ai guère eu le choix d’obtempérer.

Et tandis que j’attendais que l’appel me soit transféré, je me remémorais mes lointaines bases collégiales. Hi, my name is Jérome, I am 25 years old and I love to eat chicken. The car is blue. It is ten o’clock. Vivo en la ciudad de Quebec. I like to read books. The books are in the library. Faque j’tais prêt de même, j’me disais bring it on, bilingue de même, j’vous le dis.

L’appel c’est bien passé, honnêtement, j’en ai été le premier surpris. J’avais une fluidité sommaire et le p’tit cœur qui battait gros, ce fut suffisant. Le lendemain, j’avais du sucre à crème sur mon bureau. C’est comme ça qu’on m’a pavlové à devenir le polyglotte des estis de pauvres.

Depuis, ça survient peut-être une fois par mois, ça me divertit. J’ai suivi des cours d’anglais intensifs au secondaire, rien d’incroyable. Depuis, je maintiens mon niveau minimal en écoutant Showtime et HBO, de sorte que je dis le mot fuck au moins 3 fois par phrase, genre minimum, même quand je suis au téléphone avec des clients.

Aujourd’hui, mon boss m’a fait venir dans son bureau après un de ces téléphones justement. Je rentre et il me dit « What the fuck are you thinking tabarnac», puis il part à rire. Semblerait que j’vais avoir une augmentation et que je suis désormais la ressource anglophone de la place.

Cashing? Je vais m’acheter des nouvelles shorts pour la course et ce soir, je cours un marathon, minimum.

Catégories :Anecdote

S’abandonner à nouveau

Je ne vous ai pas encore mentionné que depuis près de trois semaines maintenant, j’entretiens une nouvelle relation. C’est arrivé comme ça, une rencontre fortuite qui allait modifier mon quotidien. Je roulais tranquillement en voiture après une journée tumultueuse au boulot lorsque je l’ai aperçue. Elle était là, toute lumineuse, et défiait de sa dense majesté les passants étrangement indifférents.

C’est d’abord sa grandeur qui m’a séduit, je m’en confesse. Mais il y avait aussi ce qu’elle projetait, ce qu’elle dégageait avec une limpide douceur. J’ai garé ma voiture avec empressement, dans un automatisme instinctif tout ce qu’il y a de plus typique de l’homme séduit. J’ai fait les premiers pas sans trop réfléchir et le soir même, elle était chez moi, comme ça.

Vous savez comment c’est le premier soir : les yeux grands ouverts pour ne rien manquer, l’émerveillement constant. C’était le début d’un lien fort, c’était tangible dès les premiers balbutiements de notre relation pourtant tout embryonnaire encore. Depuis trois semaines déjà, elle ne manque pas d’illuminer mes nuits quotidiennement. Ben et Mike sont passés aussi, question de la mater longuement, le temps de l’essayer et de me donner leur approbation.

Leur évaluation fut sans équivoque, c’est une sacrament de belle télévision 52’ HD.

Catégories :Anecdote

Le rejet cavalier du lipide

« J’ai jamais aimé ça coucher avec des grosses, pis là dis moi pas comme tout le monde que c’est comme les sushis ou le vin blanc pis que j’en ai juste jamais pogné une bonne.»

– Benoit en bouésson qui discourt avec hargne de l’IMC de ses partenaires de jadis.

Catégories :Quickie

J’pourrais faire un post

Je pourrais commencer ceci par une formule un peu trop usée, un truc du genre ma vie est un long fleuve tranquille, une métaphore générique éculée, un truc genre ma vie est plate comme un cul d’anorexique, tsé, commencer comme ça là.

Faudrait surtout que je parle d’ennui. De la lassitude boueuse où s’empêtre mon quotidien sans que je ne lutte réellement. Tout est au beau fixe, rien d’importance, pas d’ennuis pour troubler mon ennui. J’aurais besoin de raviver ma sacrosainte flamme intérieure, je sais pas, l’asperger d’un bon litre d’essence question de m’embraser à nouveau. Sauf que le gaz est cher pis des fois de même, je me dis que ma vie ne vaut même pas 1,14$.

Faudrait aussi que je parle un peu de la course, celle que j’ai arrêtée là, et des cigarettes, celle que je fume à nouveau, tard le soir, juste pour avoir quelque chose à faire, juste pour inhaler un peu plus de merde.

J’pourrais aussi parler d’un coup de poing, le mien sur le nez déjà amoché de mon frère. De la crise de ma mère à ce souper, de mon père qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de déboucher une autre bière et se recroqueviller un peu plus tandis que je claquais la porte, mi-excédé, mi-résigné.

J’pourrais divaguer sur mon inconsistance à écrire, mes indécisions et tergiversations. Sauf que je ne voudrais pas vous emmerder avec des trucs un peu plates dont je vous aie déjà parlé et que vous connaissez déjà trop. C’est aussi pour ça que souvent, je me dis que c’est impertinent d’écrire sur moi.

Bref, je pourrais vous parler de l’Opération Reboot qui en arrache en tabarnac.

Catégories :Uncategorized

The time is now

En tant que jeune bambin de 25 ans, j’avais l’âge vénérable de 8 ans lorsque le Canadien de Montréal a gagné sa dernière coupe Stanley en 1993. Résident la pittoresque région de Québec, je suivais alors disparatement les activités des Nordiques où seul Joe Sakic brillait comme un faible phare dans la nuit calissement noire. Puis lorsqu’ils ont quitté pour Colorado, j’étais plus vieux et me suis mis à suivre les activités de la néchelle avec un peu plus d’intérêt. Je me suis tourné vers le trois couleur du Montréal au grand damne de mon père qui les haïssait à s’en confesser.

Je fais partie de la génération que j’appellerais la génération Saku Koivu. J’ai connu Vinny « Head and Shoulder » Damphousse comme capitaine mais c’est surtout avec le C sur le chandail du 11 que j’ai suivi les activités du Habs. Et Dieu sait que suivre le CH pendant ces années, ça prenait une dose massive de foi aveugle ou un soupçon massif de masochisme. Après le travail de démolition de Mario Tremblay et Réjean Houle et le refus systématique de l’organisation de finir dans la cale pendant 2-3 ans afin de se garnir au repêchage, les résultats piètres se sont enlignés pendant plusieurs années.

Et puis quand, comme moi, tu n’as jamais rien connu d’autres comme résultat de l’équipe sportive que tu suis, tu t’en accommodes tant bien que mal, ne comprenant pas trop les remontrances excédées des baby-boomers toujours à citer à outrance l’époque de Guy Lafleur et de Ken Dryden.

Il y a eu un soubresaut en 2008. Le Canadien termine premier de sa conférence, les espoirs sont élevés, on les dit même favoris pour se rendre à la finale dans l’Est. Mais après une performance douteuse en première ronde, le club se fait sortir plutôt expéditivement en 2e ronde, calmant toute ardeur partisane bien rapidement.

Arrive 2010. Après une année en dents de scie marquée par les nombreuses blessures et l’acclimatation plus ou moins fluides d’une équipe où une douzaine de nouveaux joueurs se sont greffés en début d’année, le club se qualifie difficilement pour les séries du détail où il affronte en première ronde le meilleur club de la ligue. Un duel d’apparence inégal entre la 1ère place au classement général contre la 19e.

Rapidement, Washington prend une avance de 3-1, déjà les partisans sont prêts à fermer les livres, habitués que nous sommes à la défaite. Mais voilà que grâce à des performances inspirées et magistrales d’un petit gardien slovaque mésestimé, le Canadien remonte la pente de façon improbable pour l’emporter en 7!!! Ils affrontent donc les tenants en titre de la Coupe Stanley en deuxième ronde, une autre série qu’ils devraient perdre.

Mais voilà que ce matin, à l’aube de ce 11 mai, le Canadien a porté la série à 3-3 et il y aura un 7ème match. Dans ma vie de partisan du tricolore, il s’agit assurément du moment le plus excitant que j’ai vécu jusqu’à présent.

Au bureau, je sors de ma coquille habituelle et parle avec entrain du match à venir avec mes collègues que j’évite pourtant d’habitude. À l’épicerie, je converse avec des inconnus de l’éventualité d’une finale de l’est. Je jogge en écoutant CKAC sur mon iphone, la télévision est toujours à RIS, je commence à lire le Journal de Québec par la fin, je ne suis pas exaspéré par la partisanerie flagrante des boys de l’Attaque à cinq sur V.

L’instant de quelques jours, je range mon cynisme outrancier, mon flegme imperturbable et mon calme olympien. Honnêtement, je suis excité en TABARNAC.

MOOOOOOOONTRÉÉÉÉÉAL EN 7.

Catégories :Hockey Étiquettes :

L’attrait des non-défauts

J’étais avec Ben hier soir, on écoutait le hockey dans mon salon en terminant tranquillement les fonds de caisse de 12 disparates qui s’accumulaient lentement dans mon garde-manger. À la télévision, il y avait les Blackhawks qui fournissaient un effort discontinu tandis que Roberto Luongo essaie difficilement de faire taire ses nombreux détracteurs. Et puis chez moi, il y avait deux gars un peu pompettes qui parlaient séduction.

C’est que le suave Benoît est sur un coup sérieux, semblerait. Une première après plusieurs années arides où il ne collectionnait que de brèves aventures dont l’intérêt se résumait seulement à de la bête copulation. Et puis voilà, il angoisse comme un adolescent, tergiverse sur des et-si-jamais, doute de ses attraits qui furent pourtant efficaces par le passé.

Je le trouvais bien comique d’être là à se ronger les ongles sur mon divan en songeant à son prochain move sur le corsé échiquier de cette relation naissante. C’est qu’il faut savoir que sweet Ben a un physique de jeune premier en plus d’avoir un esprit affuté. Pis du beau linge, hein, tsé!

J’étais là à rigoler un peu de son état, à le taquiner sur ses inquiétudes à fondement fragile lorsqu’il me lance comme ça :

–          S’parce que tu comprends pas Jay. Y’a deux types de charme. Moi mettons, j’ai le feeling que je suis plus le genre de gars qu’on recherche pour des trucs de courte durée. Tandis que mettons, toi, ben toi t’es plus un package de long terme.

Ce à quoi j’ai évidemment répondu un genre de « c’est quoi ça encore TABARNAC ». Puis il m’a exposé sa théorie à la Hornby et puis j’ai acquiescé, un peu.

Son point était que pour une aventure, les filles recherchent les qualités. Elles veulent un beau gars, ou un gars qui est fort, musclé, ou un gars qui est particulièrement brillant. Enfin, le genre de truc qui allume instantanément, des flammes vives qui se consument rapidement.

Et puis moi, je serais un prototype différent. Mon truc, c’est de combiner un maximum de facettes moyennes. Ça peut sembler banal lorsqu’énoncé de la sorte, mais attendez. Il y a plein de gens qui connaissent le cinéma mais qui n’ont jamais lu un livre ou écoute Marie Mai dans leur voiture. Il y a des mecs qui ont un côté sensible mais qui portent des ponchos bizarres. Des gars qui ont le sens de l’humour de Jean-Marc Parent mais qui ont l’air de Jean-Marc Parent. Des dudes qui cuisinent vraiment bien mais qui sont végétariens, d’autres qui sont mega en forme mais dont les si ne mangent pas les rait. Il y a plein de gars qui se droguent trop, qui boivent trop, se battent constamment, parle juste de leur char ou d’entrainement, sont sans le sou. Je n’ai aucune de ces caractéristiques, enfin je crois. Je pense que si j’ai un succès okay avec les filles, ce n’est pas à cause de mes qualités, c’est à cause des défauts que je n’ai pas.

On a jasé de ça durant un bout, les Canucks ont prolongé la série pour un 6e match et Ben va peut-être finir par stepper up avec sa damzelle, en tout cas, je lui souhaite, il a l’air à triper. Et puis, je sais pas, il me semble que ça me ferait du bien de voir mon chummy amoureux.

Consommer son impertinence

Ça été le festival du backspace depuis quelques semaines, la pléthore de delete un peu excédé, les soupirs bâdrant en appuyant avec un peu trop de vigueur sur le x de mes documents Word garnis de quelques phrases disparates et rachitiques.

Je me suis mis à trop réfléchir comme trop souvent. Je me suis mis à fermenter des idées jusqu’à la pourriture. J’ai réécrit cent fois des phrases jusqu’au dédale syntaxique, jusqu’à l’épurement du plaisir. J’ai gardé pour moi des bribes de paragraphes inachevés, des métaphores fragmentaires et des anecdotes lacunaires, gêné que j’étais de l’impertinence de mes inepties.

J’ai oublié l’objectif premier de la naissance de ce blogue, celui d’écrire par simple plaisir. J’ai remis les dizaines de filtres contraignants que je semble utiliser de façon tristement innée. Je me suis ironiquement emmitouflé dans mes froids carcans, confortable que je suis dans l’épineux gabarit de mes aspirations propres.

Parce que lorsqu’on s’y arrête vraiment, il n’y a rien de vraiment transcendant ni d’important dans ce blogue ni même dans la majorité de ce qui se retrouve sur la blogosphère. Mais est-ce que cela devrait être le seul critère de publication? Je me bute toujours à ces considérations de pertinence ou d’importance quand j’ai le goût d’écrire ici. Et puis, de toute évidence, j’en arrive pas mal toujours à la conclusion qu’il vaut mieux ne rien écrire. C’est ce qui se passe lorsque je réfléchis, immanquablement, le côté commun de ce que je suis transcende et atténue toute autre finalité.

Sauf que fuck, je ne fais alors que bouder un plaisir. Et puis aussi, sérieusement, je perds de ma motivation pour le reste de l’Opération Reboot lorsque je m’éloigne de ce petit espace cybernétique. Mes joggings deviennent plus disparates, je me remets à être confortable dans mon boulot médiocre, je reprends du poids. Enfin, voyez.

J’essaie donc ici de faire le serment de me foutre de la pertinence des écrits passés et de ceux à suivre. Sauf que comme toutes ces promesses faites à soi-même, elle comporte sa part d’illusions.

Catégories :Bilan

Anniversaire

C’était ma fête cette semaine, le 3 mai, précisément. Ça fait quelques années déjà que je ne célèbre plus vraiment. Sauf qu’à chaque fois, je reste éveillé jusqu’à minuit au moins. Ce dimanche, j’écoutais le hockey dans la pénombre lorsque le cadran a finalement affiché 12 :00. Je me suis ouvert une autre bière, donné une petite tape dans le dos et puis ce fut tout. 25 ans c’est bien mais au fond, c’est rien, aussi.

Il y a eu les messages sur Facebook, évidemment. Les mêmes clichés envoyés sans conviction, les formulations de routines, la même mièvrerie tonitruante des réseaux sociaux. Il y a aussi eu l’email envoyé à tout le bureau. La secrétaire du boss qui souhaitait génériquement un « joyeux anniversaire au beau Jérôme ». Ma mère a appelé également, comme à chaque année depuis que j’ai quitté la maison. Un appel pour me dire bonne fête oui, mais pour que je prenne de ses nouvelles, surtout. C’est correct comme ça, je crois.

Ça n’a pas toujours été ainsi. Quand j’étais plus jeune, on allait au restaurant en famille. Je mettais alors ma seule chemise, celle que j’avais achetée pour l’occasion deux semaines auparavant avec ma mère chez Sears après qu’elle m’en ait fait essayer des douzaines. Ironiquement, on finissait quasi toujours par prendre la première essayée. Mais au moins, hein, on était sûr de notre choix. Des fois, je me dis que c’est peut-être ça que je fais avec les filles. Sauf que fuck, le premier modèle n’est plus en magasin.

Je mettais ma nouvelle chemise dans mes vieux jeans, sortais mes souliers propres trop grands une année, trop petits la suivante, et je me peignais. Je ne me souviens pas trop de la dernière fois où je me suis peigné, c’était peut-être à mon bal de graduation. À l’époque, c’était à ma fête, à Noël, à Pâques et lorsque nous allions visiter ma grand-mère.

On allait donc au restaurant endimanché. Quand c’était ta fête, t’avais le droit de prendre la table d’hôte. Il y avait donc mon père et le jubilaire qui avait le droit à la soupe et au dessert, si c’est pas ça célébrer, je sais pas ce que c’est!

Arrivait toujours le moment ultra gênant où quelques serveurs inconfortables venaient entamer sans conviction un chant quelconque de bonne fête. Les gens dans le restaurant arrêtent de causer, ils regardent, mi-amusés, mi-abusés. Moi je fixais fort le criss de feu de Bengale sur  mon brownie, c’était mon truc pour que le temps passe plus vite. Je regardais les flammèches descendre le long de la tige, c’était mon compte à rebours qui régissait ce moment déplaisant.

Puis on retournait à la maison où venaient nous rejoindre mes deux tantes qui habitaient non loin de chez moi. On déballait alors quelques cadeaux et on allait jouer dehors ou au sous-sol avec nos nouvelles acquisitions tandis que les adultes discutaient. C’était l’époque où on ne remettait pas systématiquement en cause les raisons de notre simple bonheur.

Quand j’ai déménagé, le rituel a cessé naturellement. Les célébrations communes tout comme mes liens avec mes parents étaient devenus perceptiblement caduques. Aujourd’hui, il n’y a plus d’aura spéciale autour de cette journée, je n’encercle plus la date dans mon agenda comme je le faisais lors de la rentrée scolaire à l’époque. Aujourd’hui, ce n’est vraiment rien de plus qu’un rappel intraitable que le temps passe, l’occasion imparable de réaliser que les années se suivent sans laisser de réelles traces indélébiles.

C’est un peu à tout ça que je songeais pendant que le cadran passait de 12 :00 à 12 :01. Les minutes ne passent pas vite parfois. Ça serait bien un feu de Bengale géant. Comme ça, je pourrais le fixer constamment, tsé, pour que ma vie passe plus vite.

Ca sent la friture (et la coupe?)

C’est le genre de truc qui est arrivé trop peu dans le parcours aride des jeunes partisans du Canadiens de Mourial. Un septième match entre le meilleur club au classement général et le 19e, une tentative ultime pour le trois couleurs de la métropole de causer une surprise immense.

Ben étant sur un coup fumant niveau mademoiselle, selon ses humbles dires, et Mike passant la soirée avec sa blonde (j’ai l’impression que ça ne va pas très fort depuis l’Incident), je me retrouvais improbablement seul pour regarder le match de la Sainte Flanelle.

Je suis donc allé dans un vieux resto de smoked meat sur la Rive-Sud où mon père m’amenait lorsque j’étais plus jeune. J’ai filé là tout de suite après le travail, affrontant le lourd trafic qui sévissait sur Pierre Laporte. J’ai pris quelques minutes pour me promener dans mon ancien quartier, j’ai même passé devant la maison de mes parents.

Puis je suis allé au snack bar. Je suis à peine pénétré dans le resto que l’odeur familière de la friture me prend aux narines. Immédiatement, j’ai une tonne d’images qui me viennent en tête. Moi, assis sur le comptoir pendant que mon père dîne en lisant son Journal de Québec, mon frère qui reçoit une mite de baseball alors que nous étions venus souper pour sa fête de 12 ans, moi qui venais faire mes devoirs de math après l’école, à moitié pour parler à Jacques, le proprio, à moitié pour ne pas retourner chez moi.

Je prends place sur un des bancs au comptoir, près de la vieille télévision au son tremblotant et à l’image un peu pâle, cachée sous les résidus d’huile et souffrant du rayon cathodique affaibli par les années. Déjà, on parle du match à venir et l’excitation est palpable dans la voix des animateurs.

Jacques finit par m’apercevoir, il vient me parler, prend des nouvelles de moi et de mon père. Je lui commande une draft, c’est toujours ce que mon père prenait, une draft avec du sel. Je la sirote en observant l’endroit. Outre la clientèle un peu plus disparate, rien n’a vraiment changé. Il y a les mêmes napperons carottés, les mêmes vieilles tables de bois, plancher craquant, posters jaunis.

Je demande un smoked meat jumbo garni avec fromage suisse. Plus jeune, je prenais toujours le régulier garni avec fromage suisse. J’imagine que c’est un peu comme ça que l’on sait qu’on vieillit, quand les smoked meat, comme les problèmes, deviennent jumbo.

Je mange lentement tandis que le match commence. Nous sommes quelques personnes à regarder le match sur place, tous des hommes pour la plupart bien plus âgés que moi. On me taquine un peu, on m’appelle le jeune, le fils à Gilles aussi, un peu. Le Habs finit par marquer, Marc-André Bergeron à l’aide d’un lancer frappé vif déjoue le gardien adverse en avantage numérique. Explosion de joie, accolades familières entre étrangers.

Les fans de sports sont souvent superstitieux. Au snack, on évite de parler de l,éventualité d’une victoire, de l’avance de 1-0 de Montréal. On reste concentré, focussé sur la victoire des nôtres. On commande une autre bière, on se fait du pop corn et on attend.

Le Canadien finit par prendre une avance de 2-0. On commence à y croire, un comeback grandiose des Glorieux. Les vieux qui sont les premiers à parler de l’époque de Lafleur et pourfendre le salaire des joueurs sont là, rivés à l’écran, se rongeant les ongles. J’aime ça.

Washington porte la marque à 2-1. La nervosité augmente d’un cran, les dernières minutes seront infiniment longues, d’autant plus que Montréal prend une punition. Ça crie fort dans le resto, ça grogne et vocifère, invectivant les joueurs pour la moindre bourde, acclamant avec ardeur tous les dégagements réussis. Le match se termine finalement, on à peine à y croire, le hockey printanier se poursuit donc!!

Je retourne donc à la maison, le cœur léger, écoutant les lignes ouvertes où les partisans sont en liesse et rêvent à la Stanley.

Prochaine ronde? Montréal en 6, qu’est-ce que vous pensez.

Catégories :Anecdote, Hockey

Ma première fois, parce que fuck les titres à 3 heures du matin

Ça faisait un moment déjà que je n’avais pas été rôder dans les catacombes louches de la séduction que sont les sites de rencontre où je m’étais inscrit le temps d’un égarement. Mais ce soir, la température ne m’inspirait guère au jogging, ma solitude était dense et mon ennui total. Je me suis ouvert un cabernet et allumé un pétard surhumecté parce que trop sec pour ensuite plonger dans le bassin trouble des dames des zinternets.

Je cliquais donc avec l’entrain d’un jeune prépubère trop pourvu en gamètes, sautant d’une fiche à l’autre comme on le ferait avec les paragraphes d’un roman un peu trop long et beaucoup trop mauvais. Puis j’ai avalé un peu de travers, cligné frénétiquement des yeux : j’avais devant moi la fille qui m’avait défloré.

J’ai tout lu, évidemment. Les banalités d’usage déclinées sans trop d’originalité si ce n’est que celle des fautes d’orthographe novatrices. Je suis lentement parti dans mes souvenirs de cette première fois, réalisant un peu à regret la vivacité persistante de ma mémoire quant à cette soirée d’antiprestige.

C’est curieux quand même la première baise, cette culmination de plusieurs années de questionnements hormonaux. Curieux la différence de perception d’un sexe à l’autre. Pour les filles, j’ai l’impression qu’elles sont censées attendre le bon gars, offrir leur hymen à un preux chevalier qui aurait su combattre de multiples dragons afin d’obtenir la cerise convoitée. Tandis que pour les garçons, il s’agit plus d’une quête de tous les instants, la recherche incessante d’une occasion pour finalement se déclarer membre du club des pinceaux trempés.

Toujours est-il que j’ai fait ça dans un party tout ce qu’il y a de plus viscéralement cliché. Plusieurs adolescents qui se ramassent dans un chalet cossu de parents un peu je-m’en-foutistes à boire des quilles de bières 10%, à tousser à s’en cracher les poumons en fumant leurs premiers joints roulés maladroitement et à écouter du ska sur les haut-parleurs qui grichent d’un vieux système de son.

J’étais ce garçon un peu timide à l’époque, réservé et résolument nerd. J’étais là à profiter de la soirée en faisant abstraction tant bien que mal de l’omniprésence oppressante des soucis que pouvait me causer mon phallus encore intouché. Est arrivé le stade d’ébriété où la mobilité demeure complète mais où l’esprit se met à divaguer. Cette zone où je perdais mes inhibitions et devenais un petit garçon bien comique.

Il y avait donc cette fille un peu plus âgée. Grande et mince, elle avait une longue chevelure noir ébène, une poitrine voluptueuse et des yeux rougis par le pot en tabarnac. Elle affichait cette confiance qui me faisait fondre et qui m’aurait d’ordinaire figé. J’avais pourtant foncé si bien que nous nous étions retrouvés dans une chambre à l’étage. Il y avait un immense poster de Samantha Fox et la porte n’avait pas de verrou. C’est tout ce que j’arrivais à me dire. Fuck, je baise sous un poster de Samantha Fox et n’importe qui peut rentrer. Ça pis fuck, il faut que je tough le plus longtemps possible. Tsé.

Elle m’a demandé si c’était ma première fois et j’ai dit non hein, qu’est-ce que vous pensez. Ça a été ordinaire. Bref et ordinaire. Le souffle court, les avant-bras qui shakent, le mollet qui menace d’avoir une crampe à tout moment. Trop peu de minutes et c’était terminé. J’étais devenu un homme comme ça, l’espace de quelques coups de bassin mal avisés.

Je ne l’avais jamais revu avant aujourd’hui.

Je me suis demandé ce qu’elle est devenue, se souvient-elle seulement de qui je suis, qu’était-ce pour elle que ce moment partagé dans ce chalet du Lac Beauport. J’ai presque eu le goût de la contacter, pour savoir ce qu’elle était devenue, je ne sais pas moi.

Sauf que j’ai préféré prendre une autre longue rasade de mon vin et j’ai cliqué sur une autre fiche. Parce qu’il y a de ces trucs qu’on préfère ne pas trop savoir.

Catégories :Anecdote

Les plus grands plaisirs sont les plus brefs

Ça a terminé abruptement. Un jour, j’avais l’impression d’effleurer à tâtons un frêle bonheur et le lendemain, je tentais de m’accrocher, fouettant le vide de grands gestes désespérés, essayant de m’agripper aux parois oléiformes de mes naïfs espoirs déçus.

Je suis toujours foudroyé par la vitesse à laquelle des liens se créent. Abasourdi par la rapidité à laquelle je deviens esclave de mes feelings, tributaires des joies et peines d’une fille que je connais ridiculement peu.

C’est toujours un peu le même parcours. Je ne me pose pas vraiment de question au départ, tétanisé par ces papillotements que sont ceux de l’attirance, content simplement de voir que je suis encore capable d’échapper aux affres du blasement l’espace de quelque temps.

C’est ce qui est survenu avec Ariane. Un tourbillon dense dans lequel j’ai décidé de pénétrer candidement, plongeant sans trop prendre mon souffle puisqu’elle me l’avait coupé, comme ça. Ce fut rapide, fulgurant.

Ça été les longues marches le long du fleuve, des feux de camp pas trop sécuritaires dans le boisé près de chez nous, le sexe dans l’arrière-boutique où elle travaille, des snoozes à répétition le matin parce que tsé, juste 8 minutes, 8 minutes encore dans ses bras.

Ça été aussi le flasque subtile d’alcool fort dans un petit cinéma puis la fellation dans un petit cinéma parce qu’il y avait un film plate au petit cinéma. Et puis ça a été les soupers aux mets brûlés puisqu’on buvait et discutait ailleurs. Les nuits blanches chéries, les bâillements voluptueux lorsque les journées passent trop lentement au boulot, les silences savourés et le bien-être dégusté.

Et puis ça a terminé dans tout ce qu’il y a de plus soudain. La session universitaire terminée, elle devait retourner dans son patelin d’Abitibi. Sans que ça aille été annoncé auparavant, j’étais mis devant le fait accompli. « Salut, je m’en vais. À dans quatre mois? »

Je sais pas, j’ai trouvé ça dommage, mais bon, la vie continue, hein?

La solitude des goûts louches

Je n’ai rien d’un littéraire. Je m’en étais rendu compte lors de ma seule session universitaire en littérature. Ç’avait été un étrange constat, froid et implacable. Je n’avais que faire de la prose archaïque qui excitait pourtant mes chérubins de collègues d’époque. Je me foutais bien de l’étude des courants et puis fuck, Marcel Proust c’est de la marde.

Sauf que pour mon entourage, je suis un bizarre qui lit. Je suis de ces singuliers à qui il ne rebute pas de s’emmitoufler une fois seul dans son appartement pour dévorer un roman acheté avec soin dans une bouquinerie poussiéreuse.

Je peux passer des heures à errer sur Amazon, à lire des résumés et des critiques, visionner des top 25 et prendre des notes pour des lectures futures. Sauf que voilà, la littérature française m’emmerde infiniment, je ne lis rien de cool qui pourrait se ploguer entre deux gorgées de champagne dans un 5 à 7 branchouillard. Je n’aime pas ça moi du Marquez et James Joyce peut bien me léchouiller les testicules.

Je suis donc dans une zone grise. Rat de bibliothèque pour mes amis pour qui un bouquin est un abject artefact et vulgaire mortel pour les amateurs de la littérature avec un grand L et la bouche en cul de poule.

J’ai l’impression d’être le seul dummy de mon équipe, le seul à lire des trucs américains plutôt qu’européens, à avoir braillé comme une fillette en lisant du Steinbeck ou à vouloir donner le Nobel à Philip Roth. J’écoute le combat des livres à Christiane Charrette et je commence à croire que je suis le seul qui pense encore qu’un livre sert avant tout à raconter une histoire, à avoir du fun.

Et c’est la même chose pour une tonne de trucs. La politique, la cuisine, les films. Je suis toujours à cheval entre les autos proclamées cools qui parfois semblent aimer des trucs sans même savoir pourquoi, juste parce qu’on leur a dit que c’était bon, et les autres pour qui ces choses ne revêtent pas d’intérêt particulier.

Pis je sais pas, à la longue, à force d’être seul à aimer certains trucs, ça donne l’impression d’avoir des goûts de marde ou de manquer de jugement. Au moins, la compétition est moins féroce pour les filles que je convoite.

Top 5 des tounes de chansonnier

Parmi les plaisirs alcoolisés de mon éparse existence, mis à part l’engloutissement grossier de poutine et la perte systématique de parties onlines d’NHL 2010, il y a le chant à s’en déchirer le gosier dans les bars de chansonniers. Honnis par les amateurs du néo-saint boum boum, les bars de gratteux de guit’ ont la côte dans le cœur des buveurs compulsifs et crasseux de cervoises à température variable tel que moi.

Il n’est donc pas rare que lorsque la grisaille me turlupine, mes pas d’errant déprimé me mènent inconsciemment dans un des quelques bars de chansonnier de la ville. Je commande fiévreusement de l’alcool et après un solo de péristaltisme œsophagien effréné à grands coups de chopes vidées, je suis soul comme une criss de botte et j’ajoute ma voix rocailleuse à la chorale frelatée de l’endroit qui entonne sans fin les hymnes d’occasion.

Ainsi, pour tous les amateurs de Cœur de loup et de fucking Femmes libérées même si ont est calissement plus capable de les entendre, top 5 de chansons de bars de chansonniers. Oui oui m’sieur dame pis les autres combinaisons de génitalité qui existent.

5 – Joe Dassin – On s’est aimé comme on se quitte : Parce que comme toutes les autres chansons du top 5, le refrain se gueule bien en sacrament. Et puis parce qu’il y a cette fille à qui je songe toujours, avec toujours les mêmes petits regrets qui me font crier à quelques décibels supplémentaires.

4 – Barbara – L’aigle noir : Immanquablement, lorsque je suis avec des amis, on finit par crier sans vergogne entre les chansons pour réclamer avec insistance cette pièce fucking phare. Et puis très souvent, notre requête est remplie. Pis ben, on chante fort. Comme vraiment fort.

3 – Les BB – Tu ne sauras jamais : Sans doute le point culminant de la carrière de Patrick Bourgeois (Tu oublies Fa Si La chanter que j’entends déjà crier les nombreux fans). Un classique toujours apprécié. Mention honorable à Pourquoi t’es dans la lune.

2 – Éric Lapointe – Terre promise : C’était avant qu’Éric le dwarf se mette à chanter 43 tounes qui racontent un peu la même histoire, un truc qui sonne. Je suis le passager clandestin à qui les cocus parlent avec leurs poings. Fuck oui.

1 – Christophe – Aline : Meilleur refrain à gueuler ever. C’est tout ce qu’on demande.

Catégories :Top 5

Les joies de routine

C’est étrange d’écrire lorsque l’on est bien. J’ai l’impression d’écrire un solo de piètres platitudes et d’enfiler les formules convenues, aseptisées parce que surutilisées. Il y a quelque chose d’un peu déprimant dans l’implacable réalisation que le monotone est souvent l’apanage du bonheur. Oui, j’tun ingrat.

Toujours est-il que je ne sais pas trop quoi dire, justement, parce que c’était super. J’ai revu Arianne vendredi et puis, bien, c’était vraiment plaisant. On dirait que je n’ose pas trop l’affirmer ou en parler. Peut-être par pudeur, peut-être parce que j’aurais peur de briser quelque chose, je sais pas, par superstition.

On s’est rejoint au même café que la semaine dernière, on ne s’était pas vraiment parlé de la semaine, même pas par l’entremise des routeurs, c’était bizarre. Mais la glace s’est brisée rapidement.

On a décidé d’aller marcher dans le Vieux. Elle avait froid et j’étais quasi stressé de lui passer mon bras sur l’épaule, un vrai adolescent. On s’est promené longtemps, en parlant de plusieurs trucs et en faisant attention de ne pas marcher sur les lignes du trottoir, des vrais enfants. Il y avait des longs silences aussi et puis elle ne sentait pas le besoin de dire quoi que ce soit ou de dire « hi lala » constamment comme trop de filles. C’était juste… fluide.

Le froid était envahissant, j’avais le bout des doigts qui picotait et les orteils qui s’engourdissaient. Sauf que je ne disais rien, je voulais que le moment dure, comme le gars qui a le bras complètement écrasé et qui ne dit mot la première fois qu’il dort avec sa première blonde et qui n’ose pas bouger pour ne pas la réveiller.

On a fini par aller chez elle, où l’on a regardé la télé un peu nonchalamment, en riant des clowns de service à Big Brother et en roupillant sur un truc underground à ARTV. L’aube est arrivée sans crier gare, elle travaillait tôt donc je suis parti pour retourner dormir chez moi. Et là j’avance à tâtons, je ne sais vraiment pas où tout ça s’en va.

Catégories :La fille au routeur

Carencé en plan B

L’objectif 2 me gosse. Je n’aime pas mon emploi, c’est clair. Les tâches sont abrutissantes, l’équipe de travail est pitoyable et la recherche constante du strict minimum nécessaire m’exaspère. Donc je veux changer de boulot, c’est zévident.

Sauf que je n’ai pas d’option. Je ne sais pas quoi faire, je suis dans un bourbier profond qui me déprime. Je veux changer mais je n’ai aucune idée de ce qui me plairait. Je suis carencé en plan B.

J’ai l’impression de ne pas avoir de passion. J’aime plusieurs trucs mais je n’ai rien qui vient me chercher de façon folle. J’aimerais ça avoir une ferveur intense, quelque chose qui meublerait mon quotidien et qui m’absorberait, qui ferait en sorte que je ne verrais plus le temps passer. Juste un truc qui mettrait fin à mon sempiternel marasme, au pire.

Sauf que c’est le calme plat, j’ai les mains vides pis plein d’autres locutions de gars qui trouve sa vie marde. J’attends toujours béatement l’épiphanie qui me fera aimer la poterie ou qui me donnera le goût de suivre une formation qui mènerait à un emploi.

En attendant, je retourne à mes rapports trimestriels.

Yo

Catégories :Objectif 2

Pis?

La journée de vendredi m’a paru indécemment longue. Les minutes ont cette sournoise propriété de s’étirer sadiquement lorsque nos fourbes esprits s’éprennent. J’ai donc passé la journée à subir les affres néroniennes du temps télescopique pour l’adolescent que j’étais alors.

16 heures est finalement arrivé, le brouhaha de la horde de bureaucrates se dirigeant vers la sortie me sortant de ma torpeur rêveuse. J’ai bien dû passer proche de me fouler un poignet en fermant ma session de façon fucking frénétique.

Puis une fois chez moi, le temps s’étirait toujours. J’ai gratté deux trois trucs sur ma guitare sans conviction, regardant l’heure à chaque changement d’accord. Le moment est finalement venu, je me suis dirigé vers le petit café du coin, un peu excité, plein d’appréhensions.

Arrivé dans l’endroit désert, je me suis dirigé vers une table discrète et j’ai attendu. J’écoutais le Carla Bruni qui jouait en fond sans vraiment l’entendre, je sirotais mon café sans trop le gouter. Puis elle est entrée.

Je ne me souviens pas ce que j’ai pensé en premier. Tabarnac qu’elle est belle ou bien fuck, c’est qui? Je sais cependant que l’amalgame épars de mes pensées du moment faisait battre mon cœur un peu plus vite et que mes glandes salivaires ont décidé de m’abandonner.

Elle est venue s’assoir, on s’est présenté. C’est drôle, j’ignorais son nom. Arianne. On s’est mis à parler et c’était fluide. Je lui ai dit que je pardonnais à Bureau en gros de ne jamais avoir envoyé mon esti de rabais postal pour le routeur, elle a dit que jamais D-Link n’avait permis de meilleure connexion. On était geek et romanesque, le vendeur nous a regardés avec un petit sourire en coin. Je me suis dit qu’on était peut-être beaux. Peut-être.

J’ai appris qu’elle habitait le bloc adjacent au mien ce qui expliquait sans doute mon incapacité à cerner de qui il s’agissait. Elle, pourtant, était bien au fait de l’identité de son interlocuteur, la petite maudine.

On a parlé de littérature, on a bu du café, on a jasé de voyages, on a bu du café, on a échangé sur la politique et on a bu du café. Puis il s’est fait tard et je me sentais fébrile. J’ignorais s’il s’agissait de toute la caféine ingurgitée ou je sais pas, un truc fleur bleue. On a décidé d’aller dans un petit bar, elle disait en connaitre un tranquille avec un vieux chansonnier qui performait le vendredi soir.

On s’est donc rendu sur place, on a bu des rhum and coke incessamment en chantant (gueulant) au rythme des Colocs, Jean Leloup, Daniel Bélanger et Daniel Boucher. Le genre de truc qu’on se surprend à chanter un vendredi soir en s’égarant à recroire durant l’éphémérité d’une insanité qu’il était possible d’être heureux.

On a fini par s’embrasser longuement entre deux rhum and coke. Le chansonnier nous a remarqués parmi la foule disparate présente au bar et il a décidé de saluer les « deux amoureux » entre deux chansons. Sans crier gare, Arianne est montée sur la scène pour déclarer son amour pour moi et m’a demandé en mariage. J’ai dit oui en essayant de ne pas trop rire pis je suis allé l’embrasser. Il y a quelques personnes qui ont applaudi, des gens ont continué à jouer au video poker dans l’indifférence et moi je trouvais tout ça drôlement surréaliste.

C’est avec choc que j’ai réalisé que le temps m’avait encore joué un de ces fourbes tours et que la nuit était déjà presque consommée. Nous avons donc lentement marché jusqu’à nos appartements respectifs. On s’est embrassé comme ça, sans trop parler, finissant par se laisser aller sur un « bye » entre deux soupirs.

Je suis monté dans mon logement puis suis allé à la toilette. J’ai finalement ouvert mon portable avant d’aller dormir. Sa connexion avait changé de nom.

Mercipareilsemprochaine.

Et j’ai répondu Fuckoui.

Catégories :La fille au routeur

Les malheurs outranciers

Il y a de ces soirs qu’on aurait souhaités sans histoire. Des soirs qu’on égraine nonchalamment sans réaliser la plénitude de ces bonheurs subtils jusqu’à ce que retentisse la sonnette presque sur le coup de 11 heures. J’étais à écouter L’Attaque à 5 où on disséquait une nouvelle défaite de Canadiens quand on a sonné. Surpris, j’ai renfilé un pantalon et je suis allé répondre.

J’avais à peine tourné la poignée que Mike pénétrait dans le vestibule. « On l’a perdu criss » qu’il répétait sans cesse. Et puis fuck, je vous jure, j’ai failli dire que c’était pas grave, qu’on avait encore des chances de faire les séries. Je m’en serais voulu pendant longtemps, genre toute ma vie. Sauf que j’ai vu les yeux rougis et les joues humides. J’ai senti mes entrailles se resserrer, ma gorge se nouer, j’avais vraiment mal et je me disais pis lui. Pis lui ciboire, sa douleur.

Marie avait perdu son enfant, comme ça. J’étais là avec mon meilleur chum qui pleurait dans mes bras et tout ce que je voulais, c’était trouver à qui la faute. Comment on pouvait faire ça à un gars comme ça, comment calisse? Je ne savais pas quoi dire, j’étais totalement désemparé. J’ai préféré me taire plutôt que de balancer une généralité grise.

On a fini par aller s’assoir. Il fixait le vide, réprimant des sanglots et peinant à respirer. Moi j’étais en colère. J’avais une rage tellement vive envers la vie, je n’arrivais pas à canaliser cette fureur devant une injustice aussi répugnante. J’me suis demandé comment on fait pour continuer. Comment on fait pour continuer à vivre en sachant qu’à tout moment, tout peut s’écrouler de la sorte. Comment continuer à avancer lorsqu’on a été confronté aussi cruellement à la fragilité du monde. L’innocence et la naïveté sont infiniment caduques une fois que la vie vous a démontré qu’elle pratiquait la barbarie.

Puis Mike s’est soudainement levé. Il a chuchoté merci, je pense. Je l’ai serré dans mes bras. Je me sentais tellement inutile, c’est tout ce que je pouvais faire. Alors je l’ai serré fort, longtemps. Il s’est ensuite dirigé vers l’entrée où il a enfilé son manteau machinalement, son regard vide. Il est parti sans refermer la porte, je l’ai regardé partir, cherchant désespérément quelque chose de pertinent à dire.

Je n’ai rien trouvé tandis que je le regardais au loin disparaitre dans la noirceur. J’ai peur, peur de ne jamais trouver comment expliquer, quoi dire.

Catégories :Entourage

Questionnement du jour

Il y a un mec sur l’étage, on se croise parfois au toilette. Il entre dans la salle de bain et ignore cavalièrement les urinoirs pourtant vaquants et il entre dans une cabine où il urine debout, le contact de sa pisse tombant de haut et l’eau produisant un bruit fort et clair. Après s’être délesté la vessie, je l’entend prendre du papier de toilette pour essuyer le bol sans doute victime d’éclats d’urée. Il tire ensuite la chasse et part sans se laver les mains. Pourquoi il ne pisse pas dans les urinoirs, pourquoi?

Catégories :Anecdote

Wireless invitation

Anna m’a dit fonce, esti. Faque j »ai fait un move en début de soirée. Je me sentais tout prépubère à tergiverser avant d’appuyer sur enter. Caféducoinvend19h.

Yetaittemps qu’elle a répondu.

Catégories :La fille au routeur

Le confort inconfortable

Je crois vous en avoir déjà glissé un mot, j’en viens à ne plus savoir ce dont je vous ai causé. C’est un gars avec qui je travaille, Daniel qu’il s’appelle. Il doit avoir 45 ans, les cheveux grisonnants et les yeux ébène. C’est assurément celui qui parle le moins dans l’équipe et c’est pourtant celui avec qui je jase le plus.

Ça doit faire au moins 20 ans qu’il travaille là. Je lui ai demandé une fois depuis combien de temps, il m’a répondu « trop » et j’ai fermé ma gueule. C’est un des trucs que j’aime de Dan, il donne le goût de se fermer la gueule par respect, un peu comme mon grand-père quand je lui parlais des p’tites filles et des profs un peu idiots et qu’il me disait « jeune homme… ».

Daniel n’a pas terminé son CEGEP. Il m’a dit une fois que plus jeune, tout ce qui comptait c’était de jouer de la basse dans son band, coucher avec la plus belle fille possible et gagner assez d’argent pour payer la bière. Mais il ne m’en parle pas trop souvent. On parle plutôt de littérature, de musique, de politique, de voyage, de famille, de mort.

Je l’aime aussi pour les regards qu’on se jette quand quelqu’un dit une stupidité dans les meetings. Pour ses anecdotes de Pink Floyd au Stade en 1994, pour ses yeux brillants quand il me parle de sa petite fille, pour sa façon de dire sacrament quand son ordinateur plante, pour son intelligence brute qui me bouscule si souvent.

On se parle un peu moins régulièrement depuis que je ne fume plus. On allait toujours prendre nos pauses ensemble sauf que là, trop souvent, je suis trop lâche pour enfiler mon manteau et descendre de 10 étages pour aller au froid dehors. Mais aujourd’hui, je me suis forcé un peu, il a eu un petit sourire quand je l’ai suivi au vestiaire, je pense qu’il croyait que j’avais recommencé à fumer. Il m’a invité à venir prendre un verre chez lui ce soir, entre deux puffs, pis j’ai dit oui, j’avais le goût crime.

J’ai donc sauté dans mon jadis rutilant véhicule peu après mon souper et j’ai traversé la barrière psychologique st-laurentienne pour me rendre au petit bungalow où mon vénérable collègue réside. J’ai garé rapidement ma voiture avec une maladresse empruntant à la nonchalance puis j’ai sonné à la porte, bizarrement stressé.

Je suis rentré et sa femme m’a dit « Bonjour Jérôme » et j’ai su d’instinct qu’elle me connaissait plus que je ne la connaissais, que Dan devait bien lui parlé de moi et pis ciboire, je sais pas, ça m’a fait de quoi.

Il m’a présenté sa petite en lui ébouriffant les cheveux et fuck que j’ai trouvé ça beau, comme une moumoune. On est ensuite descendu au sous-sol, il a mis les Doors dans son tourne-disque et la voix grave de Jim a retenti dans ses vieux haut-parleurs. Il nous a versé un Jack sans que je ne dise mot et on s’est assis.

Il m’a parlé un peu plus de sa vie. De son père qui avait décidé qu’à 23 ans, il était temps qu’il sacre son camp de la maison, qu’importe qu’il ait un emploi ou un plan de vie. Il avait fini par trouver l’emploi qu’il a là, une annonce dans le journal promettant un salaire honnête, il n’en avait pas fallu plus. Les pages du journal auraient pu être collées, il aurait pu décider de parcourir une autre colonne de petites annonces, ou de regarder un autre jour. Ça vie complète aurait été tout autre. Ça me fait capoter quand je pense à des choses comme ça.

Il m’a aussi parlé du confort inconfortable. La peur qu’ils disent, aussi. De l’hypothèque et de la petite, du temps qui passe trop vite quand on le tient pour acquis, des regrets et remords, des coïts sans cesse interrompus que sont ces demis réalisations au gout typiquement amer des et-si.

Et puis il est devenu super solennel soudainement :

« M’a te dire le jeune, à chaque matin que tu rentres pas, j’suis tout seul dans mon bureau pis j’espère. J’espère criss que le lendemain tu ne seras pas là non plus. Pis l’autre d’après non plus. Pis j’espère que t’appelles pas, que t’ailles enfin décidé de tout calicer ça là sans rien dire à personne. Un jour hein p’têtre? »

J’ai avalé de travers mon Jack et je suis devenu un peu plus silencieux. On est resté un moment comme ça, perdus chacun dans nos pensées respectives à se laisser bercer par le son riche qui émanait du tourne-disque. Et puis il a fini par se faire tard, j’ai calé ce qu’il me restait d’alcool et j’ai remercié 100 fois Daniel et sa femme pour leur hospitalité.

Puis je m’en suis allé, en refermant doucement la porte. Dehors, la nuit était froide et dense, le silence était quant à lui introublé. J’ai fait démarrer ma voiture doucement et j’ai quitté. J’avais cette curieuse impression en quittant les lieux d’être à cheval entre mon présent et mon futur potentiel. Et suspendu dans cette zone temporelle grise, j’ai décidé que bientôt, je m’en irais sans rien dire à personne.

Catégories :Entourage, Objectif 2

L’Alfred de Musset des estis d’pauvres

Onirique demoiselle aux charmes démesurés,
Ne voyez-vous guère que je suis ensorcelé?

Fustigez tant que vous voulez mon insolence,
Objurguez ma passion qui emprunte à la démence,
Une dure remontrance n’y changerait rien,
Robuste pour toujours est cet amour mien.
Réduit au silence par cet émoi dont vous êtes source,
Ecrire pour vous ces vers est ma seule ressource.

Timidement je me risque donc à cet acrostiche douteux,
Un peu gêné de mes pulsions de petit vicieux.
?

Catégories :Drunk stuff

De ces liens bizarres

Je ne savais pas à quoi m’attendre en commençant. Je parcourais les blogues tenus par des journalistes ou chroniqueurs, Lagacé, Martineau, Facal, Desjardins et je regardais ça aller, les commentaires, les insurgés chroniques et les Capitaine Obvious. Je me demandais bien de quoi tout ça aurait l’air pour un petit truc personnel comme ici.

Le premier mail est arrivé comme une surprise. Des mots bien gentils pour revigorer mon esprit un peu trouble. Je ne savais trop quoi répondre, inhabile et pataud, j’ai répliqué quelques banalités molles.

Il y a des gens qui m’ont donné des conseils pour la course. J’essaie de vous suivre comme je peux, je trouve ça vraiment sensass que des gens voient l’attrait de m’écrire deux ou trois mots pour parler de ça. Il y a ceux aussi qui ont arrêté de fumer. Ceux qui m’ont parlé de leurs expériences par mail, juste pour me rappeler, comme ça, que c’était possible.

Il y a la fille qui a décidé de se faire sa propre mini Opération Reboot. J’en ai eu pour une semaine à me dire « fuck, c’est hot ». On s’écrit une fois de temps en temps, on se suit et s’encourage. Je la salue.

Quelques personnes m’ont ajouté sur Facebook. J’adore jaser jusqu’à tard dans la nuit même si l’ostie de chat n’est pas très user friendly et que le petit son « pop » signifiant un nouveau message me rend agressif.

Je trouve ça vraiment cool de fouiller un peu plus chaque jour parmi les blogues. C’est étrange, cette communauté tissée bizarrement, ces gens tous un peu solitaire qui prennent du temps quotidiennement pour écrire et se lire, se connaitre sans vraiment se connaitre. J’ai l’impression que certaines personnes qui lisent parfois ici finissent par en savoir plus sur moi que bien des gens dans mon entourage. Et vice-versa. Ça crée des liens particuliers. Comme si intimité et cybernétique n’étaient plus mutuellement exclusifs.

Catégories :Uncategorized

Réponse

Elle a répondu oui. Pas ouitoi. Pas ouitoi comme dans je le sais déjà que t’es célibataire ou pas ouitoi comme dans je m’en calisse ben? Je sais pas.

Catégories :La fille au routeur

Wireless Romance

C’est le genre d’histoire dont il est difficile d’identifier où ça commence. J’veux dire, r’gardez. J’ai acheté mon routeur sans fil il y a deux ans peut-être, en même temps que mon portable, c’est toujours comme ça. Et puis là, savez comment c’est, j’ai inséré le cd d’installation et j’ai suivi un peu béatement les indications qu’on me donnait, espérant fort fort que tout fonctionnerait avec fluidité. Il y avait une étape où il fallait écrire le nom du réseau. Salutcava que j’ai écrit, comme ça, sans m’attendre à quoi que ce soit. Et puis il y a deux semaines, j’ai vu une réponse. Bienettoi.

Voyez ce que je veux dire, si on était au secondaire, qu’il fallait écrire le qui-quoi-quand-où-comment en introduction, on commence où? Il y a deux ans ou il y a trois semaines? Je sais juste que je commencerais surement avec « depuis la nuit des temps » ou encore « De mémoire d’homme.. », parce que c’était toujours un esti de hit auprès des vieilles profs de 60 ans quand tu commençais avec ça. Et il y aurait des péripéties. Un feu roulant de péripéties.

Comme quand j’ai demandé aSv et qu’elle a répondu 22fqc. Ou quand sa connexion s’appelait auteurfavori, je le sais jamais, j’ai écrit Dostoievski et elle a écrit jpensejtaime. Il y a eu groupefavori, livrefavori, filmfavori. Il y a eu « job » aussi. Elle a répondu etudiantetoi. J’ai eu le gout de répondre loquehumaine, j’ai écrit bureaucrate.

Je ne suis pas certain de qui il s’agit. Depuis deux semaines, je surveille les allers et venues des locataires du bloc. Il y a deux filles dans le début vingtaine qui cadreraient au profil de la fille du routeur, je n’arrive pas à cerner c’est laquelle.

Puis hier soir, je suis rentré chez moi un peu pompette. Je suis allé jouer dans mes settings de réseau comme j’en ai désormais l’habitude. Et sans trop savoir pourquoi, j’ai écrit estucelib. Pas longtemps après, je suis tombé endormi, ronflant et fort aise. Je m’en suis rappelé ce matin en me levant.

Et là je refresh la liste des réseaux disponibles à toutes les deux minutes comme un gros colon. Rien ne change, son réseau s’appelle toujours philosophie, comme dans j’étudie en philo. Je tergiverse comme un gamin, à me demander si elle l’a vu, ce qu’elle va répondre. C’est con mais je serais déçu qu’elle réponde non, sans même savoir de qui il s’agit vraiment.

Je suis là et j’attends qu’il se passe de quoi sans trop savoir si tout ceci aura une conclusion satisfaisante. Et ce qui est moche, c’est que le meilleur qui-quoi-quand-où-comment du monde ne suffit pas à rattraper une piètre fin. C’est souvent ce que je me dis quand je songe à cette jeunesse pleine de promesses qui était mienne et ma vie d’aujourd’hui.

Refresh. Damn, toujours rien.

Catégories :La fille au routeur

Bilan mensuel #2

Voilà maintenant qu’un deuxième mois est complété dans cette burlesque entreprise rebootienne. Et puis comme j’ai la tradition facile, je poursuis celle embryonnaire de faire un bilan mensuel.

1 – Laisser ma blonde : Objectif complété, la rupture étant définitive. Cependant, des évènements fortuits vers la fin du mois ont quelque peu troublé mon parcours qui avait été sans faille jusqu’à présent.

2-     Changer d’emploi : Cette semaine, tandis que j’accomplissais mes tâches de la façon qui me semblait la plus minable possible, sans entrain ni désir de faire plus, mon boss m’a fait venir à son bureau. Il voulait me féliciter du bon boulot que j’abattais, il trouvait que j’étais un membre phare du team. Ciboire. Je commence à regarder un peu plus intensivement les issues qui s’offrent à moi, je jongle aussi avec l’idée de déménager, peut-être à Mourial.

3-      Apprendre la guitare: J’ai eu un léger relâchement dernièrement, je trouvais mes accords vraiment mous, j’accroche les mauvaises cordes, je fatigue vite. J’espère reprendre un peu d’entrain prochainement avec le printemps et la possibilité d’aller gratter la guit’ sur mon balcon avant que le fond de l’air ne rafraichisse en fin de soirée.

4-      Perdre une vingtaine de livres : J’ai été à -7 un certain moment durant le mois puis là je suis presque revenu au poids initial. Mais j’ai le ventre plus ferme, voilà qui me suffit amplement.

5-      Courir un demi-marathon : Je n’ai pas encore commencé à mesurer la distance que je parcours durant mes séances de jogging, je les trouve encore trop brèves pour que ça vaille la peine de mesurer grossièrement la longueur du chemin parcouru. Mais tout de même, j’ai fait un 40 minutes une fois!

6-      Arrêter de fumer : Je continue le traitement aux patchs avec une assiduité tout ce qu’il y a de plus honnête. Si j’ai stoppé la cigarette, j’ai eu une propension pendant un moment à fumer des joints comme si j’avais 17 ans. Et puis une fois, j’ai fumé un cigare, c’était pour être avec une top canon. Que Dieu sache m’absoudre de mes péchés boucaneux.

7-      S’impliquer pour une cause : Pas débuté, en recherche d’une cause.

8-      Me sentir amoureux : Loin d’être débuté.

9-      Reprendre contact avec mon frère : Pas propice.

10-   Écrire pendant 1 an : J’en suis à mon 49e article, j’ai moins écrit durant ce mois, ayant eu une semaine de totale démotivation. Souvent j’arrive passé minuit et je n’ai rien écrit encore et fuck, mon lit est toujours accueillant. Mais je maintiens le cap!

Merci à tous ceux qui prennent deux minutes pour lire et parfois même ajouter leur grain de sel, ça donne une autre dimension à l’aventure.

Catégories :Bilan

De cette grisaille perpétuelle

J’avais décidé d’aller badauder près du fleuve en fin de soirée. Le sommeil me fuyait comme trop souvent dernièrement et ma petite déprime terrassait le chétif émotionnel que j’ai l’impression d’être devenu. J’ai quitté l’appartement en trombe, sans trop réfléchir, enfilant mon manteau en vitesse et ramassant en hâte mon iPod ainsi qu’un calepin et un vieux bic.

J’ai marché et marché, en écoutant une tonne de chansons tristounettes. Les cordes gémissaient et les cuivres larmoyaient. J’étais mélancolique à coups d’harmonica nostalgique et de piano navré. La brise du Saint-Laurent était sans clémence, le ciel était couvert et dénué d’étoiles.

J’avais les doigts transis et l’esprit noirci. Je n’ai donc guère écrit sur mon calepin. À peine quelques mots scribouillés en vitesse d’une écriture gauche :

Il fait frette en ciboire. Dehors aussi.

Puis je suis rentré chez moi, sentant le sommeil lentement me gagner. Et là mon lit m’appelle, signe que cette balade aura au moins été un peu salvatrice.

Uchronie nocture

Ça m’arrive de plus en plus souvent quand je prends mon courrier. Ils sont là, parmi les publicités futiles et les comptes toujours un peu trop hâtifs. Ils sont là comme les pointes les plus affutées qu’a pu faire l’épistolarité : des faire-part.

Cette fois, c’est un gars que j’ai côtoyé au secondaire, Alexandre. On écrivait dans le journal de l’école, je me souviens, j’écrivais sur le sport et les filles, il parlait de politique. On allait toujours manger au casse-croûte à trois coins de rue de l’école. Nos mères nous donnaient de l’argent pour qu’on mange à la cafétéria, on se payait des poutines et on regardait les filles passer pendant qu’elles se dirigeaient vers le centre d’achat.

Je me souviens aussi, c’est durant l’un de ces midis qu’il avait spotté sa future femme pour la première fois. Il avait dit « Pis elle? » et j’avais dit « Ouais, pas mal ». Elle avait continué son chemin et on avait mangé nos frites, lui avec de la mayo, moi avec du ketchup. Parce que ça ne commence pas toujours avec éclats ces histoires-là.

Mais elle est repassée souvent et je voyais bien qu’Alexandre la regardait plus que les autres. Sauf qu’il était gêné. Alors j’ai fait les premiers pas. J’étais gêné moi aussi, mais j’avais trouvé un truc pour contourner ça, j’avais décidé de me foutre de tout. Faque je l’avais approché, surement avec un truc un peu cheesy, une pointe d’humour salace ou une allusion poche à un auteur que je lisais à l’époque. Je sais pas ce que je lui avais dit, je sais juste qu’une couple de jours après, on était au cinéma, moi et une fille quelconque, Alex et sa future femme.

Ensuite, c’était au bowling. Au pool, en ski, au chalet de son père, au ciné-parc. On prenait toujours ma voiture, j’étais le seul qui en avait une, mon père m’ayant légué son vieux bazou le jour où j’ai passé mon permis. C’était le même setup à chaque fois. Moi et une fille quelconque à l’avant, lui et elle dans la banquette arrière. Je les regardais dans mon rétroviseur, c’était comme voir naitre l’amour dans une télé 2 pouces par 6 pouces. À l’époque, j’étais moins cynique donc j’aimais ben ça.

On s’est un peu perdu de vue au cégep. La vie est remplie de ces gens voués à être épisodiques. Ils avaient un plan de vie plutôt défini, DEC, BAC, maison, carrière, la voie semblait tracée et limpide et moi, ça me crissait la chienne parce que je savais encore moins qu’aujourd’hui ce que je voulais faire. Je restais à tergiverser alors qu’eux avançaient, c’est comme ça que se crée la distance j’imagine.

Ils ont tous deux bouclé leur étude en temps normal, ils ont des emplois bien rémunérés, stables et qui doivent les stimuler quotidiennement. Ils ont une grande maison en banlieue, ils ont même un crisse de petit chien, ceux qui jappent partout et pissent constamment, à moins que ça soit le contraire. Et ils envoient des faire-part avec police stylisée sur papier ciré.

Je me dis que j’ai déjà été au même stade qu’eux. Aujourd’hui, j’habite un 4 et demi et je ne sais pas ce que je veux faire dans la vie, mis à part que je sais que je ne veux pas faire ce que je fais présentement. Je suis fichtrement seul et j’imagine à quel point ma vie aurait pu être différente, je ressasse mon passé sans cesse jusqu’à tard dans la nuit, prisonniers de mes uchronies nocturnes obsessionnelles.

J’essaie de mettre ça en perspective, de voir le bon côté des choses. Mais la comparaison est difficile, ça en est gênant. Et puis j’essaie d’appliquer mon vieux truc mais fuck, je suis trop usé pour arriver à m’en foutre totalement.

Constat de différence homme-femme de dimanche ensoleillé

J’ai l’impression que lorsqu’une fille ne t’aime pas la face, c’est intrinsèque, tout son groupe d’amies te haïra instantanément. Comme ça. Qu’importe les discussions que vous ayez eues auparavant, les liens que tu avais pu entretenir, l’hostilité féminine vient en bloc.

METTONS. Je joue au badminton avec un mec depuis quelques mois/années. Un bon jour, il couche avec la blonde de mon meilleur ami, la marde frappe le ventilateur et tout. Je suis peut-être mal fait, mais si j’aimais jouer au badminton avec, ben on va continuer à jouer ensemble. Et mon meilleur chummy ne m’en tiendra pas rigueur parce que, fuck, c’est deux dossiers parallèles.

Et là, METTONS, que je joue au badminton avec une fille depuis quelques mois/années. Un bon jour, je fais un truc plutôt bad à une de ses amies, et bien ça ne sera plus possible de jouer. Soit parce que la fille du badminton aura désormais une opinion monstrueuse de ma personne ou parce que son amie n’accepterait plus de la voir si elle me voyait encore. Parce qu’il faut prendre position, t’es de mon bord ou du sien.

Le rapport avec la solidarité est vraiment différent. Non?

Catégories :Uncategorized

Parce que rien

Tabarnac. Juste tabarnac. Comme dans tabarnac d’épais ou bien tabarnac de gros innocent.

On avait décidé d’aller boire et danser. Parce que c’est jeudi et parce qu’on n’a pas besoin de plus de raison que ça. Faque on a pris quelques bières chez moi avant, Ben a fait genre 40 push-ups avant de partir pour se durcir les pecs pis on a comme ri de lui pendant 3 heures.

On a bu beaucoup beaucoup de tequila et on avait décidé de faire semblant d’aimer ça, Lady Gaga pis les Black Eyed Peas. On s’est donc dirigé sur la piste de danse sans vraiment se prendre au sérieux, tendant des perches, séduisant à l’aide de nos mouvements de bassins fauves. Puis à moment donné, je l’ai aperçu. Mon ex était dans la place. Mes entrailles se sont figées momentanément, la musique se suspendit et l’air est devenu statique. Et là, sans réfléchir, ô ça non, je me suis dirigé vers elle d’un pas fragilisé par l’alcool, fendant la masse péniblement.

Je ne savais pas vraiment quoi dire. Alors je suis resté là, immobile, inerte sur la piste de danse animée. Elle a fini par m’apercevoir et elle s’est approchée. Elle m’a dit que j’avais l’air en forme, j’ai dit merci comme un garçon de 7 ans qu’on complimente. Et on a dansé, comme vraiment collé. Je continuais à boire et on continuait à danser.

Je le sentais, je le savais que j’étais moron. Il y avait moi, elle, mon sexe érigé contre ses fesses. Puis à moment donné on s’est embrassé. Et rendu là, ben ça dérape, vous le savez ben.

On aurait dit que j’étais devenu inapte à penser. Il y a eu des moments où j’aurais pu arrêter, où j’aurais dû arrêter. Quand elle m’a dit qu’elle n’avait pas baisé depuis notre dernière fois et que j’ai pensé à Marianne que j’avais encore revue il y a quelques jours. Ou quand dans ma (notre) chambre, on s’est retrouvé en sous-vêtement et que j’ai vu qu’elle s’en était acheté des nouveaux. Quand je me suis dit fuck, c’est pour qui? C’est pour quand? Ou quand j’ai mis un condom. Ça faisait trois ans qu’on baisait sans condom.

Ce fut mécanique, un peu surréel si vous voulez savoir. J’avais l’impression de dégriser à chaque coup que je donnais de plus, je me sentais ramollir devant l’idiotie de plus en plus évidente de la situation. On a fini sans mot dire, on ne s’est pas embrassé après coup. Puis quand je me suis étendu et que je l’ai senti qui se rhabillait, j’ai comme été soulagé. Elle est partie sans qu’on se salue, je l’ai laissé aller. Tout ce que je me trouvais à me dire, c’était qu’elle connaissait le chemin. J’avais rien de plus intelligent en tête.

Là je ne dors pas. Je ne dormirai pas. J’ai encore l’impression d’avoir l’esprit embrouillé, lourd. Je me sens mal de vivre avec moi-même. Une nuit blanche de marde pour un gars de marde qui aura une journée de marde.

Tabarnac.

Catégories :Objectif 1

Film à brailler

Des fois, j’écoute un de ces vieux films que j’ai écouté 1000 fois quand j’étais jeune. J’sais pas moi, Finding Forrester, En souvenir des titans ou La croisade des braves. Et puis quand j’ai le moton, celui qui fait un peu mal à la gorge, qui vous fait respirer comme une carpe et vous humidifie les yeux, ben crisse, ça me soulage. On dirait que ça me confirme que je ne suis pas encore devenu un sans cœur. Pas encore.

Catégories :Quickie

Les grands bonheurs

« J’veux te voir ce soir vieux, c’est important ». C’était Mike qui m’appelait à la job, m’intimant qu’une soirée à notre pub habituel était nécessaire. Et puis quand il m’appelle « vieux » comme si on était deux potes sortis des années 60, avec son petit ton solennel et sa voix tremblotante, je sais bien qu’il y a de quoi. Je n’ai donc pas rechigné.

C’est comme ça que je me suis retrouvé sur le coup de 8 heures dans un pub désert. Il y avait le barman qui lavait ses verres nonchalamment, Def Leppard qui jouait en fond, meublant le vide de l’endroit, la table de pool trop petite et le jukebox brisé depuis au moins 5 ans. Puis il avait Ben et moi, attablés avec nos grosses Bleue et notre confusion.

Mike a fini par arriver, une dizaine de minutes après nous. Après avoir commandé, il est venu nous rejoindre sans trop parler. Il rongeait ses ongles compulsivement. Comme le soir où il avait décidé de faire un move sur sa blonde, comme la veille de son entrevue pour sa job actuelle, comme à l’autel quand le curé lui a demandé si c’était pour le meilleur et le pire. Mike avait la crisse de chienne.

« J’vais avoir un enfant. »

On l’a regardé, incertain. Puis il a souri. Un sourire crispé certes, mais il avait les yeux trop pétillants pour qu’on puisse douter. Faque on s’est levé d’un trait et on a gueulé. On a gueulé comme vraiment fort et le barman nous a regardés comme si on était fou. On l’a serré dans nos bras longtemps et vigoureusement, on a fait semblant de ne pas voir les quelques larmes qui perlaient sur ses joues et on a ri. On a ri parce que la vie est belle et riche.

Ça faisait un bon bout que lui et Marie essayaient. Il n’en parlait jamais mais on le savait bien que ça le stressait, que ça le rendait un peu plus abattu à chaque mois qui passait sans succès. Là, il nous a tout conté. Le test de fécondité, l’éjaculation dans un petit gobelet, le stress, les lourdes soirées de constat d’échec mensuel, les déceptions. Ça m’a fessé, tout le poids qu’il subissait et ça, sans jamais rien dire.

On a bu en pensant aux jours à venir. Moi et Ben, on se donne comme mission de tuteurer le kid. Si c’est un gars, on lui enseignera ce qu’il faut dire aux filles pour les emmener au lit. Si c’est une fille, on lui dira que les gars disent n’importe quoi pour avoir du sexe. On a cherché des noms aussi. On ira au hockey, au patinage artistique, aux pièces de théâtre à venir. On a même décidé qu’on irait voir le crisse de soccer si jamais il le fallait.

Puis Mike nous a dit merci, merci d’être là. Et je me suis rongé les ongles, comme quand je suis gêné. Et on est reparti chacun de notre côté, le sourire aux lèvres, conscient, pour une fois, de notre bonheur.

Catégories :Anecdote

Top 5 des trucs que je lis aux toilettes

C’est toujours un manque de pot lorsqu’on se rend au pot pour faire un dépôt et qu’on a pot’lecture. Bien sûr, on devient alors tenté d’expulser le tout en deux, trois coups de cuiller à pot, incité à tout chier sans tourner autour du pot. Je vous permets de découvrir le pot aux roses : à muche-pot, je passe des heures à lire aux bécosses.

5- Le journal : Le Devoir, puis le Soleil, puis le Journal de Québec. J’aime bien lire les éditoriaux, la section sport, celle de politique. Puis je finis toujours par faire le tour, de la rubrique nécrologique jusqu’aux arts et spectacles.

4- Les étiquettes de produit : Je connais les contrindications de ma crème à raser, le mode d’utilisation de mon shampoing, la provenance de mon papier de toilette ainsi que la constitution de mes produits pour lessiver. Dans les deux langues.

3- Archie : Pour les intrigues trépidantes, pour rager contre fucking Véronica Lodge, être un fan de Jughead, trouver Archie vraiment mou, tomber en amour avec Betty. Une introduction, un développement et une fin en cinq petites pages, si c’est pas merveilleux, je ne sais pas ce que c’est.

2- Nouvelles : Que ce soit celles sur l’extasy de Beigbeder, les neufs mythiques de Salinger, l’ensemble sublime d’Updike ou les subtilités de Richard Ford, j’adore me plonger dans un récit, l’instant de quelques pages, me laisser guider, m’abandonner aux mains de ces auteurs le temps de me délester d’un brun.

1-Dragonball : Le seul manga qui sache mériter lecture. 42 tomes de perfection que j’ai dévorés périodiquement depuis ma jeunesse. Souvent à la course, je viens en cueillir un au hasard et j’y plonge immédiatement. Et puis, inévitablement, je finis encore et toujours par relire les 42 dans les jours qui suivent une première lecture de tome hasardeuse.

Catégories :Top 5

Fumes-tu ou tu pleures yienke?

Mon royaume pour une cigarette. Tous mes Philip Roth zé mes Pynchon, mes cartes de Mario Lemieux chacune dans leur plastique individuel, mes boxers cousus de mes mains nues en économie familiale, secondaire 2, mes vinyles de Pink Floyd et mes coffrets de Six Feet Under. Je vous donne tout sans remord, mon royaume que je vous dis, pour un peu de nicotine.

N’importe quoi pour pouvoir aller fumer durant mes pauses au lieu d’entendre sans cesse les mêmes histoires d’enfants qui jouent au hockey et de maris qui deviennent bedonnants et ne bandent plus.

Tout pour la première puff extatique qui suit le coït. Ou celle qui accompagne la bière d’après-souper. Tout pour la cigarette que je laisse lentement griller dans le cendrier près de moi en lisant tard le soir, celle qui s’évapore lentement au rythme des volutes de fumée que ma lampe de chevet magnifie.

Je m’ennuie de tous ces prétextes que m’offrait le fait d’être fumeur, ces réflexes collatéraux de sale fucking smoker. Je ne sors plus autant une fois la nuit tombée comme je le faisais, pour fumer une dernière fois avant d’aller dormir. Je m’ennuie de ces clopes qui se transformaient en ballade de noctambule où je passais souvent une heure à marcher, à errer, bienheureux.

Mais je tiens le coup, rejetant d’un ingrat revers de la main tous ces plaisirs de boucaneux hédonistes pour des mystiques considérations de santé. Quel homme de vertu, right?

Catégories :Objectif 6

Brancard et solitudes

Il y a de ces matins où le réveil baigne dans la confusion. Ce matin, il y avait le soleil qui plombait atrocement sur ma tête hirsute, une pétaudière horaire parmi mes cadrans suite au changement d’heure que j’avais oublié et l’ambulance. L’ambulance qui amenait madame Caron qui semblait mal en point.

« AVC » que m’a dit l’ambulancier, visiblement pressé. Ils sont repartis comme ça, en claquant sèchement les portes arrière de l’ambulance, leur sirène stridente fendant l’air et leur gyrophare enflammant une matinée qui venait de s’assombrir. J’étais sur mon balcon en boxer, les yeux encore encroutés, les pieds gelés. Il y avait quelques curieux qui se dissipaient dans la rue, il y avait les chats de madame Caron qui miaulaient, puis il y avait ma petite tristesse, aussi.

Ça m’a fait feeler bizarre toute la journée. Parce que je ne la connais pas madame Caron. Et c’est ça le problème. C’est ça le criss de problème.

Bien sûr, je connais un peu son histoire, le genre de récit qu’on finit par constituer à force de discussions protocolaires et de récoltes de cancans. L’itinéraire d’une dame, fin soixantaine, début soixante-dix. Son mari est mort il y a quelques années, cancer, après un long et trop éreintant combat, le genre dont les marques sont d’une indélébilité létale. Du jour au lendemain, elle se retrouve seule dans une maison inévitablement trop grande. Encore autonome, elle se prend un logement où elle continue de vivre avec sa routine injustement bafouée.

Je la croise régulièrement le matin. Elle prend une marche à l’aube tandis que je vais travailler, le pas pressé, ma bulle hermétique. « Vous viendrez manger un de ces soirs Jérôme, qu’elle me dit, j’ai toujours des biscuits à la mélasse fraichement faits ». Un jour bientôt que je réponds toujours. Un jour bientôt depuis 3 ans.

Je ne me sens pas mal particulièrement, ou personnellement. La vie me semble aujourd’hui remplie de ces étrangers dont la proximité rend gênant l’inconnu mutuel, il y a quelque chose d’inexorablement immuable dans tout ça. Nous sommes tous un des figurants mineurs de la vie de quelqu’un d’autre. C’est bien plus ce constat, celui de l’anonymat de promiscuité qui me désole. Bien plus que le relent de culpabilité que j’ai pu ressentir lorsque l’ambulance a disparu à l’horizon et que j’étais encore à rassembler mes esprits, en boxer sur mon balcon.

J’ai pensé à tous ces gens que j’apprends à connaitre sur internet. Ceux qui m’envoient des mails en lien à ce blog, les filles avec qui je discute sur les sites de rencontre, les gens avec qui je parlote sur des forums. J’ai pensé à tous ces personnes que je n’ai jamais rencontrées de ma vie mais que j’apprends à connaitre, avec qui j’échange. J’ai songé à ces liens vaporeux que je tisse, à cet entourage translucide que je me constitue.

J’ai médité toutes ces vies vraiment parallèles, ces existences qui se refusent à la sécance. Et puis tout ça me semble sans issue. Si ce n’est pas madame Caron, ce sera le vieil homme qui semble affligé que je croise régulièrement à l’épicerie ou encore cet adolescent qui marche toujours lorsque je jogge et qui a l’air si malheureux. Et ça me ramène à ma solitude profonde, celle de ma vie courante qui me fout la chienne. Celle qui me terrasse lorsque je me vois vieillir sans attache, qui m’atterre lorsque je me surprends à m’y complaire.

Celle qui, je l’espère, m’amènera à aller manger des biscuits à la mélasse. Un jour vraiment bientôt.

Lyrisme SMS poche

Je suis un peu saoul, beaucoup las. Je me quête du sexe à grands coups de messages textes en citant du Pierre de Ronsard. Pis criss, ça marche pas.

En vivant presse-moi de tes lèvres de roses,
Bégaie, en me baisant, à lèvres demi-closes
Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras.

Faque on fourre? Non?

Catégories :Quickie

L’insoutenable lourdeur de la famille

Hier soir, je recevais mes parents à souper, événement fortuit s’il en est un. Depuis que je leur ai annoncé ma rupture avec Julie, outrepassant mes regimbements initiaux un peu adolescent, ma mère semble vouloir croire que je suis dans la perdition la plus totale. J’ai même l’impression qu’elle a été déçue par mon bien-être apparent lorsqu’elle est arrivée chez moi.

C’est vers 5 :30 que j’ai aperçu le vieil Escort rouge de ma mère tourner le coin de la rue pour finalement être stationné maladroitement pendant ce qui me sembla une éternité. Je devinais ma mère s’énerver sous la pluie d’invectives ingrates de mon père impatient.

J’avais concocté la plus sommaire des lasagnes, avisé depuis longtemps que ce genre de souper n’avait d’issue possible que la catastrophe. C’est bien plus résigné qu’enthousiaste que je suis allé répondre à la porte lorsque la sonnette a retenti, troublant l’épais silence de mon logement. Ma mère me fit une accolade dont la longueur frisait le malaise tandis que mon père et moi nous sommes échangés un bref hochement de tête.

Sitôt leurs manteaux remisés et leurs bottes retirées, mon père s’ouvre une bière et s’assoit au salon pour regarder béatement les nouvelles tandis que ma mère se dirige vers la cuisine où j’ai eu la sagesse de lui laisser la salade à faire, essayant du même fait de contrôler le débit du flot de questionnements/craintes maternels qui serait assurément l’apanage de cette sombre soirée.

Une fois le repas servi, nous nous assoyons à mon exiguë table de cuisine achetée avec empressement pour remplacer l’ancienne plus spacieuse qui meublait désormais le nouvel appart’ de mon ex. Ma mère donne désormais libre cours à ces observations tandis que mon père en est déjà à sa sixième bière si j’en crois l’état de sa caisse de 12 auquel je jette constamment de furtifs regards pour mesurer l’avancement dudit paternel.

–          Faque comme ça c’est fini hein? C’est sûr qu’on trouve ça ben triste. Hein Gilles?

–          Mouais. Es-tu partie avec un autre? S’tout le temps ça qui arrive.

–         Ben non Gilles, j’te l’ai expliqué l’autre jour. Tu t’en souviens pas?

–          Ça marchait juste pu p’pa, ça arrive tsé. C’est de même.

–          Toute façon, s’tait ben trop une bonne fille. C’est ben sûr qu’elle irait voir ailleurs un menné.

–          C’est ben normal que tu sois triste mon grand garçon. Jel sais que c’est pas facile hein. Une mère voit ça ces choses-là. As-tu pensé à rencontrer d’autre monde? La p’tite Laura d’la rue hein? Était tellement fine cette p’tite fille là, messemble que je vous aurais ben vu ensemble quand vous étiez jeune. S’tun bon parti ça la p’tite Laura, non?

–          Ça fait 10 ans que tu m’en parles m’man. J’te l’ai déjà dit que c’était pas mon genre. Pis de toute façon, je suis bien tout seul là, pour un boute.

–          En tout cas penses-y là, j’ai parlé à sa mère l’autre jour en prenant ma marche, pis elle est toujours célibataire. Peux-tu croire ça?

–          C’est p’têtre ben juste parce qu’est grosse en criss hein Marie-France, y as-tu pensé à ça?

–          Gilles, dis pas des affaires de même devant Jérôme…

Le souper s’est déroulé lentement, comme un long calvaire. Mon père toujours plus chaud, ma mère toujours aussi irritante et moi, toujours plus excédé. Une fois les gâteaux Vachon que j’avais achetés en vitesse en terminant de travailler engloutis, mon père est allé s’allonger sur mon divan pour écouter un peu la série Montréal-Québec. Au bout de quelques minutes, on l’entendait ronfler avec force. Dans la cuisine, j’essuyais la vaisselle que ma mère lavait tout en me racontant les derniers cancans de son bureau, l’achat d’une nouvelle voiture par les voisins, la situation de santé de mes oncles et tantes ainsi que la mortalité du village de la rive-sud où j’ai passé ma jeunesse.

La soirée a suivi son interminable cours puis a pris fin autour de 21 heures. Ma mère a réveillé difficilement mon père puis l’a supporté jusqu’à l’entrée. Je leur ai donné leur manteau et ma mère a lancé quelques promesses, disant qu’il fallait se voir plus souvent. Ils ont finalement quitté les lieux. Je n’ai même pas été voir à la fenêtre, je savais bien que de toute façon, ils ne m’enverraient pas la main.

Catégories :Entourage

Noter les résultats

J’ai lu un peu avant d’amorcer cette métamorphose tout artisanale. Un livre ou deux achetés sous l’impulsion d’une attente trop longue à la pharmacie pour acheter du déodorant, des forums de cheminement américain et au moins six mois d‘historique du courrier du cœur de Louise Deschatelets. Et parmi la quantité de sornettes, ma perspicacité disparate m’a permis de trouver deux ou trois trucs intéressants. Et dans ceux-là, le concept de conserver une documentation fournie de mes efforts.

C’est un peu l’idée qui m’a poussé à établir ce que je fais ici, vous l’aurez compris. Mais il y a plus. Peut-être excessif, j’essaie de me garder le plus de traces de ce que je tente de réaliser. Dans ma chambre, j’ai un calendrier des scouts acheté à un prix outrepassant outrageusement la décence la plus élémentaire. Un genre de douze dollars pour des photos de paysages fades, d’ostie de bivouacs fifs, d’enfants roux et de criss de poème d’abri de branches mortes et de potage à l’humus. Et chaque matin depuis le 11 février, je trace un X bien gras à l’aide d’un feutre sur la date du jour afin de marquer une autre journée sans fumer.

Au-dessus de ma balance qui se trouve dans le coin de ma chambre, sur le mur, j’ai inscrit mon poids du 27 février (202). Puis j’ai fait de même le 6 mars. J’avais pris 3 livres. Et je ferai de même chaque samedi, espérant atteindre ultimement la perte de 20 livres que je désire.

Puis je me suis monté un fichier Excel, tout ce qu’il y a de plus sommaire. Quelques colonnes, des informations entrées avec empressement, une trace du chemin parcouru. Après chaque séance de jogging, j’ajoute ma run de la journée et j’observe l’évolution. Je monte lentement mon grimoire informatique recélant la voie qui mène, je l’espère, à mon demi-marathon.

J’ai l’impression d’avancer sur plusieurs champs simultanés de ma vie, ça a quelque chose de profondément vivifiant. C’est la première fois depuis longtemps que j’ai l’impression de réaliser quelque chose de concret et qui n’est pas ridicule. Et mine de rien, j’aime vraiment écrire ici, ça me donne l’impression de marquer plus clairement le chemin parcouru. Et puis les quelques personnes qui lisent et commentent, m’encouragent, ben criss, merci vraiment. Ça compte peut-être plus que vous pensez.

Ok oui, j’ai bu.

Catégories :Objectif 5, Objectif 6

Polygamie post-traumatique

Le diagnostic est sans appel, le verdict sans équivoque, toute analyse psycho-pop indique le même syndrome : je souffre d’envie excessive de polygamie post-traumatique. C’est obsessionnel et irrationnel, je suis assailli d’un insatiable appétit sexuel.

Ça a commencé au moment où ma relation avec mon ex s’est terminée. Une fois la rupture consommée, je venais d’entrer dans une phase de totale fixation sur la copulation, de quête quasi pathologique d’orifice à forager. C’était et c’est une phase pas nécessairement glorieuse de mon existence. Pas que je m’en culpabilise outre mesure non plus, je suis seulement déstabilisé par ces instincts troublants.

J’ai toujours été fidèle en quatre ans de relation avec Julie. Pour moi, ça allait de soi, comme un respect minimal à conserver entre deux personnes qui se font indirectement un pacte d’exclusivité. Et ça ne m’a jamais demandé d’effort, c’était juste… normal. Il y avait les tentations. Fuck oui. Mais il y avait Julie, et c’était bien comme ça.

Et soudain, j’ai l’impression d’avoir été largué dans un buffet après quatre ans à manger le même mets. Et avec la sagesse d’un gamin de trois ans, j’essaie de me gaver, n’ayant que faire de l’indigestion ou d’intoxication, des concepts trop flous pour mon esprit désormais binaire où les 1 et 0 sont tout ce qu’il y a de plus freudien.

J’avais envie de sentir que je pouvais plaire à nouveau, qu’on pouvait avoir envie de coucher avec moi. J’avais comme une petite angoisse latente, celle du joueur qui fait un retour au jeu après une absence plus que prolongée, qui fait ses premiers coups de patin sans assurance, de peur de tomber.

Je ne sais pas où tout ça mène. Je ne sais guère à quoi ça rime, si je suis à l’aise avec tout ça. Je joue à un jeu dont j’ignore les règles et j’ai peur de fauter. Mais en même temps, c’est cette crainte qui rend tout exaltant.

Kool-aid et couler

Lorsque j’étais jeune, on jouait toujours au hockey dans la rue. Après l’école, la fin de semaine dès 7h30, tous les petits gars de la rue sortaient de chez eux avec leurs bâtons. Il y avait Julien et Terry qui avaient chacun reçu un filet à Noël et il y avait le père à Cédric qui jouait au tennis et à qui on subtilisait des balles à son grand agacement. On personnifiait toujours un joueur, et c’était toujours à qui serait Joe Sakic. Il y avait aussi la mère de Sébastien qui nous faisait toujours du Kool-Aid aux fraises. Son arrivée avec deux grands pichets signifiait la mi-temps des matchs mythiques que nous nous disputions.

C’est un peu ce qui m’avait poussé à acheter une boite de 16 sachets de Kool-Aid lors de ma dernière épicerie. Et puis c’est en souvenir de toutes ces parties que je m’en suis enfilé la moitié hier après-midi.

C’est donc avec la gorge encore saturée de sucre et l’esprit plongé dans un mood adolescent que je me suis rendu dans un bar de chansonnier de Québec offrant le classique buck à l’indécent coût de 1 dollar en cette veillée dominicale.

Le facteur déterminant le plaisir dans ce genre de soirée, c’est l’attitude avec laquelle on l’attaque. Et hier, j’avais 100 $ de belle attitude à flamber. Les rondes de tequila ont donc succédé aux rondes de bucks qui succédèrent aux vodkas-lime.

Depuis que j’ai arrêté de fumer la cigarette, je me suis mis à fumer des joints un peu plus couramment. Si bien qu’à quelques reprises durant la soirée, je sortais vite fait pour aller me griller un bat. Je me sentais un peu comme à mon bal de finissant. Et avec tout l’entregent circonstanciel que me procuraient mes diverses consommations, je suis parti à la chasse avec Ben, arpentant la masse se trémoussant au rythme de la sélection musicale du chansonnier à la voix la plus nasillarde qui fut. L’œil carnassier et l’instinct prédateur, nous voulions prendre contact, fonçant avec nos techniques de gros plombistes de la cruise.

On a finalement trouvé deux filles qui semblaient réceptives. Nous nous sommes invités à leur table, racolant à grands coups de bucks et de clins d’œil juvéniles. On rigolait à en taper vraiment fort sur la table et à en rendre mal à l’aise les tables avoisinantes. On a crié vraiment fort (et vraiment longtemps) pour qu’il joue la chanson thème des Intrépides, ce n’est jamais arrivé.

Puis on a acheté une ronde d’uppercut, et là, mes souvenirs s’embrouillent. Je me souviens d’un french où la salive occupait un rôle sur-proéminent, de cœur de loup joué au moins 300 fois, minimum, d’un chauffeur de taxi à la moustache calissement saillante, d’une confusion sur l’adresse où il devait me (nous?) rapporter. Et je me souviens de mon lit, de combien il était douillet.

Et ce matin, j’ai appuyé sur snooze à m’en faire de la corne sur l’index. Je me suis finalement extirpé de mon lit pour vider ma vessie dont je testais jusque-là les limites de l’élasticité de façon indécente.

Immédiatement debout, un mal de tête immonde me carabine. J’ai le cœur gélatineux et la bouche pâteuse, les jambes lourdes et l’estomac dans les talons. Je compose difficilement le numéro du bureau et avise cavalièrement mon boss que je ne rentrerai pas aujourd’hui. Puis je vois que j’ai un nouveau message texte. C’est Ben qui me demande simplement « Pis? ». Je devine que je suis parti avec une des filles, mais il m’apparait clair que mon soldat est resté en garnison dans mes boxers.

Afin de faire fuir le mal de tête qui se fait de plus en plus lancinant, j’avale une quantité d’Advil digne d’un suicidaire, j’attrape le premier livre à ma portée (The Great Gatsby de Fitzgerald) et je me fais couler un bain où j’ai tôt fait de me submerger, priant pour obtenir la clémence des instances divines et que cesse cet inconfort profond.

Je lis 4 pages avant de lancer le roman au bout de mes bras, les mots ne parvenant pas à apaiser mon malaise. Je décide plutôt de m’enfouir sous l’eau, comptant les secondes, demeurant toujours un peu plus longtemps sous la surface, espérant à chaque fois ne pas avoir à ressortir de l’eau et faire face à la réalité.

Je finis pas me trouver un peu de courage pour affronter la journée à venir et je me redresse donc pour atteindre le bouchon du bain et faire s’écouler l’eau. Tandis que je bouge, mon cœur s’objecte et sans que je puisse faire quoi que se soit, j’expulse trois ou quatre gerbes de vomi. Rapidement, ma bile et mes restants de la veille se dissolvent dans l’eau du bain dans lequel je baigne.

Je me retrouve à nager dans mes vomissures et je me sens pitoyable. Je jette un coup d’œil au gâchis. L’eau a désormais une teinte prononcée de rouge. Le rouge du Kool-aid que j’ai englouti au-delà de la décence la veille.

Et en trempant littéralement dans les débris de ma juvénilité évidente, je me suis dit que l’homme que je suis n’a pas parcouru beaucoup de chemin depuis l’époque où il jouait au hockey dans la rue. Dans l’épiphanie la plus gastrique qui fut, mon immaturité criante m’est apparue et puis sacrament, c’était pas beau.

Catégories :Anecdote

Top 5 des expressions fatiguantes du moment

Mention honorable à l’utilisation des « … » pour souligner un désarroi ou de la frustration.

5-Jel sais tu moé : La réponse excédée d’adolescente souhaitant enterré un sujet épineux le plus rapidement possible, le genre de truc qui me fait grincer les dents à coup sûr.

4-Bonne bouffe : Dans la même catégorie que la sacro-sainte bonne bière, c’est toujours tannant, le p’tit ton phoney qui met l’emphase sur le bonne.

3-Mouin : L’espèce de mou qui accompagne le mouin a tout pour rendre agressif. Souvent, la personne souhaite signifier son désaccord, mais d’une façon lâche. Ça gosse.

2-Bébé : Les couples qui se désignent avec cet anticoquet sobriquet ou pire, qui utilise le diminutif « bé » pour s’interpeler, c’est violemment moche.

1-Vino : Pourquoi? Quand? Comment le vin est-il devenu vino dans les discours branchouillards?

Catégories :Top 5

Les fiches de sites de rencontre

Il y a de ces soirées particulières qui étaient promises à de grandes choses et qui finissent de façon plutôt décevante. J’étais censé faire une virée rocambolesque avec Ben dans un sinistre bar karaoké de la profonde rive-sud. Galvanisé par la perspective d’autant de plaisir, j’ai passé une partie de l’après-midi à écouter du Allan Theo (le move de danse du gars à 0:56 vaut le détour) en buvant une bouteille de vin. Puis finalement, sur le coup de 6h, il me téléphone pour m’annoncer cavalièrement qu’il a une date et qu’on allait devoir se reprendre. Comme ça. Je me retrouvais donc un peu pompette, les hanches dégourdies par les rythmes technolatins de l’interprète de Lola et sans le moindre plan de soirée.

Dépité zé pris au dépourvu, j’ai donc décidé de combler mon malheur récent dans l’alcool (comme dans plusssse) et les femmes. Vin de dépanneur et sites de rencontre. Can you feel the glamour in the air? C’est avec toute l’inexpérience d’un jeune premier et avec la vaillance que me procurait la coupe ridiculement pleine que j’avais en main que je me suis élancé dans le monde de la rencontre cybernétique et pathétique.

Monclasseur, reseaucontact, doyoulookgood, rien n’échappe à ma razzia outrancière de ces pôles de séduction sur les internets. Après avoir passé de nombreuses minutes à ne pas savoir quoi écrire pour me décrire, j’ai finalement sorti deux ou trois banalités pour en finir avec ces formalités et enfin me lancer dans la prospection de la faune à mamelles de cet univers grotesque où Marc Boilard fait figure de gourou.

J’arpente donc les différentes « fiches », mon désarroi toujours grandissant. Tout le monde aime les promenades, les soirées avec vino et bonne bouffe (vinO et bonne bouffe étant dans mon top 5 de pires expressions à vie), lâcher son fou au bon moment (??), la musique (pour vrai !?!?) et les voyages. Tout le monde se dit simple et rempli de bonhommie.

On décrie uniformément les hypocrites et les menteurs, les invitant à passer droit, comme si des gens allaient lire ça et se dire « ah criss, j’tun sacré hypocrite, c’est pas pour moi ». On s’en prend aussi au concept flou des players, le genre de truc qui m’échappe un peu.

Les photos de filles au décolleté indécent en face du miroir sont légion. Les filles un peu plus grassouillettes tentent de masquer leur état de façon plus ou moins subtile tout en décriant les menteurs-zé-hypocrites.

Comment? Ma fiche, ce que j’ai écrit? Bah, j’pense pas que ça vous intéresse. Je me prends pour qui pour être acerbe de la sorte en critiquant les autres? Hein? Et ben euh, ben bon ok. Je vais faire amende honorable.

Je suis le genre de gars qui déteste les clichés, ce qui rend un peu difficile tout ceci. J’aime les participes passés bien composés, regarder la Voie lactée en étant un peu soul, aller voir un film sous-titré avec une fille allumée, les éclats de rire étouffés, tard dans la nuit, Bukowski ou Beigbeder, le hockey ou le curling, les blondes, les rousses, les brunes ou les noires.

Je suis consciemment naïf, encore un peu gamin, toujours à la recherche du rocambolesque et ludique. Je ne sais pas trop ce que je fais ici, je sais juste que c’est beaucoup trop drôle, monclasseur.

Je sais bien plus ce que je ne veux pas que ce que je veux. Et ça, c’est parce qu’il y a encore fucking trop à découvrir.

Catégories :Objectif 8

Objectif 10: Écrire pendant 1 an

J’ai la même relation avec l’écriture que celle perverse que j’entretiens avec la masturbation. Jeune et guilleret, je la pratiquais avec fringance et fréquence dans l’intimité. Et puisque les jours avilissent et que le temps est perfide dans son annihilation sournoise de la naïveté, l’écriture a aujourd’hui toutes les caractéristiques de la masturbation postpubère. Je la pratique seule le soir dans un l’égocentrisme le plus consommé sans être assumé. J’écris mécaniquement pour trouver le sommeil, j’écris dans une noirceur complète que seule la faible lueur de mon portable vient troubler. J’écris sans conviction, avec la vigueur de poignets secouant sans ardeur une protubérance trop flasque parce que déprimée.

Tout jeune, je passais des heures à noircir des feuilles lignées d’histoires rocambolesques. Je m’assoyais à la table de la cuisine, mes pieds touchant à peine le sol, et je libellais les univers qui meublaient mon esprit enfantin. Avec mes crayons de plomb et ma calligraphie pataude, je dressais des mondes féériques et des péripéties dantesques tout en érigeant des monts de retailles de bois avec mon taille-crayon mal affuté.

Plus tard, je me suis mis à écrire de la poésie, griffonnant de frustes alexandrins dans mon agenda durant les cours. Je m’exaltais de ma prose puérile, satisfait de légitimer mes séances excessives de crosse de jeune adolescent en métaphorisant mes poussées d’hormones à grands coups de strophes ineptes.

Lorsqu’arriva le temps de me choisir une carrière, un futur, j’ai décidé de faire des études littéraires. Me retrouvant devant rien, je me suis dressé un vague plan, je voulais étudier en littérature, faire un certificat en pédagogie puis enseigner. J’étais excité à l’idée d’étudier les plus grandes œuvres, de disséquer le style et la pensée de grands auteurs.

Outre la platitude des cours, la déception la plus vive que m’apporta ma seule session en sol universitaire fut la constatation implacable de ma nullité. Absence de style, d’idées, je me faisais mettre la face bien profonde dans mon propre caca.

Jeune, j’avais ces idées de grandeur. J’allais écrire un roman, ou un truc du genre. Quelque chose d’immersif, avec une plume balèze pis toute, le genre de livre que l’on lit jusqu’à tard le soir, juste parce qu’on a l’impression que quelqu’un, quelque part, nous comprend.

Pis fuck, j’ai essayé. J’ai essayé durant toute la session, pour le fun. Je griffonnais des idées moches, j’ai dû écrire deux cents débuts de livre, finissant toujours par les mettre aux poubelles, à chaque fois un peu plus excédé.

J’ai finalement lâché mon BAC et j’ai emprunté la voie que j’ai décrite auparavant. Le jour où j’ai annulé mon inscription à la session d’hiver, j’ai aussi rangé mon dictionnaire et mes crayons. À toute fin pratique, je n’ai pas écrit pendant près de quatre ans. J’étais comme un gamin qui a joué toutes les premières années de sa vie au hockey dans la rue et qui réalise une fois sur la glace qu’il est absolument incapable de patiner. Le désarroi m’a décrissé.

Et là je me suis donné comme objectif de cesser ces enfantillages. Bien sur, je sais que je ne réinvente rien ici, conscient de mes contraignantes limites. Mais j’ai décidé d’arrêter de bouder ce plaisir d’autrefois qu’est l’écriture. Et même si l’idée d’un blogue m’avait toujours pué au nez, que je me sens comme une adolescente à écrire ici mon quotidien, à raconter mes banalités de tous les jours, que tout ça n’a rien de glorieux, je me sens bien et c’est avec un ostie de gros fun que je retrouve l’écriture.

Et parce qu’il va y avoir des creux, des périodes où ça ne me tentera plus, où le côté infantile de l’entreprise me dépassera, je me rappellerai cet objectif. Celui d’écrire pendant un an. Un an avant de tout arrêter.

Catégories :Objectif 10

Bilan mensuel #1

février 24, 2010 3 commentaires

Voilà qu’un mois s’est écoulé depuis le début de mon opération Reboot. L’heure me semble donc convenue pour faire un premier bilan d’où en suis-je, question de garder bien en vue le chemin parcouru. J’ai lu que c’était bien bon de faire ça sur un site de cheminement personnel de matante.

1 – Laisser ma blonde : Premier objectif de complété, normal puisqu’il était un peu l’assise de départ de tout ce processus, je crois bien vivre avec mon nouveau célibat, avançant à tâtons un peu dans cette solitude nouvelle.

2-     Changer d’emploi : J’hésite à enclencher ce processus. J’ai des économies honnêtes qui me permettraient de continuer à mener ma vie courante pour au moins 3-4 mois sans emploi, mais je vois poindre à l’horizon les 3 semaines et demie de vacances payées cet été et ça me démotive un peu, ou du moins me motive à attendre jusque-là. Et de toute façon, je n’ai crissement pas encore trouvé de plan B.

3-      Apprendre la guitare: J’ai acheté une guitare sur ebay et je me suis trouvé un livre pour débutant de seconde main dans une bouquinerie qui empestait la boule à mites. Je suis capable de jouer sommairement La poupée qui fait non des Sultans et A Horse with no name. Là, je travaille sur Heart of Gold de Neil Young et c’est difficile…

4-      Perdre une vingtaine de livres : Pas débuté officiellement.

5-      Courir un demi-marathon : Pas débuté officiellement, mais j’ai couru pour la première fois cette semaine. Le lendemain, je peinais à marcher. Mais au moins, c’est commencé et je compte bien me faire un programme prochainement, question d’aussi concrétiser l’objectif 4.

6-      Arrêter de fumer : Ça va faire bientôt 2 semaines. Je me suis procuré des patchs suivant les bons conseils des gens ici, sur le blogue. Je trouve que c’est un peu lame d’avoir un timbre sur le bras, mais au moins, jusqu’à présent, ça fonctionne.

7-      S’impliquer pour une cause : Pas débuté, en recherche d’une cause.

8-      Me sentir amoureux : Loin d’être débuté.

9-      Reprendre contact avec mon frère : Pas propice.

10-   Écrire pendant 1 an : Après 1 mois, ce sera mon 31e article, il y en a eu des longs et des moins longs. Ça fait bizarre de réécrire couramment pour la première fois en 4-5 ans. J’ai souvent l’impression d’être impertinent ou carrément mauvais, mais c’est le fun en maudit.

Catégories :Bilan

Top 5 des chixs de Disney

février 24, 2010 2 commentaires

Ne jamais se poser de question sur le pourquoi des top 5 de gars soul. Juste jamais.

5- Belle : Une libre-penseuse qui aime les livres et le sexe bestial, ça a un petit côté le fun.

4- Blanche-Neige : Une fille qui a besoin de sept ouvriers pour la satisfaire a nécessairement un appétit féroce. Et si elle regarde les protubérances charnelles comme elle dévisage la pomme interdite, d’après moi elle suce comme une Dyson, comme on dit, tsé.

3– Jasmine : Même si elle est de la marde dans Le retour de Jafar, elle tient tête à son père dans Aladin, envoyant paitre une couple de vicieux aux poches profondes, ce qui est définitivement cool. Et puis le teint basané, COME ON.

2- Ariel : Malgré un déficit d’orifices, la petite sirène est la seule qui puisse offrir des fellations amphibies. Sans compter la longue chevelure rousse ainsi que le bustier en coquillage.

1-Pocahontas : Parce qu’elle évoque la femme sauvage, tigresse. Parce que je lui refilerais bien le scorbut à Pocahontas. Son hymen contre un set de casseroles, 1 fusil pis 3 miroirs.

Catégories :Top 5

Biathlon moderne

février 23, 2010 2 commentaires

J’ai arrêté de faire couramment du sport vers la fin du CEGEP. C’était l’époque où je faisais de la nage les soirs de semaine parce que je trouvais la sauveteuse ben cute. Je jouais régulièrement au basket en plus de jouer dans une ligue de cosom l’hiver et d’ultimate frisbee l’été. Je ne connaissais guère la fatigue, tout athlète que j’étais.

Puis j’ai eu une première entorse lombaire. Après ça a été l’aine étirée. Fracture du poignet, entorse au genou. Je me suis mis à fumer plus, courir moins. Je me suis encrouté tranquillement, me complaisant dans ma sédentarité nouvelle, laissant libre cours à la lâcheté inhérente à ces blessures qui m’ont usé.

C’est aujourd’hui que je mets fin à ce marasme profond, faisant le premier pas d’une route longue et tortueuse qui me ramènera, je l’espère, à ma condition d’antan d’incommensurable apollon.

Après le travail, j’ai donc fait un rapide détour au Sports Expert du coin. À peine planté devant le mur de chaussures, un carnassier vendeur m’assaillait, s’enquérant d’une voix haute perchée de mon intérêt. J’avais à peine spécifié sommairement mes besoins qu’il s’empressait de me causer types de semelle, aération d’empeigne, soutien de chevilles, me noyant sous une pluie bigarrée de détails insignifiants et de postillons dodus.

Désirant ce qu’il y a de mieux, voulant éviter les blessures et souhaitant réduire au maximum les odeurs nauséabondes classiques qui émanaient de mes trucs de sports, j’ai délié les cordons de ma bourse big time, me procurant des espadrilles fucking dispendieuses, des semelles particulières, des petits bas d’athlètes et au moins 43 vaporisateurs divers pour enlever l’odeur/imperméabiliser/laver.

Sitôt arrivé, je me suis fait un petit souper léger en remplissant mon iPod, diversifiant un peu mon répertoire plutôt dépressif. J’y ai inclus un peu de Phoenix, Vampire Weekend, Frank Zappa, Franz Ferdinand, The Who, enfin, ce genre de truc.

Et après quelques étirements sommaires, je me suis élancé d’un pas léger, joggant tranquillement à travers mon quartier. Rapidement, j’ai eu le souffle court, la gorge enflammée et les poumons ankylosés. Constamment en train de faire des arrêts, je pompais l’air avec l’élégance d’un saint-bernard. N’empêche que j’ai pu faire un petit tour sympathique du quartier, me laisser avancer par mes pas, enivré de l’air frais et hypnotisé par le bruit du choc constant entre mes espadrilles neuves et le bitume sournoisement glacé.

J’ai croisé un vieux monsieur avec un chien encore plus vieux. Une petite fille qui trainait dehors bien trop tard. Il y avait deux ou trois jeunes qui fumaient du pot en se cachant dans une ruelle. J’ai même croisé Marianne qui allait chercher son courrier. Je sors trop peu souvent de chez moi, j’avais l’impression de découvrir un monde dans lequel je baigne pourtant depuis quelques années.

J’ai fait un gros 30 minutes, dont au moins, ouf, 9 ou 10 à courir. Puis j’ai réalisé que j’étais bien loin de chez moi. J’ai donc pris une bonne heure de marche, le son de mes écouteurs au plafond, le sourire plus gros que le cul de la lugeuse moyenne.

En revenant chez moi, j’avais un message texte :

Nice shoes, wanna fuck?

C’était Marianne qui, dans toute sa hardiesse sexuelle, m’invitait sans doute à transformer mon jogging en biathlon charnel. Qui étais-je pour refuser?

Catégories :Marianne, Objectif 4, Objectif 5

Internet pis les heures du jour

février 22, 2010 2 commentaires

Internet, c’est un peu comme une caisse de 24. Plus il est tard et plus c’est vide. Pis plus qu’on se sent seul.

Se faire matcher

février 21, 2010 12 commentaires

L’ennui d’avoir des amis, c’est que parfois ils veulent vous aider. Trop. Voyant l’air piteux que j’arborais depuis quelque temps, Mike avait décidé que c’en était assez. J’étais donc invité hier à un souper qui se voulait la séance de matchage la moins subtile auquel il me fut donné d’assister.

Pas dupe, je savais bien qu’une invitation pour un souper avec Mike, sa blonde Marie ainsi qu’une amie de cette dernière n’avait rien d’innocent. Je me suis donc fait tirer l’oreille, incertain qu’il s’agissait d’une bonne idée. C’est une fille sensass que m’assurait Marie, la fille la plus en manque de Sainte-Foy que me glissait Mike. Corrompu devant tant d’arguments massue et dépourvu de meilleur plan en ce samedi soir, j’ai finalement abdiqué.

Je suis arrivé sur le coup de huit heures non sans avoir fait un détour de dernière minute pour cueillir aléatoirement un vin à la SAQ et acheter un refill pour la flasque subtile que je traine dans ma poche pour ces occasions à plaisir hasardeux.

Comme à l’habitude, je suis entré sans cogner, étant rapidement accueilli par l’odeur du poulet farci et Michael qui me retirait mon manteau, l’air mi-amusé, mi-désolé de m’avoir empêtré dans ce ludique bourbier. Une fois dans la cuisine, les présentations furent faites, dissipant lentement le dense malaise.

Marianne est une fille plutôt menue, cheveux bruns, yeux noisette et air espiègle. Pas très grande, cela ne l’empêchait pas de déplacer sa part d’air, s’exprimant avec enthousiasme et volubilité. Me laissant prendre au jeu, galvanisé par l’hospitalité franchement vinique de mes hôtes entremetteurs, j’étais plutôt de bonne humeur, me surprenant même à vouloir être drôle par moment.

Attablés, la discussion était plutôt fluide, le ton montant même parfois tandis que nous discutions des récents propos de Lucien Bouchard, de la présence du français aux Jeux olympiques ou bien de l’étonnant débat Bourguignon/Dompierre. J’étais anormalement opiniâtre, transporté par la tournure tant plaisante qu’inattendue de la soirée.

Puis nous avons fait la vaisselle en buvant du vin. Nous avons joué à Cranium en buvant du vin. Nous avons commenté le curling comme les nouveaux adeptes enivrés que nous étions. Il y avait moi qui étais joyeux, il y avait Marianne qui souriait beaucoup et il y avait Mike et Marie que je voyais s’autocongratuler à grands coups de regards complices, les p’tits sacraments.

La nuit a fini par s’épaissir et nos amphitryons machiavéliques ont prétexté la fatigue pour nous mettre dehors une fois leur vil méfait accompli. Par souci d’économie (oui oui), on a pris le même taxi, on habite pas si loin l’un de l’autre. Pis parce qu’il ne me restait plus vraiment de café chez moi, je suis monté chez elle pour en boire un. Pis tsé, ouin. Hein? Ouin faque c’est ça.

Je me suis rhabillé finalement pour repartir deux heures plus tard, à bord d’un autre taxi. Et là je sais pas trop, je fais quoi moi?

Catégories :Anecdote, Marianne

Les loisirs du Québec!!

février 20, 2010 3 commentaires

Fut un temps où j’évoluais dans l’insouciance la plus béate, insouciant du mal viscéral de l’homme, me promenant en affichant l’air candide d’un cervidé tout walt-disnéen. J’aimais me balader à voiture, piquer un léger somme un après-midi humide d’été, faire des emplettes au centre commercial. C’est d’ailleurs lors d’une de ces balades de consommateur naïf qu’éclata spectaculairement la bulle enchanteresse où j’évoluais dans la bonhommie la plus outrancière.

Tandis que je gambadais bien plus que ne marchais en plein centre d’achat, une voix qu’on aurait dit d’outre-tombe retentit :

–          Monsieur, monsieur, vous m’avez l’air de quelqu’un qui lit beaucoup, est-ce le cas?

Le littéraire coquet que je me croyais naïvement être à l’époque mordit à l’hameçon pourtant bien évident du pêcheur, aveuglé que j’étais par mon jovialisme crédule et viscéral de l’époque.

Déjà bien appâté par la séduction fourbe du vendeur qui peinait à retenir la bave toute pécuniaire qui ornait le coin de ses lèvres, j’ai signé avec empressement le formulaire qu’on me tendait nonchalamment, ne faisait pas de cas des petits caractères ou des restrictions que marmonnait le commis, aveuglé à l’idée d’obtenir quantité de livres à faible coût.

J’étais donc le tout dernier membre du club de lecture/secte Québec Loisirs.

L’encre n’était pas encore sèche sur ce contrat méphistophélique qu’on m’amenait pompeusement du stand de vente jusqu’à la boutique de Québec Loisir en me serrant la main, me répétant sur un ton monocorde que j’avais fait la meilleure affaire de ma vie, tentant sans doute d’y aller d’une lobotomie orale, espérant peut-être bloqué à tout jamais mon sens critique qui, déjà, m’avait fait défaut lors du court instant que dura mon inscription à Québec Loisirs.

Sur place, je me suis alors procuré un bouquin commémorant le centenaire du Canadiens ainsi que le dernier Dany Laferrière en réalisant de substantielles économies s’il fallait en croire les étiquettes de prix accolées aux livres. C’est donc avec une mine de satisfaction enfantine, celle de l’homme heureux d’avoir économisé 3.26 sur 2 livres de 35$ chaque, que je suis ressorti de la boutique, encore tout inconscient du mal qui m’incombait désormais.

Puis ça a commencé par un coup de téléphone, courtois certes, mais une première intrusion. Par la suite, ce fut le courrier. Mais tsé, calissement du courrier. Des catalogues trimestriels, des suggestions mensuelles, des étoiles littéraires hebdomadaires, des factures quotidiennes. Je croulais sous les assauts sauvages de l’épistolarité outrageuse du TABARNAC de Québec Loisirs.

Il y a eu les emails aussi. Une fois au loin, j’ai cru voir un message à la suite d’un avion me proposant d’acheter le dernier Marie Laberge en précommande. La prochaine étape, c’est les signaux de fumée. Toujours est-il que j’ai fini par faire une commande pour le trimestre en cours, respectant ainsi ma part du pacte dégueulasse que j’avais paraphé il y avait quelques semaines.

Puis il y a eu une légère accalmie suivant la réception de mes deux livres. Puis ça a recommencé, la valse reprenant de plus belle. La date fatidique limite du trimestre actuelle approchait à grands pas, et moi j’étais trop lâche pour aller sur leur site, passer une commande. Et j’ai attendu, peu emballé que j’étais par du Gabrielle Roy, du Michel Tremblay ou de l’ostie de Marc Levy. J’ai donc végété, différant sans cesse ma sélection si bien que la date fatidique passa sans que j’en prenne connaissance.

Tout à l’heure, je suis allé chercher mon courrier. En enfonçant ma main dans l’exigu casier, j’ai tout de suite ressenti le froid contact usuel de la clé annonciatrice d’un colis. Épars, je n’ai guère fait de lien avant d’ouvrir le plus grand casier et de voir le logo de la secte m’accueillir en ornant la boite blanche classique de leurs livraisons.

Je viens d’ouvrir les propositions trimestrielles de QL que je me verrai dans l’obligation d’acheter : Pieds nus de Elin Hilerbrand (Trois femmes débarquent à [fucking] Nantucket avec leurs enfants, leurs immenses chapeaux et leurs problèmes) et L’héritage du sang de Kitty Sewell (Pour survivre à la mort tragique de son mari, Madeleine a fui le cadre idyllique (OUI OUI) de la Floride et s’est installée comme psychothérapeute dans la grise Angleterre).

Je suis comme en criss. Je suis prisonnier de l’engrenage fécal d’un groupe de lecture de vieille matante. D’après moi, les statistiques d’obtention d’inscription pour le club doivent ressembler à 95% de madame exaltée lors de présentation Tupperware et 5% de crapet qui erre dans les centres d’achat. Ça fait que je me ramasse avec des livres qui puent l’exutoire de ménopause, dégageant des odeurs de peppermint et d’œstrogène passé date. Pis bon, ça me fait chier.

Catégories :Échappé

Il y a des collègues

février 18, 2010 1 commentaire

J’ai un entourage de travail particulièrement étrange. La première année, c’était drôle de voir ça aller, j’observais avec les yeux grands ouverts du bambin qui découvre le monde, ébahi incessamment par les incongruités que mon quotidien m’apportait. Puis rapidement, tout ça est devenu routine jusqu’à épuisement.

Il y a les secrétaires, début trentaine, postérieurs expansionnistes et cheveux sur-teinturés, qui ne parlent que de leurs enfants. On les dirait lobotomisées, comme si la dilatation du vagin rimait avec la dilution de la matière grise. Elles vivent pour les tournois de soccer la fin de semaine, les recettes de mijoteuse et les relevés de notes du primaire. L’ennui, c’est qu’elles ne comprennent pas que le fait que Jean-Rémi ait compté deux buts en fin de semaine passée, j’en ai rien à cirer.

Il y a Mario qui va fumer du pot dans son automobile à chacune de ses pauses. Il quitte sans dire mot, enfile son vieux manteau défraichi et descend dans le stationnement pour ne revenir que quinze minutes plus tard, les yeux un peu rougis, le sourire un peu béat et trainant un arôme aguichant de chanvre derrière lui. Célibataire depuis quinze ans, sa vie est un long fleuve tranquille sous une épaisse couche de brouillard. Certains jours, ça me brise le cœur en deux tandis que d’autres jours, je trouve que c’est un sacré épais qui gaspille sa vie.

Il y a Carmen, la représentante syndicale de l’étage. Elle se démène pour des gens qui n’en ont cure, toujours excédée par le patronat, constamment à lire la convention collective pour identifier une brèche. Elle porte une multitude de foulards, des boucles d’oreille immenses et a toujours cet air irrité collé au visage.

Il y a Samuel qui n’a jamais bouclé un projet au complet depuis que je travaille là, toujours à flâner, à redistribuer subtilement son ouvrage, prétextant une multitude de raisons qui ont au moins le mérite d’être novatrice.

Il y a Véronique de qui on dit que l’entrejambe fut visité par tout le haut du payroll de la compagnie. Il y a Pierre qui a essayé de me vendre au moins cinq fois une carte de membre du Parti Québécois, Serge qui a essayé tout autant de fois pour le Parti Libéral et il y a ces deux-là qui finissent par gueuler dans la salle de pause au moins une fois par semaine.

Il y a un boss qui erre, satisfait du boulot qui se fait tranquillement, sans heurt réel. Il y a toute une équipe de travail qui représente le principe de Peter dans toute sa magnitude.

Au moins, il y a Daniel et Béatrice. Daniel est dans la mi-quarantaine, cultivé et allumé, doté d’un regard vif, il est plutôt réservé. Puis quand ça lui tente, il m’approche et me parle nonchalamment d’un sujet d’actualité quelconque, prétexte pour nous lancer dans des discussions qui durent des heures où l’on refait le Québec, décortiquant un peu tout de notre regard froid commun. Je n’ai jamais compris ce qu’un gars comme lui faisait dans un job pareil. Je ne peux pas croire qu’il s’y plait. Un jour, je trouverai peut-être un angle pour aborder le sujet. J’ai peur de sa réponse, cela dit. Parce qu’il pourrait me parler de confort, de la paie, de l’absence de tracas. Et ça me ficherait la trouille, parce que je me reconnaitrais un peu dans ça et parce que je ne veux plus être là à 45 ans.

Et il y a Béatrice, début vingtaine elle aussi, un peu perdue, comme moi, médusée également par cet écosystème bureaucratique aussi déjanté qu’ordinaire. On rigole bien, troublé par nos collègues souvent plus grands que nature. Quand je mets à jour des fichiers Excel pendant 7 heures de temps, fixant morbidement les chiffriers assassins, c’est souvent la seule personne qui réussit à me sortir de mon marasme pour me faire rire.

Puis il y a moi blasé qui essaie de ne pas trop devenir cynique.

Catégories :Objectif 2

Concept de marde

février 17, 2010 5 commentaires

Écouter un animateur ou lire un chroniqueur « parce qu’il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas« , nenon là.

Catégories :Quickie

Le calme

février 15, 2010 5 commentaires

Je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais, il y a presque un mois, quand j’ai eu cette idée saugrenue d’Opération Reboot. Le terme dépression me semble présomptueux et exagéré, mais mon marasme profond s’apparentait assurément à une bonne déprime, un gouffre où je m’enlisais nonchalamment.

Et si j’avais le moral orageux, secoué par les bourrasques glaciales d’un cafard névrosé, j’ai l’impression d’apercevoir des éclaircies vivifiantes par moment. Ce soir, c’était une bonne soirée.

À peine sorti de l’astreignant boulot, j’ai fait un détour à l’épicerie question de faire le plein de victuailles. Arrivé chez moi, je me suis fait cuire un énorme steak en mettant une compilation de Miles Davis ridiculement fort dans mon stéréo. Je me suis débouché quelques bières importées en écoutant les nouvelles et en mangeant mon steak et ma salade.

Après coup, j’ai joué un peu de ma guitare fraichement acquise en regardant les olympiques. J’étais dans la pénombre, seulement illuminé par le rayon cathodique du téléviseur en grattant malhabilement les premiers accords que je tente lentement de maitriser. L’espace d’un moment, j’ai eu l’impression d’être repu, transcendé par une paix qui m’échappe trop souvent.

Ce soir, je n’avais pas besoin d’argent, de gros seins siliconés, d’ébaubissante gastronomie ou de romanesques péripéties. Ce soir, c’était plutôt la salade survinaigrée, parce que j’aime ça de même moi. C’était la bière oubliée dans le congélateur parce que criss, des courses de 500 mètres en patin c’est énervant. C’était le téléphone que je laissais sonner, le vieux chocolat chaud Carnation comme quand j’étais encore petit, les toasts au beurre de peanuts avant le coucher.

Ce sera le sommeil facile et sans tourment. C’est la plénitude.

Séduire

février 15, 2010 7 commentaires

Je ne sais plus comment séduire, si seulement j’ai déjà su. Je n’ose pas approcher quiconque, miné par les doutes, terrassé par l’appréhension du rejet, paralysé par le contraste entre mes craintes et l’insouciance ambiante.

Je lisais dernièrement que la séduction, ce serait comme la bicyclette, que ça ne se perdait pas. Et bien moi, j’ai l’impression que j’aurais besoin des deux petites roues supplémentaires pour débutant parce que j’erre sans équilibre ni agilité dans le monde cannibale de l’attraction. J’aurais besoin qu’on me rappelle quoi dire, quand sourire, quand foncer.

J’ai bien essayé pourtant, me démenant autant que possible malgré la timidité enfantine qui me neutralisait. J’ai abordé deux filles durant la soirée de samedi, pédalant dans le vide, mes insipidités ne récoltant que quelques rires cireux de politesse.

Je pense beaucoup, incapable d’être moi-même. J’essaie de ne pas être trop intellectuel de peur d’être ennuyeux. J’essaie d’échanger sur des banalités mais je suis aussi naturel que la face de Michel Girouard. Je suis trop occupé à analyser et appréhender pour rester naturel de sorte que j’ai la fluidité d’un 2×4.

Or, dans toute la présomption que je peux me permettre, j’ai l’impression d’avoir été charmant à une époque, souvent à l’affut, distribuant les mots d’esprit, les sourires confiants, ayant les mains baladeuses de façon opportune. Perdue aujourd’hui cette insouciance d’autrefois, cette confiance démesurée sans raison.

Je me sens fragile. Ça gosse en criss.

Top 5 des J.O d’hiver

février 14, 2010 1 commentaire

5- Patinage courte piste : La délégation canadienne est remplie d’espoir, un sport spectaculaire, plein de rebondissements, que demander de plus.

4- Du sport non stop : Des reprises tôt le matin, du sport jusqu’aux petites heures, moi sur le sofa qui m’endort avec la douce voix de Denis Casavant qui anime le tout. Ça fait changement des concours de dards ou d’habiletés de billard.

3- Le ski de bosses : C’est spectaculaire à souhaits, les canadiens sont en bonnes positions et il y a Jean-Luc Brassard à l’analyse. Jean-Luc et sa passion, Jean-Luc et son vocabulaire splendide, Jean-Luc et sa perfection.

2- Cérémonie d’ouverture : Je trouve toujours ça spécial de voir tous ces athlètes, tous ces gens réunis pour un spectacle assurément grandiose. Seul bémol, la présence d’Alexandre Despatie.

1-Le tournoi d’hockey : Des matchs d’étoiles avec enjeu un après l’autre, les meilleurs joueurs au monde, la pression sur les épaules de Steve Yzerman, les soirées longues à regarder les matchs en discutant de la composition de l’équipe et, espérons, une finale avec nos petits Canadiens.

Catégories :Top 5

Remettre sa démission

Je suis las au boulot. J’ai fini tous mes dossiers pour la semaine et je m’emmerde profondément en attendant le coup de 16h00 pour pouvoir quitter pour deux jours de liberté entière. Et depuis la tour d’ivoire qui me sert de cubicule, je rêve un peu sur Youtube à ce que je pourrai faire lorsque plus tard cette année, j’aurai l’argent pour m’acheter des testicules et foutre le camp.

Les trois meilleurs façons de quitter son job, selon le cinéma:
Parce qu’il y a trop de gens à qui je voudrais dire fuck you.

La qualité est mauvaise, j’arrive pas à trouver mieux mais c’est un classique.

Meilleur scène de démission EVER.
« My job consists of basically masking my contempt for the assholes in charge, and, at least once a day, retiring to the men’s room so I can jerk off while I fantasize about a life that doesn’t so closely resemble Hell. »

Catégories :Objectif 2

Well, you know

février 12, 2010 2 commentaires

Il y a de ces soirs où l’on ne cherche même pas de prétexte, pas de game de hockey, d’anniversaires ou de concepts farfelus,  on boit sans réelle raison autre que celle d’être réunis.

Ce soir, il y avait moi, Michael et au moins un hectolitre de rhum.  Il y avait Sigur Ros en background, un livreur de poulet moustachu qu’on avait arrêté d’attendre et des vieux Doritos au gout aveuli.

On a porté un toast à nos mères qui nous bordaient, à Bob Gainey, à Magalie qui suçait qui le voulait bien au secondaire,  à Jonathan le roux qui courrait le plus vite du quartier, à Guglielmo Marconi, aux filles qui portent la dentelle, à Joé Juneau pis aux bas de laine gris avec une p’tite ligne rouge sur le bord.

On a mis beaucoup de coke dans nos rhum and coke, puis on a mis moins de coke dans nos rhum and coke.

On était soul et on parlait en anglais. Pis quand on est soul pis qu’on parle en anglais, on se met les couilles sur la table en estie. C’est bizarre, comme si le fait de parler dans une autre langue enlevait les inhibitions.

-You know what man? I’m fuckin’ afraid that I won’t be a good father. It scares the shit outta me.

-I don’t know if I’ll ever find someone else man, what if I die all alone after a life of loneliness?

-Remember Samantha, the blond girl? Well two weeks after you stopped seeing her, I fucked her at the ciné-parc calisse.

Et ça a continué longtemps comme ça. On s’est raconté nos vies, on a refait le monde tandis que le notre s’embrumait toujours un peu plus. On a fini notre Coke. Puis 30 minutes après on a fini notre rhum. Mike est allé se coucher sur le divan et mon lit m’appelle au loin de sa voix ronflante.

Je vais donc dormir de ce pas. Cauz’ I feel a ll’ lame, writing on a blog at this hour when I’m working tomorrow. But I gotta admit that it helps me to sleep better. I like it here.

Objectif 6: Arreter de fumer

février 11, 2010 6 commentaires

J’ai commencé à fumer quand j’avais 12 ans. J’étais ce gamin énergique aux cheveux rasés, batailleur et coltailleur. J’étais ce petit gars qui réussissait à pouvoir s’asseoir au fond de la bus avec les plus vieux en les déridant, en crachant et en sacrant de ma petite voix pas encore pleinement muée. Je me tenais avec les plus vieux, me tirant un rang de ce piédestal de bum anodin.

Ça a commencé par des yeux subtilement scrutateurs et une main contenant une cigarette tendue nonchalamment. Je n’ai pas bronché, allumant ma première clope en tremblant un peu, tentant d’afficher le plus de détachement possible pour le bambin que j’étais encore.

Je me souviens, je m’étais concentré si fort pour ne pas tousser, aspirant avec appréhension et lenteur, voulant éviter l’humiliation de me cracher les poumons. La seule autre fois où j’ai atteint ce niveau de concentration physique, j’essayais de retenir mon coït lors de ma première relation.

Puis c’est devenu un rituel. Il y avait le grand Pierre-Luc qui me refilait les Player’s qu’il subtilisait à son père. Il était mon Robin des Bois de la nicotine, enlevant le tabac aux riches pour le donner aux pauvres. Je me suis ensuite mis à collecter comme je pouvais, accumulant de quoi fumer autant que je pouvais en public.

Mon père a finalement découvert un jour ce que ma mère savait sans doute depuis des mois, me prenant à fumer derrière le cabanon un soir d’été. Et comme ça, il a décidé qu’il me les achèterait. Préférant, disait-il, savoir d’où provenaient mes cigarettes plutôt que d’avoir à imaginer toutes les sottises que je pouvais faire pour boucaner un peu.

Et je n’ai jamais arrêté depuis, ma consommation allant toujours en croissant. À l’époque, quand je faisais du sport, ce n’était pas si mal. Je n’avais pas le souffle particulièrement court, mes vêtements empestaient moins, le froid me pesait moins lorsque je devais sortir pour combler ma dépendance.

J’ai essayé d’arrêter, une fois ou deux. Ça coute trop cher que je me disais, et puis c’est même pas bon pour les poumons. Mais irrémédiablement, je finissais toujours par aller prendre une marche à 1 heure du matin pour m’acheter un paquet de king size et en griller trois sur le chemin du retour.

Je ne sais pas pourquoi cette fois-ci serait la bonne. J’ai juste le goût d’essayer, pis de voir. Juste de même?

Catégories :Objectif 6

Envie de sexe et relents de vanille française

février 8, 2010 3 commentaires

Il y a trois périodes dans votre vie. Il y a celle où, trop jeune, vous ne pensez jamais aux filles. Il y a celle où, trop vieux, vous n’y pensez plus vraiment. Puis il y a le reste de votre vie où vous ne pensez qu’à ça.

Je n’arrive pas trop à me souvenir du moment exact où j’ai passé d’une période à l’autre. Dans ma mémoire trouble, je joue au Lego un jour puis je suis obnubilé par la gent féminine le lendemain. J’ai troqué ma naïveté et ma paisible vie pour l’envie et les tourments. Parce qu’en matière de troc sentimental, l’adolescent est un Amérindien.

La place qu’occupent les femmes monte en flèche le long de l’adolescence pour atteindre un plateau effarant qui se maintiendra pour des années durant lesquels le sexe régira subtilement votre vie sans que vous ne le réalisiez vraiment, aveuglés que vous êtes par les hormones que sécrètent à grandes pompes votre cerveau tristement masculin.

Au secondaire, il y avait le sport oui, la politique, un peu, la littérature à temps perdu certes, mais il y avait surtout les filles. Les filles et leurs jeans tailles basses qui déambulent dans les corridors. Les filles et leurs camisoles indécentes qui marchent au lieu de courir en éducation physique (je ne comptais pas le nombre de tours que je réalisais, mais bien le nombre de fois que je pouvais me rincer l’œil en les dépassant). Les filles et leurs yeux immenses, leurs parfums aux arômes enivrants, leurs cous invitants, leurs jambes infinies.

Adolescents, ils y avaient ces samedis après-midi où nous allions nous chercher une gigantesque glace à la vanille française, chocolat noir et arachides croquantes pour ensuite aller s’assoir moi, Ben et Michael sur un banc au centre d’achat. Munis de nos monts glacés, nous mations plus que regardions les filles dans une salacerie que juvénilité excusait.

Puis arrive un âge où l’on arrête d’imaginer le sexe, on le fait. Rien pour arranger les choses. L’anxiété croissante dans l’attente de la première fois devient oppressante, forniquer est une finalité. Viennent finalement les premières expériences et quelques coïts précipités, les attentes pourtant stratosphériques sont pulvérisées, l’homme est désormais esclave.

La vie devient dès lors une quête constante, le désintéressement des relations homme-femme n’est plus que caduque utopie, l’homme est en chasse, en mode prospection 24/7. La vie est trépidante, les rencontres stimulantes, chaque coït obtenu à grands coups de séduction sauvage est une anecdote à venir dans nos biographies non autorisées qui viendront bien un jour.

Les années passent sans que le charme féminin ne s’essouffle, dans une espèce de fatalité contre laquelle j’ai eu tôt fait de cesser de lutter. N’en reste pas moins que je ne peux m’empêcher de ressentir une impuissance niaise lorsque le froid de mon lit vide me fait grelotter.

Ma rupture récente me noie dans une léthargie sexuelle pour le moins déstabilisante, une situation que je n’avais pas vécue depuis un moment. Je me sens faible d’être ainsi déséquilibré par cette envie latente, par cette fureur de fourrager.

L’autre soir, j’étais dans un bar et je me sentais un peu misérable avec mes obsessions et mes pulsions. J’ingurgitais mon alcool en regardant les filles se trémousser sur le dancefloor et je ne pouvais m’empêcher de penser au petit gars qui regardait les filles au mail du coin en mangeant une crème glacée que je fus jadis. J’ai l’impression que ma vie est un cycle où rien ne change, si ce n’est que la crème glacée devient bière.

Le Super Bol

Soir de 44ième Superbowl, Benoît avait gagné des billets V.I.P. pour une projection du match au Capitole de Québec où une radio louche organisait la soirée. Obnubilés par la perspective d’un écran de 20 pieds par 40 pieds, de télé plasma à tirer et de certificats-cadeau pour des voyages sportifs, nous avions donc décidé de délaisser l’espace d’une année le rendez-vous annuel chez Mike.

Le doux Peyton échoue

Je suis un partisan du scientifique Peyton, du cérébral Peyton, du clerc Manning, de l’intello du ballon pas rond. J’espérais donc une victoire des Colts ce soir, espoir qui serait déchu comme tant de ses comparses des dernières années. Le match serré m’aura malgré tout permis d’espérer un bon moment, avant que le 18 commette une de ses rares bourdes et remette le ballon aux miraculés de la Nouvelle-Orléans. Un match du Superbowl de 8/10.

Le port de la calotte

J’ignore s’il s’agit d’une recrudescence malheureuse, d’une circonstance fâcheuse ou  d’un aveuglement habituel de ma part mais le port de la casquette semblait reconnaitre un essor marqué digne de l’ère post culotte Adidas qui se snappent sur le côté à mon désarroi. Et qu’en est-il du look cheveux surlubrifiés/biceps surgonflés? Qu’en sera-t-il dans 15 ans? Le sentez-vous, mon excitation, ma fébrilité?

Les pubs

Je capote toujours autant quand je vois des nouvelles du genre « 3 millions pour 30 secondes de pub au SB ». Au moins, ça donne droit à des trucs pas mal sympa durant les si nombreuses pauses d’un match de la NFL.

Budweiser et Bud Light ont offert des trucs pas mal. Mais ma préférée fut celle de Google.

Une bonne bière

Je suis apôtre virulent de l’adjectif, les saupoudrant un peu partout parfois jusqu’à outrance. Sauf que les serveurs (euses) qui débutent leur service en nous demandant si l’on veut une BONNE bière, ça me rend agressif, surtout quand la seule bière disponible est de la Budweiser. Je vais t’acheter de la bière, plus que moins, pas besoin de me bullshitter avec un ton sirupeux en me demandant si je veux débuter avec une BONNE bière.

The creepy guy

Il y avait un mec vraiment bizarre assis juste derrière nous. Il demandait des autographes à des cheerleaders de 19 ans et venant ensuite m’exhiber fièrement le fruit de ses quêtes dans le but sans doute d’entamer la conversation, chose que je tentais grandement de limiter. Puis il s’est mis à prendre des photos plus ou moins subtilement de filles dans la salle. C’était totalement creepy et il a fini par se faire expulser.

Ce qu’on retient de cette soirée? Le retour d’interception bon pour un touché de Tracy Porter.

Ciboire.

Top 5 modification du quotidien

février 6, 2010 3 commentaires

Top 5 des choses qui ont changé dans mon quotidien depuis que je ne cohabite plus :

5- Boire à même les cartons : Parce que se désaltérer sans commettre l’odieux de salir de la vaisselle a quelque chose d’infiniment plaisant. En fait, je n’ai jamais vraiment compris ce qui restreignait cette pratique dans un couple. Je veux dire, quand tu te frenches, le fait de partager un 2 litres de jus ne me semble pas particulièrement dénué d’hygiène. M’enfin.

4- Changer les meubles de place : J’ai procédé à un petit remaniement mobilier des plus fameux. J’ai enfin pu mettre ma bibliothèque dans la chambre en plus de sortir une tonne de livres qui accumulaient la poussière au fond de mon garde-robe. Yeah!

3- Se laisser pousser la barbe : Parce que le 5-10 minutes de sauver chaque matin est fabuleux et parce que mon look bad ass me permettra d’avoir une vie sexuelle tout ce qu’il y a de plus débridé dans les semaines à venir, à n’en point douter.

2- Boire de la bière à des heures discutables : Plus besoin de se justifier pour en ouvrir quelques froides en lunchant, ou en soupant, ou en écoutant un match du Tournoi des fucking cœurs. Parce qu’écouter du curling en buvant de la Richard’s White manquait TELLEMENT à ma vie.

1-Modifier mon forfait téléphonie/internet/câble : J’ai sabré dans les appels longue distance, et flushé Canal Vie et Musique Plus. J’ai boosté ma connexion internet et ma limite de téléchargement du même coup en plus de m’ajouter NHL Center Ice, TSN 2 et Food Network. Oui madame.

Catégories :Top 5

Et de un!

février 4, 2010 6 commentaires

À partir de quand redevient-on vraiment célibataire lorsqu’une relation se termine? Quel est le moment qui vient officialiser la scission, formaliser le non-retour? Avant ce soir, j’aurais été bien embêté d’identifier une période clé à ce tortueux passage. Sauf que là, c’est évident.

Julie avait laissé un message sec et concis sur ma boîte vocale m’avisant de me trouver une occupation hors de l’appartement pour ce soir, qu’elle viendrait chercher l’entièreté de ces trucs avec UN AMI. J’ai donc fini un peu plus tard au bureau puis suis arrêté au McDo pour engloutir 10 McCroquettes vite fait.

Je suis ensuite allé virer à la patinoire du quartier avec mes patins fraichement aiguisés durant la fin de semaine. Au loin, quelques jeunes aux tuques multicolores et aux gilets de hockey un peu trop grands s’activaient en criant d’enthousiasme. J’ai donc rapidement enfilé mes patins et sauté sur la surface glacée. Après quelques tours de patinoire, le resserrage usuel des lacets et quelques tirs des poignets bien humbles, j’ai joint mon bâton à l’amoncellement qui se formait au centre de la glace, deux équipes furent formées et une petite partie débuta.

J’ai rapidement eu le souffle court, cherchant mon air à grands coups de respirations rendues emboucanés par le froid saisissant, m’échouant continuellement sur la bande comme la loque de cardio que je suis devenu. Je m’en suis vite tenu au rôle de l’adulte qui reste en défense sans trop s’impliquer tandis qu’autour de moi filaient des jeunes infatigables.

J’ai finalement quitté, un peu piteux, en m’allumant une clope puis j’ai filé au cinéma pour voir le dernier des Cohen qui était projeté au Clap. C’était pas si mal, mieux que Burn After Reading mais moins bien que Fargo. C’est donc le ventre tiraillant sous les assauts du gras des croquettes et du pop corn et les jambes crampés par mes efforts pourtant minimaux sur la glace que j’ai repris la route vers l’appartement.

J’y suis entré pour le trouver sinistrement vide, sélectivement dépouillé. Mon univers avait été définitivement amputé et mes repères étaient troublés. Et c’est là que j’ai su que la rupture était complétée. Je me suis senti mieux tout d’un coup, soulagé.

Alors voilà, l’objectif 1 est rempli! Maintenant, il faut que je me botte le cul. Je ne sais juste pas si je dois m’inscrire à un gym ou à un site de rencontre en premier. Il y a de ces dilemmes que je n’aurais jamais cru avoir il y a deux mois!

Catégories :Objectif 1

L’Attrape-peurs

Je me suis levé ce matin pour découvrir que J.D. Salinger était mort. Ça m’a fait sentir bizarre. Bizarre de savoir que l’irréductible ermite avait finalement trépassé. Je ne sais pas trop, c’est con, mais j’ai l’impression d’avoir perdu quelqu’un, un ami. Un peu comme le jour où j’avais appris que Syd Barrett n’était plus de ce monde.

C’est étrange l’attachement qu’on développe envers ces artistes qui façonnent inconsciemment notre adolescence. Quelque part dans ma bibliothèque se trouve une vieille édition de The Catcher in the Rye, les pages travaillées par la friction de mes doigts de béjaune fiévreux, les coins de la couverture émoussés par tous ces périples qu’il passa dans la poche arrière de mon sac à dos. Et il y a tous ces mots à l’encre vieillie qui me bercèrent à la lueur flageolante de ma lampe de chevet.

Le créateur d’Holden Caufield n’est donc plus. Et même s’il était devenu un vieux connard, qu’il buvait son urine dans un quotidien marqué par la glossolalie et la fréquentation de filles ridiculement jeunes, même s’il n’a rien publié depuis 1965, préférant garder ses récits pour lui, je trouve ça résolument moche de savoir que le vieux Salinger a finalement crevé.

C’est peut-être pourquoi je me sentais aussi mélancolique ce soir en allant prendre une (des) bière(s) avec Ben, pourquoi j’avais cette nostalgie en repensant à cette période que Salinger berça. Je me sentais vieux et désillusionné ce soir, bien loin de l’adolescence où nous étions mus d’une soif d’émerveillement jamais étanché, constamment avides de joies simples, de saveurs sucrées et de sexe innocent.

C’est désemparant de constater combien on change en l’espace de quelques années. Troublant de voir s’attiédir la capacité aux rêves, comme si le savoir acquis estompait les brumes utopistes où l’on nage toute notre jeunesse.

J’ai l’impression de ne plus être apte à ressentir la passion comme autrefois, j’ai l’appétence froide. J’en parlais avec Ben et nous nous sentions un peu attristés de ça. Derrière nous l’époque où nous brulions de la fièvre de ces amourettes qui nous consumaient entièrement, secoués d’un enthousiasme si fort que l’on se sentait presque clandestin. Oubliés ces attentes impétueuses de rendez-vous, ces nuits blanches à fantasmer, ces doutes sempiternels d’adolescents qu’entichement secouait vraiment.

Les jours avilissent. Je suis habité par cette dérangeante impression, celle d’être devenu ce que je méprisais. Comme si je réalisais que j’avais été victime de l’inéluctable sort de la vieillesse, que je devenais lentement un de ces phonys dont parlait Salinger. Et pire que l’embourgeoisement tant confortable que crasse, il y a cette conscience de cette lourde migration que je subis indubitablement.

Pour l’instant d’un soir, je souhaiterais seulement redevenir le garçon que je fus, retrouver l’innocence qui m’habitait autrefois. Or j’ai bien peur que ma candeur, Salinger l’ait emportée dans sa tombe.

Fabuler

février 2, 2010 3 commentaires

Hier soir, je suis revenu un peu chaud chez moi. J’avais comme le goût de toujours croire en l’amour, que ce genre de trucs existait. Puis je me suis crossé et ça a passé.

Catégories :Quickie

Contrer la solitude

Le plus dur depuis que je suis seul à nouveau, c’est sans doute le lancinant sentiment d’isolement, l’ironique poids de ma viduité malsaine. J’ai hâte d’en finir avec ça, que mon esprit redevienne finalement limpide.

Le sexe me manque, c’est sur. Je l’écris et je me sens un peu con. Mais oui, il me manque. Après quatre ans de relations fréquentes, de sensuelles et continuelles palpations, le début de carême charnel m’indispose, il y a ce froid crispant qui m’habite.

Mais au-delà de ces soucis libidineux, je sais pas, il y a un truc un peu plus viscéral. Il y a ce petit pincement qui accompagne le fait de souper en étant attablé seul, ce serrement qui m’empêche de bien dormir dans mon grand lit glacé une fois la nuit tombée.

Et pour pallier à ça, j’essaie d’être le moins seul possible. Constamment à tendre des perches pour sortir, j’appelle mes plus lointains amis ou connaissances avec un succès plutôt mitigé. Hier soir, je me suis ramassé à un sacrament d’hommage à Metallica pour ne pas être seul. Ce soir, je ne me suis pas senti la force d’aller écouter la série Québec-Montréal chez un ami de CEGEP juste pour ne pas être seul.

Alors je découvre lentement la blogosphère tout en regardant des tutorials de guitare. Parce que l’objectif 3, c’est comme si c’était dans la poche.

Sonnerie du samedi

J’ai quelques certitudes dans la vie. Le Canadien ne gagnera pas la coupe cette année, je vais payer des impôts toute ma vie et quand le téléphone sonne un samedi matin à 7h30, c’est ma mère.

Ainsi, quand j’ai été extirpé cavalièrement de mon sommeil frelaté par la sonnerie stridente de mon cellulaire tôt ce matin, je savais que c’était ma mère à l’autre bout de la ligne. J’ai donc débuté ma journée en grommelant des banalités à ma mère qui souhaitait bien plus me parler de sa vie que s’enquérir de la mienne. Lorsqu’elle m’a demandé comment allait Julie, je lui ai dit qu’elle allait bien, qu’elle dormait juste à côté. Parce que c’était plus simple, parce que je n’avais pas le gout de m’expliquer, parce que je n’avais pas le goût d’endurer son faux ton attristé.

Mes parents sont sans doute les deux seules personnes avec qui je m’efforce d’entretenir une relation même si celle-ci me déplaît. Autrement, je suis assez minimaliste en ce qui a trait à la bienfaisance sociale, préférant me concentrer sur les gens que j’apprécie.

Le fardeau des liens familiaux m’a toujours pesé, étant fondamentalement différent de ma famille. J’ai passé toute ma jeunesse ailleurs, toujours à manger ou coucher chez mes amis, fuyant un domicile étranger.

Ma mère tripe New Age, toujours à lire ses bouquins de croissance personnelle, à assister à des conférences ésotériques, à offrir des séances de psycho-pop médiocres à son entourage sans jamais que son aide ne soit demandée. Elle fait du bénévolat un peu partout, sert dans les soupes populaires, visite de vieilles dames dans des foyers pour personnes âgées. Elle est toujours ailleurs à tenter d’aider. Ironiquement, c’est sans doute mon père qui bénéficierait le plus de son aide.

Mon père a quitté l’école à 18 ans, forcé de trouver un boulot dans une usine pour payer le loyer qui servirait à abriter ma mère alors enceinte à 16 ans de mon frère plus vieux. Je suis né quatre ans plus tard. D’aussi loin que je me souvienne, mon père a toujours trop bu, enlignant quelques bières au souper, une fois de retour du boulot, puis continuant à boire, échoué sur le divan à regarder béatement la télévision. Parfois, trop souvent, il sortait de sa torpeur et décidait de nous éduquer. Très peu pédagogue, mon père se disait qu’une petite fessée une fois de temps en temps suffirait bien à nous tenir sur le droit chemin.

Et puis il y a mon frère. Nous avons été très proches durant notre jeunesse. Puis ça a changé. Le genre de changement si soudain que même quelques années plus tard, il demeure difficile à expliquer. Il y a eu des évènements, c’est sur. Mais je ne sais pas, je trouve la nature humaine bien faible de permettre la scission de lien aussi facilement. J’en parlerai peut-être un jour.

Alors voilà, rapidement je me suis dissocié de ces gens avec qui je n’avais en commun qu’un bête lien de sang, lien dont on galvaude si souvent la valeur. Je n’ai pas l’impression d’avoir un si grand manque. Le fait d’avoir toujours évolué en parallèle dans un cocon hermétique à travers cet infect nid familial m’a sans doute rendu plus fort. Du moins, ça a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Et puis ça, je crois que c’est un truc bien.

Catégories :Entourage

Vendredi vide

janvier 29, 2010 1 commentaire

C’est vendredi et je ne fais rien. Enfin, j’écris ici. Ce qui, il faut l’avouer, n’est pas grand chose. Je ne sais d’ailleurs pas trop ce que je fais à écrire ici. C’est vendredi soir, les bars doivent se remplir graduellement, il doit y avoir un ou deux spectacles dignes de mention en ville, des nouveaux films à voir au Clap et moi j’écris sur ce blogue, ce truc à utilité douteuse, cette merde que personne ne croit bon visiter.

J’ai pris un bain en arrivant du boulot et depuis, j’erre dans l’appartement en boxer, vidant mes réserves hétérogènes de bières, restants de diverses caisses non terminées. J’engloutis les rousses, blondes et blanches sans discrimination, trop mal pris pour me permettre ce luxe.

Je sais que je me suis donné pour objectif d’écrire pendant un an. Je ne sais pas si ce sera ici, sous quelle forme, où est-ce que je m’en vais, je suis le plus indécis des scribouilleurs. Mais je sais que ce soir, tandis que mon esprit s’embrume lentement, ça me fait du bien d’écrire, d’avoir l’impression d’avoir une avenue pour mettre un peu d’ordre dans ce tourbillon épars qu’est mon esprit a quelque chose d’apaisant.

Et tandis que j’ai le coude un peu plus tremblant à chaque fois que je le lève et que 110% commence à la télévision, les mots m’échappent lentement, leur présence toujours plus sporadique alors que mon sang tend vers l’éthylique.

J’arrête donc d’écrire pour ce soir, espérant qu’un jour, je n’aurai plus ce curieux sentiment de converser au néant.

Objectif 3 : Apprendre la guitare

janvier 28, 2010 1 commentaire

Pourquoi? Je sais pas moi. Pour Leloup, pour Neil Young, pour Simon and Garfunkel, pour Cat Stevens, pour R.E.M., pour Clapton ou Page, pour John et Paul, un peu pour Georges aussi, mais pas pour Ringo, pas question. Pour me faire sucer après des feux de camp, pour pouvoir gratter quand je me sens seul le samedi après-midi, juste parce que ça sonne bien en crisse de la guitare acoustique.

Au secondaire, je jouais de la clarinette et j’étais dans l’harmonie de l’école. Si la virilité de souffler dans un objet tout phallique est discutable, il n’en demeure pas moins que j’aimais jouer de la musique. Le montage de l’instrument, l’humidification méticuleuse de la hanche de bois, les premières gammes un peu chambranlantes puis ce sentiment de pouvoir faire jaillir des mélodies de son corps, il y avait là quelque chose que j’aimais, un rituel que j’ai perdu.

En ce début d’année où j’érige un château de cartes d’objectifs, insouciant devant la fragilité de ma motivation et nihiliste devant mon historique d’échecs, je me lance dans la guitare. Pour l’instant, c’est embryonnaire. Je regarde des tutorials sur Youtube, je dresse une liste sommaire de quelques chansons qui m’apparaissent comme facile et que je voudrais maîtriser, je lis quelques articles sur l’achat d’une première guitare en naviguant sur Ebay.

J’appréhende un peu la discipline nécessaire, aspect qui m’a toujours manqué dans ma vie un peu brouillonne. Je vois à l’avance ma dextérité manuelle limitée me nuire, le manque de corne me faire souffrir, le découragement dû aux multiples fausses notes à venir. Mais je vois aussi le plaisir d’avoir rajouté une chanson à mon arc, la joie d’avoir maitrisé un nouvel accord, la jouissance de pouvoir murmurer un peu d’Oasis en m’accompagnant avec une six cordes.

C’est un peu comme ça pour tous mes objectifs, je suis toujours déchiré à cause de la dichotomie entre le chemin à parcourir et la récompense, esclave des aléas de mes tergiversations. Mais c’est aussi ce qui rend ma vie excitante, ce potentiel que je me crois posséder, cette impression que lorsque tout s’enclenchera, il se produira quelque chose de substantiel.

En attendant le déluge de réalisation, je vais aller me balader un peu en écoutant du Ray Lamontagne, question de m’inspirer un peu.

Catégories :Objectif 3

Objectif 2: Changer d’emploi

Je hais mon job. Impossible que je sois le seul, les emplois stimulants me semblant si rares. Quand je me lève le matin et que je me retrouve à geler dans ma voiture en étant prisonnier du traffic dense de la horde de travailleurs dociles, que je vois la quantité de gens qui se rendent travailler, le regard vide, le teint morose, seul dans leurs grandes voitures, je dois me retenir de songer au malheur ambiant, je trouve ça trop déprimant.

Moi, mon travail, c’est d’entrer des chiffres dans un ordinateur, de mettre à jour des fichiers Excel. À journée longue, j’enfonce méthodiquement les touches de mon num pad, mettant à jour des données hebdomadaires ou mensuelles sans broncher, m’évadant grâce à la musique de mon iPod.

Je suis un bon employé, généralement arrivé tôt, souvent propre, parfois même rasé. Je remplis mes mandats plus rapidement que les délais archaïques qu’on me donne, je suis poli avec tout le monde, évitant de faire des vagues. Je paie ma cotisation au club social même si j’en ai rien à foutre des pièces de théâtre d’été à rabais ou des tirages de paniers de mousses de bain. Et quand tout ça me semble insupportable, je pense au bond que fait mon compte le jeudi à minuit et une et je me retrouve une petite motivation.

Parce que c’est l’argent qui régit ma présence à ce lieu de travail moribond. Lorsque j’ai décidé d’abandonner mon cours d’études littéraires, j’avais un petit boulot, soirs et fin de semaine, salaire minimaliste. J’ai réussi à passer une période de temps en continuant de la sorte, en me quêtant un maximum de travail les soirs de semaine et en grugeant lentement sur les 10 dollars que m’avait donnés mon voisinage pour tondre des pelouses ou babysitter des petits monstres.

Sauf que les réserves ont fini par s’épuiser. Heureusement, une lointaine tante est arrivée en salvatrice et a réussi à me dénicher l’emploi que j’occupe encore aujourd’hui. 21 dollars de l’heure pour, grossièrement, de la saisie de données. Des horaires stables de 37,5 heures, une belle chaise ergonomique et une permanence sur un plateau d’argent, tout pour faire saliver le paumé que j’étais à l’époque.

J’ai donc pu quitter le contraignant nid familial et remplacer ma voiture qui était alors en état lamentable. Ivre de cette nouvelle liberté, il avait alors été facile de faire abstraction de l’abrutissement quotidien auquel je me soumettais avec docilité. Puis le fardeau de la routine m’a rattrapé, comme il le fait toujours, avec une violence inouïe.

Aujourd’hui, ça doit bien faire 18 mois qu’il m’est pénible de me lever, que je regarde l’heure aux trois minutes, que j’ai plafonné au démineur et à la dame de pique. Si pendant un moment, le fait de ne pas avoir d’alternative ni même d’envie de faire quoi que ce soit me restreignait dans mes envies de tout crisser là, cela ne suffit vraiment plus.

Je ne sais pas encore ce que je ferai, ni même comment je subviendrai à mes besoins sauf que je sais pertinemment que mes jours à la saisie de données sont comptés. Enfin, c’est ce que je me dis quand je me fais accroire que je suis courageux ou même seulement téméraire. Sauf que les illusions, comme un peu tout dans ma vie, durent trop peu longtemps.

Catégories :Objectif 2

Benoit zé Michaël

La sonnerie de la porte d’entrée a retenti vers 6h30. Sans que je n’aie pu me lever, on pénétrait dans l’appartement et un délicieux arôme de pizza envahissait l’air ambiant, faisant gronder de famine mon ventre qui s’impatientait déjà depuis le milieu de l’après-midi. J’arrivais dans l’entrée que Ben et Michael avait déjà eu tôt fait de retirer leurs souliers et de lancer leurs manteaux gauchement sur la patère. Ben me refilait la garnie tandis que Mike ouvrait déjà la 24.

Ben et Mike sont les seuls amis que j’ai conservés toute ma vie. J’ai rencontré Mike à la maternelle, nous avions tous les deux des souliers à velcros et étions toujours les premiers sortis pour la récréation, c’était donc un naturel. Puis Ben, c’était en 2e année. Il collectionnait les cartes de Wayne Gretzky, j’accumulais celles de Mario Lemieux, nous avions mis nos avoirs en commun et avions prospecté avec succès auprès de nos comparses collectionneurs moins avertis.

C’est avec eux que j’ai joué au hockey dans la rue durant mon enfance, avec eux que j’ai découvert la musique, en téléchargeant sur Napster sur l’ordi du père à Mike qui lui téléchargeait de la porn sans être apte à effacer ses traces, que j’ai vu mon premier show de musique (Sum 41), que j’ai coté toutes les filles du secondaire des nuits durant dans la tente que l’on piquait dans l’arrière cour de Ben,  que j’ai vu mon premier match au Centre Bell. Enfin, vous voyez le portrait.

Ça faisait un petit bout que je ne les avais pas vus. Mais ce soir, le Canadiens affrontait les Panthers de la Floride et nous avions décidé de regarder le match dans mon salon en profitant de ma grande télévision HD.

Nous étions donc au salon à regarder les gars patiner, se disputer la rondelle avec une intensité variable, à boire de la bière et à manger de la pizza. Nous étions là, trois bienheureux vaporeux, lorsque Mike lança avec détachement :

–          Faque Julie est pu là?

–          Non.

–          Tsé Jay, on…

–          Ouais, j’sais… Merci.

Et ce fut tout. Une dizaine de mots qui me demandaient comment j’allais, qui confirmaient que tous trouvaient ça triste, qui me disaient que mes chummys seraient là si je me sentais comme un tas de marde. S’il y a des images qui valent mille mots, il y a de ces mots qui en valent des milliers.

Le match a été ordinaire, les Canadiens ont perdu. Seul moment de réjouissance, le but de Thomas Plekanec que nous avons célébrer avec un peu trop d’entrain, en se faisant des high fives de gars un peu saouls. Puis les gars sont repartis en promettant de revenir bien vite, en me serrant la main un peu plus fort qu’à l’habitude. Et moi je dégrise lentement en tapant ces quelques mots, le son de mes doigts pianotant résonnant fort dans l’appartement à nouveau désert.

Catégories :Entourage

Objectif 1 : Laisser ma blonde

janvier 25, 2010 4 commentaires

Je n’avais jamais fait ça. Enfin, jamais sérieusement. Il y avait eu cette fille à qui j’avais appris cavalièrement sur MSN que ça ne fonctionnait pas après quelques mois. J’étais jeune, à ma difficile décharge. Il y en a eu deux ou trois où je distançais les appels, pour finalement ne plus prendre contact. Je me suis fait larguer aussi, deux fois.

Il y a eu Myriam qui est virée aux demoiselles juste après, j’en ai eu pour des semaines à me tourmenter. Puis Raphaëlle, qui m’avait annoncé attablée avec toute ma famille qu’elle en avait assez de mon sarcasme, ma nonchalance et mes goûts bizarres. Elle avait quitté théâtralement et j’avais mangé son assiette. Peiné de même le gars.

Il y a aussi eu tonnes d’amourettes et de relation sans sérieux qui n’ont même pas requis de terminaison. À vrai dire, ça n’avait jamais été sérieux avant Julie. Je n’avais jamais eu le goût de m’engager, j’avais toujours un plan B et un plan C d’à peine dissimulés, butinant au grand jour, toujours stratégique sur l’épineux échiquier de la copulation.

C’est donc étrange de mettre fin à tout ça après quatre années. Pour une rare fois, dans les derniers jours, j’ai senti mon flegme habituel vaciller. Si la dernière année avait marqué un lent mais certain déclin, les trois années antérieures avaient été fertiles. L’amour dure trois ans que vous dirait Beigbeder.

Pour ma part, j’ai l’impression de l’avoir réalisé tout d’un coup. Un soir, tu te couches après une soirée torride et romantique et tu te réveilles le lendemain pour découvrir une relation devenue fardeau. La routine avait mis en évidence ses défauts dont les contrecoups outrepassaient désormais tout le charme que j’avais pu voir autrefois. Nous étions amoureux, toujours ensemble, la cohabitation désagrégeant les assises friables de l’ivresse passionnée faite de roses, d’alexandrins gribouillés et de sucre à glacer. La ferveur nous avait condamnés, l’amour tue l’amour.

Je sais bien que j’ai l’air du gros romantique dégueulasse que je suis. À dire vrai, j’étais un peu seul dans mon monde, Julie se contre-calissant un peu de mes archaïsmes sentimentaux. N’en demeure pas moins qu’il y a quelque chose d’un peu décourageant de réaliser qu’il existe une espèce de fatalité, l’ombre de l’imminence du blasement étant omniprésente.

C’est donc autant ce constat que le fait de faire souffrir quelqu’un que j’ai fortement apprécié qui rendait tout ça si ardu. C’est fait depuis 2 jours et je réalise un peu plus aujourd’hui. C’est un sentiment étrange. Comme si le fait d’avoir enlevé un aussi lourd fardeau de mes épaules avait créé un vide.

Catégories :Objectif 1

Le moi du moi

Avec tout ça, j’ai oublié de vous dire qui je suis. Je suis là à vous parler de mon quotidien comme on baise passé 3 heures du matin, sans préliminaire. Oui, je fais des gags moches.

Alors voilà, moi c’est Jérôme. J’ai 24 ans et j’habite la région de Québec depuis ma naissance. J’occupe depuis près de deux ans un emploi à la saisie et l’entreposage de données pour une compagnie quelconque de la Vieille Capitale. Jusqu’à tout récemment, je fréquentais Julie que j’avais rencontrée au baccalauréat en études littéraires de Laval, baccalauréat que j’avais laissé tombé après une première session pourtant bien réussie.

Je suis plutôt grand et j’ai autrefois eu un corps ferme et élancé, à une lointaine époque où je pratiquais régulièrement le tennis, le karaté et le ski de fond. Puis des problèmes de dos et de genoux sont venus troubler les ardeurs du jeune sportif que j’étais. Je suis aujourd’hui beaucoup plus amorphe et j’arbore un coquet ventre qui témoigne de ma tendance à l’hédonisme à outrance.

Autrement, je ne sais trop que dire. J’ai l’impression de baigner dans l’impertinence. J’aime la littérature : Camus, Fitzgerald, Vonnegut, Salinger, Roth et Pynchon. J’écoute constamment de la musique (qui ne le fait pas?) : Radiohead, Leloup, Arcade Fire, Daniel Bélanger, Bowie, Pink Floyd, enfin, vous voyez le portrait. J’aime écouter le hockey, même si ça implique d’entendre Pierre et Benoît. J’adore les steaks frites, les fruits de mer et le Kraft Dinner. Je porte les mêmes vieilles chemises depuis des années, mes jeans sont usés, mes espadrilles frôlent la décrépitude.

J’ai les mêmes amis depuis mon enfance, c’est avec eux que j’ai joué d’interminables parties de hockey jusqu’à en faire crier nos mères de désespoir lorsque nous ne voulions pas rentrer. C’est avec eux que j’ai bu mes premières bières, fumé mes premiers joints. C’est aussi avec eux que j’ai traversé le Canada d’un océan à l’autre à la fin de notre CEGEP.

Je prends la vie plutôt à la légère, avec une bonhomie empruntant à la paresse. Au-delà de mes tourments et mes doutes quant à l’existence d’un bonheur sans anicroche, je pense être une personne bien plus zen que la moyenne des ours. Lorsque j’observe le brouhaha constant qui secoue le monde qui m’entoure, je suis pris de vertige. La vie est courte, j’essaie de la savourer lentement.

C’est donc moi, Jérôme. Un gars simplement complexe.

Catégories :Uncategorized

Boire seul

On se sent triste quelques minutes et on commence à boire,

On se sent bien quelques heures et on cesse de boire,

On se sent pathétique quelques jours et on se dit qu’on ne boira plus jamais.

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Opération Reboot

janvier 23, 2010 4 commentaires

Je me suis levé tout collant. Les rideaux ouverts, le soleil plombait sans pitié sur mon corps encore engourdi. J’avais la bouche pâteuse, les yeux collants et une érection inconfortable. Ce n’est qu’une fois la vessie vide et deux verres de jus d’orange engloutis que j’ai réalisé que j’étais seul dans l’appartement. Sur la table, une grande feuille blanche avec quelques mots griffonnés au centre :

Partie. Tu ramasseras tes bouteilles vides.

Un petit tour du logement m’a rapidement permis de réaliser qu’elle avait quitté avec une bonne quantité d’effets personnels. Tout portait à croire que le silence qui régnait se prolongerait pour les journées à venir et je n’allais pas m’en plaindre.

J’ai donc passé le reste de l’avant-midi à errer en sous-vêtement, mon ventre aux ambitions expansionnistes prenant calmement l’air. Après avoir zappé nonchalamment dans une posture dénudée d’élégance, lu la section des sports du journal du samedi et arrosé les plantes, je me suis concocté un déjeuner des plus légitimes, m’empiffrant rapidement avant de laisser toute la vaisselle sale sur le comptoir pour aller me faire couler un bain.

Une fois sous l’eau chaude, j’ai tenté de lire un peu de Roth, pour me redonner la pêche, mais le moral n’y était pas. Je me suis plutôt laissé submerger, tentant d’échapper aux tourments implacables qui me tarabustaient, mes pensées constamment tournées vers le futur incertain qu’était le mien. Si ma relation avec Julie semblait en bonne voie de se terminer, la voie vers le bonheur était encore pavée d’embuches.

Puis après quelques coups rapides de savon, je me suis extirpé de l’eau de plus en plus vaseuse. J’avais décidé qu’avec l’eau qui s’écoulait tranquillement de la baignoire s’en allaient aussi les dernières barrières qui m’empêchaient de tout chambouler. Une fois les dernières gouttes de paresse, de couardise et d’indécision rendues dans la tuyauterie probablement rouillée de l’édifice à logements, je me suis dirigé d’un pas décidé en direction de la cuisine.

J’ai saisi un vieux Bic et j’ai retourné la grande feuille blanche sur laquelle Julie avait laissé quelques mots. Sans trop réfléchir, j’ai recraché le fruit de mes réflexions des derniers jours :

1-      Laisser ma blonde
2-      Changer d’emploi
3-      Apprendre la guitare
4-      Perdre une vingtaine de livres
5-      Courir un demi-marathon
6-      Arrêter de fumer
7-      S’impliquer pour une cause
8-      Me sentir amoureux
9-      Reprendre contact avec mon frère
10-   Écrire pendant 1 an

Puis j’ai théâtralement titré le tout : Opération Reboot.

J’ai plié la feuille en 4, je l’ai inséré dans mon portefeuille et je me suis ensuite dirigé vers l’évier avec entrain : j’avais de la vaisselle à faire.

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Puisqu’il faut commencer

–          Toi et moi, ça fonctionne pu. Je pense qu’il vaudrait mieux se laisser.

C’est tout ce que j’avais trouvé à dire. Tout ce que j’ai pu balbutier après quatre ans de fréquentation, deux ans de cohabitation, après des milliers de rires et de pleurs. Le mieux que j’avais pu faire après des semaines de cogitation.

–          Toi et moi, ça fonctionne pu. Je pense qu’il vaudrait mieux se laisser.

Il y a eu d’abord la surprise, la sienne. Puis il y a eu le procès, le mien. Les insultes ont fusé, je fus accusé de tous les maux, un véritable fleuve de fiel se déversant sur ma personne. Et je n’ai rien dit. Un peu par paresse, certes, mais surtout parce que je savais que je le méritais, que j’étais un salaud.

Et tandis que des larmes tantôt de peine, tantôt de rage s’écoulaient lentement sur les pommettes saillantes de Julie qui me firent autrefois craquer, j’aurais aimé me sentir triste, désolé, affligé, enfin, ce genre de trucs. Mais tout ce que je pouvais ressentir, c’était un soulagement profond, un soulagement que je chérissais autant que maudissais. Je savais que je vivais la fin d’une époque et il y avait quelque chose de ragaillardissant dans tout ça, sans doute l’espoir muet que ma vie ne pouvait pas être pire qu’elle l’était, de toute façon.

Puis lorsque le silence s’est installé, que les remontrances se sont espacées, j’ai pris la fuite, la laissant seule dans l’appartement avec son frais malheur. J’ai enfilé mon vieux manteau et mes écouteurs d’iPod et je suis allé me perdre dans les ruelles de la ville tandis qu’une légère neige commençait à tomber.

Pendant que Thom Yorke emplissait mes oreilles, une tonne de choses me passait par la tête. La dernière année avait été particulièrement pénible, les constats défaitistes s’enchainant au rythme effréné typique des chaos. Elle fut marquée par la solitude et la déprime. J’étais embourbé dans une relation pourrissante, j’occupais un emploi abrutissant, j’étais devenu gras et amorphe, sédentaire en ma médiocrité.

J’ai fini par en avoir assez. Et puisque ma motivation, comme mes malheurs, arrive en pièce dodue, j’ai décidé de changer ma vie dans l’année à venir. Lorsque j’ai commencé à y penser, il y a quelques semaines, ça me semblait une bonne idée, l’opportunité de bâtir de nouvelles assises. Laisser Julie était la première action d’une liste qui me permettrait d’éventuellement retrouver une vie qui me plairait.

Mais ce soir, déjà, la route à parcourir me semble infiniment ardue et ma motivation est plus frêle que je l’escomptais. La fuite du confort, aussi austère soit-il, est une lutte de tous les instants et les batailles que j’ai gagnées dans ma vie sont peu nombreuses.

C’est donc un peu démoralisé que je suis revenu à l’appartement pour le retrouver silencieux. Julie s’était couchée, porte fermée. J’ai donc sorti une vieille couverte de laine, une caisse de 12 blanches et je pianote ces mots ici sans trop savoir pourquoi, allongé sur mon vieux futon qui empeste la bière et les vieilles chips. J’ai la tête qui tourne et je vais tenter d’aller dormir, même si je n’ai pas sommeil.

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