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Pourquoi je m’ennuie du hockey un 7 août

On est le 7 août de l’an 2010 après Jésus-Christ. Mon thermomètre affiche 19.6 degrés centigrades. Un ciel bleu règne sur Québec et seuls quelques rares nuages viennent perturber son impérialisme. C’est une de ces journées typiques annonciatrices de l’été qui lentement passe. Il y a dans l’air que transporte la brise une mélancolie palpable, comme l’empreinte d’un suroît qui s’en est allé.

De ma fenêtre, je vois deux petites filles sur la pelouse qui s’amusent à éviter le jet d’un arrosoir. Un peu plus loin, j’aperçois quatre garçons qui jouent au basketball sur un court à l’asphalte craqué. J’entends le lointain ronronnement de quelques filtreurs de piscine, des cris de jeunes adolescentes qui sautent sur un trampoline, la musique qui émane d’une soirée BBQ chez un voisin. J’ai cette impression d’été qui est à maturité, cette aperception qu’il est mûr, que ces teintes sont plus nuancées, texturées, que ses arômes sont en plénitude.

Et moi, je m’ennuie du hockey.

Je m’ennuie de la voix de Bob Mackenzie, des analyses de Matthew Barnaby, du burlesque Gab Grégoire à CKAC, des fines observations de Dany Dubé. J’aurais le goût d’aller lire furtivement un résumé de match à la job, d’entendre le son net d’une rondelle qui heurte la baie vitrée, le crissement singulier d’une lame de patin qui effleure la glace.

J’aurais le goût d’avoir une blonde pour qu’elle aille se coucher le samedi soir pendant que j’écoute la deuxième et la troisième période du match dans l’Ouest. Un vieux classique genre Canucks vs Flames avec une Heineken et des Lays au ketchup. Tout le quartier qui dort et moi qui regarde des matamores de l’Ouest se disputer le match en prolongation à 1h du matin.

Je m’ennuie de la patinoire extérieure de mon quartier, des jeunes qui mettent leurs bâtons dans le milieu pour faire les équipes, des cache-cous rendus humides, des orteils gelés et des mitaines déchirées. Ça me ferait du bien de revenir chez moi après une soirée d’hockey, la noradrénaline envahissant mon corps, l’esprit clair, la gorge brulée par l’air glacial que je hume à grandes bouffées et exhale en boucane.

J’ai hâte aux camps d’entrainement, j’attends avec impatience les soirées de pool, celles où plusieurs gars se réunissent autour d’une table et d’une 24, chacun avec sa liste griffonnée d’une main nervurée, anxieux de parvenir à réussir le vol dont il se vantera pour les prochains mois. J’entends déjà la voix de Michel Lacroix qui résonne en plein Centre Bell, présentant l’édition 2010-2011 du club de hockey Canadien.

Je me sens orphelin. Bien sûr, il y a des trucs agace-hockey : la séance de repêchage, la pseudofolie des agents libres du 1er juillet, les supposées négociations houleuses entre Pierre Gauthier et l’agent de Carey Price, Guy Carbonneau qui ne comprend pas encore qu’il est un coach ordinaire. Le hockey en pause, une bonne proportion des détenteurs de pénis du Québec se retrouve en perdition.

C’est con, mais j’ai un peu l’impression que le hockey, c’est en quelque sorte un des derniers trucs qui nous reste à nous, aux gars. C’est triste, mais c’est ça. Comprenez-moi, je suis conscient qu’il y a des filles qui aiment le hockey. Et je n’ai rien contre! Après tout, ça prend quelqu’un pour gérer la cuisson des ailes de poulet lors des matchs. Sauf que voilà, pour le genre masculin, ça a quelque chose de plus que le strict sport.

Prenez deux gars qui ne se connaissent pas. La vie et ses aléas étant ce qu’ils sont, les deux inconnus se retrouvent dans une soirée et se ramassent les deux seuls dans une pièce au courant de la soirée. Je ne compte plus les fois où, instinctivement, le hockey m’a permis de passer du malaise initial à « As-tu vu la game hier? » au classique « Tu veux-tu une bière? ». C’est ce que j’aime du hockey, des gars, cette impression d’être à un « Halak ou Price? » d’amitiés insoupçonnées.

Et c’est pourquoi j’ai l’impression d’errer, comme ça, sans mon hockey.

Catégories :Hockey
  1. août 8, 2010 à 8:06

    « Comprenez-moi, je suis conscient qu’il y a des filles qui aiment le hockey. Et je n’ai rien contre! Après tout, ça prend quelqu’un pour gérer la cuisson des ailes de poulet lors des matchs. » –> non mais quelle phrase macho! 😛

    le hockey est pas le seul moyen de se faire des amis… ou des amitiés assez superficielles, car si le hockey est tout ce qui vous lie… enfin bref. et puis si t’es en manque de sport, y’a toujours le soccer l’été! tst tst, avant de dire que c plate, fie-toi sur moi, avant je détestais ça et quand je le regardais à la tv ça m’endormait (et ça m’endort encore d’ailleurs) mais quand j’ai vu un match live au stade Saputo, j’ai trippé au boutte! et où je travaille, c’est le soccer qui suscite les vives discussions comme d’autres parlent du hockey…

  2. août 8, 2010 à 8:22

    Angie: On aura compris que je blaguais pour les filles qui s’occupent des ailes. Et le hockey n’est pas la base de l’amitié ou ce qui finit par lier deux amis, j’ai juste dit que c’était un moyen d’entrer en contact, quelque chose d’un peu mieux que de parler de la météo. Et pour le soccer, j’ai écouté plus que ma part de match durant le Mondial et j’ai été voir un match de l’Impact et j’ai trouvé ça d’une platitude désolante.

  3. août 8, 2010 à 10:22

    lolll j’avais compris pour la blague 😛 sinon crois-moi non seulement il n’y aurait pas eu de smiley grimace, mais en plus tu aurais su ma façon de penser en pas à peu près! lolll

    pis anyway, pourquoi demander à une fille de les cuisiner quand c si facile de les commander de chez st-hubert!? lolll

  4. août 8, 2010 à 10:23

    ah j’oubliais pour le soccer t’a été voir quel match? parce que si t’a vu celui contre baltimore le 18 juillet…

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