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Mes breaks amoureux

Je ne ressens rien, ou si peu. C’est surement dur à conceptualiser pour certains, cette sempiternelle zone grise émotionnelle où je baigne, car quand je regarde mon entourage, ces gens qui s’aiment ou se haïssent avec intensité, j’ai l’impression d’être un extra-terrestre.

Je suis continuellement assailli par un besoin abstrait de retenue, je me sens incapable d’être vraiment passionné. Comme si à un moment, dans mon parcours, j’avais appuyé extrêmement fort sur les freins pour m’empêcher de tomber amoureux et qu’aujourd’hui, les brakes étaient collés.

J’ai la sensation de m’enfoncer, de lentement me pervertir l’âme en me complaisant dans ma tour d’ivoire. Si ce n’était de ces flous moments de solitude qui transgressent parfois mon stoïcisme tristement viscéral, il y a un moment que j’aurais perdu espoir.

Oubliée depuis longtemps la saveur des riches relations, je me délecte aujourd’hui de trucs tièdes et fades comme le ferait un assoiffé avec une flaque de boue en plein désert. Je me contente de contacts charnels glaciaux, mes rapports sont chirurgicaux, mon sang aussi froid qu’une lame de scalpel, je dissèque bien plus que ne pénètre, mes coïts sont postopératoires.

Et je ne sais guère comment m’en sortir. J’ai l’impression de m’être barricadé derrière de trop hermétique palissade d’une rationalité quasi hérétique. Or plus j’attends, plus j’ai l’impression que mon marasme deviendra confortable et mon malheur inévitable. L’ennui, c’est que je ne sais trop par où commencer pour m’en sortir.

Je suis retombé sur ce truc écrit au début de l’Opération Reboot. Je suis un peu déstabilisé de constater que plusieurs mois plus tard, j’ai encore ce problème. Mais lentement, j’essaie de trouver des pistes.

J’ai peur d’être déçu car j’ai dans ma tête cette espèce d’idéal complètement idiot que j’entretiens, mon esprit est obnubilé par une chimère que j’ai construite en suivant les aléas de mes fantasmes. Je suis en quête d’un truc impossible, d’une fille parfaite alors qu’en fait, il n’existe pas de personne parfaite. Il existe plutôt des personnes parfaites l’une pour l’autre. Et pour trouver, il faut essayer.

Et c’est là où je disjoncte comme un colon. J’ai cette crainte de l’échec qui me hante, j’ai cet orgueil omniprésent, ces angoisses qui monopolisent ma tête et restreignent mon cœur.  Je suis comme un gamin capricieux qui trempe le bout des orteils dans l’eau d’une piscine avant de décider qu’il ne se baignera pas parce que l’eau est à 85 et que lui, en bas de 86 Fahrenheit, il n’est pas question de se mouiller.

Je prends la fuite, c’est ce que je fais. Sans dire un mot ni faire de bruit, je m’éclipse comme un astre qui aurait décidé que briller, c’était plus pour lui. Je prends mes distances à vitesse grand V. Presque instinctivement, je m’auto-place en quarantaine amoureuse sans demander mon reste. Je suis un couard de l’amour.

Et un des trucs lourds avec ça, c’est de trainer mon pack-sac d’embryons relationnels, d’avoir la tête constamment remplie d’ ‘’et si’’. Et si j’avais vraiment essayé? Et si j’avais fait un bout de chemin au lieu d’abandonner avant d’avoir essayé, juste parce que j’avais réussi à me convaincre durant quelques nuits d’insomnie que ça finirait un jour avant même que ça ait commencé?

Il y a moment où je me suis mis à voir l’amour comme un objectif, une destination. Je me suis créé ces attentes démesurées, je me suis attribué cette quête improbable de la relation mirifique et fabuleuse. C’est devenu une finalité alors qu’il faut plutôt vivre sa vie pour être heureux avant tout et que l’amour viendra se greffer à ça. Parfois il sera là, d’autres fois non, c’est juste normal.

Et lentement, lentement j’essaie de décoller mes breaks amoureux.

  1. Chloé
    novembre 12, 2010 à 1:21

    J’aime…tout simplement.

  2. annebgodbout
    novembre 12, 2010 à 8:09

    Je suis peut-être folle, mais je pense qu’il faut chercher l’idéal. À moins que ça ne soit que des critères physiques banales comme une préférence pour les rousses ou les gros seins, je pense qu’il faut foncer en gardant en tête ce qui compte vraiment beaucoup pour toi. Une fille t’attrapera au passage et sera sûrement pas tout ce que tu croyais qu’elle serait, mais elle aura le pouvoir de t’aveugler assez pour que tu t’en rende pas compte.

  3. novembre 12, 2010 à 9:08

    Chloé: Merci…tout simplement.

    Anne: Je pense qu’il faut le chercher l’idéal, il ne faut juste pas le vouloir à tout prix parce qu’il est quand même possible de ne pas trouver ultimement. Mais je suis d’accord qu’il faut toujours rechercher ce qui compte vraiment pour soi. Et dans mon cas, ce n’est pas des critères physiques qui bloquent. J’aime bien comment tu conclues ton commentaire aussi.

  4. novembre 12, 2010 à 12:13

    « Il y a moment où je me suis mis à voir l’amour comme un objectif, une destination. »

    Comme on dit, ce qui est important ce n’est pas la destination, mais le voyage pour s’y rendre. Tu ne devrais pas voir l’amour comme une finalité ou comme un but, mais seulement comme une chose à découvrir. Et les meilleurs moments sont ceux où l’amour se développe, où chaque geste renforce un peu plus les sentiments. L’amour devrait être en constante évolution; ça devrait être un voyage et non une destination.

  5. novembre 12, 2010 à 1:07

    Constance: Je suis d’accord avec ce que tu dis, l’image voyage vs destination est fort juste. La théorie me semble limpide, il ne me reste plus qu’à réussir à l’appliquer au quotidien.

  6. V
    novembre 12, 2010 à 2:32

    Je me reconnais beaucoup dans ce texte. Et une fois qu’on a fait cette prise de conscience, qu’est-ce qu’on peut faire sinon attendre la prochaine impulsion? Impossible de forcer les choses non plus. À mon sens, une des conditions premières pour pouvoir tomber amoureux (avant même la « rencontre » et la liste de critères), c’est qu’il faut accepter le principe que notre vie sera complètement bouleversée. Quand on s’est durement remis d’un échec amoureux, qu’on a retrouvé une certaine stabilité, ce n’est pas le principe le plus simple à appliquer…

  7. novembre 12, 2010 à 2:59

    C’est troublant de lire ça, quand on pense exactement la même chose. Troublant dans ce sens où on se dit: on est pas seul(e). Troublant aussi, parce que j’aurais utiliser les mêmes mots, à peu de choses près. J’étais comme toi à la même période, et aujourd’hui je suis au même point aussi. Alors, je te comprends là-dessus. Vraiment.

  8. novembre 12, 2010 à 2:59

    oups: « j’aurais utilisé »

  9. novembre 12, 2010 à 3:17

    So do I mec…À se décaper le coeur aller-retour c’est sûr qu’on finit devenir frileux et par se dire que tout ça, l’amour véritable…et tout le reste, ben tsé, peut-être qu’on pourrait s’en passer et faire sans finalement…mais l’amour est toujours là où l’on s’y attend le moins et se pointe souvent quand on décide de lâcher du lest. Sois certain que demain sera fait de mieux!

    Ton texte est splendide! Bravo et courage garçon….

  10. novembre 12, 2010 à 4:30

    Désolée d’en remettre mais je me dis des fois qu’il n’y a pas deux conduites pareilles, y’A les autoroutes et les chemins de garnottes, la pluie le beau temps, les tune-up et les grands changement de suspension aussi, location ou achat, Americain ou Japonais … Pas juste les breaks à mon avis qu’on doit décoller! Je sais que c’est un truc de fille mais le check list de ce qu’on veut pis qu’on veut plus, se tâter le pouls sur les bonnes affaires !
    En amour, y’a la tête, le coeur et le cul.C’est les 3 ou rien.
    Je te souhaite un beau changement d’huile quand tes breaks seront slakés!
    Ah, et merci pour tes si beaux textes.

  11. novembre 12, 2010 à 11:15

    j’vais faire lire le texte en italique à mon chum… ça ressemble pas mal à ça son affaire…

  12. novembre 14, 2010 à 12:34

    Ton comportement extérieur, ta relation à l’amour n’est que le reflet d’un comportement intérieur et de ta relation à toi-même. Tu attends beaucoup de toi et tu as une relation froide envers toi-même. C’est cela que je pense d’après ma propre expérience. Sois attentif à la manière dont tu te parles intérieurement, dont tu te « chéris » toi-même et change cela. Tu verras que ta perception des autres et celles qu’ils ont de toi vont en être bouleversé.

  13. novembre 14, 2010 à 7:43

    V: C’est vrai qu’il ne faut pas forcer les choses non plus. L’équilibre me semble parfois précaire à ce niveau là mais j’imagine que quand on le sent, ce bouleversement dont tu parles, la décision est assez facile à prendre de se laisser aller. Le problème c’est avant tout de se permettre cette ouverture au bouleversement.

    Ma mère: Toujours bien de savoir qu’il y a des gens un peu pris dans le même bateau que soi. Maintenant, il nous faut trouver le moyen de changer la donne. Now.

    Myriam: Voilà un beau message rempli d’espoir qui saura ravir les jeunes zé les moins jeunes. Je retiens que tu dis que l’amour se pointe souvent lorsqu’on décide de lâcher du lest, il y a bien du vrai là-dedans.

    Shirley: En plus du changement d’huile, je pense que j’ai besoin d’un réalignement et de regonfler un peu mes pneus. Et puis j’essaie d’adapter ma conduite aux conditions qui ont cours, c’est pas le plus évident ça.

    Angie22: Ça doit pas être top top s’il se sent comme moi en italique.

    Euterpe: Ton commentaire m’a fait beaucoup réfléchir dès que je l’ai reçu en début d’après-midi. Je reconnais beaucoup de vrai dans ta description de cette relation que j’ai avec moi-même que tu perçois. Je ne suis pas certain de saisir ce que tu veux dire par le fait que je me chéris moi-même, je serais curieux et intéressé que tu développes encore plus.

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