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Archive for the ‘Objectif 1’ Category

Parce que rien

Tabarnac. Juste tabarnac. Comme dans tabarnac d’épais ou bien tabarnac de gros innocent.

On avait décidé d’aller boire et danser. Parce que c’est jeudi et parce qu’on n’a pas besoin de plus de raison que ça. Faque on a pris quelques bières chez moi avant, Ben a fait genre 40 push-ups avant de partir pour se durcir les pecs pis on a comme ri de lui pendant 3 heures.

On a bu beaucoup beaucoup de tequila et on avait décidé de faire semblant d’aimer ça, Lady Gaga pis les Black Eyed Peas. On s’est donc dirigé sur la piste de danse sans vraiment se prendre au sérieux, tendant des perches, séduisant à l’aide de nos mouvements de bassins fauves. Puis à moment donné, je l’ai aperçu. Mon ex était dans la place. Mes entrailles se sont figées momentanément, la musique se suspendit et l’air est devenu statique. Et là, sans réfléchir, ô ça non, je me suis dirigé vers elle d’un pas fragilisé par l’alcool, fendant la masse péniblement.

Je ne savais pas vraiment quoi dire. Alors je suis resté là, immobile, inerte sur la piste de danse animée. Elle a fini par m’apercevoir et elle s’est approchée. Elle m’a dit que j’avais l’air en forme, j’ai dit merci comme un garçon de 7 ans qu’on complimente. Et on a dansé, comme vraiment collé. Je continuais à boire et on continuait à danser.

Je le sentais, je le savais que j’étais moron. Il y avait moi, elle, mon sexe érigé contre ses fesses. Puis à moment donné on s’est embrassé. Et rendu là, ben ça dérape, vous le savez ben.

On aurait dit que j’étais devenu inapte à penser. Il y a eu des moments où j’aurais pu arrêter, où j’aurais dû arrêter. Quand elle m’a dit qu’elle n’avait pas baisé depuis notre dernière fois et que j’ai pensé à Marianne que j’avais encore revue il y a quelques jours. Ou quand dans ma (notre) chambre, on s’est retrouvé en sous-vêtement et que j’ai vu qu’elle s’en était acheté des nouveaux. Quand je me suis dit fuck, c’est pour qui? C’est pour quand? Ou quand j’ai mis un condom. Ça faisait trois ans qu’on baisait sans condom.

Ce fut mécanique, un peu surréel si vous voulez savoir. J’avais l’impression de dégriser à chaque coup que je donnais de plus, je me sentais ramollir devant l’idiotie de plus en plus évidente de la situation. On a fini sans mot dire, on ne s’est pas embrassé après coup. Puis quand je me suis étendu et que je l’ai senti qui se rhabillait, j’ai comme été soulagé. Elle est partie sans qu’on se salue, je l’ai laissé aller. Tout ce que je me trouvais à me dire, c’était qu’elle connaissait le chemin. J’avais rien de plus intelligent en tête.

Là je ne dors pas. Je ne dormirai pas. J’ai encore l’impression d’avoir l’esprit embrouillé, lourd. Je me sens mal de vivre avec moi-même. Une nuit blanche de marde pour un gars de marde qui aura une journée de marde.

Tabarnac.

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Et de un!

février 4, 2010 6 commentaires

À partir de quand redevient-on vraiment célibataire lorsqu’une relation se termine? Quel est le moment qui vient officialiser la scission, formaliser le non-retour? Avant ce soir, j’aurais été bien embêté d’identifier une période clé à ce tortueux passage. Sauf que là, c’est évident.

Julie avait laissé un message sec et concis sur ma boîte vocale m’avisant de me trouver une occupation hors de l’appartement pour ce soir, qu’elle viendrait chercher l’entièreté de ces trucs avec UN AMI. J’ai donc fini un peu plus tard au bureau puis suis arrêté au McDo pour engloutir 10 McCroquettes vite fait.

Je suis ensuite allé virer à la patinoire du quartier avec mes patins fraichement aiguisés durant la fin de semaine. Au loin, quelques jeunes aux tuques multicolores et aux gilets de hockey un peu trop grands s’activaient en criant d’enthousiasme. J’ai donc rapidement enfilé mes patins et sauté sur la surface glacée. Après quelques tours de patinoire, le resserrage usuel des lacets et quelques tirs des poignets bien humbles, j’ai joint mon bâton à l’amoncellement qui se formait au centre de la glace, deux équipes furent formées et une petite partie débuta.

J’ai rapidement eu le souffle court, cherchant mon air à grands coups de respirations rendues emboucanés par le froid saisissant, m’échouant continuellement sur la bande comme la loque de cardio que je suis devenu. Je m’en suis vite tenu au rôle de l’adulte qui reste en défense sans trop s’impliquer tandis qu’autour de moi filaient des jeunes infatigables.

J’ai finalement quitté, un peu piteux, en m’allumant une clope puis j’ai filé au cinéma pour voir le dernier des Cohen qui était projeté au Clap. C’était pas si mal, mieux que Burn After Reading mais moins bien que Fargo. C’est donc le ventre tiraillant sous les assauts du gras des croquettes et du pop corn et les jambes crampés par mes efforts pourtant minimaux sur la glace que j’ai repris la route vers l’appartement.

J’y suis entré pour le trouver sinistrement vide, sélectivement dépouillé. Mon univers avait été définitivement amputé et mes repères étaient troublés. Et c’est là que j’ai su que la rupture était complétée. Je me suis senti mieux tout d’un coup, soulagé.

Alors voilà, l’objectif 1 est rempli! Maintenant, il faut que je me botte le cul. Je ne sais juste pas si je dois m’inscrire à un gym ou à un site de rencontre en premier. Il y a de ces dilemmes que je n’aurais jamais cru avoir il y a deux mois!

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Objectif 1 : Laisser ma blonde

janvier 25, 2010 4 commentaires

Je n’avais jamais fait ça. Enfin, jamais sérieusement. Il y avait eu cette fille à qui j’avais appris cavalièrement sur MSN que ça ne fonctionnait pas après quelques mois. J’étais jeune, à ma difficile décharge. Il y en a eu deux ou trois où je distançais les appels, pour finalement ne plus prendre contact. Je me suis fait larguer aussi, deux fois.

Il y a eu Myriam qui est virée aux demoiselles juste après, j’en ai eu pour des semaines à me tourmenter. Puis Raphaëlle, qui m’avait annoncé attablée avec toute ma famille qu’elle en avait assez de mon sarcasme, ma nonchalance et mes goûts bizarres. Elle avait quitté théâtralement et j’avais mangé son assiette. Peiné de même le gars.

Il y a aussi eu tonnes d’amourettes et de relation sans sérieux qui n’ont même pas requis de terminaison. À vrai dire, ça n’avait jamais été sérieux avant Julie. Je n’avais jamais eu le goût de m’engager, j’avais toujours un plan B et un plan C d’à peine dissimulés, butinant au grand jour, toujours stratégique sur l’épineux échiquier de la copulation.

C’est donc étrange de mettre fin à tout ça après quatre années. Pour une rare fois, dans les derniers jours, j’ai senti mon flegme habituel vaciller. Si la dernière année avait marqué un lent mais certain déclin, les trois années antérieures avaient été fertiles. L’amour dure trois ans que vous dirait Beigbeder.

Pour ma part, j’ai l’impression de l’avoir réalisé tout d’un coup. Un soir, tu te couches après une soirée torride et romantique et tu te réveilles le lendemain pour découvrir une relation devenue fardeau. La routine avait mis en évidence ses défauts dont les contrecoups outrepassaient désormais tout le charme que j’avais pu voir autrefois. Nous étions amoureux, toujours ensemble, la cohabitation désagrégeant les assises friables de l’ivresse passionnée faite de roses, d’alexandrins gribouillés et de sucre à glacer. La ferveur nous avait condamnés, l’amour tue l’amour.

Je sais bien que j’ai l’air du gros romantique dégueulasse que je suis. À dire vrai, j’étais un peu seul dans mon monde, Julie se contre-calissant un peu de mes archaïsmes sentimentaux. N’en demeure pas moins qu’il y a quelque chose d’un peu décourageant de réaliser qu’il existe une espèce de fatalité, l’ombre de l’imminence du blasement étant omniprésente.

C’est donc autant ce constat que le fait de faire souffrir quelqu’un que j’ai fortement apprécié qui rendait tout ça si ardu. C’est fait depuis 2 jours et je réalise un peu plus aujourd’hui. C’est un sentiment étrange. Comme si le fait d’avoir enlevé un aussi lourd fardeau de mes épaules avait créé un vide.

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Puisqu’il faut commencer

–          Toi et moi, ça fonctionne pu. Je pense qu’il vaudrait mieux se laisser.

C’est tout ce que j’avais trouvé à dire. Tout ce que j’ai pu balbutier après quatre ans de fréquentation, deux ans de cohabitation, après des milliers de rires et de pleurs. Le mieux que j’avais pu faire après des semaines de cogitation.

–          Toi et moi, ça fonctionne pu. Je pense qu’il vaudrait mieux se laisser.

Il y a eu d’abord la surprise, la sienne. Puis il y a eu le procès, le mien. Les insultes ont fusé, je fus accusé de tous les maux, un véritable fleuve de fiel se déversant sur ma personne. Et je n’ai rien dit. Un peu par paresse, certes, mais surtout parce que je savais que je le méritais, que j’étais un salaud.

Et tandis que des larmes tantôt de peine, tantôt de rage s’écoulaient lentement sur les pommettes saillantes de Julie qui me firent autrefois craquer, j’aurais aimé me sentir triste, désolé, affligé, enfin, ce genre de trucs. Mais tout ce que je pouvais ressentir, c’était un soulagement profond, un soulagement que je chérissais autant que maudissais. Je savais que je vivais la fin d’une époque et il y avait quelque chose de ragaillardissant dans tout ça, sans doute l’espoir muet que ma vie ne pouvait pas être pire qu’elle l’était, de toute façon.

Puis lorsque le silence s’est installé, que les remontrances se sont espacées, j’ai pris la fuite, la laissant seule dans l’appartement avec son frais malheur. J’ai enfilé mon vieux manteau et mes écouteurs d’iPod et je suis allé me perdre dans les ruelles de la ville tandis qu’une légère neige commençait à tomber.

Pendant que Thom Yorke emplissait mes oreilles, une tonne de choses me passait par la tête. La dernière année avait été particulièrement pénible, les constats défaitistes s’enchainant au rythme effréné typique des chaos. Elle fut marquée par la solitude et la déprime. J’étais embourbé dans une relation pourrissante, j’occupais un emploi abrutissant, j’étais devenu gras et amorphe, sédentaire en ma médiocrité.

J’ai fini par en avoir assez. Et puisque ma motivation, comme mes malheurs, arrive en pièce dodue, j’ai décidé de changer ma vie dans l’année à venir. Lorsque j’ai commencé à y penser, il y a quelques semaines, ça me semblait une bonne idée, l’opportunité de bâtir de nouvelles assises. Laisser Julie était la première action d’une liste qui me permettrait d’éventuellement retrouver une vie qui me plairait.

Mais ce soir, déjà, la route à parcourir me semble infiniment ardue et ma motivation est plus frêle que je l’escomptais. La fuite du confort, aussi austère soit-il, est une lutte de tous les instants et les batailles que j’ai gagnées dans ma vie sont peu nombreuses.

C’est donc un peu démoralisé que je suis revenu à l’appartement pour le retrouver silencieux. Julie s’était couchée, porte fermée. J’ai donc sorti une vieille couverte de laine, une caisse de 12 blanches et je pianote ces mots ici sans trop savoir pourquoi, allongé sur mon vieux futon qui empeste la bière et les vieilles chips. J’ai la tête qui tourne et je vais tenter d’aller dormir, même si je n’ai pas sommeil.

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